Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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Livre VI. | |
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J'ai rêvé! rêvé la nuit à mon rêve du jour! Papillons légers et diaphanes, rêves d'amour! revenez, revenez! Vous avez caressé de vos aîles les cordes de mon imagination, lyre divine, instrument favori de mon âme! et elles ont rendu un accord mélodieux. Je l'entends encore, il vibre encore à mes oreilles, et il semble à mes sens enivrés que la nature entière l'ait entendu comme moi! Je l'ai vue! Oh, oui! je l'ai vue! je l'ai vue! Je cherche à me rappeler son air, mais, hélas! son image a fui. Il n'y a que l'impression, que le trait, dont je mourrais en l'arrachant, qui est resté dans mon coeur, source du mal qu'il chasse comme un fleuve de lave par mes veines brûlantes. C'était une vision ineffable et dorée, mais le sommeil a rendu ses traits brouillard pour ma mémoire, brouillard vermeil et parfumé. Cependant je sais que ses yeux étaient doux et que sa bouche m'a souri. Je sais encore qu'elle s'est approchée de la fenêtre, où je l'ai entrevue si souvent, mais je n'ai pu entendre le bruit de ses pas, c'est comme si elle marchait sur les nues; ensuite je l'ai couverte de baisers, en | |
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tenant mes bras serrés autour de sa taille; elle s'est laissée faire; j'étais heureux! Puis, je ne sais comment cela s'est fait, sa bouche s'est tout-à-coup trouvée collée sur ma joue, et j'ai reçu d'elle un si dévorant, si impétueux et si long baiser que je m'éveillai; mais paisiblement, comme si sa lèvre de satin pressait toujours ma joue, comme si sa blanche et pure main.... Mais arrête, arrête, ô ma pensée! car du moment que j'eus ouvert mes yeux à la lumière, du soleil je n'étais plus heureux! Oh! si alors j'avais vu au chevet de mon lit, se découpant belle et blonde dans le fond du bleu firmament, sa rayonnante figure!... Mais, hélas! Tantôt elle sera à sa fenêtre toute grande ouverte; je passerai devant sa maison, moi, qui n'ai jamais entendu sa voix seulement et qui donnerais tout, pour me mirer un seul chétif instant dans le bleu de sa prunelle. Oh! s'il m'arrivait alors d'entendre sa douce parole, s'il m'était seulement permis de lui jeter une rose par la fenêtre, mais hélas! folie et vanité que ces désirs, ces soupirs, ces chants qui consument!
1831. |
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