Journaal gedurende de veldtochten der jaren 1673, 1675, 1676, 1677 en 1678
(1881)–Constantijn Huygens jr.– AuteursrechtvrijJuillet.Jeudy. 1.'s Gravemoer me dit que tant qu'il pouvoit juger S.A. et les Generaux eusmesmes ne scavoyent encore à quoy se determiner. Benting envoya querir apres disné le chiffre de van Beuningen. Coljear estant avec moy me dit qu'à table S.A. avoit receu des lettres d'Angleterre; un peu apres estant allé a la Cour on me dit que S.A. estoit dans la chambre de mr Benting en haut. | |
Vendredy. 2.Je dechiffray une lettre de Beuningen ou il mandoit qu'ayant demandé au Thresorier si le Roy n'avoit rien à mander a S.A. touchant les choses dont il avoit parlé avee mr Benting, il avoit trouvé que l'on n'estoit pas encore prest; que le Marquis de Borgomainé avoit eu une reponse peu satisfactoire. 's Gravemoer me dit qu'il croyoit que les Estats nommeroyent pour les places du grand Conseil Rooseboom et le Tresorier Burg, quoyque peut estre il n'en auroit pas envie, y ayant de l'intention pour donner sa charge a mr van Leeuwen depuis plus d'un an. Qu'il avoit songé que Pesters pourroit bien devenir maistre des Requestes. | |
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Samedy. 3.Je donnay 200 ducatons à Oyen pour les faire rendre à ma femme à la Haye. J'escrivis a Desmarests. Il me dit aussi que S.A. luy avoit fait present de 23000 £. On envoya a la Haye la nouvelle instruction pour le Conseil de S.A. changée en quelques endroits du premier projet. | |
Mardy. 6.Nous partismes à trois heures du matin, S.A. en calesche. Je vins derriere avec Rooseboom, Asperlyn, de Langhe, mary de madlle du Bret, et arrivasmes a 7½ a Gand. J'y fis faire une chabraque de velour bleu en broderie. Puis nous allames desjeuner à la teste d'Or ou nous beumes fort frais et mangeames de tresbelles griottes. Ensuitte nous allames au quartier a Drongen a ¾ d'heure de Gand. Je logeay dans le logis de S.A., qui estoit aupres d'un couvent qu'on bastissoit de neuf pour la pluspart et ou loge le Conte de W. Ce quartier n'est qu'a un grand quart d'heure de Gand, à compter en droite ligne, mais le chemin tournoyant autour du marais est trois fois plus long. | |
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Les lettres de van Beuningen du .....Ga naar voetnoot1) ne dirent rien de considerable, le Roy ne s'estant pas encor ouvert touchant les conditions de paix. Nos gens battirent un party des ennemys sorty de Courtray pour reconnoistre. C'estoyent des dragons; on en prit et tua quelque nombre. Je fus incommodé tout le jour pour n'avoir pas dormy. Il fit une tresgrande chaleur qui avoit commencée deux ou trois jours devant. Rooseboom me dit que chez Montpouillan il y avoit eu du bruit, sa femme ayant veu un peu trop clairement ses galanteries. Qu'il l'avoit fort priée de venir a l'armee et qu'il ne pouvoit s'imaginer pourquoy, mais qu'il croyoit qu'il estoit amoureux de sa fille. | |
Mercredy. 7.S.A. venant le matin en ma chambre m'esveilla, et me dit d'escrire une lettre, il estoit sept heures et demye. Il fit tousjours grand chaud. Sur le soir il tonna un peu et commenca a pleuvoir, mais cela ne dura pas. Machado me fit present d'un petit baston. Rooseboom, ayant eu la nomination pour la charge de Conseiller au Grand Conseil, revint de la Haye. Dyckvelt me pria à disner, des Mottes y devant estre aussi, mais je ne pûs y aller. | |
Jeudy. 8.S.A. eut nouvelles que 10 vaisseaux des Indes estoyent pour arriver bien tost. Berkestein me vint trouver dans ma chambre, estant arrivé avec mr d'Ameronghen: il avoit esté a Anvers chez Duarte. Gunterstein me dit qu'il avoit escrit un poulet a ma soeur de Nieuwerkercke et l'avoit adressé par Geleyn. Mardy, comme S.A. passa par devant l'esquadron de Ginc- | |
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kel, se trouvant la, il avoit mis l'espée a la main avec les officiers, il nous le conta a table. Rooseboom l'aisné m'entretint quelquetemps dans mon lict. J'escrivis a mr d'Arbay par l'adresse de Tournay. | |
Vendredy. 9.S.A. fit une reveue de toute l'armee, sortant pour cela a trois heures du matin. Berkestein me vint voir le matin et beut du chocolate, puis disna avec nous. Gunterstein y fut aussi et dit force sottises. L'apresdisnee Berkestein vint avec moy a cheval et nous vismes passer un regiment d'infanterie; puis allames a Gand ou j'acheptay une mouschetiere de cheval, et allay parler au brodeur qui me faisoit une chabraque, nommé mr Jan Smet, et demeuroit proche des Recollets. | |
Samedy. 10.Berkestein fut avec moy une partie du matin. Le Grand Pous de Z. Zee vint m'importuner pour escrire dans ma chambre avec un autre homme. Pelnitz, Capne de cavallerie, n'ayant pû auoir la majorité d'Opdam, demanda son congé, que S.A. luy donna. Le soir je donnay un cheval a Berkestein et nous nous promenasmes ensemble du costé de la ville, et vismes une fort belle femme portant le deuil dans un carosse venant de Gand. La nuit avant ce jour le fameux partisan nommé Teerling avoit esté avec un party jusques dans le camp. | |
Dimanche. 11.Le dechiffray une lettre de van Beuninghen du 7e, qui mandoit que dans 4 a 5 jours le Roy devoit envoyer quelqu'un avec un projet des conditions de paix en suitte de ce qu'il avoit promis à mr Benting, et que luy ayant proposé pour cela le Milord d'Ossery (sic) cela n'avoit point eu de succes. Le Prince de Vaudemont vint trouver S.A. et ayant parlé a elle s'en retourna à Brusselles d'où il estoit venu. Le soir je fus me promener avec le Fiscal Rooseboom. | |
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lettre d'election pour la charge de Conseiller au grand Conseil en la place de feu mr Hudde. S.A. escrivit au Lt Gn̅al Chauvet qu'il voulust marcher de Rurmunde a Brusselles pour ensuitte joindre S.A. avec le duc de Villa-Hermosa. Je fus me promener encore avec le Fiscal qui me conta qu'il avoit esté par fois des mois entiers aux venes(?) à Soetermeer chez une vefve ayant une belle maison pas loing du Cabaret van̅ Hoorn. Odyck, Ameronghen et Berkestein partirent touts en calesche pour le Sas, ayants touts esté me dire adieu en ma chambre. Durant tout le temps que S.A. logea dans ce quartier, la rue devant son logis fourmilla tousjours de monde de toute sorte venant de Gand, a pied et en batteau, par la riviere de la Lis. | |
Jeudy. 15.Une partie de la cavallerie ayant marché la nuit le reste avec S.A. marcha de Dronghen à trois heures du matin et nous arrivasmes a 9 heures audt Kalcken qui est a 2½ heures de Gand. S.A. y logea chez le curé qui a une grande maison et 5 on 6 mille £ de rente. J'y fis un dessein de ma fenestre. Ma femme me manda certains discours que Sas avoit fait de moy. | |
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Je fus incommodé du sommeil tout le jour, n'ayant pû reposer. Heyden railla aigrement Issac sur la Juiferie a disner. On envoya ordre a Pereira de tenir prest a Brusselles pour le 20e le pain qu'il falloit a l'infanterie pour 4 jours, ce qui sembloit marquer un dessein sur Mastricht ou Charleroy. | |
Vendredy. 16.Nous restames à Kalcken. Asperen et deux autres deputés des Comme Raden arriverent pour faire passer monstre a l'armee, mais S.A. dit que cela ne se pouvoit pas a cause de la marche. Le soir je me promenay dans le jardin du Curé, qui estoit assez joly, avec la Lecq et le Fiscal. La Lecq dit, je ne scay a quel propos, qu'il y avoit des palfreniers qui ayante bien sellé, bridé et adjusté un cheval póur leur maistre, le montoyent eux mesmes riant et regardant ledt Fiscal, qui rougit beaucoup et eut pourtant l'effronterie de dire, est ce pour vous monsieur qu'il dit cela? | |
Samedy. 17.La nuit devant ce jour a deux heures S.A. marcha, une partie des trouppes estant marchées des minuit. Je battis mon palfrenier Claes l'ayant trouvé qu'a peine il s'estoit levé quand S.A. estoit desja partie. J'arrivay vers les sept heures au quartier de S.A. à AundeghemGa naar voetnoot1) a une demy heure de Dendermonde. L'apresdisnee m'estant couché, S.A. me fit reveiller pour escrire devant son lict au duc de V.-Hermosa dont je me trouvay incommodé, mon sommeil ayant esté interrompu et avec un fascheux mal de teste et grand rheume qui me dura tout le jour. S.A. luy escrivit en substance qu'il venoit d'arriver andt Oelegem (sic) ayant passé l'Escaut et gaigné par là une | |
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marche, qu'il luy sembloit que le plus court estoit qu'il prit sa routte par Alost, le priant de faire assez de diligence pour suivre les ennemys. Qu'a cause du grand nombre de trouppes il faudroit que l'on ne marchast pas ensemble, mais a une heure ou deux l'un de l'autre, pour se pouvoir donner la main en cas de besoin. S.A. escrivit aux deputés des Estats qu'elle avoit passé l'Escaut à dessein d'aller chercher les ennemys, qui estoit marchés de leur poste aupres de Nienoven jusques entre Grammont et Lessines, et les obliger à un combat, s'il estoit possible. Que le duc de V.-Hermosa avec ses trouppes marchoit pour le mesme effet et estoit arrivé ce jour a Londesseler. | |
Dimanche. 18.Mon mal de teste estoit un peu passé. S.A. fit depescher des passeports pour cincq officiers Francois prisonniers pour pouvoir sortir de prison sur leur parole. Le Marquis de Refuge et le Chevalier de la Guette furent du nombre. J'escrivis une lettre de compliment au dernier et au frere du premier, le Chevalier de Refuge. Je fis un dessein hors du village. Oyen bastit un party des ennemys de 60 maistres commandé par un major. | |
Lundy. 19.S.A. marcha avec l'armee jusques à Meer, à une petite heure de Dendermonde. Le duc de Villa-Hermosa estoit a une petite lieu de la avec les trouppes auxiliaires de Munster et d'Osnabruc, celles de Cell estant encor eloignées de deux lieues. Le Lt Gn̅al Chauvet vint trouver S.A.; c'estoit un homme d'assez mediocre mine, mais qui parloit bien. Le soir S.A. alla chez le duc de Villa-Hermosa ou estoyent touts les gn̅aux desdtes trouppes auxiliaires. Ce petit Anglois, nommé Herne, venant tousjours disner à la table du mr̅e d'hostel, et s'y estant mis ce jour la, on | |
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commcnca a luy faire des pieces, tellement qu'il se retira tout doucement. Cassiopyn me couta que le Conte de Waldec, ayant eu une fiebvre hier, avoit resvé et envoyé dire à S.A. qu'elle voulust se donner de garde, par ce qu'il avoit avis certain que les ennemys devoyent attacquer la premiere ligne (d'autres me dirent apres qu'il avoit dit l'aisle droite). Le soir le Conte de Solms nous contra force choses de son service en Hongrie et du combat ou les Turcs furent defaits. | |
Mardy. 20.Le Lt Gn̅al Wedel, commandant les trouppes de Munster, Chauvet qui commandoit celles de Cell, Louvignies et le duc de Villa-Hermosa furent touts en conseil chez S.A. On envoya ordre a Machado de faire partir le jour suivant de Brusselles pour 4 jours de pain et de la mener a l'armée. Le soir je me promenay un peu avec Gunterstein qui me dit force sottises a sa mode et entr'autres me pria de faire voir la minute de son poulet a ma soeur de Nieuwerkercken a S.A. Le soir apres soupper un homme vint donner avis queGa naar voetnoot1) | |
Mercredy. 21.Je bus du choccolate avec mr Bentingh, S.A. estant sortye. Nous rismes fort a table du poulet que Gunterstein avoit escrit a ma belle soeur. Je fis un dessein lematin. 's Gravemoer me dit qu'il n'y avoit pas encor apparence de marcher, y ayant de la dispute si les trouppes de Cell resteroyent avec nous ou se joindroyent aux Espagnols. S.A. escrivit au duc de Neubourg pour qu'il voulust leur donner aussi les deux regiments de l'Evesque de Paderborn, le dessein estant que le duc de V.-Hermosa com- | |
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manderoit une armée qui feroit teste à l'ennemy pendant que nous ferions un siège. S.A. escrivit au R. Pensionaire Fagel que le jour passé elle avoit creu de marcher vers les ennemys, mais que ceux la s'estants retirés a Ligne proche d'Ath, on estoit resté au camp de Meer pour se preparer a l'execution du dessein dont il avoit connoissance, et qu'il le prioit de luy envoyer le plus d'argent qu'il pourroit, d'autant qu'il en faudroit beaucoup pour cette affaire (marquant asseurement un siège). | |
Jeudy. 22.Il n'arriva rien d'important. L'apresdisné le Prince aisné d'Osnabruc, estant avec les trouppes de son pere, vint voir S.A., estant assez bien fait. Le Prince de Vaudemont qui en ce temps icy mangeoit tousjours avec S.A., conta que les pages du Roy en Espagne au sortir de leur employ estoyent mis pour escrire soubs les Secretaires d'Estat, et que cela pourtant n'estoit que pour eux auxquels on connoissait de l'esprit et de la capacité. Le Conte de Stirumb dit que le Marquis de Monte-Sierra, alias Valencuela, avoit servy comme valet de chambre a ......Ga naar voetnoot1). Et le Baron de Berlo adjousta qu'en Espagne, quand les pages sont trop grands pour estre pages, ou en fait des palfreniers. | |
Vendredy. 23.'s Gravemoer me dit que hier au soir S.A. avoit eu nouvelles de ce que les flottes de Suede et de Denemarck estant aux mains, Tromp estoit survenu avec neuf vaisseaux et que les Suedois avoyent esté battus en perdant 15 vaisseaux. Qu'il avoit esté faite une liste des rations que les Generaux et leur domestiques devoyent tirer des rations de Hasselt; que les domestiques de S.A. y estoyent aussi, et | |
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moy en particulier avec 6 rations par jour, mais que S.A., ce semble, n'avoit pas trouvé que ses domestiques touchassent cela et avoitGa naar voetnoot1). | |
Samedy. 24.Coljear me dit a midy devant le logis de S.A. qu'elle avoit donné le commandement de l'aile gauche de la cavallerie au Prince de Vaudemont, temoignant que c'estoit une resolution dont il n'estoit pas satisfait, par ce qu'un seigneur comme celuy là ne feroit jamais de difficulté d'hazarder 40m hommes pour establir sa gloire et reputation, et qu'il tacheroit de s'attribuer l'honneur de touts les bons succes et rejetteroit sur S.A. la faute de touts les mauvais. Vivien devant le changement du Gouvernement Pensionaire de Dort, ayant esté nommé a une des charges vacquantes au grand Conseil, parut au camp. Gunterstein me dit qu'en Hollande l'on avoit fait une stampe ou le Comte de Waldec menoit S.A. sur une brouette. Le jour de devant le maistre des Postes van der Horst me dit, venant de la Haye, qu'à Rotterdam et Amsterdam on avoit attaché des billets, portant que celuy qui pourroit enseigner ou se trouvoit S.A. avec l'armée, auroit 1000 £. Le Conte de Waldec partit malade de l'armée et se fit porter a Anvers. | |
Dimanche. 25.Nous marchasmes à 1½ du matin de Meer et allames loger a Ophassele, a 3 lieues dudt Meer. Un party des ennemys de 40 dragons nous costoya dans la marche et une partie vint se mesler dans la suitte de S.A. qui voulut tirer en chemin apres une compe de perdreaux que l'on prit touts à la main. Ce party poussa le regiment de Waldec comme il entroit dans le village, mais Dorp l'ayant remis en ordre | |
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suivy (sic) ledt party qui se retira; il en attrappa un Lt et un cornette et quelques dragons, lesdts officiers, estants assez mal habillés, furent presentés a S.A. Isac me conta que le Chevr de Martel avoit racconté que le duc de Ventadour estant fort mal fait de corps et d'esprit, disoit qu'il estoit originellement de la tribus de Benjamin et que ceux de sa famille signoyent Ventadour Benjamin. Qu'en vertu de cette extraction il soustenoit estre parent de la vierge Marie et avoit fait faire dans une sienne chapelle un tableau ou luy mesme estoit à genoux devant la Vierge, de la bouche de laquelle sortoyent ces mots ‘mon cousin, levez vous,’ de sa bouche sortant en mesme temps: ‘ma Cousine vous vous mocquez de moy; je fais mon deuoir’. Pesters nous conta a ce propos qu'à Rurmunde il avoit ouy lire de la chaire par un moine une lettre de la Ste Vierge, escrite a une demoiselle de cette ville. Ledt Pesters en ce temps là suivoit tousjours, je ne scay si c'estoit à dessein de vouloir devenir mr̅e des Requestes, comme l'on disoit. Le soir de devant S.A. avoit escrit aux Estats qu'il marchoit pour tascher d'obliger les ennemys a un combat, et que cela ne se pouvant, il alloit assieger quelque place. | |
Lundy. 26.S.A. marcha avec l'armée de Ophassele à Goffertinghe, un hameau du village Boulare a un heure et demye dudt Ophassele; nous arrivasmes au quartier à 8 heures du matin. Je fus obligé de camper. Les Espagnols logerent a Grammont (ou Geersbergen) que nous laissames à nr̅e gauche d'une demy lieue. Un party des gens de Cell ayant rencontré les nostres, et ne se descouvrant pas assez tost, fut chargé par nos gens et il en demeura quatre sur la place. Le soir du jour de devant S.A. receut lettres de mr de Hekeren que les deux armees en Lorraine estoyent si pres l'une de lautre qu'on avoit resolu absolument dans | |
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celle de l'Empereur d'attacquer les ennemys le jour suivant. Vers le soir de ce jour du 26 il vint nouvelle que les Francois s'estoyent retirés devant le duc de Lorraine pendant la nuit. Il tomba une terrible pluye le soir à 9 heures. | |
Mardy. 27.Je fis un dessein l'apresdisnee. Ensuitte fus me promener avec Amelisweert et Gunterstein à Grammont ou nous montames sur la montagne ou il y a certaine Nr̅e Dame de secours, et qui decouvre extremement loing. On y voit les deux clochers d'Ath et on voulut nous faire croire que l'on voyoit quelque chose des tentes des ennemys, mais je ne pûs rien voir de cela. Ce lieu de Grammont est d'une situation fort pittoresque et tres-inegale, il est a la princesse de Lillebonne, soeur de mr le Prince de Vaudemont. Dyckvelt me parla des ordres qu'il faudroit commencer a depescher pour le siege de Charleroy, aux 4 quartiers du pays de Liege pour des pioniers, chariots etc. | |
Mercredy. 28.S.A. depescha l'election de la charge de Conseiller au grand Conseil pour monsieur Bronckhorst. Elle escrivit aux Estats que toutes choses n'estant pas prestes et le grand convoy venant de Brusselles pas encor arrivé, elle n'avoit pû avancer son dessein pour un siege, mais qu'elle marcheroit apres l'arrivée dudt convoy. Le soir elle monta a cheval avec le Pr. de Vaudemont pour aller avec l'Evesque d'Osnabruc, sortant avec cincq ou six mille chevaux pour aller couvrir ledt convoy. Ils furent dehors toute la nuit sans rien rencontrer. La mesme nuit tout le camp fut en alarme ayant esté sonné Boute-selle et la reveille a minuit pour abuser les ennemys ou quelque chose semblable. | |
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Je disnay chez Dyckvelt ou Gunterstein fit a son accoustumée. Le convoy arriva. J'eus une chabraque que j'avois fait faire a Gand pour 52 patacons. On depescha des ordres qu'on envoya au Lt Coronel Prot, commandant a Hasselt, pour faire venir des pioniers du pays de Liege. La nuit suivante il y eut un commencement d'alarme, un tambour dans un regiment anglois, ou il estoit arrivé quelque desordre pour un larcin ou chose semblable, ayant commencé a la battre. | |
Vendredy. 30.S.A. receut une lettre de Rooseboom, mr̅e des requestes, dans laquelle, luy recommandant des personnes pour la magistrature de Leyde, il luy dit qu'elles devoyent favoriser l'equivalent. Ayant demandé au Fiscal son frere ce que vouloit dire cet equivalent, il dit que c'estoit l'argent qu'on devoit donner a S.A. pour le dedommager de la maison qui luy avoit esté ostée à Leyden. Il arriva qu'un Capitaine de Gardes nommé Weck, ayant quelque demeslé avec un certain Rose, qui estant son enseigne avoit esté cassé il y avoit deux ou trois mois pour s'estre gourmé a coups de poing dans la tente d'un vivandier avec des lacquais, un parent de cet homme vint parler a Weck devant le pont de l'armée, et luy ayant dit qu'il entendoit qu'il avoit querelle avec son cousin, luy prit en mesme temps les deux bras, pendant que Rose vint par derriere luy donner des coups de baston. Ensuitte ils sauterent touts deux a cheval, pendant que deux valets tinrent le pistolet aux nez audt Weck. Le soir je fus me promener avec le Fiscal du costé de Grammont et puis dans l'autre village proche du quartier. | |
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Vers le soir je fus me promener avec Rooseboom sur la montaigne de Grammont ou je vis le campement des Francois a Ath avec ma petite lunette. Amelisweert me dit que le cousin de Willem, s'evertuant dans l'herauderie, avoit trouvé les 8 quartiers de sa mere par le moyen de correspondences qu'il avoit à Brusselles. |
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