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Juillet
Mardy. 26.
S.A. partit de Honslaerdyck a 9 heures ayant avec luy le Marquis de Grana, Benting et Ouwerkerck et arriva a dix heures du soir a Vilvorden ou estoit le quartier.
Je partis ce jour de la Haye avec mr Boreel et prenant le chemin par Schiedam, Roon, Beyerlandt, Claeswael et Willemstadt nous trouvasmes en ce dernier lieu le cadet Lannoy, Receveur de S.A., qui nous fit civilité et nous donna sa calesche laquelle nous mena, [à] Rosendael ou nous logeasmes a l'enseigne des Armes de S.A. Aupres de Delft nous rencontrasmes Posterne revenant de Rurmunde ou S.A. l'avoit envoyé.
Boreel me dit en chemin qu'à Amsterdam, ou ceux du Magistrat se picqoyeut d'estre tousjours reguliers dans leurs actions, on avoit trouvé a redire a ce que mr van Beuningen avoit achepté des fonds pour bastir à condition de les payer Prestre mort ou marié, et les avoit revendus pour de l'argent comptant.
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La femme du logis a Rosendael nous dit que de Bons de Breda traittoit a ce que l'on disoit avec mr Benting pour la charge de Drossard de Breda.
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Mercredy. 27.
Nous attendismes pour partir jusques a huict heures a cause d'une grosse pluye qui tomba ce matin.
Puis allames tout d'une traitte jusques a Anvers ou nous arrivâmes a une heure et disnames a l'Aigle, faisants estat de partir le soir dans la barque de Brusselles.
Mais Posterne et du Chesne y estants arrivés quelque temps apres, je resolus d'aller avec eux en chariot à Vilvorden, mr Boreel voulant aller a Brusselles dans la barque. Nous en louâmes un pour 7 ryxd. qui nous mena en 5 heures et demye a Vilvorden estant allé fort viste.
A Waelhem une paysane nous dit qu'une barque avec plus de 40 personnes venant d'Anvers a Malines le feu s'estoit mis dans un baril de poudre qui y estoit et avoit fait sauter tout ce monde avec la barque et avoit fait mourir quasi tout ce qu'il y avoit. Du Chesne nous conta en chemin comment il avoit esté a la guerre de Hongrie avec le conte de Nassau.
Feron, valet de chambre de S.A., me conta comment il avoit esté volé par quatre soldats le jour de devant a un coup de mousquet du camp.
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Jeudy. 28.
S.A. m'ayant donné avant son depart des papiers touchant la negotiation de la paix, pour les mettre en ordre, j'y trouvay les choses qui suivent:
Dans une lettre du 16e May Beverning mande cecy. Mij werdt van seer goeder handt hier bericht, dat den Lt Gn̅ael Spaen den 9. van dese maent, tusschen thien en̅ elff ueren savonts, heeft ontfanghen een order van U Ser. Hoocht, om eenighe trouppen, ick en weet niet hoedanighe, te doen marcheren naer St. Leeuw ofte daeromtrent, en̅ dat hij aenstonts daernae communicatie daervan gegeven aen̅ hr Mareschal d'Estrades, ick een weet niet
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of uyt bravoure, of uyt dronckenschap, of uyt correspondentie, en̅ dat gemte hr Mareschal daerop aenstonts een expressen naer Maestricht heeft afgesonden, die men seght twee peerden onderweghen heeft afgereden, en̅ dat het gevolgh van dit alles is geweest, dat een convoy uyt die laetste Stadt naer St. Leeuw soodanigh is verhaest is geworden dat de trouppen bij U Ser. Ht gecommandt om 'tselve te observeren ofte te slaen, soo veel zijn te laet gekomen dat het convoy juyst in salvo was, mijne getrouwichect enz.
Dans une lettre du 14 de Juin il mande qu'il se portoit mal et que faute d'avoir pû dormir depuis quelques jours il se trouvoit la cervelle dans une intemperie qui le troubloit.
Avec une lettre du 30 de Juin il envoye a S.A. copie d'une de mr d'Estrades a mr de Pompone en date du 21 Juin 1678 portant de mot a mot ce qui suit:
Je me donne l'honneur monsr de vous escrire cette lettre en particulier sur l'estat present des affaires et sur la disposition des esprits dans les villes d'Hollande qui sont ceux a present qui ont le plus de credit, afin mr que vous y fassiez des reflexions de bonne heure, et qu'estant beaucoup plus esclairé que je ne le suis en toutes sortes d'affaires, vous en tiriez ce qui est plus utile et avantageux au service du Roy. Je vous diray monsr qu'il n'y a sorte de precaution que mes amys secrets des villes d'Hollande ne prennent pour faire connoistre l'envie qu'ils ont de rentrer dans les anciennes alliances avec la France et de faire tout ce qui dependra d'eux pour avoir l'amitjé du Roy. Ils ne se sont pas contentés de me l'escrire, mais m'ont envoyé par deux fois des deputés qui sont dans leur confiance. Ce que j'ay remarqué dans leurs entretiens sont deux points principaux, le premier est l'envie que les Estats ont de signer promptement le traitté avec le Roy, la Hollande ayant porté sa resolution a la
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Generalité, de faire dire aux Espagnols qu'ils se determinassent à repondre categoriquement sur la signature du traitté et qu'en cas de refus les Estats Gn̅aulx passeront outre avec la France. L'autre est qu'ils s'attendent que le Roy leur rendra Mastricht aussi tost que le traitté sera signé, et que des ce jour la le commerce sera restably et qu'ils pourront envoyer les navires qu'ils ont desja preparés dans touts les ports de France, qui sera un gain tres-considerable pour les villes d'Hollande par ce qu'elles ont desja leurs vaisseaux touts prests, et qu'elles auront enlevé toutes les denrées qui sont dans les ports de France avant que les autres Provinces ayent mis leurs vaisseaux en estat de remiguer, particulierement la Frise, Groningue et Zelande qui sont les trois Provinces maritimes qui ont le plus de commerce apres la Hollande. Les reflexions qu'il me paroist qu'il y a à faire dans cette conjoncture, sont, s'il ne sera pas plus avantageux au service du Roy de detacher tout d'un coup les Estats et les separer de leurs alliés par une distinction telle qu'en signant le traitté avec eux on leur rende en mesme temps Mastricht afin de les mettre en estat d'agir en faveur de la Suede pour la restitution des places qu'elle a perdues, et les engager par cette confidence a parler avec plus de vigueur au Roy de Dannemarc, a l'Electeur de Brandenbourg et aux Princes de Lunenbourg, et quant au traitté avec l'Espaigne on pourroit retenir les places et la Lorraine jusques a l'entiere restitution des places des Suedois. Je vous exposeray aussi mes craintes, connoissant les peuples d'Hollande capables d'impressions que nos ennemys taschent de leur insinuer par des discours
malicieux, ce qui me fait prevoir que s'il arrive du retardement a leur faire jouir de l'effet de la paix et au commerce, on ne manquera pas de publier partout, ce que les malicieux ont desja fait, que ce n'est qu'une paix simulée et pour les detacher de leurs alliés. Que le Roy gardant Mastricht
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jusques à la restitution des places des Suedois, c'estoit tousjours rester en guerre, les Princes qui les occupent ne les voulant pas rendre et qu'il seroit plus seur pour les Estats de se reunir avec leurs alliés et de defendre le terrain par les armes, que de ceder tout et de se mettre à la misericorde du Roy. C'est monsieur une partie de ce que l'Empereur, le Roy de Dannemarc, l'Electeur et les Princes de Lunebourg font publier par leurs emissaires dans les villes d'Hollande, ce qui m'a esté confirmé par mes amys secrets qui m'ont paru estre estonnés si le Roy ne les distinguoit des Espagnols par le restitution de Mastricht. Je n'ay pas communiqué cette lettre a mes Collegues par ce que ce n'est pas une matiere du corps d'Ambassade, ce sont seulement des reflexions sur des avis particuliers que je soubsmets a vostre prudence, et je ne vous en aurois rien mandé si ce n'estoit que j'ay eprouvé dans d'autres affaires qu'il est bon en de telles conjonctures que celles ou nous sommes, d'avertir nos messieurs des moindres choses.
S.A. alla apres disner a Brusselles (vide diem seq.).
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Vendredy. 29.
M'estant eveillé le matin je commencay a sentir quelque douleur d'estomach, qui ne passa pas apres que j'eusse pris un peu d'eau de la Royne d'Hongrie et j'eus en suitte un flux de ventre qui me donna huict ou neuf selles ce jour la et me rendit pesant.
Dans ladte lettre du 30 mr de Beverning dit encore: Als ick nu met een goede conscientie voor̅ dienst van 't Landt het moet seggen, soo weet ick dat die laetste gedte (a scavoir le deputé dont il est parlé dans la lettre de mr d'Estrades) is geweest eenen Pierre d'Aguerre, marchand de Bajonne demeurant en Amsterdam chez la vefve Gansevoort, woont int huys van Bartolotti op de Heere gracht; maer ick bidde seer onderdanigh U Ser. Hoocht, dat mijn yver in dese mij niet en redundere tot ongemack, want ick ben beducht of dese saecke wel eeni- | |
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ghe reflexie mochte naer sigh slepen op de Regenten, daermede ick mij seer ongaerne brouilleren soude. U Ser. Hoocht sal sigh van dit avis dienen naer sijne groote wijsheit.
Coljer perdit au fourage un cheval, Lintelo un autre et Borsselen 2. les miens eschapperent a peine (Vide adhuc diem seq.).
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Samedy. 30.
Le flux de ventre me continua, mais un peu moins fort que le jour precedent.
S.A. alla a Werchten pour aller parler a mr de Chauvet qui estoit avancé avec sa cavallerie jusques aupres de Diest, a dessein de nous venir joindre.
Le jour d'auparavant au soir mr de Dyckvelt me dit que mr van Beuningen luy avoit mandé qu'il croyoit que nous allions avoir la paix, a moins que quelque rencontre desavantageuse pour nous survenant n'en empeschast la conclusion.
Nos gens dirent que les trouppes d'Osnabruc soubs mr de Louvignies qu'ils avoyent veues, faisant environ 1500 chevaux horsmis trois battaillons d'infanterie qu'ils n'avoyent pas veus, estoyent en fort bon ordre et fort lestes.
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Dimanche. 31.
Milord Feversham arrivé d'Angleterre fut long temps avec S.A.
On dit que huict bataillons Anglois venoyent pour nous joindre.
Je fus me promener le soir avec 's Gravemoer a cheval vers les trois fontaines ou nous rencontrasmes sur le chemin plusjeurs soldats et mesmes officiers saouls, et on me dit que S.A. avoit rencontré le lt Cor. de Wisely si yvre dans sa promenade qu'il heurta contre la botte de S.A. et donna de la teste de son cheval contre celle de mr d'Ouwerkerck.
's Gravemoer me dit que dans ces dernieres deliberations sur la paix l'authorité de S.A. avoit chancelé, et
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qu'en pleine assemblee Paets avoit bien eu le courage et l'effronterie de dire a S.A. elle mesme en face sur le sujet des contributions: Wel hoe, mijnheer, wij meenden dat de contributien aen̅ Staet toequamen, en verstaen dat daervan sal werden rekeningh gedaen. |
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