Journaal gedurende de veldtochten der jaren 1673, 1675, 1676, 1677 en 1678
(1881)–Constantijn Huygens jr.– Auteursrechtvrij
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Septembre.Mercredy. 1.Coljear me dit que S.A. avoit dit que dans un mois elle vouloit faire venir ses chiens a Soestdyck. Elle escrivit a van Beuningen que Milord Ossery ne luy avoit point dissuadé d'hazarder une battaille avec les ennemys aupres de Charleroy, comme l'on divulguoit faussement en Angleterre. Elle escrivit au duc de Lorraine que l'on persistoit tousjours dans la resolution d'attaquer Dinant, mais que cela ne seroit pas possible, ledt duc continuant sa marche en arriere, Crequy ne le suivoit pas etc. Que Crequy faisant un detachement ledt duc n'en faisoit pas un aussi pour l'observer. Qu'on souhaittoit reponse la dessus avant que de s'engager au dessein de Dinant. Van Beuningen manda du .....Ga naar voetnoot1) que le Marquis de Borgomainé tenoit des discours comme si le Roy de la G. Bretaigne continuant dans sa conduitte, l'Espaigne pourroit venir à rompre avec luy, et que desja il avoit ordre de demander des reparations et de satisfactions qui sembloyent viser à une rupture. | |
Jeudy. 2.S.A. fut disner chez Dyckvelt à Maubeuge et voir les Chanoinesses parmy lesquelles on dit qu'il n'y avoit pas rien de bien beau. Il pleut extrememeut le soir et la nuit suivante et fit du vent. S.A. manda a Spaen qu'elle avoit quelque avis que les ennemys auroyent bruslé Tongeren et avoyent dessein d'en faire de mesme de Tirlemont, et luy fit entendre de ce qu'elle s'estonnoit comme quoy il ne l'avoit pas empesché. | |
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teau ou il y a quelques grands espaliers, mais en general il estoit mal entretenu. Heyde tourmenta Ursinus à table et le fit enrager. Claes mon valet perdit un de mes chevaux que d'ordinaire il montoit. | |
Samedy. 4.J'escrivis a m. d'Arbay de me mander si la mienne du 21 Aoust avec le chiffre luy avoit esté rendu, qu'elle me tirast d'incertitude la dessus et sur ce que je luy avois mandé de plus. Je me desseignay moy mesme dans un miroir. S.A. alla se promener jusques a Bavay et ne revint que vers les 4 heures apres diné. Hors dudt Bavay Derveau et d'autres nous dirent qu'on voyoit encore les 7 chemins militaires des Romains et qu'au milieu du marché il y a une pierre a sept faces a la quelle lesdts 7 chemins aboutissoyent autrefois. Le jour d'auparavant je commençay a avoir un fleux de ventre, ce jour du 4 j'eus quatre selles. J'escrivis aussi a Berckestein, a Voet, a Vos, a Uylenburg et a ma femme. | |
Demanche. 5.Ce flux de ventre me continua et j'eus encore quatre selles avec des trenchées qui me faisoyent quelque apprehension d'une dysenterie. On me dit que l'eau de la Sambre dont j'avois beu un jour ou deux donnoit le flux de ventre. On attaqua et prit sans resistence un chasteau ou il y avoit vingt hommes avec un Lt des ennemys; mr de Weibnom commanda nos gens. On dit que le 24 d'Aoust Stettin avoit commencé à capituler. On retrouva parmy les gens du Conte de Plymouth le cheval que mes gens avoyent perdu le 3e. Le cousin Uytenhove et le Fiscal furent quelque temps avec moy et je leur donnay un verre de Frontignan. | |
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Lundy. 6.Ma femme me manda que le viel Crommon estoit mort et la vieille madame d'Achthienhoven. Les Espagnols prirent sans grande resistence le Chasteau de la Buissiere. S.A. se trouva la aux environs et ne revint qu'a six heures et demy du soir. Mon flux de ventre ne m'incommoda pas depuis le matin. Bruynestein escriuit que mr d'Ouwerkerck n'amendoit pas et qu'il estoit en peine de luy. Opdam estant le matin en ma chambre me dit que l'achapt que son Pere avoit fait de Wassenaer a 1 par cent de revenu l'avoit ruiné. | |
Mardy. 7.S.A. estant desja à cheval pour aller voir unc course de deux garcons Anglois, le duc de Villa-Hermosa arriva, et demeura toute la matinee et y disna. Il fit tres-beau temps. Geleyn me dit que Duerkant le libraire estoit mort a la Haye et la fille de Raex. Coljear me dit qu'on avoit encor intention de prendre Dinant, et que S.A. y iroit pour voir la place et y laisser le Conte de Waldec pour faire le siege et qu'il contoit encor 6 semaines pour la campagne. Mon fleux de ventre cessa. | |
Mercredy. 8.Je fis un dessein. J'eus encore 4 selles. S.A. envoya ordre à Meester, qui estoit à Anvers, d'envoyer promptement à Brusselles pour l'execution du dessein de Dinant 16 pieces de 24, 300m £ de poudre deux mortiers, 6 a 8 affusts pour lesdtes pieces. 's Gravemoer et Rooseboom, estants dans ma chambre, parlerent des affaires du pays comme estant en mauvais estat, par ce que les ennemys devoyent prendre asseurement trois ou quatre bonnes places l'année prochaine, et venir aux nostres la suivante. La nuit apres ce jour le beau temps qui avoit continué trois ou quatre jours durant, changea en un fort vilain. | |
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Jeudy. 9.Je dechiffray une longue lettre de mr van Beuninghen du ... ou il dit que le Marquis de Borgomainé alloit presenter un memoire au Roy ou il estoit demandé reparation de ce que les trouppes Angloises et le duc de Monmouth continuoyent de servir en France, que ........................Ga naar voetnoot1) et dit que s'il n'estoit fait reparation de tout cela que le Roy d'Espaigne ne pourroit pas continuer a vivre dans une sincere amitié avec l'Angleterre. Voorst dit que S.A. retournant au logis, a ce qu'il croyoit, passeroit par Breda. Je receus une lettre de Gunterstein du 25 Aoust de Londres. Je donnay 300 ducatons a Oyen pour les faire rendre à la Haye. | |
Vendredy. 10.De Wilde devint malade et luy prit une fiebvre. Voorst parlant dans la grande sale du Chasteau avec moy et le Fiscal, touchant le retour de S.A. à la Haye l'annee passée dit: Jck gingh oock daernaer noch mede, maer daer waeren oock andere luy al vooraf gegaen, me faisant signe de l'oeil sur le Fiscal, qui fit semblant de n'y point faire reflexion. Coljear me dit qu'il voyoit bien que la campagne tiroit vers sa fin, qu'apparemment de l'affaire de Dinant il ne se feroit rien. Qu'il croyoit que peu de temps apres l'arrivée de S.A. a la Haye elle iroit en Angleterre et qu'il croyoit qu'elle avoit de la permission pour cela. | |
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Oyen fut fait Major de Sommelsdyck. J'eus mal a la teste. J'envoyay à ma femme l'assignation de 300 ducatons sur Buttingen. | |
Dimanche. 12.Nous marchasmes a 4 heures du matin de Hasveng a une ½ lieue de Maubeuge au Chasteau de Boussoye; ou S.A. avoit logé le jour apres la bataille de Senef. Je mangeay avec le Fiscal avant que S.A. fut de retour au quartier, ayant disné chez le duc d'Hauré, Gouverneur de Monts. Il me dit que son frere ayant connu que le R. Pensre avoit esté jaloux de ce qu'il se mesloit de choses qui regardoyent le publicq, avoit disposé S.A. a luy faire donner la charge au grand Conseil. Qu'il croyoit que j'aurois bien fait de luy avoir fait un peu la Cour du commencement de mon employ. Que S.A. avoit sceu toutes les choses de la fille de Sas et du R.P. 's Gravemoer dit a mr de Dyckvelt et a moy en arrivant au quartier, que les Francois (mr de Luxembourg y estant luy mesme) ayants voulu attaquer le poste des Trois Trous avoyent esté repoussés pas nos gens qui y estoyent, particulierement par mr de Slangenburgh. Dyckvelt entendant ceste nouvelle dit qu'il seroit bien aise de la dire a S.A. et qu'il croyoit que la dessus on pourroit faire une contremarche pour poursuivre le dessein de Dinant. Ledt Fiscal s'estendit encore fort, estant à moitie saoul, sur ce que Zuylestein, avec fait quelque reproche ou donné quelque atteinte a S.A. sur des affaires de ses intrigues particulierers et qu'il avoit temoigné qu'elle s'en ressentiroit en temps et lieu. Que Dyckvelt avoit parlé a S.A. et avoit proposé sa personne pour mre de Requestes a S.A. qui avoit dit | |
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qu'elle ne scavoit si cela estoit compatible avec la charge de Fiscal qu'il avoit presentement. Le soir S.A. estant de retour le valet de Rooseboom dit qu'il avoit ouy dire que le jour suivant on devoit continuer la marche vers Brusselles. Au commencement de la marche S.A. retourna pour voir sauter les portes de Maubeuge. Nous vismes l'effet d'une des mines faites pour cet effet. Je remarquay que le feu ayant esté mis au saucisson, on auroit pû conter dix avant qu'il prit a la mine, et qu'alors on vit sortir du feu par beaucoup d'endroits des deux tours rondes, au milieu des quelles estoit la porte, et le coup fut comme celuy d'un canon, mais plus fort. Dans la marche nous entendismes les coups de deux autres mines, la quatriesme ayant sauté comme nous venions de sortir du quartier. | |
Lundy. 13.Nous marchames du Chasteau de Boussoye à Soignyes. S.A. logea à la posterie. Moer, estant un peu saoul, dit apres disner que S.A. avoit raillé le Conte de Hornes furieusement sur certaine histoire qu'il avoit dit, qu'il pouvoit croire des galanteries de tout le monde, mesme de moy, mais qu'il n'avoit jamais pû adjouster foy à ce que l'on contoit d'Albrantsweert, mais qu'on luy en avoit parlé avec tant de vraysemblance qu'il estoit obligé de le croire. Que comme il estoit revenu de France, le feu Pensionaire de Wit luy avoit dit, voyant qu'il alloit voir souvent S.A., qu'estant nouvellement venu au pays, il ne scavoit peut estre pas de quelle maniere il falloit s'y gouverner, et que dans l'Hollande l'on n'aimoit pas qu'on fit la cour a S.A. avec d'assiduité, mais qu'il vouloit bien luy en donner avis. Coljear dit au mesme temps quoyqu'obscurement que Rooseboom avoit fait la proposition a S.A. dont il est parlé au jour precedent. Il fit grand chaud ce jour la. | |
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On dit qu'il y avoit apparence que dans ce quartier nous pourrions faire quelque sejour et aller ensuitte (au moins l'armee apres le depart de S.A.) passer le Demer pour dissoudre le corps et l'envoyer aux garnisons. | |
Mardy. 14.Il fit encore grand chaud. Dyckvelt me pria à disner, mais je n'y fus pas. Il vint me voir l'apresdisnée et me dit que S.A. luy avoit donné la lettre de van Beuninghen du 25 Aoust st. vet. Je l'avois dechiffrée le matin et il y avoit que Bourgomainé avoit donné un memoire menacant que son maistre temoigneroit du resentiment sur l'affaire de Salines et du Consul Fonseca, si le Roy d'Angleterre ne travailloit tout de bon a procurer une bonne paix, ayant dit en de discours particuliers aux ministres que l'Espaigne n'avoit rien à craindre d'une guerre, comme l'Angleterre, dans laquelle les Anglois mesmes devoyent estre pour elle, veu qu'elle ne pourchassoit que l'interest commun. Que sans une bonne paix il estoit indifferent a l'Espaigne d'avoir les Pays-bas, ou de ne les avoir point, et qu'elle pouvoit les conter pour perdus. Que luy, van Beuningen, venant d'avoir une audience pour recommander l'affaire de la paix et l'envoy de celuy qui devoit faire l'ouverture des conditions à S.A., on luy avoit respondu, que le Roy estoit tousjours disposé a avancer la paix et que dans deux jours mr Hide devoit partir, et voir S.A. en passant; qu'en touts les discours du Roy et du Duc il avoit remarqué, dat sij seer geexulcereert waeren tegens de Spaenschen. Dyckvelt me dit que S.A. luy avoit dit plus de six fois qu'elle croyoit que le meilleur seroit d'en user avec les Anglois, comme faisoit l'Espagne. Que nous estions en mauvais estat et qu'il avoit dit a S.A. mesme que la vigueur de S.A. pourroit soustenir les affaires un an ou deux, mais que le bastiment de la Republique se minoit. | |
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Qu'il avoit parlé aussi avec S.A. de son voyage en Angleterre, mais qu'il n'en avoit pas encor la moindre permission, le contraire de ce que me dit Coljear le 10 passé. Wesley me dit le matin qu'il ne croyoit pas (et que cela luy estoit mandé d'Angleterre) que Temple reviendroit au Pays, ny qu'il seroit secretaire. Dyckvelt me pressa pour scavoir si S.A. ne m'avoit jamais temoigné en quelle consideration il l'avoit; il m'avoit demandé cela d'autres fois. Il me dit encore que le petit Conte de Nassau ne venoit pas disner si souvent a la cour pour quelque brouillerie. Qu'il parloit avec quelque fierté et comme pouvant se passer de la Cour et vivre chez luy et aupres de la compe. Que l'on avoit tousjours le dessein de Dinant, s'il ne venoit de l'empeschement du costé du duc de Lorraine et mr de Crequy. | |
Mercredy. 15.La nuit devant ce jour je perdis un cheval qu'on me vola du piquet. Je criay la dessus mon chartier et fus sur le point de le faire mettre chez le Prevost, par ce qu'il fit mine de vouloir s'en aller. Le Conte de Waldec arriva de Brusselles. Mr Hide, Amb. d'Angleterre pour Nimegue, manda a S.A. qu'il estoit a Brusselles et avoit ordre d'aller parler a elle quelque part qu'elle se trouva. Mr le Prince luy manda de venir avec le convoy qui devoit partir le jour suivant. Coljear me dit que la proposition de menaces de Borgomainé embarrassoit fort la Cour d'Angleterre, que c'estoit un party fort qui l'appuyoit et que le Roy d'Espaigne, saisissant les effets des Anglois chez luy, trouvoit 50 millions. Qu'Albemarle, qui haissoit fort les Francois, luy auoit dit comme il luy objectoit que le Parlement s'assemblant la prochaine fois le Roy le dissoudroit encore, il dit que si l'on voyoit que les Pays-bas se perdoyent sans que le Roy y mist ordre, il y auoit une rebellion à attendre. | |
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On dit que les Francois auoyent mandé 8000 pionniers comme pour quelque siege, quoyque cela n'eust gueres d'apparence. J'escriuis a Uylenburg, Hoefnagel luy envoyant l'argent des bas de pistolet qu'il m'auoit fait faire, à Voet et à ma femme. | |
Vendredy. 17.Je fus auec le Fiscal voir la ville de Soignies ou je n'auois pas encor esté; elle est haute et basse. Il y a une belle fontaine, bouillonnant dans un bassin carré de sept a huit pieds. L'ambassadeur Hide arriua de Brusselles. S.A. le receut à quelques pas hors de la porte du logis, dans la basse-court. Pester fut quelque temps a causer auec moy le soir. | |
Samedy. 18.Un homme, ayant un juste au corps dechiré, me vint donner une lettre de Piccart, ou il me mande qu'il m'envoyoit par son cousin 170 ryxdrs des actes que l'an passé je luy auois remis par ordre de S.A. Cet homme me dit qu'il estoit bien marry de me rendre cette lettre de la maniere qu'il faisoit, ayant esté volé entre Bergues et Anvers. Je luy dis que cela me surprenoit fort et que je ne pouvois m'imaginer comment un homme pouvoit s'auiser, ayant auec luy tant d'argent, d'aller sans convoy et que cela asseurement surprendroit fort mr Piccart aussi. Il dit que des plus fins pourroyent estre attrappés comme il auoit esté. Qu'on luy auoit pris pour plus de mille francs a luy mesme, et qu'on l'auoit fort battu, et voyant que je me faschois et ne me payois pas de ses raisons, il me demanda s'il y auoit quelque chose de mon service. Je luy dis que s'il devoit me seruir de semblable maniere, je me passerois bien de luy. Au- | |
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paravant il m'auoit dit encore que c'estoit a luy a repondre de cette affaire a son cousin, lequel asseurement voudroit me dedommayer. Je dis que je ne voudrois pas luy demander cela. Je doubtay fort s'il n'y auoit pas de la friponnerie en cette affaire, ou de cet homme, ou de luy et de son cousin aussi. Le Fiscal m'auoit dit le jour precedent que S.A. auoit parlé nagueres de son voyage d'Angleterre, et que parlant du logement il auoit dit: pourveu que j'aye une chambre pour Benting et une pour Zeelhem, le reste se mettra ou il pourra. Coljear me dit que S.A. auoit dit (nous parlions de ce que venoit dire mr Hide), qu'il n'y auoit rien a faire, mr Hide ayant dit que le Roy ne viendroit jamais à une rupture auec la France. J'eus encore une douleur sourde au costé derrière entre la hanche et les costes qui m'auoit duré depuis le 15e et m'incommodoit la nuit. J'escriuis une lettre angloise a Berkesteyn. | |
Dimanche. 19.Je fis le tour de la ville de Soignies à pied auec le Fiscal. Ryswyck me monstra un portrait en miniature qu'avoit fait la fille d'un peintre de Brusselles, nommé du Chastel, et qui n'estoit pas fort mauvais. Parlant en mesme temps du Fiscal et s'il ne deuoit pas venir auec mr l.P. à la Haye, il dit en riant qu'il n'y estoit plus tant necessaire. Coljear me dit que l'Ambassr Hide luy auoit dit que le Roy auoit donné permission à S.A. d'aller en Angleterre, et qu'elle y iroit peut estre dans deux ou trois semaines. Que S.A. devoit partir de l'armee le 21. | |
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hardes comme il alloit se mettre a table auec ses amys, et fut consumée en moins de rien. Le jour precedent Cralingen fut volé dans sa tente et si bien qu'il n'eut pas des habits pour se mettre. Le mesme jour le Lt de Hubert, Major de cavallerie, fut volé par son valet, perdant 2200 £ d'argent et autres choses. Les lettres de Van Beuningen du ...Ga naar voetnoot1) Sept. disent que la haine du Roy et du Duc contre les Espagnols continuoit; que Borgomainé sembloit estre un peu mal satisfait de ce que luy, van Beuningen, ne secondoit par ses menaces. | |
Mercredy. 23.Pester se promenant avec moy le matin autour de la ville et au jardin des Capucins, me conta qu'un tailleur d'aupres de Mastricht, revenu de Jerusalem, avoit apporté les mesures du St. Sepulchre, du pied de N. Dame et curiosités semblables, et avoit basty neu chose aupres du Jeclier (?) qu'il disoit ressembler audt St. Sepulchre, et y avoit mis sept lampes qui brusloyent tousjours, et qu'apres, prenant une plus grande enceinte, il avoit mis quelques chapelles aux demeures (?) d'alentour, disant que l'une estoit la maison de Cajaphas, l'autre celle d'Herode etc. et que tout cela ressembloit fort naturellement a la ville de Jerusalem et aux s lieux. Qu'au commencement il avoit bien de la peine a trouver l'argent qu'il falloit pour faire brusler les lampes, mais que peu a peu il y vint beaucoup de monde, le doyen de Mastricht ayant une fois officié dans sa chapelle. Que des moines d'un Couvent de la aupres, ayants entendu le succes de l'affaire, dirent que c'estoit une chose qui les regardoit et s'y vin- | |
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drent nicher. Que le seigr du village de .....Ga naar voetnoot1) ou cela se passoit, voulut s'y opposer, mais qu'eux ayant obtenu une bulle, ils tuerent deux ou trois hommes dudt seigr, mesme un de ses cousins, ils se maintenaient dans la possession. Que luy, Pesters, au commencement avoit dit à cet homme la que tout iroit bien s'il pouvoit avoir quelques miracles, a quoy il ne voyoit pas beaucoup d'apparence, mais qu'au bout de quelque temps il luy estoit venu dire: Mijn heer ick heb seker al een mirakeltje of twee, et qu'ensuitte on en a debité une grande quantité qui s'y faisoyent touts les jours, et qu'il y avoit force bras, jambes d'argent attachées dans la Chapelle. Je fus le soir promener à cheval avec S.A. vers une redoutte de terre qu'on faisoit a un quart d'heure de Soignies pour asseurer un passage qu'il y avoit au bois. J'envoyay à ma femme une assignation d'Oyen sur Buttingen de 130 ducatons. 's Gravemoer et le Capne de cavalle de Huybert beurent avec moy une bouteille de vin clairet. Monsr le Comte d'Ossery me dit dans la promenade que S.A. alloit bientost en Angletterre. | |
Jeudy. 23.S.A. alla de bon matin a Mons avec 13 a 14 cents tant chevaux que dragons. Je perdis 25 £ a parier contre Paston au trictrac. Je me promenay avec Pesters vers le nouveau fort ou redoutte le matin. Il me conta que Beverning luy avoit dit que quand Pradel vint au pays avec les trouppes de France en 1665, et que l'on disoit que mr de Turenne, qui les mena jusques à Liege, ne devoit pas s'en retourner là, mais avancer plus outre, il croyoit: dat dat een schelmstuck van̅ Raedpensionaris was pour l'introduire au Generalat. Que quand il fut mandé par S.A. en 1672 et qu'il ne | |
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trouva pas a l'entrée du Bois mr d'Ouwerkerck, il se doubta de quelque supercherie, et ayant renvoyé son carosse il alla par la nuit a pied a Lockhorst et le jour suivant à Amsterdam. Pester en ce temps me venoit voir touts les jours apparemment avec quelque dessein particulier. |
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