Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
[pagina 173]
| |
[pagina 175]
| |
Qu'il est triste, après avoir vu les champs ornés de tout ce que le soleil et la belle saison peuvent leur donner en partage, après avoir grimpé le soir sur les montagnes à la lueur de la lune, et debout sur leur sommet, avoir admiré le paysage avec ses châteaux et sa blanche rivière, après avoir trouvé dans l'air embaumé qui vient soulever vos cheveux, des larmes d'extase, un Dieu sublime et des chants pour le célébrer; oh, que c'est un déchirant spectacle, après vous être épris de ces lieux, après avoir voulu les combler de bienfaits, afin de les bénir à votre gré, afin de verser sur eux tout ce qui rend heureux et beau: soleil, vertu, coeur joyeux, belles récoltes; de les voir enfin, pareils à une jeune fille qui dépérit lentement, devenir solitaires, déserts, délaissés; de voir le feuillage des arbres qui vous protégeait jaunir, puis tomber et foulé sous les pieds des passants; de voir l'herbe tendre et douce, qui se déroulait sous vos pas ainsi qu'un tapis moelleux, noircie par le verglas!... Oh, alors nous perdons courage et nous pleurons sur ces champs! | |
[pagina 176]
| |
Mais lorsque d'une main l'hiver accable la campagne de ses coups et dit à l'homme: - pars! cesse d'assister à un spectacle qui n'est pas fait pour toi! - de l'autre il sème des fleurs et des plaisirs en nos villes joyeuses. Et l'homme détourne les yeux des champs qu'il aime, demande au ciel la grâce de les revoir, quand avril sera revenu pour les réchauffer de sa douce chaleur, et fuit vers les villes.
Ainsi, voyant avec douleur mes campagnes chéries, battues par la bise sifflante, je brûle de revoir mes foyers d'hiver, de quitter la solitude pour la foule et les plaisirs du monde: l'hiver m'a fait signe aussi.
Oh, qu'il me tarde, amis, de vous revoir et de voler dans vos bras qui m'attendent! Oh! que ne suis-je assis au milieu de vous autour de l'âtre pétillant ou sur le sopha au mol édredon, enlaçant mes discours dans ceux de la femme assise à mes côtés; que n'entends-je la ballade gaie ou terrible, la folle chanson, la tendre romance, s'échapper d'une bouche de rose!
Douces heures, venez! enlevez-moi! je vous attends. Que tardez-vous? Accourez, accourez, douze soeurs diligentes! Venez, déposez-moi dans ma bonne vieille ville sur le sein de la beauté! 1832. |
|