Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
[pagina 245]
| |
[pagina 247]
| |
Comme la mère, prête à sortir avec son enfant dans la blanche saison des glaces, dit: - mon petit ami, attends sur le seuil, que je voie par où nous pourrons aller sans danger, car la route est glissante et difficile; ainsi j'avais dit à ma jeune amie: - vivons quelque temps séparés; j'ignore la vie et ses périls, n'allons pas encore ensemble, mais attends mon retour, plus tard nous pourrons cheminer sûrs et fermes, les bras entrelacés. Oh! je l'avais quittée, je l'avais dù pour mon bonheur et pour le sien. Combien à cette triste pensée d'absence elle avait versé de larmes! Souvent elle se tenait suspendue à mon cou, pleurait et toutefois ne voulait pas me retenir. Pars, beau jeune homme, disait-elle, livre aux vents parfumés de la voluptueuse Italie tes cheveux blonds et bouclés! C'était la soirée qui précéda mon départ. Nous nous promenions sur le glacis, tristes tous les deux; elle était pensive et laissait couler ses larmes sur la terre, dans l'espoir qu'en ne les essuyant pas elles resteraient inaperçues. Je n'avais pas encore franchi le seuil de sa demeure, que tout-à-coup, la douleur bouleversant son | |
[pagina 248]
| |
coeur, elle s'élance vers la porte, me tombe au cou, inonde mon visage et mon linge d'un torrent de larmes et ne peut sangloter qu'un adieu, accompagné d'un pressement de main dont mon bras tressaillit. Après ce triste adieu je partis, vis la France, l'Italie, l'Allemagne, et rentrai dans ma ville après une absence de deux années. Chaque rue, chaque maison est un souvenir, et voulant ménager à ma jeune amie une agréable surprise, j'avais pressé mon retour et négligé un peu la correspondance pendant les dernières semaines. Qu'on se fasse une idée de mon impatience! Oh! déjà sur mes joues je sentais se coller ses lèvres brûlantes et ses bras d'albâtre se serrer autour de mon corps! Mes pas rapides m'ont transporté devant sa maison. On y fait de la musique. J'entre. Les lumières, les toilettes m'éblouissent. Il y avait bal. De mes avides yeux je cherche le doux objet que j'aime. Je vois enfin reluire sa tête céleste; je m'élance vers elle, mais tout-à-coup je recule d'effroi et tombe par terre comme tomberait un corps inanimé! La perfide! elle avait un voile nuptial!
1832. |
|