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May.
Dimanche. 1.
Je fus long temps au logis a parler avec mon frere des microscopes.
Berckestein me vint voir de Boreel.
Le soir je fus chez ma bellemere et y souppay et S.A. m'ayant envoyé querir je fus de la à Sorghvliet ou S.A. se mettant a table, me dit de revenir le lendemain au matin.
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Lundy. 2.
S.A. causant avec moy en s'habillant me dit d'aller a Honslaerdyc avec Ginhoven pour voir comment on pourroit approprier dans deux chambres les tableaux que Doudeins avoit faits pour la sale en bas de Soestdyc.
Je fus voir B.
Je disnay chez madame Ryckaert. Ma soeur de Nieuwerkercken ayant perdu visiblement de son en-bon-point se plaignoit des pustules et ardeurs qui luy venoyent dans la bouche et sur la langue, ayant quelque apprehension qu'elle pourroit avoir pris cela de sa mere.
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Mardy. 3.
Je fus le matin à Honslaerdyc avec Ginhoven et Doudeins pour l'affaire des tableaux,
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Je trouvay le Westlandt fort beau. Le soir Churchill, devant partir la nuit suivante, vint me trouver pour adjuster pour la deuxiesme fois une convention avec l'Angleterre touchant le commandement des armées et le rang des officiers. J'allay avec Ginhoven a Sorgvliet et la fis signer a S.A.
Mr de Leeuwen allant en Angleterre de la part de l'Estat me vint dire adieu.
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Mercredy. 4.
Je fus encor a Sorghvliet avec Ginhoven, mais nous rencontrames S.A. au Nordende, et l'attendismes ensuitte plus de deux heures chez Odyck ou elle parla long temps avec Spaen et Romswinckel et puis avec les deputés de Zelande.
Je ne pûs jamais luy parler avant qu'il partit par ce qu'il sortit vistement dans une foule de gens, et fit d'abord marcher son carosse.
Je depeschay incontinent un courier pour l'attrapper au Tolhuys ou de Marais me dit qu'il devoit disner, avec les lettres de creance pour mr de Leeuwen au Roy, au Duc et au Thresorier.
De Marais me dit que Leeuwen alloit en Angleterre pour disposer le Roy à accepter les conditions proposées par la France et que Boreel alloit pour la mesme fin a Brusselles. S.A. ayant jugé que les deputés des deux villes qui estoyent le plus pour la paix devoyent se charger de cet employ.
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Jeudy. 5.
Je partis a cincq heures du matin et arrivay, ayant tousjours esté en chariot, au Moerdyc a midy et vers les cincq heures a Breda ayant trouvé mes chevaux audt Moerdyck.
S.A. me parla de mon voyage allant se mettre a table avec la Princesse.
Dyckvelt arriva de Brusselles.
On me dit que les ennemys avoyent pris Leeuwen par surprise.
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Le conte de Waldec estant arrivé le jour precedent, partit ce jour.
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Vendredy. 6.
Je jouay avec Milord Ossory au billart et luy gagnay un ducat et jouay but a but avec Coult.
S.A. perdit au billart par un pary de dix contre un a Milord Ossory deux cents souverains et d'autres.
Coljear et Preswits me dirent que S.A. attendoit des nouvelles du Conte de Waldec d'heure a autre, et qu'apparemment il partiroit encore ce mesme soir pour aller joindre les trouppes au rendevous de Herentals, a dessein de reprendre Leeuwen, s'il en estoit encore temps.
Voorst et d'autres me dirent que Dyckvelt avoit dit que dans 4 a 5 jours elle devoit encor aller à la Haye.
Le soir au jardin ma femme et moy nous promenasmes avec Zuerius, sa femme, sa mere et madlle Schilders la cadette. Preswitz nous dit que S.A. ne partoit pas pour le quartier, mais envoyoit Posterne au Conte de Waldec, dont nous nous resjouismes.
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Samedy. 7.
S.A. m'envoya querir a 6 heures et demye du matin ce qui nous fut d'un mauvais presage, comme en effet estant venu a la Cour je vis toutes choses prestes pour le depart, et ensuitte ayant depesché plusjeurs choses a la haste, je partis sur les dix heures et allay tout d'une traitte jusques à Braxschaten, ou je repeus une demy heure, et arrivay a Boom par un vilain temps de pluye a 7 heures du soir estant assez las.
Ma charette n'estant arrivée qu'a 2 heures de nuit, je couchay sur un matelas qu'on mit sur la paille.
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Dimanche. 8.
S.A. me donna des lettres de van Beuninghen du 18 et 19 Avril dans lesquelles il mandoit qu'en Angleterre l'on estoit extremement fasché de ce que l'on ne luy envoyoit pas les pouvoirs requis pour conclurre les choses necessaires pour la guerre et principalement pour arrester la deffense du commerce avec la France.
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Boreel vint au quartier de Brusselles avec Dyckvelt et on dit que le duc de Villa-Hermosa avoit demandé deux ou trois jours de temps pour deliberer sur les affaires de la paix.
S.A. eut advis du Schouth d'Amsterdam que par son ordre il avoit arresté le Lt Coronel Weiler, un homme que depuis long temps on soupconnoit de tramer quelque trahison et qui avoit fait deux ou trois voyages en France; un certain Räpkin capne du regement d'Erpach le fit attrapper.
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Lundy. 9.
's Gravemoer me dit en ma chambre qu'il craignoit un mauvais succes pour nos affaires.
Que pour reprendre Leeuwen il n'y avoit point d'apparence.
Je travaillay sans succes a dechiffrer des lettres de mr de Pompone au Marquis de Feuquieres, Amb. de France en Suede.
S.A. escrivit au Schouth d'Amsterdam d'envoyer Weiler a l'armee.
J'escrivis a ma femme de demeurer encores a Breda jusques a ce que je luy escrivis.
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Mardy. 10.
La nuit devant ce jour a deux S.A. escrivit a Dyckvelt de faire marcher le Canon de Brusselles, et tout le monde croyoit qu'on alloit marcher pour tascher a reprendre Leeuwen; mais depuis estant venu advis qu'il y estoit entré 1500 fantaisins des ennemys, sur les dix heures on sceut que S.A. alloit a la Haye.
Elle me dit que je pouvois venir a Breda, ou elle alloit, ou bien tout droit a la Haye. Je dis que j'aimois mieux passer à Breda, et luy m'ayant demandé pourquoy, je dis que c'estoit pour prendre ma femme. Il me dit: ‘nu spreeck je recht uyt, dat willense anders nooyt niet weten.’ Je luy dis que je n'en faisois point de finesse, et que les autres parloyent d'aller voir leurs femmes, comme si c'estoyent leurs putains.
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Ayant vistement plié un peu de bagage je partis pour Anvers ou j'arrivay sur les trois heures et fus avec Pier frere de maison rouge achepter du choccolate chez Bartelotti, de la disner a l'Aigle ou l'on me dit que la grosse Marie estoit morte.
N'ayant pû avoir de batteau je pris un chariot pour le Moerdyc et allay toute la nuit. A une demy heure d'Achterbroeck il commenca a faire tres-obscur et a pleuvoir bien fort, ce qui fit que nous restames la 4 a 5 heures.
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Mercredy. 11.
J'arrivay au Moerdyc sur les 10 heures du matin. S.A. y arriva un peu apres de Breda.
Je passay au Sas de Stryen ou il y avoit un batteau d'un Officier qui venoit du Sas par ordre de Sidnisky pour pour parler a S.A.; dans ce batteau nous allames en trois heures a Rotterdam.
La le magistrat estant pour se mettre a table et manger ce qu'ils avoyent fait preparer pour S.A. qui avoit passé m'envoya prier par le Schout Nyvelt et un autre de venir soupper avec eux, ce que j'excusay et allay avec Milord d'Ossory et mr Godolfin a la Haye ou j'arrivay sur les 9 heures.
Machado n'osa passer l'eau au Moerdyc par ce qu'il faisoit un peu de vent et comme nous le raillions sur sa peur, il dit: en Espagne un homme menant de vaches et la riviere estant gelée, les vaches s'eschapperent et passerent la riviere sur la glace. L'homme demeurant sur le bord, on luy demanda pourquoy il ne couroit pas apres ses bestes qui pesoyent plus que luy et qu'il pourroit passer aussi bien qu'elles, il dit: Ho que non, un peccadillo grande come esto, pesa mas que ciento vaxas.
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Jeudy. 12.
Je travaillay long temps avec mon frere pour enchasser des petits objectifs de microscope dont il m'enseigna la maniere et m'en donna un qu'il avoit fait.
Mr le Pr. fut aux Estats d'Hollande et escrivit au Conte de Waldec de sa main dans une lettre que je fermay chez
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Odyc, que tout alloit en Hollande avec bien de la confusion et qu'il sembloit que sans se donner plus de peine, l'on s'abandonnoit a la Providence la quelle il esperoit qu'elle auroit pitjé de nous.
S.A. alla a Honslaerdyc ou la Princesse devoit arriver ce mesme soir.
De Marests dit que toutes les Provinces inclinoyent a faire la paix sur les conditions qu'offroit la France si l'on pouvoit y disposer l'Angleterre et l'Espaigne.
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Vendredy. 13.
Voyez ce qu'il y a au jour precedent et doibt estre mis icy.
L'apresdisnée je m'amusay encore long temps a la microscopie, un homme qui travailloit a la lampe estant venu nous faire les petits objectifs.
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Samedy. 14.
Moggershill et ma soeur vindrent me voir le matin.
S.A. fut aux estats d'Hollande sur les lettres qui estoyent venues de Leeuwen.
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Dimanche. 15.
Je travaillay tout le jour aux microscopes ayant appris a enchasser moy mesme les objectifs, et ayant adjousté quelque chose a l'invention. Le soir je fus chez ma tant de St. Annel. ou estoit l'aisnée van Leeuwen.
Ma soeur me dit que le cousin d'Oorschot estoit tombé malade de la fiebvre.
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Lundy. 16.
L'homme qui travailloit a la lampe nous fit encore des objectifs.
S.A. fut aux Estats et en sortant me prenant par derriere me dit de venir promptement a Honslaerdyc ou estant arrivé en chariot sur les dix heures je n'en pus partir qu'a minuit et demye et n'arrivay à la Haye qu'à deux heures du jour suivant. L'escrivis une lettre de sa part a l'Electr de Brandenbourg, la prenant d'une minute qui estoit en meschant Francois de van der Tocht, dans laquelle S.A. luy recommande entre autres choses de donner du repos a Suerin.
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Isac revint avec moy de Honslaerdyc.
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Mardy. 17.
Suivant un ordre du jour precedent j'allay avec Walenburg dans mon carosse a Honslaerdyc, mais aupres de Naeldwijc le receveur Ellemeten me dit que S.A. estoit en chemin pour la Haye, ce qui nous fit retourner.
Le soir S.A. estant a Odyck apres l'assemblée finie m'ordonna de venir a Honslaerdyc encor ce soir, mais apres soupper il me dit qu'il ne feroit rien ce soir et que je revinsse le lendemain.
Silvius vint avec moy a la Haye.
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Mercredy. 18
J'allay le matin a Honslaerdyc avec Silvius et y disnay avec Voorst.
Ryswyc y estant aussi, dit que durant la guerre il ne se marieroit pas, mais qu'apres la paix faite il vouloit prendre femme et que si madlle Pieterson vouloit de luy, alors il ne seroit pas obligé de le demander à une autre.
On dit aussi la a table que d'Aulnoy espousoit la cadette Giessenburg.
Silvius en chemin se plaignit de ce que S.A. luy avoit manqué de parole à l'egard de sa femme et dit que passés quelques jours il luy avoit parlé sur ce sujet fort vigoureusement jusques a luy dire qu'il estoit obligé de reconnoistre ses services.
Il me dit encore beaucoup de l'inimitjé de Milord Arlinghton avec le Grand Thresorier que cestuycy avoit fait tout ce qu'il avoit pû pour se raccommoder avec luy et mesme par le Roy, mais qu'Arlinghton l'avoit tousjours evité.
Que la duchesse de Portsmouth estoit du party du Chancelier.
Que bien souvent l'intention d'un grand party au Parlement avoit esté de faire des remonstrances au Roy au sujet de la grande depense qu'il faisoit pour ses dames.
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Que le Thresorier avoit toutes les qualités qui composoyent un homme veritablement rusé.
Je fus chez B.
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Jeudy. 19.
S.A. demeura a Honslaerdyck.
Zuerius le receveur et Schuyl me dirent avoir veu des lettres de ce que le cousin d'Oorschot estoit malade à la mort et que le fils de Vrybergen, qui estoit des Estats Generaux, demandoit sa charge.
Depuis ce 19 jusques au 26 de Juillet je fus a la Haye, S.A. se tenant a Honslaerdyck et dans ce temps se firent toutes les negociations de la paix premierement a peu pres conclue et puis reculée. |
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