Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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Livre V. | |
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Les portes du ciel s'ouvrirent et les anges prirent leur vol vers notre planète. Voilà qu'elle apparaît comme une étincelle à leurs yeux; puis c'est une lumière, puis un flambeau; mais, plus près encore, la lumière commence à pàlir et disparaît peu à peu. C'est une grande plaine qui s'offre à leurs regards, c'est la mer, et loin, bien loin, il leur semble découvrir des monts et des forêts qui font ondoyer l'horizon. Ils descendent plus bas, flottant en silence, invisibles aux humains, sur leurs blanches aîles veloutées; et les villes, les champs, les fleuves, se peignent plus clairs, plus distincts à leurs yeux; enfin ils reconnaissent la flèche de la tour d'une cité immense. C'est là qu'au sein des flots dorment des braves, et quand la tempête qui causa leur perte jettera leurs cadavres mutilés sur la rive d'Anvers, sa population reculera, frappée de terreur et de respect, devant leurs corps brisés! Deux peuples voisins se faisaient une guerre cruelle; les uns défendaient leur ancien héritage et les autres, bercés par de folles chimères, avaient, à force de trahisons et d'atrocités infâmes, fait hériter de leur rage le peuple de l'autre rive du fleuve, du fleuve couvert de | |
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voiles et de canons, qui regardent menaçants les arsenaux et les larges rues d'Anvers. Mais l'eau se glaça, et Mars dut céder quand Neptune avait perdu ses forces; cependant, quand enfin la chaleur revint et que le second mois de l'année nous montra de beaux jours printaniers, le fleuve revécut et en peu de jours les braves officiers allèrent reprendre leurs positions. C'était la nuit, nuit orageuse. Comme un aigle aux aîles déployées, la ville se découpait noire sur un fond gris; on entendait la pluie ruisseler des mâts et des cordages et l'ouragan sifflait. Cependant tous les vaisseaux étaient parvenus à leur poste, quand la tempête jeta un seul bâtiment sur le rivage ennemi. Tout dans la ville semblait dormir, mais des traîtres veillaient comme des loups sur les marins, des yeux cachés étincelaient dans l'ombre; ils regardent!.... Un navire qui échoue!.... Ils s'y précipitent! Le combat s'engage, on se défend vaillamment, et à travers la tempête on n'entend que des cris de terreur et des cris de joie, horribles hurlements! Hélas! tout est perdu, mais l'honneur restera. Le capitaine voit que la résistance devient inutile; il s'éloigne, et les flancs du bâtiment recèlent un héros! Il était seul au monde le jeune homme, et ses parents étaient depuis longtemps déjà aux lieux où l'on ne meurt plus; il n'y avait plus qu'un faible roseau qui lui fit encore chérir la vie; une rose, une jeune amante, et il la sacrifie à sa patrie! O pensée douloureuse! si elle le savait, elle en mourrait peut-être: il ne pense pas à elle; aucun soupir pour celle | |
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qui couronne de fleurs la coupe de sa jeune vie; son pays l'emporte! Le feu d'un pistolet a touché la poudre; tout périt! La ville se réveilla, frappée de terreur, et ne pùt comprendre un tel héroïsme; la flotte, spectatrice de la lutte, applaudit. Officiers, matelots, tous avaient contemplé ce combat funeste, sans pouvoir secourir leurs amis.... Soudain un coup part!... La flotte veut s'écrier, mais l'admiration rend la voix muette. Un coup part, et au bruit succède un silence, rompu seulement par le vent et les flots. Ami et ennemi tout périt, leurs membres en lambeaux tournoient dans l'air, puis se plongent dans le fleuve, lit d'honneur aux braves, tombe méprisable aux lâches agresseurs!... Et le jeune héros se réveille dans les bras des anges, qui le portent en triomphe vers leur Dieu. Il vole, bercé dans leurs bras, réchauffé du duvet de leurs aîles, jette encore un regard sur sa terre chérie, puis lève les yeux et reconnaît des héros. Une douce lumière l'entoure, il effleure les parvis du ciel. Adieu, jeune homme! quitte cette terre malheureuse, infestée de despotes et de peuples effrénés; tu as fait briller d'un nouvel éclat cette longue chaîne de héros patriotiques qui depuis si longtemps s'était rouillée. Quel haut fait! un jeune homme, au plus beau de sa vie, une belle carrière qui va peut-être s'ouvrir pour lui, des plaisirs, des honneurs qui l'attendent, une jeune fille même, il s'arrache à tout cela, rien ne l'arrête, et les flots engloutissent le martyr. Jeune fille, qui fus jugée | |
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digne par ce héros de lui appartenir, glorifie-toi! les vieillards te céderont leur place et tes compagnes te porteront envie et te regarderont avec respect! Et l'Europe nous admire, et notre pays grandit aux yeux des nations par son héroïsme et son courage. O mon pays, poursuis ta noble carrière! ta position est pénible, peutêtre devras-tu céder; mais, tu l'as dit, ce ne sera qu'en combattant, l'honneur vaut mieux que la victoire!
Noorthey, 1831. |
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