Journaal gedurende de veldtochten der jaren 1673, 1675, 1676, 1677 en 1678
(1881)–Constantijn Huygens jr.– AuteursrechtvrijLundy. 2.Nous marchames avec toutes les trouppes, les nostres et celles des alliés de Boullare à une Chartreuse qui est a un quart d'heure de Tolbeeck. Nous partismes du quartier a 3 heures du matin, et y ayant du desordre dans la marche, causé par les Espagnols, nous attendismes jusques a 11 heures a ¼ d'heure du quartier afin de faire passer tout le bagage par les defilés aupres de Grammont et par la ville mesme. Opdam y donna a desjeuner à S.A. de ce qu'il avoit. Il y eut encores d'autres desordres dans ladt marche par les trouppes qui se coupperent mal a propos, et le bagage n'arriva qu'à 8 heures. Le jour fut extremement chaud et j'eus un mal de teste qui me passa apres avoir dormy deux heures avant soupper; en le soir il tomba une grosse pluye. Les ennemys marcherent le mesme jour d'Ath à....Ga naar voetnoot1) | |
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est située dans un lieu fort agreable aupres de fort jolys bois et de grands estangs, ou ces moines nourrissent leur poisson. Les Espagnols et les alliés ayants l'arriere-garde eurent de l'alarme de ce que le Conte de Nancré avoit paru, a ce que l'on disoit, à Enghien avec deux mille chevaux. Arrivant à Tubise l'on voit Hall a ¾ de lieu sur la gauche.Niet ingevuld. L'artillerie soubs la conduitte du Conte de Hornes et le sr d'Albrantweert fit un grand detour mal à propos, et Voorst dit a table que S.A. avoit dit qu'ils se promenoyent en carosse et faisoyent leur charge avec peu de soin. Jeus une lettre de mme d'Arbay du 12 Juillet en reponse de la mienne du 8e. | |
Mercredy. 4.Nous marchames de Tubise au Cloistre du Bois seigneur Isac tousjours par un tresbeau pays, couvert d'herbes odoriferantes. Ce cloistre est a une heure de Nivelle. Gunterstein marcha avec Dyckvelt, Rooseboom et moy et on le railla de la belle maniere. Le jour precedent trois esquadrons des nostres estants allé en party en battirent un des ennemys de 30, firent 18 prisonniers; apres estants entrés a Nivelle ils furent suivys d'un plus grand party des Francois et l'ayant chargé assez vigoureusement a la fin ils furent obligés de se retirer, laissants quelque 18 ou vingt cavaliers morts ou prisoniers, entre lesquels estoit le Lt de Keppel-fox Uchtenbroeck, un bon officier au quel S.A. avoit destiné une compagnie. Albrantsweert eut une lettre de van Heteren portant la nouvelle de la defaite des Suedois par les Danois. Je la dis le soir a S.A. | |
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L'apresdisnee je fus avec Albrantsweert, Dyckvelt et Rooseboom me promener au jardin, qui estoit mal entretenu. Le soir mr le Conte de Nassau alla investir Charleroy avec de la cavallerie. Le Pr. de Vaudemont alla avec luy et le Coronel du Feur. Les trouppes des alliés et celles d'Espaigne se separerent de nous pour faire une armee qui devoit nous couvrir. S.A. retourna apres dísner à Nivelle tenir conseil de guerre avec les generaux. | |
Vendredy. 6.Nous marchâmes de Reuez jusques a Gilly, le quartier ou nous avions logé l'an 1672 assiegeants Charleroy. La le quartier de S.A. ayant esté fait dans une maison fort joliment située et que j'allois faire decharger mon bagage, l'on vint dire qu'on alloit changer de quartier, comme l'on fit, et S.A. alla loger a Montigny sur Sambre, à une demy heure de Charleroy. On desjeuna à une heure de ladte ville dans la plaine. Les trouppes estant arrivées, elles allerent se poster en quatre quartiers divers, y ayant en chascun un General d'infanterie et un de cavallerie. Le Capitaine Adam Palm, s'estant trop approché des gardes que les ennemys avoyent tout proche des nostres, fut pris. Ceux de la ville mirent le feu dans plusjeurs maisons entre Gilly et eux. S.A. ne fut pas de fort bonne humeur. Le Lord Ossery arriva d'Angleterre. | |
Samedy. 7.On posta les trouppes dans les quartiers ou elles devoyent estre. Il arriva un grand convoy de Brusselles avec une partie de l'artillerie qu'il falloit pour le siege. Mr des Mottes manda a Dyckvelt la confirmation de l'advis que les ennemys devoyent marcher ce jour du 7e du costé de Mons. M'estant informé de certaines gens venant de Chastelet, lesquels je rencontray chez Dyckvelt, touchant la personne | |
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du sr de la Mairie, dont il est parlé au 25 Juin, j'appris qu'en effet il avoit espousé une madlle d'Acós de Mons, que c'estoit un homme d'au dela de 30 ans, qui ayant demeuré à Dinant s'en estoit retiré quand les Francois y mirent garnison, et que ne voulant se mesler de rien (ce dirent ces gens) estoit allé demeurer avec messieurs d'Acós, fils du frere de sa femme, ayants leur maison proche de Charleroy, et ce pour oster toute sorte de soupçon contre luy, estant Francois ou au moins Lorrain de nation. Le dis ce jour à 's Gravemoer que des gens d'aupres de Charleroy il s'informast touchant ce la Mairie. Il me dit que le jeune Dacós venoit justement de luy parler de sa part et que le jeune homme que j'avois veu, parlant a luy, c'estoit ce Dacós. | |
Dimanche. 8.On dit que les ennemys estoyent marchés de leur camp d'Ath vers Mons. J'escrivis à mme d'Arbay. Il fit un mauvais temps pleuvant par reprises jusques sur le soir. S.A. fut a une heure du camp pour tenir conseil de guerre avec les generaux des alliés. Coljear secouant la teste dit: Wij en zijn het werck noch gheen meester. Je me promenay un peu vers le soir avec Albrantweert. On commenca à travailler a la ligne de contrevallation. | |
Lundy. 9.On asseura que le duc de Lorraine avec l'armee Imperiale estoit aupres de Rocroy à dix heures de nous. Que les ennemys avoyent esté le jour precedent à Binch, et avoyent dessein de passer la Sambre. Il tomba un boulet de canon dans la petite plaine qui estoit derriere le logis de S.A. Pester et Groelaert receurent leurs depesches pour aller à Liege. S.A. escrivit au soir aux Estats qu'il attendoit le | |
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deuxiesme grand convoy de Brusselles pour ouvrir la trenchée; que la nuit de devant l'ennemy avoit passé la Sambre a la Boissiere et sembloit de vouloir aller a nous de l'autre costé de la riviere. Que le jour suivant il pouvoit estre a nous, et que pour cette raison l'armée des alliés soubs le duc de Villa-Hermosa alloit passer la riviere la nuit suivante pour nous couvrir. S.A. alla au Bywacht. J'escrivis a Ferreris pour qu'il m'envoyast une liste des bonnes tailledouces de Charles qu'il m'avoit mandé estre à vendre. J'escrivis a mme d'Arbay et luy donnay l'adresse a Hoefnagel jusques a ce que je luy en manderois une autre. | |
Mardy. 10.Le matin il y eut une sorte d'alarme sur les 9 heures, le tambour des ennemys ayant esté ouy au quartier du Conte de Nassau au dela de la Sambre. Mais S.A. estant revenue disner on dit que ce bruit s'estoit esloigné depuis. On dit ensuitte que les ennemys s'estoyent allé camper à chasteau ......Ga naar voetnoot1). Le soir on parla encore de quelque apparence qu'il y avoit que les ennemys attacqueroyent le quartier du Conte de Nassau a la pointe du jour suivant, mais comme il estoit plus foible que nous et qu'il avoit a passer un defilé pour aller à nous, on jugea qu'il ne pouvoit l'entreprendre qu'avec du desavantage. | |
Mercredy. 11.Le matin S.A. estant sortye sur les 8 heures, ou environ, je sortis vers les 10 pour aller desseigner. Au pont de la Sambre je rencontray Voorst avec un visage un peu effaré, qui me dit qu'il falloit retourner viste et empacqueter le bagage, que les ennemys estoyent fort proches. Je m'en retournay et fit empacqueter toutes mes hardes, envoyant la charrette aupres de l'artillerie | |
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et faisant passer mes chevaux de bast de l'autre costé de la Sambre avec les mulets de S.A. On fit passer la riviere a quelques regiments et il n'en demeura que six d'infanterie et deux de cavalerie en deca. Environ a midy et demye je passay avec Dyckvelt, Witsen etc. par le pont vers les hauteurs ou estoyent postees nos trouppes et celles des alliés. Il y avoit trois defilés entre les ennemys et nous dans l'un desquels pouvoyent passer deux esquadrons de front, mais tout le monde jugea bien qu'ils ne se hasarderoyent pas de venir par là a nous. Comme en effet ils se camperent de l'autre costé du bois, la droite à Gierpaine, et S.A. ayant passé ledt bois vit leur campement de fort pres. Pendant qu'il estoit la je fus avec Dyckvelt sur une certaine tombe de la quelle l'on decouvre Charleroy tout a plat. Le soir nous mangeames dans la campagne et couchamis de mesme, je fis mettre mon matelas sur mes coffres. | |
Jeudy. 12.S.A. escrivit a don Francesco Agunto, qui commandoit le convoy venant de Brusselles, de s'arrester au lieu ou la lettre le trouveroit. Puis alla chez le duc de Villa-Hermosa tenir conseil de guerre, ou Dyckvelt dit qu'on deliberoit ce qu'il y avoit a faire de ces trois choses: de poursuivre le siege, d'attaquer les ennemys, ou d'entreprendre un autre dessein, qui ne pouvoit estre autre chose que le siege de Maestricht. Que S.A. estoit pour le combat, croyant qu'il estoit possible d'aller aux ennemys. Je m'en retournay au quartier. S.A. ne revint qu'a sept heures au quartier, ayant esté long temps audt Conseil de guerre ou il fut resolu d'attaquer le jour suivant les ennemys, à ce que tout le monde dit. Ma femme me manda que le sr de Swieten avoit eu sa seconde annonce avec la vefve du Conseiller Fannius. | |
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Vendredy. 13.M'estant levé en mesme temps avec S.A. a 5½ du matin je demanday a Coljear si l'on alloit attaquer les ennemys. Il me dit qu'il n'y avoit point d'apparence par ce qu'un deserteur Lorrain estoit venu dire la nuit passée qu'ils estoyent forts de 52 battaillons et cent ......Ga naar voetnoot1) esquadrons et avoyent 80 pieces de canon; que le jour du 12 ils avoyent formé un dessein de venir a nous par les plaines de Chastelet, ayants fait donner de la poudre et des balles a leurs gens. Que cet homme offroit d'avoir le col couppé s'il ne disoit la verité. Que le salut de l'estat dependoit de cette affaire et que le Roy. d'Angleterre avoit mandé à Milord d'Ossery qu'il conseillast à S.A. de ne pas hazarder son armée pour la deuxiesme fois, parce que s'il luy arrivoit encor un malheur, ses amys ne seroyent pas en estat de luy prester la main; que luy, Coljear, a la requisition dudt Milord avoit redit cela a S.A. Il plût beaucoup tout ce jour là. Voorst conta le soir à table que mr de Luxembourg ayant un prisonnier des gardes du corps luy avoit fait voir toute l'armée, et la luy avoit permis de conter, le renvoyant apres cela. Ce qu'il semble avoir fait pour donner de la peur. On dit que les Espagnols vouloyent à toute sorte donner battaille. Cependant depuis les 7 heures du matin S.A. avoit desja donné ordre de faire marcher tout le bagage vers Genap. Et le soir il ne fut plus parlé de la bataille. Je fis le portrait de Rooseboom à la plume. S.A. estant sorty le matin ne revint qu'a huit heures du soir et on ne mangea pas avant ce temps là. Le jour d'auparavant S.A. receut une lettre de mr Tem- | |
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ple ou il y avoit, qu'ayant monstré au Roy une lettre de S.A. du 16 Juill., qui pensa qu'il n'y avoit rien à dire pour le present, qui eust tout de rapport aux intentions de S.A. qui deust haster son voyage, mais que mr Hide, allant à Nimegue, avoit ordre de faire part a S.A. de quelques particularités dont il avoit esté traitté principalement entre Milord Arlington et mr van Beuningen, et que pour luy il avoit obtenu permission du Roy de rester quelques semaines en Angleterre, et qu'il esperoit que cela pourroit faire pour le service de S.A. | |
Samedy. 14.Le matin sur les 10 a 11 heures m'estant habillé, j'entendis Dorp le page, qui revenant au logis crioit: ‘pack, pack, pack’ aux valets de S.A. et sceus qu'il estoit venu querir les armes de S.A.; que les ennemys marchoyent depuis le grand matin, et un peu apres que nous allions marcher aussi. Je fis plier tout mon bagage, et environ a midy on commenca la marche, S.A. estant au dela de la Sambre pour faire passer tout ce qu'il y avoit la de trouppes des nostres et de celles des alliés, et faire l'arrieregarde. Je fis un petit dessein pendant qu'une partie des trouppes passa et perdis Dyckvelt et d'autres de sa compe par là. Ainsi je marchay seul par le plus beau paysage du monde jusques a une Abbaye de femmes ou je sceus apres que Dyckvelt et ceux qui estoyent avec luy estoyent entrés et avoyent mangé de bons abricots et beu d'excellent vin. Aupres de cette Abbaye commence un bois, au sortir duquel on entre dans de fort grandes plaines, nommées la Plaine de Fleuru. Au bois je rejoignis Dyckvelt et nous allames jusques audt Fleuru, sans pouvoir apprendre ou estoit le quartier de S.A. et voyants toutes les trouppes, infanterie et cavallerie, marcher dans le plus grand desordre du monde, survenant outre cela un tres vilain temps de tonnerre et de grosses pluyes. | |
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Tournoyants dans ces plaines autour de Fleuru, S.A. y arriva aussi, estant chagrin pour le desordre de la marche. Il commenca à faire nuit et nous allasmes avec luy dans l'obscurité et dans une fort grosse pluye, accompagnée du tonnerre, jusques au chasteau du conte de la Motterie a Sombref ou S.A. logea. Quand nous y vinsmes, ny les mulets de S.A., ny aucun autre bagage y estoit arrivé, et nous ne l'eumes qu'a une heure de nuit, ce qui nous incommoda beaucoup, estants fort las et fatigués. Le matin un boulet de canon de Charleroy donna contre la maison de S.A. et jetta la terre contre les fenestres de la chambre. | |
Dimanche. 15.Je pris une chambre en haut avec Coljear. Il y eut presche le matin. Le soir S.A. me fit escrire aux Estats les raisons pour lesquelles il avoit laissé le siege, portant en substance que les ennemys estant venus camper tout proche de nous, plus forts en nombre que n'estions, nous empeschoyent le fourage au pays de Sambre et Meuse, et pouvoyent embarrasser nos convoys de Brusselles par des detachements. Que la dessus on avoit bien esté d'accord qu'on ne pouvoit continuer le siege sans le faire deloger, mais qu'il y avoit eu grand debat, scauoir s'il falloit l'attacquer par les defilés qu'il y avoit entre deux et dans le poste avantageux ou il estoit. Que les Espagnols avoyent opiné pour le combat, sans pouvoir contredire l'impossibilité qu'il y avoit d'aller aux ennemys, mais que luy avoit mieux [aimé] souffrir un peu au point de l'honneur et de la reputation, que de hazarder mal a propos l'armee de l'Estat, et qu'ainsi il estoit venu avec elle à Sombref, devant les advertir de ce qu'ensuitte on devoit entreprendre. NB. Je fus jusques a 2½ de nuit a escrire cette lettre et une autre en chiffre au duc de Lorraine qui avoit mandé a S.A. de Mouson du 13e qu'il marchoit droit à Charlemont pour observer mr de Crequy qui avoit passé la Meuse | |
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brusquement, et dans un pays de bois pouvoit luy derober la connoissance des detachements qu'il feroit et mesme de marches entieres. | |
Lundy. 16.Villa-Hermosa vint voir S.A. mais n'y fut qu'un quart d'heure. Coljear me dit ce jour, ou celuy de devant, que le Roy d'Angleterre avoit dit à Milord Castelhauen de dire a son neveu qu'il se gardast de hazarder son armée pour la seconde fois, d'autant qu'elle estoit asseurement son meilleur amy et que depuis Milord Ossery avoit adjousté que s'il venoit a perdre cette armee, ses amys ne seroyent plus en estat de luy prester la main. Le 15e 's Gravemoer me monstrant sur la carte le terrain du campement des ennemys, comme S.A. m'avoit dit de m'en instruire par luy, sans dire toutefois que c'estoit pour escrire aux Estats, dit que S.A. avoit estoit porté pour la battaille et que sans l'opposition du Conte de Nassau, de Weibnom et de luy on l'auroit hazardée et que c'eust esté hazarder tout l'Estat tres-mal à propos. Que S.A. s'estoit faschée de leur opposition jusques à dire: dat het met onwillige honden quaedt hasen te vanghen was. Ce 16e monsieur Witsen me vint dire qu'un certain Capitaine du regt du Comte Reüs le 5, nommé Conrad Repkin, estoit venu luy dire que le Lt Coronel Wiler du regt d'Erpach, qui avoit quitté devant quelques mois, ayant esté long temps auparavant en arrest, luy avoit parlé d'un tresgrand dessein qu'il avoit formé et pour lequel il vouloit l'associer. Que ce dessein reussissant les combleroit touts deux de biens et d'honneur, et estoit tel que toute l'Europe en retentiroit, mais qu'il falloit que pour y estre emplojé il taschast d'avoir sa demission. Qu'il avoit feint d'y prester l'oreille, et que S.A. luy ayant accordé une demission pro forma, il vouloit aller trouver ledt Wiler à la Briele ou il luy avoit donné rendévous pour passer avec luy en Angleterre, ou ils devoyent traitter avec l'Am- | |
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bassadeur de France. Que ce Wiler estoit un homme entreprenant et capable de faire un coup hardy. Je fis signer a S.A. cette fausse demission et un renversal pour la rendre de nul effet, et les luy remis moymesme le soir. Il me redit a peu pres les choses susdtes et comme je le pressois pour scavoir si Wiler ne luy avoit rien dit de particulier, il hesita un peu et dit a la fin qu'il y avoit bien six à sept mois qu'il luy avoit dit entre d'autres discours, qu'il scavoit bien moyen d'enlever la personne de S.A., et qu'il croyoit qu'il pourroit avoir quelque dessein pour mettre quelque part le feu ou chose semblable. Il me sembla qu'ayaut ouy ces discours il devoit en avoir donné avis plustost. | |
Mardy. 17.Discourant avec Coljear le matin au lit et demandant comment on avoit creu assieger Charleroy, sans avoir une armée qui pûst nous esloigner les ennemys, il dit que sur les fausses informations de la force des ennemys qu'on auoit dit ne pouvoir mestre ensemble que 25000 mille hommes pour le secours, on avoit creu que Villa-Hermosa pourroit leur faire teste. Que l'on avoit esté mal informé touchant le terrain ou il falloit faire la circumvallation, l'estat et la force de la garnison et les ouvrages nouveaux de la place. Que le dessein du siege avoit esté formé quand S.A. fit le voyage de Brusselles. | |
Mercredy. 18.Nous marchames de Sombref a la Chapelle de Brunehault ou je campay. Nous passames tousjours par de grandes plaines, la grande chaussée a nr̅e droite. S.A. escriuit un recit de l'affaire de Charleroy a D. Juan. Coljaer logeant en ma chambre me dit le matin que les ennemys marchoyent vers la Buissiere et que sur la nouvelle qu'il y en auoit, nous marchions aussi pour le combattre si l'on pouvoit les atteindre. | |
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teau de la fameuse Brunehault, Reine de France) au Prieuré de Harlemont. Le logis du Prieur estoit assez sale et vilain comme toutes les maisons par là, et S.A. en y arrivant battit Frederick, faisant la charge de fourier, pour l'y avoir logé. Je campay. 's Gravemoer dit que pour asseuré les ennemys n'avoyent pas encor passé la Sambre. J'escrivis dans la campagne une lettre au Conte de Hornes pour le faire haster le depart de l'artillerie et des munitions de Genap, ou il estoit avec elles, pour Brusselles. Dans la marche nous passames tout aupres du Chasteau de Trasigny ou le Pr. de Condé estoit logé lors du combat de Senef. Le jour passé au soir arriva au camp le duc de Plymouth, fils naturel du Roy d'Angleterre, avec les fils de .........Ga naar voetnoot1) au Prieuré de Harlemont. Je campay. Ledt jour precedent du 18 je receus une lettre de mme d'Arbay du 13, par laquelle je vis qu'on ne m'avoit pas entendu, et ou il y avoit des choses touchant des papiers qu'on desiroit que je demandasse a mr Blondel a Brusselles, que je n'entendis pas non plus. Je luy avois escrit le mesme jour, luy donnant l'adresse de van der Coorden a Brusselles. Il fit grand chaud durant la marche. | |
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y est Capitaine de la part du Roy de France, y donna à manger a S.A. a l'improviste. J'envoyay un chiffre à mr d'Arbay et luy dis que ce que j'avois dit en ma lettre du 8e Juillet n'avoit pas esté entendu ou que l'on n'avoit pas voulu l'entendre, a ce que j'avois compris par la sienne du 13e. Je campay. | |
Dimanche. 22.Nous marchames du Prieuré de Harlemont à St. Vast, laissant a main gauche la belle maison de Marimont qui paroist extrement dans un fort beau paysage et avec ses bois de haulte fustaye. Nostre marche passa fort proche du champ de battaille de Senef. S.A. y alla avec les seigrs anglois et d'autre monde, passa par Fay et examina toute l'assiette des lieux, monstrant entre autres l'endroit ou parmy l'embarras des pontons il faillit d'estre pris, Voorst l'ayant esté tout aupres de luy. La nuit devant ce jour il ne fit que pleuvoir continuellement et la plus part du jour encore. La Haine, un assez grand ruisseau passe par ce village de St. Vast. Le Prince de Vaudemont estoit party pour Brusselles il y avoit huict jours, ou environ, apres le jour qu'on parla d'attaquer les ennemys, et on dit qu'il ne devoit pas revenir bien tost. Mr d'Ouwerkerck empirant tousjours se fit porter a Brusselles, ayant un passeport de Charleroy. Bruynestein alla avec luy. | |
Lundy. 23.Dyckvelt vint me demander si je voulois aller avec luy voir Marimont. Mais sur ce qu'on nous dit que le Lt Gn̅al Wedel devoit attaquer Binch, nous allasmes là, mais en approchants (il n'y avoit qu'une heure de nr̅e camp jusques là) on nous dit que les 50 a 60 hommes qui y estoyent des Francois, s'estoyent rendus des le matin et avoyent esté faits | |
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prisonniers de guerre; la dessus nous en estant retournés j'allay disner chez mr de Dyckvelt. J'escrivis a de Vos a Anvers de m'envoyer deux portraits desseignés par Vandyck qu'il m'avoit mandé d'avoir trouvé. On parla d'aller camper le 25 devers Maubeuge. | |
Mardy. 24.On dit que ce jour à midy Ouwerkercken s'estoit trouvé un peu mieux, mais que le Lundy il avoit failly de mourir. Dyckvelt alla disner à Marimont et me vint demander si je voulois venir, mais je n'y allay pas. Il fit tres mauvais temps de vent et de pluye qui dura aussi toute la nuit suivante. Le soir du 23 S.A. m'envoya querir à 11 heures, jouant avec les Anglois, pour signer des depesches qui devoyent partir par la poste. Il continua de jouer et j'y attendis jusques à 2 heures de nuit. S.A. alla tirer des cailles le matin. | |
Mercredy. 25.Nous marchames avec l'armée de St. Vast à Peissant, un village à deux heures de la; a une demy heure de là on passe par un pont un ruisseau qui fait tourner un moulin et en cet endroit une tres-belle cascade. En cette marche nous laissames l'abbaye de bonne Esperance qui estant sur une hauteur se fait voir de fort loing a la gauche. 's Gravemoer me dit et Oblet que les ennemys mettoyent leur infanterie dans les villes pour la refraischir et s'en servir d'autant mieux l'année prochaine. S.A. eut une petite langueur, et m'ayant fait venir le soir, elle me fit lire toutes les lettres ou il y avoit des responses a faire, contre son ordinaire. | |
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de voir avancer de gens plus jeunes en service que luy, et qu'il ne servoit pas pour le profit, mais pour l'honneur. Le soir le campement des grenadiers, qui estoit derriere mon logis, brusla. Le mesme soir le Conte de Nassau, le Gn̅al Major Weibnom sortirent avec trois mille chevaux pour aller chercher deux mille des ennemys qu'on disoit estre proche de Bavay. | |
Vendredy. 27.Roccerviere eut le regiment de la Grandiere avec la compe. Je ne luy fis payer que la commission de la compe. Il vint nouvelle que le party n'avoit pas trouvé les ennemys. Que les ennemys estoyent du costé de Grammont. Coljear fut fait heritier par le Coronel Magdonel pour la moitje de ce qu'il avoit en ces pays qu'il dit luy mesme pouvoir monter a 6000 £. S.A. escrivit a ceux de son conseil entre autres choses qu'il remettoit leurs gages au vieux pied de 1500 £ par an. Je fis un petit dessein a la haste. | |
Samedy. 28.J'escrivis a Hoefnagel pour me faire faire des bas pour de pistolets, luy envoyant une sauvegarde pour son beaupere. Dyckvelt me dit que le dessein estoit de prendre encor Dinant, et on expedia des ordres adressants à ceux du pays de Liege pour de chariots. Le jour de devant dechiffrant la lettre de van Beuninghen, j'y trouvay que le roy ayant fait reponse au Conte de Walstein, qui luy avoit proposé une ligue offensive et defensive contre la France de la part de l'Empereur, y avoit fait entrer entre autres choses que nostre estat ayant si grande enuie de faire la paix, et ayant desja adjusté fort avant leur traitté particulier avec la France, il ne pouvoit escoutter ces propositions. | |
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estre fasché de ce que l'on avoit esté trois jours en ce quartier sans rien faire et attendant de marcher de jour a autre. Je sortis pour aller desseigner, mais la pluye me fit retourner au logis. S.A. joua jusques à dix heures du soir. | |
Lundy. 30.Je fis un dessein. De Vos m'envoya deux portraits de Vandyck desseignés avec du lapis noir, mais peu finys. On fit scavoir à l'ordre la marche du jour suivant. Je dis a Ryswyck que le Fiscal avoit eu l'effronterie de dire a S.A. qu'il avoit ouy dire qu'elle pourroit faire bien tost un tour a la Haye, priant qu'il pûst aller aussi pour demesler des affaires qui restoyent à vendre de la maison mortuaire de son pere. Ryswyc dit: Jae hij sal hem wel mede nemen, hij is hem al te nootsakelijck. Et puis me dit, que le jour passé comme l'on parloit de ramener au logis des dames qui estoyent venues pour le divertissement, il avoit dit au Fiscael: Wel fiscael hoe maeck jij het, brengh gij ze oock weer thuys? Et qu'il luy avoit dit cela pour luy faire souveuir qu'il l'avoit veu une fois ramenant madlle ...... de .....Ga naar voetnoot1) à la Haye, et que ledt Fiscal scavoit bien que Ryswyck l'avoit veu alors. Les Espagnols estoyent en peine de ce que les armées s'esloignant si fort, les ennemys pourroyent entreprendre sur les trois trous ou quelque autre poste. On envoya un detachement de cavallerie de deux mille cincq cents chevaux et dragons de ce coste là. | |
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