Journaal gedurende de veldtochten der jaren 1673, 1675, 1676, 1677 en 1678
(1881)–Constantijn Huygens jr.– Auteursrechtvrij
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puis chez un tourneur pour me faire un moulinet a choccolate, le quel le valet de Benting m'avoit appris a faire le matin sans des oeufs dedans. | |
Mercredy. 2.Faisant signer le matin à S.A. entre autres choses un acte pour la Caue d'une compe aux gardes, qui estoit celle de feu Bonnema, elle me dit que cela n'estant qu'un changement, on l'auroit pû faire par un acte de cette nature, et comme je luy dis que cela estoit vray, mais que la compe qui se donnoit estant des gardes, cela faisoit un peu de difference, mr le Prince me dit a peu pres: Ja maer se seggen dat se dan so veel betaelen moeten als of se van nieuws een compe kreghen. Je luy dis la dessus que non, et qu'en ce cas ils ne payoyent que bien peu, et il signa la chose, adjoustant pourtant un peu apres: Se segghen (ick geloof niet dat jij daer iet af weet) dat se lest een ducaton genomen hebben van een pas voor een tambour, die naer de vijandt gingh et que ce tambour alloit à Courtray. Je dis que je m'en informerois. Il demanda ensuitte combien on faisoit prendre de chasque commission, et dit qu'il seroit bon de regler cela une fois pour toutes. Je luy dis que j'en avois une petite liste et que selon celle la l'on demandoit les droits. Il me dit que je la luy fisse voir, pour fixer et arrester cela. Tout cela pourtant d'un visage serain, et d'un ton debonnaire, comme voulant faire cela pour le mieux. En y songeant pourtant ensuitte cela me donna fort à penser. L'apresdisnee je fus encore promener avec Albrantsweert et puis chez le tourneur. J'avois perdu mon disner pour dechiffrer une lettre de van Beuninghen, dans laquelle il dit que le Roy pressoit encore les Francois de faire de bonnes conditions a l'egard des Pays-bas, menacant lesdes Francois d'une rupture; mais qu'il disoit qu'il y travailloit par la voye d'un accommodement et que la dedans il falloit l'assister. | |
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Jeudy. 3.Je fis signer 20 commissions pour le regiment de Brandebourg, et dis a mr le Prince que je m'estois fort informé touchant le passept du tambour, mais que mes gens nioyent la chose tout à plat et que je le priois de scavoir de celuy qui luy auoit dit la chose, qui ce pouvoit estre qui avoit pris ce ducaton. Il me respondit seulement qu'il y avoit 12 ou 13 jours que cela estoit arrivé, me parlant au reste bonnement. Le Conte de Flodrof fut a ma chambre et commença a me tenir quelques discours de mescontentement, mais en general sans que j'y repondisse grand chose. De Wilde me dit que Rooseboom, mr̅e des requestes, estoit allé a la Haye par ordre de mr le Prince et que son clerc avoit emprunté une feuille de parchemin. | |
Vendredy. 4.Vers midy S.A. ayant signé quelques depesches me dit d'aller devant a Anvers ou elle devoit arriver ce soir, et de dire à Duarte qu'elle desiroit de loger chez luy. A disner Romf me dit que Rooseboom estoit allé a la Haye pour solliciter une des places vacantes au grand Conseil; que ledt Rooseboom le luy avoit dit, et que cela s'estoit passé de telle maniere, que mr le Pr. luy avoit dit qu'il y avoit telle et telle place vacante en ce College et qu'il avoit songé a luy. Ayant disné, je partis avec deux valets a cheval pour Anvers. Au sortir du village je rencontray Issac qui vint avec moy. A une demy heure du quartier nous rencontrames trois cavaliers, qui avoyent bien la mine de voleurs. Nous arrivasmes a Anvers à 6 heures, estants partys a 2½. Il y a pres de 7 lieues. Mr le P. arriva vers les 7½ heures. Le soir je n'allay nulle part et restay chez Duarte. J'allay coucher ensuitte a l'Aigle. | |
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De la j'allay chez le Chanoine Happaerts et y acheptay deux ou trois desseins. Revenant a midy, l'on me dit que mr le Pr. avoit demandé deux trois fois apres moy. Il me parla de quelques tableaux de Duarte et me dit en riant familierement: ‘Het zijn evenwel leelijcke duyvels die susters van Duarte’, et comme je l'avouois, il me dit quelque galanterie de mon Pere, que je n'entendis pas bien. Il m'envoya querir incontinent apres disné et me fit venir avec luy chez Jordaens, qui parla à luy assis dans une chaise dans laquelle on le portoit. Il disoit d'avoir 86 ans et radottoit, parlant mal a propos de temps en temps. Nous vismes la chambre ou sont toutes ses figures de plastre et modelles esbauchés, mais de 30 il n'y en avoit pas un seul bon. Mr le P. m'envoya ensuitte pour voir les patrons d'une tapisserie que Rubbens avoit faite pour l'Empereur; c'estoyent des chasses tres bien faites en détrempe. Il y auoit sept pieces d'environ 9 aulnes chascune. Elles avoyent esté vendues publiquement dans le tapissiers-pandt pour 1100 £, mais celuy qui les avoit acheptées n'auoit pû les payer et ainsi elles estoyent retournées dans la main du doyen des fripiers, nommé Hex, qui me les fit voir. Je fus voir encor par ordre de S.A. un tableau de Rubbens, qui estoit une Venus ἀναδυομένη. Il estoit chez un courtier nomme Schoof demeurant tout joignant le parloir des Augustins. Je fus apres chez vande Wyngaerden ou j'acheptay trois petites tailledouces. Voet me vint trouver chez Duarte, me parlant de deux testes desseignies de Vandyck qu'il pourchassoit encore. S.A. estant revenue chez Duarte alla se promener au Cours et puis partit pour Lokeren. Coljear, Preswitz et moy demeurâmes et nous prome- | |
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nasmes au Cours avec le cadet Duarte. Nous y vismes une tresbelle fille, nommée madlle Hoornbeeck, et une autre jolie nommée de Bruyn, aussi madlle Salenger de la Haye. Apres soupper Happaerts me vint voir au soupper, il y eut un nouveau Capn des Gardes nommé la Cave, et un nouveau Major du regt de Brandebourg, nommé Autor.Ga naar voetnoot1) | |
Dimanche. 6.Coljear, Preswitz et moy partismes a cincq heures du matin et arrivasmes au quartier de Lokeren a neuf. Le jour precedent Preswitz me dit des choses estranges de nr̅ Cour un peu avant soupper. Je fus avec la Lier dans son quartier qui estoit un peu à l'escart, ou nous trouvasmes une tres-jolie femme. | |
Lundy. 7.J'envoyay une monstre platte de S.A. a Anvers pour la raccommoder. Le matin S.A. fut voir le couvent de Religieuses à Waesmunster qui est fort joly pour la situation, à ce que l'on dit. Le Conte de Hornes arriva ayant esté malade quelques jours. Le Fiscal Rooseboom me conta force galauteries de la duchesse de Zimmeren et entre autres que Louvignies et le Conte de Guiche, Odyck et Ouwerkerck, les deux Doukas, le Prince de Chalais, Noirmoustier et quelques autres avoyent esté de ses amys. Le mesme Rooseboom me vint parler d'une petite charge qu'il avoit obtenue de S.A. Le soir apres soupper S.A. signa deux ou trois choses et fit quelque facon avant que de vouloir signer une ordonnance de beaucoup d'argent, a ce qu'il me sembla, que Benting luy presenta a signer. J'escrivis a ma femme de m'envoyer un castor dans un nouvel estuy de chapeaux. | |
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Mardy. 8.L'on manda de la Haye que Post, architecte de S.A., estoit decedé. Gunterstein revint ayant esté arresté à Utrecht par son frere d'Oudeghein pour une affaire de caution. S.A. manda a Dyckvelt de rester à Brusselles, et qu'elle y arriveroit. | |
Jeudy. 10.Je partis le matin a cheval avec le Conte de Hornes et mr Coljear vers Temsche. Les chemins sont assez beaux, surtout en approchant de ce lieu. Il y a trois heures de Lokeren jusques là. En chemin le Conte de Hornes nous dit force choses de la terre de Batenburg et ses autres biens et noblesse, a son accoustumée. A Temsche nous passames l'Escault dans des batteaux et attendismes S.A. de la l'eau pres d'une heure. Ce lieu est plaisamment situé. Au chasteau l'on a adjousté une Chapelle du costé que nous l'attacquames l'an 1646 et on y a couppé une grande allée d'arbres qui y estoyent au mesme temps. Coljear me dit que Benting estoit party pour l'Angleterre. Je me mis dans la calesche du Conte de Hornes. Nous allames voir en passant les jardins d'un chasteau qui est au Conte d'Urselen, nommé Ingen, on estoit de Vos d'Anvers. Nous passames par Willebroeck et Vilvorden et S.A. descendit aux 3 Fontaines qui en sont a un quart de lieue. La nous mangeames un peu. Le Magistrat de Brusselles y estoit avec de dames. Entre ce lieu et Brusselles le Prince de Vaudemont vint rencontrer S.A. avec 3 à carosses. A trois heures de Brusselles il commenca à pleuvoir. | |
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J'allay loger a l'Imperatrice, ou souppa une femme de Harlem avec sa fille qui estoyent parents de mr Bosvelt, Maistre des Contes. J'allay achepter un quadrant au soleil de Guillaume Meurens, le bon faiseur, 2 ducatons, et acheptay une paire de bottes a baleines du monteur, 9 ducatons. | |
Vendredy. 11.Je fus chez le Prince de Vaudemont ou S.A. logeoit; il a la maison de mr le Pr., l'hostel d'Orange, un fort grand bastiment mais bruslé d'un costé. S.A. nous conta le jour suivant que l'ange rengainant son espée, qui est sur le hault d'une cheminée, y fut mis du Conte Engelbert, qui ayant rameiné a leur devoir ceux de Gand, qui avoyent rebellé contre ......Ga naar voetnoot1) en eut un grand present d'argent, dont il bastit cette maison, et y mit cet ange en telle posture pour signifier que le Prince avoit esté rappaisé. A la Cour j'appris que S.A. vouloit partir apres disné. Il me dit en sortant d'aller à Anvers, comme je fis, et partis une heure apres midy avec mes deux valets. A la Cour le Prince de Vaudemont me fit un compliment sur ce que je n'estois pas venu loger chez luy, et m'envoya encor apres son secrétaire pour me faire des excuses la dessus. Comme il sortit, le cousin Hoefnagel vint me voir. Je sortis par la porte de Laken et pris à la droite du canal jusques a Vilvorden, ayant passé la ville l'on voit Malines devant soy. A une heure en deca de Malines il commenca a pleuvoir | |
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et je rencontray quatre ou cincq dragons qui ne me dirent rien. A une demy heure en dela de Malines trois fantassins, le mousqueton sur le bras et le pistolet a la ceinture me demanderent pourboire, mais je ne leur donnay rien. A deux cents pas des premiers il en parut deux autres qui me laisserent passer; ces premiers avoyent arresté quelques uns de nos valets. J'arrivay a 6 heures à Anvers. De Brusselles a Vilvorden il y a 2 lieues, de la a Malines 2, de Malines par Walem et Contych 4 jusques a Anvers. Je souppay avec S.A. | |
Samedy. 12.S.A. me prit dans son carosse pour aller voir des tableaux chez un fripier au Vrydachsmart, nommé Aertsen, ou j'avois esté le matin avec le Conte de Hornes. S.A. achepta une Pomone avec Vertumnus de Rubbens et Breugel 1400 £, et chez un courtier, nommé Schoof, une Venus naissante de Rubbens 950 £; un marchand, nommé Hoornbeeck, fit ce marché. L'apresdisné nous allames voir au tapissiers-pandt les patrons de tapisseriers de Rubbens faits pour l'Empereur. Item une tapisserie de 50 £ l'aulne, qu'on vouloit faire passer pour estre faite sur les patrons de Rafael, mais elle estoit tres-mediocre. Apres cela j'allay escrire pour S.A. Le soir nous fumes au cours, Zuylestein, Ryswyc, Coljear et moy. Je fus achepter des dentelles chez un Wildins qui demeure dans une rue ou passe le cours in̅ Meulesteen. Je parlay a Happaert au Mair ou alloit la Procession. Il me promit la copie d'un dessein del Rosso. De Vos estoit aussi la. Je disnay avec S.A. qui repeta une histoire de .....Ga naar voetnoot1) qu'il m'auoit conté une autre fois. Le Conte de Hornes fit la mesme chose et qui me fascha | |
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beaucoup. Apresdisner je fus avec S.A. chez le sr Weerden pour voir quelques bustes de marbre qui ne valoyent rien. Apres cela, ayant escrit une ordonnce pour Hoornbeeck, je partis et joignis au dela du pont Voorst, auquel ayant dit des railleries sur ce que le Fiscal en vouloit à sa maistresse, il me dit vistement, comme il parle tousjours: ja had ick anders niemant te vreesen. A six heures j'arrivay a Lokeren au quartier. | |
Mercredy. 16.Je dis a S.A. qu'ayant veu cette lettre du marquis de Borgomainé, je trouvay sa maniere de negotier bien hardye et determinée. S.A. me dit n'est ce pas? Je m'estonne comme les Espagnols me l'ont fait voir. J'envoyay 4 cents ducatons a la Haye en espece dans mon batteau qui devoit rapporter du foin. | |
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S.A. ne receut point de lettres par l'ordre, qui arriva ce jour a Gand de Londres, de mr Benting, ny de van Beuningen. Rooseboom, mre de Requestes, revint de la Haye. S.A. receut un bon cheval d'Espaigne dont van Belle, beau fils de mr van der Meyden, luy fit present. | |
Samedy. 19.S.A. esrivit à Piccart pour l'asseurer de la satisfaction que luy donnoit sa conduitte, et de sa protection contre les faux bruits. Happaert me manda qu'on avoit fait Evesque d'Anvers l'archidiaire van .....Ga naar voetnoot1) | |
Lundy. 21.Mr le Prince eut des lettres de mr Benting et de mr van Beuningen. Le premier mandoit qu'il feroit bien en sorte que le Roy ne proposeroit pas de telles conditions de paix a S.A. qu'en les refusant il desobligeroit le dt Roy. Dyckvelt me vint voir apres disné et me dit qu'il scavoit de bonne part que les 23000 £ que Kintsby avoit payées dernierement pour la charge de drossart de Meurs, avoyent esté touchées par Voorst. La nouvelle vint que les Danois avoyent eu l'avantage et avoyent pris 6 a 7 vaisseaux. Le soir le Fiscal Rooseboom, souppant avec nous, comme Voorst dit, en goguenardant a son accoustumée que ledt Fiscal estoit de ses amys, ou quelque chose de semblable, la Lecq dit qu'il ne demandoit pas d'avoir des amys dont il fust la duppe, et la dessus le Fiscal se leva (c'estoit apres soupper) et s'en alla. | |
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parler de sa preseance devant Ruysch aux Estats d'Utrecht. On fit la guerre à Voorst le soir du present qu'il avoit eu, comme il est dit, mais encore couvertement. | |
Mercredy. 23.Je receus une lettre de madame d'Arbay, arrivée a Anvers, dans la quelle lettre, se plaignant de n'y avoir pas trouvé mr Sas, elle me prie de la venir trouver. Je partis a cheval le matin a six heures avec Rooseboom et Gunterstein pour Hulst, S.A. estant partye des les 3 heures, a dessein d'aller faire la visite de ces quartiers, avec mr de Vrybergen du Conseil d'Estat. Je dejeusnay chez madame Cauw que je trouvay aupres du logis de Percheval chez un ministre .....Ga naar voetnoot1) Nous mangeames à 11 heures chez ledt Percheval ou il y eut trois tables assez bien couvertes. Apres disné S.A. partit en calesche et je m'en allay chez Cauw ou estoit venu son cousin le Baillif de Flissingue avec sa femme, avec lesquels nous mangeames encor une autrefois. Percheval y vint apres me faire compliment, estant un peu saoul, quelques Eschevins aussi et ce ministre. De Lokeren a Hulst il y a 4 heures un peu grandes. A sept heures je fus de retour à Lokeren ou mr Bentingh et Desmarets estoyent arrivés, le dernier avec son beaufrere Huygens. Desmarets dit qu'il croyoit que dans 6 semaines on entendroit parler de la paix. | |
Jeudy. 24.Je dechiffray des lettres de Beuningen, portant que le voyage de mr Benting auoit fait grand bien aux affaires et que d'ores-en-avant on pourroit negotier avec plus de confiance mutuelle que par le passé. Demaretz me dit la mesme chose et que Benting avoit parlé premierement au duc de Yorke avant que de voir le Roy, et que cela avoit esté pris en fort bonne part. Que le Roy de France avoit remis ses interests entre | |
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les mains de celuy d'Angleterre, et que celuy la estoit apres à former un plan de Traitté de Paix qui devoit estre envoyé icy a mr le Prince et que dans six semaines il croyoit que l'on en verroit les effets. Que le Roy avoit dit que les Espagnols ne pouvoyent faire la guerre et ne vouloyent point faire de paix et qu'encore ils menacoyent de luy faire la guerre. Le matin je receus une lettre de madame d'Arbay qui estoit a Anvers et n'y ayant pas trouvé Sas me prioit d'aller la trouver. S.A. me dit d'y aller le jour suivant, et de luy dire qu'il falloit des preuves et qu'il ne pouvoit s'arrester a des discours. On envoya ordre aux commandants des forts de la Generalité aux environs de Frise et de Groningue de ne point obeir aux ordres des Estats de ces Provinces, qui avoyent esté authorisés par S.A. du temps de la guerre avec l'Evesque de Munster pour y pouvoir changer les garnisons. S.A. escrivit aussi audts Estats revoquant ladte authorisation. | |
Vendredy. 25.Je partis a six heures du matin et arrivay vers les 10 a Anvers ou je parlay avec cette femme a l'hostellerie du Cigne a la teste de Flandres. Elle me dicta l'extrait d'une lettre qu'elle me dit avoir receue de Chasteaubriant de puis peu, portant ce qui s'ensuit. Qu'un Gentilhomme Francois, nommé la Mayrie, demeurant proche de Charleroy et ayant espousé la fille de certaine madame Dacos a Mons, portoit les lettres de l'armée de France à .......Ga naar voetnoot1); que quand il ne venoit pas il envoyoit son valet ou celuy d'un tapissier de Brusselles, qui avoit nom (tant qu'il luy en convenoit) Godefroy, demeurant au dessous du marché à grain au bout du rivage en allant a la verrie, a une petite porte peinte; que sa femme alloit toutes les semaines une fois | |
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ou deux a Audenarde et que luy payoit touts ces messieurs de la cabale; qu'a Dort ceux de la cabale en Hollande s'assembloyent dans deux ou trois maisons, qu'il avoit eu les noms de ceux qui y venoyent, mais qu'ils estoyent demeurés dans une certaine cassette chez un nommé Perretti qui depuis l'emprisonnement de Chasteaubriant estoit allé demeurer a Ath. Qu'elle (made d'Arbay) estant allé chercher cette cassette a Brusselles, par son ordre avoit trouvé que ce Perretti n'y estoit plus. Qu'un certain Dominique, marchand de poisson en gros, a l'Isle et un autre nommé Matthusi vendant de la toile, des rubans etc. alloyent et venoyent a Dort entretenants la correspondence. Elle me dit d'adresser mes lettres quand je voudrois luy escrire a mr Hardy, Conseiller du Roy, rue St. Martin, a Tournay. Ayant parlé a cette femme j'allay disner a l'Aigle et partis vers les 4 heures et arrivay a 8 dans le quartier à Lokeren et fis rapport a S.A. qui me dit: elle nomme donc .......Ga naar voetnoot1) tout ouvertement? Je luy dis qu'ouy et en suitte que considerant le tout, je ne scavois qu'en juger. Il dit: Ick oock niet, ick geloof dat het altemael vuylicheit is. Comme je luy dis en suitte que l'on ne pouvoit pas bien juger pourtant de la chose ny des veues que pouvoit avoir cette femme qui persistoit a dire que la chose estoit veritable et ne demandoit rien jusques icy, il dit: ick weet het oock niet. Il prit le papier ou j'avois mis en substance mon rapport. En revenant Fromenteau, fameux tailleur d'Anvers, vint avec moy et causa tout du long en chemin. | |
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qu'il seroit obligé de condamner a avoir la teste trenchée, s'il estoit accusé, s'estant vanté d'avoir baisé sa propre soeur nommée Catherine. | |
Dimanche. 27.Il ne se passa rien d'importance. Ma femme me manda que madlle Schilders avoit une fiebvre etique. Je disnay chez Rooseboom avec Hofwegen et Frankestein qui nous dit que la Princesse de Yorc, qu'il venoit de voir en Angleterre estoit grande, jolie et fort douce et civile. Qu'il avoit ouy dire a S.A. que l'hyver prochain il avoit dessein de faire un voyage audt pays. | |
Mardy. 29.Je fus me promener apres disné avec le Fiscal; il me parla de plusjeurs discours assez familiers qu'il avoit tenu à S.A. touchant le Gouvernement et ceux qui luy estoyent affectionnés dans le pays, ou point. Je luy donnay a boire du Frontignan. Au retour il me dit qu'il avoit ouy dire que mon pere n'avoit pas tant de bien que quelques uns s'estoyent imaginés et mesme qu'il avoit fait de la depense considerable en galanterie et en faisoit encore. Qu'il y avoit de gens qui se mesloyent de vouloir dire de petites railleries familieres a .....Ga naar voetnoot1) touchant de la galanterie (il voulut faire entendre cela) et qu'il faisoit semblant d'en rire, mais qu'il la gardoit bonne a ces gens la. Moersbergen fut fait Major de Joppenbroeck; le Fiscal me dit encore que S.A. luy avoit accordé 20 ou 30 sols | |
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de chasque compagnie par mois, pour son salaire de petites affaires ou il vacquoit sans en pouvoir declarer et qu'ayant acte de cela il alloit derechef tenir table. | |
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