Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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Doux ange, quand Dieu nous a séparés, tu as emporté mon bonheur sous ton aîle, et les larmes que j'offre à ta mémoire flétrissent ma joue, en sillonnant les traits que tu aimais. Tu n'es plus, tu n'es plus à moi, tu charmes un autre séjour, et la source de ces pleurs ne tarit pas, flots amers qui détruisent la beauté, mais qui soulagent un coeur malade. Aussi la nuit je me plais souvent à révoquer les temps qui se sont envolés, ces doux instants qu'on n'oublie jamais, et je te vois telle que tu étais, lorsque je te surpris sous le platane au crépuscule du soir; tu tenais ta tête penchée, tes cheveux épais couvraient tes blanches épaules, ta main effeuillait une fleur, et une fée avait emporté tes pensers au pays magique des songes; quand tu m'aperçus tu souris légèrement et tu me lanças un de ces regards qui volent au coeur comme le fer à l'aimant, un de ces regards qui subjuguent à jamais et qui sont purs, qui sont célestes, un de ces coups-d'oeil qui enivrent d'extase, dans lesquels Dieu a gravé de ce rayon de feu qui nous enflamme la loi d'amour qu'il a donnée aux hommes, et devant lesquels l'athée vaincu s'agenouille, en s'écriant | |
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qu'il est un Dieu. Oui! ce regard de tes yeux, je le vois briller encore dans l'obscurité de la nuit; ah! combien la blessure qu'il rouvre est cruelle et douloureuse! Hélas, c'est tout ce qui me reste de toi!
On parle de morts qui ont quitté leur tombe glacée et qui ont reparu sur la terre pour accomplir des missions vengeresses, sanguinaires, ténébreuses; les mortels reculent et tremblent devant ces habitants d'un autre séjour, moi j'attends avec impatience que tu viennes quelque nuit, ange du ciel! Quand à l'heure sombre j'entendrai le frôlement d'une robe et des bruits inconnus, il n'y aura pas de terreur en mon âme, et quand je te verrai, douce enfant que j'ai tant aimée, quand je te verrai, glissant le long des parois en longs habits blancs et pâle comme il sied à la tombe, je rendrai grâces au ciel, je rendrai grâces à toi, ma chaste bien-aimée! Et je ne craindrai pas de m'approcher, car tu me seras bonne et douce; tu lèveras vers moi tes yeux pleins de cette candeur ineffable qu'ils respiraient, lorsque tu effeuillais la fleur sous le platane; tu verseras sur moi une part de ta pureté, de la béatitude; tu prendras sur toi une part du fardeau pesant des péchés que nous portons tous dans ce sombre vallon d'erreur. Oh! viens, ma Catherine! viens, je t'en conjure, au rendez-vous que la terre implore du ciel! | |
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Ne te fais plus attendre! que je te revoie une seule fois, que tu me dises: - je t'aime encore, mon ami; je suis toujours là!.... Mais peut-être je m'égare, et est-ce dans ces songes parfumés et pacitiques qui lavent l'âme des impuretés du monde, la rendent sereine, calme, forte, vertueuse, que tu descends vers moi et que tu répands sur mon âme desséchée une rosée qui n'est pas de la terre!
1834. |
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