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X.
Bellagio.
Lugano. - Palanza.
(Les trois lacs.)
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1 Juin.
- Je présume qu'il y a un orage périodique à Milan. Trois jours de suite vers quatre heures le ciel s'obscurcissait au sud-ouest et l'orage arrivait avec sa pluie de rigueur une heure plus tard. La conséquence s'en est fait sentir aujourd'hui. Ce matin à sept heures ciel de carton et un rafraîchissement atmosphérique passant les bornes de la saison et de la raison.
Partis pour Bellagio à 10 heures 10. Petit rayon de soleil perfide. A Côme boue bien établie. Il avait plu toute la nuit, puis un orage dans la matinée. La cathédrale est magnifique de proportions et le portail très-curieux. Le côté où les fenêtres longues et étroites n'ont pas été remplacées ne l'est pas moins. Puis deux petites portes très-ornées et charmantes. L'église de St Abondio, petite et d'une très-ancienne structure lombarde, sera très-remarquable, quand elle sera restaurée convenablement, comme on est en train de le faire. Au dehors elle est déjà achevée, mais pas une idée d'ornement, pas le moindre bas-relief. Nous nous sommes arrêtés devant ou plutôt derrièrre San Fedeli. Très-jolie abside avec ses deux pourtours de colonnettes et sa porte avec le diable qui tient un autre diable entre ses griffes, probablement l'âme d'un damné.
La cathédrale avec le portique roman de l'ancien hôtel de ville et la file des arcades basses avec les courts piliers massifs
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donnent un caractère fort original à la grande place qui s'ouvre au bout de la rue, débouchant sur le beau et riant panorama du lac, entouré de vertes montagnes, couvertes d'habitations de tout genre. Malheureusement le brouillard et un ciel couvert de nuages gros d'une abondante pluie gâtaient tout. Elle ne tarda pas à tomber.
Favorisés par une averse, nous montons en bateau à trois heures et demie. La traversée qui pourrait être une fête fut un tourment. Bien que la pluie nous fit grâce de temps en temps, le froid était si rigoureux et le vent si désagréable qu'on ne pouvait se tenir sur le pont qu'enveloppé de shawls et de cache-nez, et il y avait tant de vague qu'on pouvait à peine bouger. Temps d'Ecosse. Sans les nombreuses villas collées contre les versants on aurait pu se croire sur le loch-Lomond ou le loch-Achray. Journée, jouissance manquée, spectacle perdu.
Enfin à six heures et demie nous abordons à Bellagio. Il fait noir, humide, tout est sale et triste, et les nuages empêchent de voir. Foule immense de touristes à l'hôtel, jouissance nulle.
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2 Juin.
- Temps sombre et pluvieux qui menace du côté de Côme. Nous prenons cependant notre courage à deux mains et nous nous acheminons, munis de parapluies, vers la villa Serbelloni et la villa Giulia. Ce n'est pas un plaisir comme il faudrait que ce fût, c'est une tâche. Ces deux villas sont maintenant des casernes à touristes et appartiennent au propriétaire de l'hôtel de la Grande Bretagne.
La situation de la villa Serbelloni est unique. Le lac de Côme, en recevant le lac de Lecco y forme un y renversé, ou plutôt c'est un lac tripède, dont un des pieds porte le nom de Lecco. Eh bien! au confluent de ces trois eaux s'élève un rocher qui en forme le point de milieu et qui domine le lac tout entier. Ce promontoire, c'est la villa Serbelloni, entouré de son jardin, parfumé de roses, de jasmins et de myrthes, et
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dont les sites ravissants se cachent dans l'ombre d'arbres antiques au bord de rochers escarpés. C'est féerique, et on se demande si tout cela existe réellement.
Après la villa Serbelloni la villa Giulia ne remplit pas tout-à-fait notre attente: il me semble qu'il y a quelque chose de triste, mais en revanche on y est inondé de fleurs et de parfums. Ces terrasses épanouies sont ravissantes. C'est un vertige énervant et doux, un rêve qui invite à des chants sans paroles, à des Lieder ohne Worte et à des rythmes sans notes, à des mouvements cadencés de la barque qui se balance à vos pieds, dans laquelle on se laisse paresseusement choir et qui glisse mollement sous les rochers tapissés de mousse et d'arbustes, le long des villas aux citronniers dorés et sur le miroir des eaux tièdes et bleues et vous fait revenir enfin à vous-même et vous dépose à l'hôtel, vous rend en un mot à la réalité.
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3 Juin.
- Temps incertain, mais doux. Nous nous hasardons à traverser le lac pour visiter la villa Sommariva, achetée avec tous les objets d'art qu'elle contient du duc de ce nom par la princesse Albert de Prusse pour la donner en cadeau à sa fille lors de son mariage avec le prince de Saxe-Meiningen. Comme celle-ci est morte, c'est à ses deux enfants encore mineures que la villa appartient actuellement. La maison spacieuse est adossée aux rochers tapissés de forêts et s'ouvre sur le lac, jaune contre ce fond vert foncé. Les flots clapotent contre les gradins où la barque aborde devant une grille élégante, massive, d'une belle serrurerie, continuée par une balustrade en pierre d'un style antique. Mettez quelques paons sur le parapet et vous aurez du Paul Véronèse. Les jardins sont très-bien tenus, délicieusement ombragés par de grands arbres, dont plusieurs exemplaires rares par leur espèce ou par leur belle venue. Cette propriété est un vrai paradis terrestre, bien plus que la villa Serbelloni.
Celle-ci est une vue à grand spectacle, une symphonie gran- | |
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diose et compliquée. Comment digérer cela sans cesse des yeux tous les matins? Impossible. On a mal dormi, on a dû gronder ses domestiques, on a reçu des lettres alarmantes, on a des malades qui répandent de l'inquiétude dans votre âme, eh bien! quand cette pauvre âme n'est pas en fête, mais qu'elle a besoin de se recueillir, cette vue énorme, ces formes, cette étendue, cette lumière, cette féerie, ce décors immense, ces flots profonds vous obsèdent. Ils sont pour vous un cauchemar, dont on voudrait en vain se débarrasser. A la villa Sommariva ou Carlotta on s'assied à l'écart dans un petit coin modeste de la forêt, on se retire pour pleurer et pour songer dans quelque solitaire réduit où l'on ne se doute plus des grands horizons et des rives continuellement tapageuses.
L'hôtel Belle-vue de Cadenabbia est à deux pas. C'est l'endroit fashionable du lac de Côme. Nous y déjeûnons. Il m'a paru extrêmement bien tenu.
Vis-à-vis de la villa Carlotta est celle du duc Melzi. Pour s'y rendre il faut donc retraverser le lac, c'est l'affaire d'une demi-heure. Mais les brouillards se montrent sur toutes les cimes de montagnes, bataillons d'ennemis prêts à fondre sur nous. Cependant nous sommes à l'abri à force de rames. Nous arrivons avant la pluie. L'intérieur de la maison n'offre rien d'extraordinaire si ce n'est quelques souvenirs de Napoléon et quelques statues de peu de valeur. Celles de la villa Carlotta sont bien supérieures. L'Amour et Psyché de Canova qui s'y trouve est une belle oeuvre de grâce et de passion, la Madelaine a de la célébrité, et je distinguai une tête charmante de Faune.
Le jardin de la villa Melzi renferme plusieurs exemplaires d'arbres exotiques. La pluie ayant cessé et le soleil perçant les épaisses vapeurs suspendues encore sur le lac, il y avait des effets surprenants de lumière. Malheureusement d'autres nuages survinrent bientôt, mais la grille de la villa est contiguë pour ainsi dire à l'hôtel de la Grande Bretagne. Cependant bientôt le
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brouillard et puis la pluie nous enveloppèrent tout-à-fait, et le lac disparut dans une nuit prématurée.
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4 Juin.
- Meilleures espérances pour la journée. Espérances réalisées. Temps un peu couvert, mais charmant. Rien de plus facile et de plus agréable que le voyage à Lugano. Donnée la nécessité de ne pas manquer le bateau à Torlezzo. On part vers dix heures, c'est-à-dire qu'on se glisse dans une délicieuse embarcation qui vous mène en une demi-heure à Ménaggio, où l'on se trouve sur la grande route du Splügen. Là des voitures sont toutes prêtes pour le service des touristes. On charge, on attelle, vingt minutes après on est parti et à midi et demi on est à Porzella. Le bateau qui va vice-versa entre ce bourg et Lugano n'était pas encore arrivé. Depuis Ménaggio la route monte sans cesse. Adieu Bellagio, villa Serbelloni, villa Melzi, beau lac de Côme aux pittoresques contours, aux rives populeuses! Nous entrons dans le pays. Partout se fait la cueillette des feuilles du mûrier pour les vers à soie, principale industrie de cette contrée. Pauvres mûriers, mais aussi pauvres vers à soie, car à cause des fortes et des longues pluies, des grands froids, la feuille contient peu de sucs nourriciers. Mettez donc un ouvrier au régime des haricots verts, quand il lui faudrait une bonne côte de boeuf ou quelques tranches de lard. Du reste la route est jolie, l'oeil se plaît à s'arrêter sur les fourrages, les habitations, les couleurs vertes si bienfaisantes, à s'ouvrir à toutes les impressions des sinuosités de la route.
A mi-chemin on distingue dans des vapeurs bleues le joli lac de Lugano. Ses rives ne sont pas pour le touriste, porté sur sa surface, une déception. Au contraire rien de plus aimable, de plus avenant. Ce n'est pas encore tout-à-fait la Suisse, mais, Dieu merci! ce n'est déjà plus l'Italie. A deux lieues s'étend la petite ville de Lugano au fond de son golfe, tranquille et bienfaisant pour les pauvres valétudinaires. Ce que
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c'est que l'importance des proportions! L'hôtel du Parc est un vieux couvent et en effet ce n'est qu'à faire des hôtels et des pensions que les couvents sont propres ou mieux encore à faire des fabriques. L'église n'a point participé à ce changement sécularisateur. Elle est très-vieille. Sur le mur qui sépare le choeur de la nef, dans lequel il donne accès par trois ouvertures, on voit une immense fresque par Luini représentant la passion tout entière, mais la crucifiction seule est en figures de grandeur naturelle, le reste est sur le second plan. C'est une page plus intéressante que belle. Ce qu'il y a de vraiment admirable ce sont les anges. Cependant je préfère infiniment un petit tableau dans une des chapelles: la vierge en buste entre le petit Jésus et le petit St Jean. C'est rempli de sentiment, de candeur, de naïveté et bien conservé.
Quand on a vu ce beau témoignage de l'art du seizième siècle à son commencement et qu'on ne se sent pas envie de monter au Bréa, au Camaghe, au mont S. Salvador on fait au parc Ciani une promenade qui est charmante et délasse des fatigues de la journée. Sous de beaux ombrages de superbes vues sur le lac, une brise rafraîchissante, le chant des eaux et des oiseaux, les odeurs de la luzerne, n'a-t-on pas lieu d'être content? Et par dessus le marché une belle statue de Vela: la Désolation. L'expression de la tête, l'attitude, les bras, les plis de la robe, qui cache les jambes, les grandes lignes de l'ensemble, tout concourt à rendre l'idée: un muet désespoir. Mais je n'aurais jamais à la place du statuaire consenti à voir ma statue sous ce toit de pergola, sur ce piédestal trop élevé et dans cet entourage ridicule et du goût épicier le plus vulgaire. Puis j'aurais mieux aimé la statue un peu habillée, elle ne me plaît maintenant que de face.
Du reste Lugano est une agréable petite ville, encore toute italienne, fort pittoresque, avec des arcades de constructions
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variées; les plus basses, sans piliers, à courbe faible avec les boutiques tout ouvertes dessous, font un effet d'autant plus agréable que les rues ne sont presque jamais ni parallèles ni alignées. Il y a beaucoup de désordre ce qui ajoute au pittoresque.
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5 Juin.
- Pluie battante: L'eau du ciel tombe à torrents. Le beau lac, les montagnes entre lesquelles il est encaissé tout cela voilé par l'averse qui tombe opiniâtre, persistante. Comme l'hôtel est excellent, nous nous décidons à y rester et faisons allumer un grand feu pour combattre l'humidité. Lors même que le touriste n'a plus une longue vie devant lui, il veut pourtant encore apprendre. Un voyage offre une moisson inépuisable; revenu chez soi il faut qu'elle soit emmagasinée; c'est alors qu'on jouit par la lecture de ce qu'il nous a été donné de voir ou qu'on verra bientôt, lecture rétrospective comme en perspective. J'ai un charmant livre allemand avec moi: Torso de Stahr, histoire de l'architecture grecque et romaine, qui m'intéresse beaucoup. Puis nous lisons Ampère, histoire de Rome à Rome. Quel amour respire ce livre pour la ville éternelle et que l'auteur se connaît bien sur cette terre classique! Il remarque avec beaucoup de justesse que maintenant, comme lorsque Evandre conduisait Enée, les vaches paissent au pied du Palatin, comme si le temps n'avait pas creusé d'espace et comme si l'histoire de Rome n'avait pas tracé son sillon entre ce passé et ce présent.
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6 Juin.
- Il fait beau, le ciel s'est éclairci, le soleil a percé et nous partons à neuf heures et demie par une bonne voiture. La route est des plus belles, des plus variées. Une fraîche verdure. Plus d'oliviers, mais la profondeur du feuillage des châtaigniers et des platanes. Les mûriers seuls présentent une vue déplorable, dépouillés de leurs feuilles. Dans
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leur bonté inépuisable, dont ils portent l'image, ils ne tarderont pas à repousser pour être dépouillés encore, mais en attendant ils semblent des arbres morts, au milieu d'un paysage qui s'épanouit heureux dans sa vie nouvelle et parmi les prés émaillés de toutes sortes de fleurs, bleues, blanches, lilas, jaunes.
Si Lugano est le plus beau des trois lacs, le lac Majeur ne mérite que de venir le troisième; il est bien inférieur à celui de Côme et à celui de Lugano. Il n'y a là, du moins tel que je le vois rien de particulier, rien qui plaise, qui inspire. Les îles célèbres sont des pointes de rocs assez ordinaires, des espèces de récifs un peu plus élevés que le niveau de l'eau et qui ne me donnent nulle envie de les exploiter. Il le faudra bien cependant par acquit de conscience.
A midi et demi nous sommes à Licino, petite ville où le bateau nous prend tout de suite pour nous conduire au lieu de notre destination. C'est là que je reçois l'impression du lac. Il n'y a que la vue sur Intra qui est assez jolie. Puis on double un petit promontoire et la grande caserne, c'est-à-dire l'immense hôtel de Palanza, est à votre droite; au bout de la bourgade et devant vous, un peu à gauche, les petites îles, mais cela ne fait nul effet. Ici d'ailleurs, comme partout, il n'y a pas de courses à faire, si ce n'est comme à Lugano quelques montagnes à visiter. C'est un pays magnifique, délicieux, charmant, tout ce que vous voudrez, mais un pays de paresseux, de far niente, et l'ennui vous y surprend bientôt. Il faut le traverser, il ne faut pas y rester. A Lugano seul il est possible de passer quelques jours. Ici à Palanza on tire sa montre après avoir défait sa malle et on dit: - Ah ça, pour quand le départ?
C'est qu'aussi l'hôtel n'agrée pas. L'entrée est belle, c'est tout-à-fait le principe de l'hôtel des trois Rois à Bâle, seulement ce qui est en pierre ici, est en bois là-bas, et la matière qui apporte sa couleur décide pour le caractère de la construction. Charpenterie et couleur brune, c'est la Suisse; pierre
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taillée, couleur blanchâtre, c'est l'Italie. Mais du reste le séjour n'est pas fameux. L'hôtel est tout neuf, mais le bois a été probablement humide, de sorte qu'il n'y a pas une porte qui ferme, pas une planche qui ne craque. Puis la table y est mauvaise et une voix qui part d'on ne sait où vous pousse à vous en aller.
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7 Juin.
- Cependant aujourd'hui nous avons pris une barque pour nous faire conduire à l'Isola bella, jeu de mots sur le nom d'Isabelle, fille du fondateur de l'île, à l'Isola madré, nommée ainsi parce que le palais inhabité depuis la mort de celle-ci, fut occupé par sa mère, et à l'Ile des pêcheurs.
Certainement on ne fonde pas des îles, pourtant le mot ici n'est pas sans justesse. Les jardins suspendus en dix terrasses, vrais espaliers d'orangers et de citronniers, sont assis sur des fondements solides qui supportent depuis plus de deux siècles cet énorme fardeau de terre apportée. Il y a là des exemplaires d'arbres et d'arbustes magnifiques. Un bosquet de magnolias, une fraîcheur dans la feuillée, une énergie de couleur dans la floraison que je n'ai pas remarquées ailleurs. Et cela malgré le temps froid et pluvieux qui faisait que tout était en retard d'un mois. Au haut des terrasses il y a une plate-forme qui renferme une citerne pour faire marcher la cascade en style grotesque entre les deux escaliers qui mènent à la plateforme. Cette cascade avec ses niches et ses déesses formait une décoration, faisant face au château, mais elle ne va plus, et les statues sont très-sales et doivent toujours avoir été horribles, mais les vues dont on y jouit, sont charmantes, par un ciel pur et un beau soleil. Comme toujours ceux-ci manquaient complètement, le lac était gris comme les lourds nuages qui s'enroulaient de plus en plus autour des montagnes. Le résultat obtenu est donc très-discutable, on ne peut disconvenir cependant que celui à qui l'idée est venue de transformer
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un récif nu, comme on en voit tant aux environs de Stockholm, en un petit paradis odoriférant a été un homme nécessairement énormément riche et d'un esprit très-original et ingénieux.
Le château, encore résidence de la famille Boromée, est affreux; un pendant accompli de l'hôtel de Palanza et hors de proportion avec l'exiguïté de l'île, où il aurait fallu quelque chose de gentil et de léger. L'intérieur en est mal tenu, délabré, sans goût, à l'italienne. Il y a de belles pièces, de beaux lustres, quelques belles sculptures en bois, des meubles de prix et puis toujours des cadres et des noeuds en bois, or et bleu. Pourquoi? Le cicérone ne savait pas.
Puis une quantité immense de tableaux, peints sur marbre, la plupart des fleurs. D'où venaient tous ces tableaux? Le cicérone ne savait pas.
Pour les autres tableaux il se peut qu'il y en avait de bons, mais ils sont mal tenus et mal exposés. Dans la grande salle quantité d'affreux portraits sans trace de vernis. Sont-ce des portraits de famille? Non. D'où sont-ils tirés? Le cicérone ne savait pas.
En bas il y a quelques salles caverneuses, grotesques. La partie de l'ile regardant Sestra est extrêmement pittoresque, elle est occupée par des masures habitées par des pêcheurs et forme un contraste frappant avec le palais. L'île des pîcheurs n'offre rien de particulier; c'est un seul village que parcourt une seule ruelle si étroite que deux personnes peuvent à peine y marcher de front, des ruelles transversales aboutissent à l'eau, de temps en temps on voit une femme filant sa quenouille sur sa porte, du reste rien.
Bien nous en prit d'avoir gardé l'Isola Madre pour la bonne bouche. C'est tout simplement un magnifique jardin, très-bien soigné, un séjour aussi parfumé que l'autre, mais plus près de la nature. Pour un botaniste c'est un lieu des plus intéressants,
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à cause des exemplaires fameux qu'il y rencontrera, toutes sortes de végétaux appartenant à des climats beaucoup plus méridionaux. J'y vis un rhododendron qui avait atteint une hauteur immense, couvert de bouquets de fleurs innombrables. Les balustrades, les rochers à l'entour, étaient tapissés de toutes sortes de plantes fleuries, particulièrement de la valériane rouge et blanche. L'entretien de ces îles coûte annuellement f 10,000. Avec un arrêt à l'auberge du Dauphin pour déjeûner notre excursion avait pris cinq heures.
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