Journaal gedurende de veldtochten der jaren 1673, 1675, 1676, 1677 en 1678
(1881)–Constantijn Huygens jr.– Auteursrechtvrij
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Nous marchames a la pointe du jour d'Ulbeeck a Hulen (sic) il y a deux lieues; je me fis mener dans la calesche de mr de Dyckvelt, ne resistant pas bien a la fatigue du cheval, et dormis une bonne partie du chemin. On disoit que cette marche icy se faisoit pour empescher les ennemys de pouvoir aller a Charleroy d'aupres de Mastricht, ou ils estoyent encore, sans hasarder une bataille, ou l'on vouloit qu'il y eust de l'avantage pour nous, comme plus forts en cavallerie. Je causay long temps le soir devant la porte du quartier de S.A. avec le Comte de Lesley, qui insistoit fort pour qu'on envoyast quelque detachement en Allemaigne afin de sauver le siege de Philipsbourg, duquel sans cela il estoit en grande peine. | |
Mercredy. 2.Nous restames a Hulen. Le commencay a avoir un peu plus d'appetit et de forces que les jours passés. Le Prince de Nassau, Gouverneur de Frise, ayant la fiebvre et la dysenterie se fit emporter à Malines et de la plus avant. Dyckvelt me dit qu'on estoit fort en peine de ce que l'ennemy pourroit faire un detachement du costé de nos provinces, ou il n'y avoit point de monde. Dit encore qu'il voyoit son Altse ne scavoit bonnement à quelle resolution se determiner. Je disnay chez Dyckvelt. | |
Jeudy. 3.Nous marchames de Hulen a Jendrein.Ga naar voetnoot1) Il n'y a que 2 lieues et demye, mais nous en fismes bien cincq de chemin et 9 de marche pour un detour que nous fismes. On eut avis le soir, à ce que nous dit Oblay, que les ennemys avoyent marché aussi et passé la Mahaigne, | |
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l'ayant bordée de force cavallerie pour favoriser le passage de leur infanterie. Je n'eus qu'une selle la nuit precedente, et deux ce jour du 3e, ayant fait la marche a cheval. | |
Vendredy. 4.S.A. sortir du quartier de bonne heure pour mettre l'armee en bataille, si peut estre les ennemys eussent eu envie de venir. Ne me portant pas trop bien je demeuray encor couché une heure ou deux sur un matelas. L'armée ayant esté comme cela long temps et point d'ennemy ayant paru, S.A. la fit marcher et nous allasmes loger dans un village qui est a la droite du chemin de Gendrein a Perné nommé ......Ga naar voetnoot1) Je fus flasque tout du long du jour et eus de la peine a me tenir à cheval. | |
Samedy. 5.La nuit precedente j'eus la fiebvre et l'avois eue, comme je croy, des le jour precedent. Ayant parlé a mr Romf, il me donna le matin encore une prise de Rheubarbe sur ce qu'on croyoit de ne point marcher. Mais l'ordre en estant venu je fus embarrassé et me mis dans la calesche de mr Benting, qu'il me fit encor offrir le soir auec beaucoup de civilité. Le 3e le deux Roosebooms ayant fait dire à S.A. qu'ils estoyent malades, partirent de l'armée pour Tirlemont, Louvain etc.; ils ne pûrent auoir du convoy. Le soir ma petite fiebvre continuant tousjours, j'eus un petit redoublement qui me dura environ jusqu'a minuit. Nous logeasmes à Torbais les Beguines, l'armee ayant encor esté en battaille long temps. Les ennemys estoyent tousjours a Warem. Le soir le redoublement de ma tierce ne vint point. | |
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A. pour la prochaine semaine, et qu'elle avoit senty un acces de fiebvre en voulant sortir le soir auec les autres generaux. Romf et d'autres m'avoyent desja dit que le jour precedent il en avoit eu un autre le soir. | |
Lundy. 7.Bruynestein me saigna au bras droit apres m'auoir manqué au gauche. Cette saignée me fit du bien et le sang fut raisonnablement bon. Le soir des larrons, que l'on soupconna auoir esté du reg. de Colyear, faisants garde chez le Comte Lesley la aupres, me deroberent par dessoubs ma tente un des coffres de mes chevaux de bast, auec pour environ deux cents francs de linge dedans. | |
Mardy. 8.On me vint dire a midy qu'il falloit marcher. Il faisoit un temps enragé de vent et de pluye. Je me mis auec Colyear dans la calesche de mr Benting et estants avancés a un demy quart d'heure du quartier, il vint ordre d'y rentrer, ainsi il fallut remettre les tentes dans la pluye. Les Francois avoyent marché, disoit on, depuis minuict, et leur infanterie passe la Mahaigne. | |
Mercredy. 9.Nous marchames apres midy, moy tousjours incommodé et fiebvreux. Colyear auec moy nous marchames jusques aupres de Giblours, S.A. logeant a la posterie. Les ennemys marchoyent a nostre veue et passerent en partie la Mahaigne aupres de nos gens par une bravoure, sans que les Espagnols, à ce que dirent nos courtisans, leur fissent rien. | |
Jeudy. 10.L'on marcha avec le jour, mais d'abord on dit (Oublay a moy) que les ennemys estoyent à une heure et demye de marche devant nous, comme en effet il se trouva sur le midy, S.A. l'estant allé reconnoistre qu'ils estoyent fort bien et seurement postés. Ainsi on retourna et alla loger a Walheim. Je logeay avec Colyear dans l'eglise. Colyear se trouva fort mal ceste nuit de sa dysenterie, souffrant de grandes trenchées. | |
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Le soir on dit que S.A. alloit a la Haye et il y eut force gens qui, comme il arrive tousjours sur les departs, voulurent qu'on fist leurs affaires. Je me trouvais assez mal, fiebvreux avec de la soif et la bouche seiche; mr Benting m'offrit sa calesche pour le jour suivant, sans quoy j'aurois esté fort en peine; Colyear eut une place dans celle du Comte de Solms. | |
Vendredy. 11.Nous partismes avec S.A. avec un convoy et allasmes fort viste, tellement que ma charette et chevaux de bast eurent bien de la peine a suivre. Preswitz, Frobenius, Romf et le Ministre eurent ordre de demeurer a l'armee ou S.A. voulut aussi que je laissasse deux clercqs. Nous allasmes de Walheim a Louvain. Mr le Pr. disna entre Louvain et Malines. De Malines nous allasmes jusques a Anvers ou nous arrivasmes sur les cincq heures. Je me trouvay assez mal et mettant pied a terre devant l'hostellerie, mr le Pr. m'envoya querir chez Verbrugghe le statuaire, ou arrivant il me dit; eer je te bedt gaet leggen, moet je dese statuen noch eens sien. Je luy en dis mon sentiment, et m'en allay ensuitte en carosse chez Happarts, qui me promit de me faire voir le jour suivant les desseins de l'Evesque d'Iperen; van Wyngaerden souppa avec moy. | |
Samedy. 12.Je fus chez le Chanoine Halmale voir ces desseins. Il fit le niais et dit qu'il parleroit auec quelqu'un qui s'y entendroit touchant le prix, et nous remit à trois heures apres disner. Y estants allés un peu plus tard, il me demanda un prix fort excessif, a la suggestion (a ce que croyoit Happarts) d'un petit Ecclesiastique qui estoit là, nommé Comperes. Le luy fis une offre qu'il n'accepta point et nous nous en allames sans rien faire. Le matin j'avois esté chez Duarte quelque temps à voir ses tableaux. | |
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Dimanche. 13.Je fus encor le matin chez van de Wyngaerden; sur les neuf heures je m'embarquy dans un batteau que me donna mr Halling qui souppa auec moy dans ce batteau. Nous ne pusmes auancer que jusques devant l'emboucheure du Vosmeer. Je me portay mieux ce jour et le precedent. | |
Lundy. 14.Le matin je me trouvay le poux fort bon, mais remarquay un peu de sang dans mes excrements le matin, sans tranchées pourtant. Le soir il y en eut encore dans une deuxiesme selle que j'eus ce jour. L'appetit n'estoit que bien mediocre comme touts ces jours precedents. Sur les sept heures nous arrivasmes devant Dort ayants eu faute de vent toute l'apresdisnée. En chemin j'appris du major de la Sauvetat que S.A. s'estant embarquée le vendredy au soir, s'estoit trouvé le matin suivant devant Bergues et que la ayant mis pied a terre, elle estoit arrivée le lendemain, samedy au soir, à la Haye. A Louvain et Malines la canaille crioit apres nos gens les renvoyants à Mastricht. | |
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