Mes loisirs
(1832)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
[pagina 3]
| |
Scène II.LES PRÉCÉDENTS, ADOLPHE, SUITE.
ildégonde.
Sachez vous tous, mes serviteurs! que dans une heure je serai unie au chevalier Robert. (les valets se regardent, ils chuchotent.)
| |
[pagina 4]
| |
adolphe
(à part.)
Malédiction!
withilde
(à part.)
O mon saint! sois nous en aide!
ildégonde.
Il est parti déja, son château en ce moment est vide; il va venir pour me mener vers la Chapelle; il arrive entouré de ses pages. (à sa suite) Vous, préparez les chevaux, accompagnez nous vers le cloître de la Ste Vierge; vous, arrangez la grande salle, je dois avoir bal ce soir, et vous autres, gardez vous de faire manquer la moindre chose à cette grande fête. (à un de ses valets) Fidèle Edouard, viens! voici cet argent, jette le à mes serfs, crie leur: ‘la Dame est fiancée!’ - Allez tous!
edouard.
O ma maîtresse! ils prieront pour vous! (Ils partent tous, Adolphe et Withilde exceptés.)
| |
[pagina 5]
| |
Scène III.ILDÉGONDE, ADOLPHE, WITHILDE.
adolphe.
Madame, permettez que je reste; souffrez que je manque un moment, c'est le premier de ma vie peut-être, au respect qui vous est dû.
ildégonde.
Mon cher Adolphe! tu sais que je te respecte, car tu as les cheveux blancs; tu sais que je t'aime, car je t'ai connu lorsque tu les avais encore aussi noirs que tes yeux. Mais, dis-moi, que veux-tu? de l'argent? en voilà. (Elle montre l'argent qui se trouve encore sur la table.)
adolphe.
Non, Madame, autre chose, hélas! (à Withilde.) Eloigne-toi, ma fille. - Renoncez à cet hymen sacrilège.....
| |
[pagina 6]
| |
ildégonde
(stupéfaite.)
Adolphe, que veux-tu? Que me dis-tu là? Jamais, jamais!
adolphe.
Et votre serment? le serment redoutable que d'une voix tremblante vous avez juré à la face du ciel et de votre cher Lancelot: Jamais un autre n'aura ma main, soit que tu meures, soit que tu restes en pays étranger.
ildégonde.
Adolphe, je suis vertueuse. Tu connais ce serment; toi et la bonne Withilde, vous êtes les seuls de ce château, je le sais. Mais avant de me blâmer écoute moi un seul instant, et juge ensuite si je suis aussi méchante que je te le parais. Il y a quelques jours le bon père Ambroise vint me trouver; tu sais, c'est mon confesseur; mais ce prêtre toujours si | |
[pagina 7]
| |
simple, si réservé, me paraissait alors avoir je ne sais quoi d'inspiré; je lui dis: ‘Mon père! qu'avez-vous? aux rides de votre front, à votre oeil pensif, je vois que vous méditez!... Qu'avez-vous?’ Et tout-à-coup, en lançant un regard de ferveur vers le ciel, il s'écrie; o mon cher Adolphe! elles retentissent encore dans cette jeune ame ces paroles prophétiques, toujours, toujours, elles y resteront gravées. ‘Dame Ildégonde!’ S'écria-t-il, ‘bien-heureuse d'entre les femmes! je vois des cloîtres qui s'élevent en ton honneur! Tu es sainte, tu es sainte, sainte Ildégonde! La colombe a plané sur ta tête!’ - Il s'est prosterné devant moi. J'étais effrayée de cette voix tonnante.. Je l'ai relevé, je l'ai fait asseoir sur un fauteuil. Il y est resté quelque temps sans parler, puis m'a pris la main et m'a | |
[pagina 8]
| |
dit d'une voix faible et fatiguée, car il avait sans doute eu une vision: ‘Ildégonde! fille béate! Dieu m'a conduit vers ce manoir, tu es Sainte, car le ciel s'est ouvert pour toi, un miracle s'est fait. Hier, c'était vers minuit, ma Vulgate,’ c'est sa Bible, vois-tu, ‘était encore devant moi, j'avais lu, je priais, tout près de ma fenêtre, j'étais á genoux; elle était ouverte car, O! il faisait si beau, la lune répandait une si douce lumière sur ses grands champs de blé qui entourent notre abbaye, soudain, absorbé dans ma rêverie, j'entends du bruit, vois un éclair, sens un souffle sur ma tête chauve; je me signe, tourne les yeux vers ma bible. Une colombe, blanche comme ta robe, madame, s'y était perchée, et de son bec elle en déchirait des mots’.... Ensuite le bon père Ambroise me les a dits ces mots, mais | |
[pagina 9]
| |
ils m'étaient nouveaux; c'était du latin; si tu veux, tu peux les voir dans ma grande bible, il les a signés d'une croix et les a bénis; mais je sais bien qu'il m'a dit que le sens de ces mots, qui au premier coup-d'oeil n'en semblaient point avoir, renfermait la permission de mon mariage avec Robert, que Lancelot n'était plus, qu'il était au ciel parmi les bienheureux, et qu'il m'avait beaucoup trop aimée pendant sa vie pour vouloir que je tinsse un serment si cruel; - O cher Lancelot! tu as toujours voulu mon bonheur!.... Adolphe! tu le vois maintenant; le ciel lui-même a rompu mes voeux, je suis libre, vertueuse....
adolphe.
Malheureuse Ildégonde! victime des prêtres!....
ildégonde.
Que veux-tu dire? | |
[pagina 10]
| |
adolphe.
Ce prêtre!... Ah, Madame! souffrez qu'un vieil écuyer qui vous a vue naître, qui vous a pressée toute petite en ses bras, qui a vu vos premières amours commencer, dont les cheveux se sont blanchis au service de votre père, d'illustre mémoire, et de vous, o Madame! souffrez qu'il déchire un voile devant vos yeux étendu; ce prêtre, Madame, il vous trompe....
ildégonde
Arrête!
adolphe.
Il vous trompe, j'ose le répèter.
ildégonde.
Tais-toi; c'est ta maîtresse qui te le commande, vieillard sacrilège.
adolphe.
Madame, ce prêtre aux cheveux blancs, comme moi, hélas! O! je me les arra- | |
[pagina 11]
| |
cherai du crâne si je sais que je ressemble à un prêtre; un prêtre trompeur, Madame! puisse-t il mourir d'une mort affreuse et ne jamais trouver de sépulcre, ou, s'il en trouve un, puisse-t-il, o Dieu de l'univers! vrai Dieu! entends ma prière! se réveiller dans son cercueil, sous cette terre qu'il corrompra; alors, privé d'air dans son étroite prison, qu'il s'efforce de la briser, de se défaire de son linceuil, mais que ses mains, ses pieds, tout son corps s'y embarrasse, et qu'ainsi en des terreurs terribles, il suffoque, nageant dans sa sueur sanglante! (Adolphe tombe sans connaissance sur un fauteuil; Ildégonde est comme pétrifiée, après plusieurs moments de silence elle dit:)
ildégonde.
Adolphe! il faut partir d'ici! | |
[pagina 12]
| |
adolphe
(se relevant tout pensif.)
J'en ai trop dit:
ildégonde.
Ne me parle plus! tu souilles ce séjour, pars!
adolphe.
Mais éconte auparavant un vieux guerrier dont le crime est de ne pas savoir feindre, de lutter....
ildégonde.
Eh bien! qu'as-tu à me dire? Je t'écoute. (à part) J'ai été trop vive.
adolphe.
Madame, si vous ne me croyez pas, si vous fermez l'oreille à mes conseils, tous bizarres qu'ils vous semblent, je n'y puis rien, mais que je vous dise encore ces mots et retenez les bien: Demain vous serez là (il lui montre le ceil.) Je le jure sur mes cheveux blancs, sur ce sabre....
| |
[pagina 13]
| |
ildégonde
(effrayée.)
Mais, Adolphe....
adolphe.
Madame, j'ai été moi-même la victime des prêtres! Je connais leurs trames trop bien, hélas! et croyez-moi leur poison aura coulé dans vos veines, avant que vous aurez vu le soleil se lever aux doux sons de votre harpe.
ildégonde
(vivement.)
N'en parle plus, Adolphe! des saints prêtres! ne les dénigre plus, car quoique tu en dises, ma volonté est ferme, je leur obéis; j'épouse le chevalier Robert.
adolphe.
Alors, Madame, je pars avec Withilde; je fais avec plaisir ce que vous m'avez ordonné. Oui, Madame, je vous quitte; je ne puis vivre avec les prêtres, ni obéir où ils commandent, pardonnez-le moi; je | |
[pagina 14]
| |
devrais aussi vivre sous la loi d'un autre seigneur; le souvenir de votre Lancelot, mon doux maître, me frapperait plus souvent l'esprit, et puis, Madame, s'il faut le dire, j'ai perdu votre amitié, je ne le vois que trop, quoique vous me le déguisiez, je ne suis plus votre fidèle écuyer, je ne suis plus qu'un vieux, dont vos enfants et vos frivoles valets riront, et vous, vous n'êtes plus la petite Ildégonde qui venait toujours à ma rencontre en poussant des cris de joie, que j'ai si souvent promenée dans le parc sur son petit cheval; vous êtes ma maîtresse et fière et hautaine, qui commande à son vieux serviteur, qui dit: ‘Obéis! Pars!....’ Je partirai, Madame! je partirai!
ildégonde
(pleurant.)
Oh! tu me fais pleurer! Appelle moi toujours ton Ildégonde, ta chère Ildé- | |
[pagina 15]
| |
gonde! et ne pars pas, oh! ne pars pas!
adolphe.
Changez donc vos projets.
ildégonde.
Cher Adolphe! je ne le puis; vois-tu, tout est prêt déja, et quand même je le voudrais, il me serait impossible, oh! c'est une alternative cruelle; je le vois bien, il faut te perdre ou Robert, et je vous aime également; mon cher écuyer! j'ai de l'amitié pour toi, oui, beaucoup d'amitié, mais pour lui c'est de l'amour, c'est plus; et je suis jeune, Adolphe! pardonne-moi, s'il l'emporte!.... Oh! ne sois pas jaloux au moins, mon bon veillard! et puis que voudrais-tu, ce n'est pas un crime que d'aimer....
adolphe.
Malheureuse!.... Je m'arrête! j'ai déja | |
[pagina 16]
| |
voulu le dire, vous ne m'avez cru, j'ai voulu vous en persuader, vous m'avez fermé la bouche avec horreur. Mariez-vous donc, mariez-vous donc! mais ce soir quand le perfide serpent aura fait couler le venin mortel dans vos veines, pensez alors au vieux de votre père, à la voix sacrilège; alors vous vous repentirez, mais il en sera trop tard, et bientôt.... J'entends du bruit. (Il va à la fenêtre.) C'est votre amant. Adieu, adieu, dame Ildégonde!
ildégonde
(à part.)
Grand Dieu! il s'en va, il s'en va! (courant vers Adolphe qui est près de sortir.) Adolphe! au moins tu ne partiras pas encore?
adolphe.
Plus tôt que vous ne penserez. | |
[pagina 17]
| |
Scène IV.ILDÉGONDE, ROBERT.
(Ildégonde se tient toute pensive près de la fenêtre, Robert s'approche; et fait signe aux valets qui le suivent de s'éloigner.)
robert.
(prenant la main d'Ildégonde)
Ildégonde!
ildégonde.
(lui tombant au cou.)
Cher Robert! te voilà donc! Oh! je suis malheureuse!
robert.
Comment, chère amie! pourquoi? A cette heure! Qu'est-il arrivé?
ildégonde.
Tu connais mon fidèle écuyer, je l'ai toujours tant aimé, je l'ai toujours cru si religieux; mais voilà qu'il m'approche tout-à-l'heure. ‘Madame,’ me dit-il, ‘ne vous mariez pas, vous seriez mal- | |
[pagina 18]
| |
heureuse.’ Etonnée, je lui demande pourquoi. Il me rappelle mes serments. Je lui réponds que le ciel même les a dissous, que le père Ambroise est venu me l'annoncer; et alors d'une voix tonnante, il me crie, que ce prêtre me trompe, qu'il nous trompe tous, que nous serons tous ses victimes, qu'il me tuera!... J'étais transie d'horreur. Oh! il m'a dit des choses, des choses! va, Robert, j'ai cru un moment qu'il perdait toute mon estime, mais lorsque, après que je l'eus rappelé à la raison, il m'a fait souvenir de ses services, de ma première jeunesse, mon amitié pour lui a surnagé. Mais maintenant il va partir, il ne veut pas servir de nouveaux maîtres, il fuit tes regards et les miens. Cet accident détruit tout le bonheur de cette journée, et.... | |
[pagina 19]
| |
robert.
Pourquoi ne l'avoir pas fait arrêter? Ah! qu'une femme est chose faible. Je le vois bien, il devient temps que moi je prenne ici les rênes en mains, et alors je te montrerai ce que je puis. (Il sonne, entre un page.) Où est Adolphe?
ildégonde.
Et Withilde?
robert.
Comment, Withilde aussi?
ildégonde.
C'est sa fille, il l'emmène.
le page.
Tout-à-l'heure je l'ai vu chercher Withilde, et puis revenir entraînant sa fille; il lui parlait bas, une grande passion l'agitait, des larmes tombaient de leurs yeux. | |
[pagina 20]
| |
robert.
Où sont-ils?
le page.
Je l'ignore. Plusieurs de nous, surpris à cette vue, ont suivi quelque temps leurs pas précipités, mais bientôt ils ont disparu à leurs regards.
robert.
Qu'on les cherche, qu'on les arrête!
ildégonde.
Qu'on les traite avec douceur! Donne cette bague à Withilde, dis leur que je les aime encore tous les deux.
robert.
Non pas, non pas, ce sont des valets rebelles. Je suis homme, Ildégonde, je sais traiter cette engeance mieux que toi. Va mon page. (le page sort.)
| |
[pagina 21]
| |
ildégonde.
Cher Robert! c'est un jour de fête, ne le troublons pas davantage. Sois clément, pardonne leur.
robert.
(avec humeur)
Eh bien! fais en ce que tu veux, je te les abandonne. Mais voilà la cérémonie qui attend, mon tournoi qui va se déranger peut-être.
ildégonde.
Aurons nous un tournoi?
robert.
Oui, Ildégonde, je t'ai préparé un beau tournoi aux environs de mon château, es-tu contente, ma chère?
ildégonde.
Sans doute, mon Robert! Ah! tu m'aimes bien, je le vois. | |
[pagina 22]
| |
robert.
Et quand la cérémonie du mariage sera achevée, nous irons voir mon vieil oncle. Tu le connais un peu, n'est-ce pas?
ildégonde.
Je l'ai vu un jour, il me semble, j'étais bien jeune encore. Un vieillard, qui a fait don de tous ses biens au ciel?
robert.
Le même. (entre un page.)
le page.
On amène Adolphe et sa fille. De loin je les vois qui s'approchent.
ildégonde.
Bien. (le page sort.) Tu me les abandonnes, n'est-ce pas?
robert.
Oui, mais crains l'insolence de ce vieillard irrité. | |
[pagina 23]
| |
ildégonde.
Je ne la crains pas. Mais promets-moi de ne rien dire, fais-moi ce plaisir, mon ami.
robert.
Je serai tranquille, je te le promets. | |
Scène V.LES PRÉCÉDENTS, ADOLPHE, WITHILDE.
(Des valets les conduisent sur la scène, Robert se met sur une chaise tout au fond.)
adolphe.
De quel front, Madame, osez vous faire arrêter des gens libres, des gens jadis vos serviteurs, qui vous quittent, parce qu'ils vous aiment trop pour être témoins de vos malheurs?
ildégonde.
Cher Adolphe! ne sois pas faché, je n'ai voulu qu'un dernier adieu de toi et | |
[pagina 24]
| |
de ta Withilde. Partez, si vous le voulez, je n'y puis rien. Partez, courez les champs, fuyez ce château, où tu as coulé tes beaux jours, vieillard! où tu as ouvert les yeux à la lumière, jeune fille! mais qu'une seule fois encore je vous presse contre mon coeur; venez, mes amis, venez je vous aime encore! (Elle veut se jeter au cou d'Aldolphe, qui la repousse.)
adolphe.
Je vous quitte, je le veux, je le dois. Je vous ai rendu de grands services, vous le savez, j'ai coulé des jours heureux dans ces murailles, je m'en souviens, je m'en souviendrai toujours; mais Madame je le vois, vos opinions et les miennes différent, je suis devenu sacrilège pour vous, vous me feriez une guerre comme à un infidèle; ainsi nous ne pouvons plus rester ensemble. | |
[pagina 25]
| |
ildégonde.
Au moins laisse moi ta fille.
withilde.
Non, Madame, jamais, je ne le quitte pas. Qu'irait-il devenir ce bon vieux père sans mon appui? Quand il sera devenu vieux et infirme et qu'il ne pourra plus marcher je prendrai soin de lui, je soutiendrai ses pas, j'irai chercher sa nourriture, je le réchaufferai dans les nuits humides....
adolphe.
Oui, Madame, j'ai une fille vertueuse, je vous en souhaite une comme elle. - (Il veut s'en aller, puis revient.) Je pars et pour toujours, dame Ildégonde. Maintenant vous restez, du moins vous semblez paraître indifférente, et vous vous dites peut-être: ‘qu'il parte ce vieux meuble inutile, ce prophète blasphémateur!....’
| |
[pagina 26]
| |
Oui, Madame, maintenant le soleil luit, votre amant soupire à vos côtés, mariage et bal vous font tourner la tête, tout en votre jeune ame est fête et joie. Mais cette nuit, quand le bal sera fini, que vous serez fatiguée, que vos boucles dérangées pendront, et que le vent du soir glacera la sueur de votre front; alors, quand vous serez seule, et que vous regarderez la lune pâle comme elle, pensez que ce vieil écuyer qui vous a vue naître, qui vous a si souvent pressée dans ses bras velus, que Lancelot, de digne mémoire, aimait à appeler son ami, pensez alors que cette jeune fille rose qui vous aime, mais qui préfère son père, vieux et pauvre, à vos lambris dorés, sont couchés sur la dure, et que là ils pleurent sur vous, sur votre sort, car il est affreux, horrible; vous serez, j'ai encore | |
[pagina 27]
| |
l'audace de le dire, la victime du prêtre maudit, comme celui que vous chassez; vous ne voulez pas le croire, mais bientôt sous serez désabusée en mourant. Allons, ma fille, partons. (Ils partent.)
robert
(se levant tout-à-coup.)
Les insolents! Sais-tu bien que ce sont des horreurs qu'ils viennent de te dire là?
ildégonde.
C'est affreux, Robert.
robert.
C'est plus, c'est blasphémer que fait ce vieillard.
ildégonde
(rêveuse)
Et s'il avait raison!
robert.
Raison!..... et le ciel lui-même veut | |
[pagina 28]
| |
notre union!.... Non, sais-tu ce qu'il veut? Commander. Et pendant ton veuvage rien ne lui était plus facile; maintenant que c'est moi qui t'épouse, il craint que son règne n'expire, et il a cru pouvoir t'en dissuader par ses discours sacrilèges et ses vaines prophéties. Mais tu es vertueuse, mon Ildégonde, tu as tenu ferme contre la séduction, tu as bien fait. Oh! tu es toujours ma bonne Ildégonde! - Et maintenant ne pense qu'au tournoi et au bal et abandonne Adolphe et sa fille à la fortune qu'ils trouveront sans doute Ne t'inquiète pas d'eux, ils sont méchants, ils seront heureux. (Plusieurs femmes et quelques valets entrent en habit de fête.) Mais voici nos gens.
un page.
Tout est prêt. | |
[pagina 29]
| |
robert
(donnant la main à Ildégonde.)
Allons, ma chère Ildégonde! oublie le triste souvenir d'un vassal ingrat, et allons où le ciel et le bonheur nous appellent! (Ils partent tous.)
|
|