Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
[pagina 177]
| |
[pagina 179]
| |
Charmante retraite, reçois mes tendres adieux! Il faut que je parte, il faut que je retourne vers la cité qui m'a vu naître!
Qu'elles me sont chères, les heures douces et paisibles que j'ai coulées dans ton sein, modeste et solitaire hameau, que le luxe n'a pas corrompu! Qu'ils me sont chers tes habitants simples, hospitaliers, que l'étranger, frappant après une journée de fatigue à leur humble demeure, ne quitte jamais sans avoir goûté de leurs fruits et de leur pain! Bonnes gens, il faut vous quitter! Que Dieu vous préserve et détourne de vos têtes les maux dont souffre l'Europe!
Ton souvenir, doux séjour! restera gravé dans mon coeur. Je me souviendrai de l'humble village aux maîsons éparpillées dans le vallon, de sa vieille et gothique église et de l'énorme tilleul qui en ombrage l'entrée; je me souviendrai de ses laboureurs honnêtes et contents. | |
[pagina 180]
| |
Et quand, jeté au milieu du faste et des plaisirs, les théâtres, la musique, la beauté brillante et parée tiendront mon âme en extase, alors quelquefois le souvenir des heures, passées dans ton sein, mon hameau! dans le silence et dans la solitude, des moeurs pures et simples de tes habitants, viendra frapper ma mémoire avec délice, et une larme s'échappera de mes yeux à la pensée que peut-être chez vous, laboureurs inconnus, qui passez sur cette terre sans y laisser de trace, que peutêtre chez vous le sage aurait trouvé le véritable bonheur!
Maintenant donc, adieu, mon village! Quand je te reverrai, tu auras beaucoup changé sans doute, bien des choses auront disparu qui me sont chères, bien des choses nouvelles couvriront ton sol; mais, je t'en conjure, au milieu du changement perpétuel de ce monde, reste simple, humble, modeste, comme la rive du fleuve qui passe auprès de toi sans bruit et presque inaperçu, comme s'il craignait de te réveiller, tant tu dors mollement à ses côtés, et que toujours tes arbres touffus et tes collines chargées d'épis te préservent de l'oeil du profane étranger!
1832. |
|