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Juillet.
Mercredy. 1.
L'armée marcha a deux heures de nuit, S.A. a la teste de la cauallerie, et nous arrivasmes sur les neuf heures au quartier à St. Renel ou nous auions logé le 26 May. On intercepta des lettres de Mastricht de l'Intendant et autres, qui faisoyent voir qu'ils ne craignoyent que pour Limbourg. Au commencement de la marche le temps continuant a peu pres comme il auoit esté, j'eus une extreme soif, de Ryswyc me donna a boire d'un cheval ou il auoit du pain du vin et de la biere.
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Jeudy. 2.
Nous marchâmes de St. Renel a une heure et demye et allasmes loger a un quart d'heure de Nivelle ou nous arrivames sur les 10 heures.
S.A. eut nouvelles du combat de Tromp, ou l'Admiral de Denemarc, s'estant renversé de soy mesme, auoit sauté aver 130 pieces de canon et 1000 hommes; le Lt Admiral s'estant voulu rendre, auoit esté bruslé d'un de nos bruslots, et d'autres vaisseaux pris et bruslés.
Item que le Commandeur Binckes auoit pris Cayana sur les Francois, sans y trouver gueres de resistence.
Item le R.P. luy mande que ceux de Drenthe l'avoyent choisy pour Erfstathouder apres la mort du Prince de Nassau, adjoustant que de hr Pickaert y auoit beaucoup contribué.
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Vendredy. 3.
S.A. laissa tout le monde incertain de son depart pour eviter les desseins des ennemys, a ce que je croy.
Il me fit venir a 5 heures du matin aupres de l'artillerie pour m'ordonner une lettre.
Le jour d'auparavant Voorst me dit que Colyear avoit du chagrin de ce que le Comte de Waldec auoit dit que le dessein de Mastricht auoit esté divulgué par luy.
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Samedy. 4.
Nous marchasmes auec quelques trouppes d'infanterie et de cauallerie du camp susdt et allames jus- | |
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ques a Grez, estant six heures l'un de l'autre. Je ne dormis cette nuit la qu'environ une heure, ayant fait mes depesches jusques apres minuit.
La marche dura depuis les 2 heures du matin jusques a 3 et d'avantage apres disner. Le m'esgaray en voulant aller devant an quartier et prenant l'un village pour l'autre.
Le matin j'escriuis debout quelques lettres dans la chambre de S.A.
Le maistre des requestes eut querelle auec le fourier van den Bergh, qu'il traitta de reeckel, l'autre menacant de coups de baston.
Le jour d'auparavant Bruynestein auoit fait la mesme chose au Baillif van Banckem pour quelques sots discours. S.A. escriuit au Baron d'Eller, commendant les trouppes de Brandebourg qui estoyent a Rurmunde, et a l'officier commandant celles de Nubourg, de marcher le 5e et le 6e pour se trouver a Oetingen ledt 5, et le 6e à Bilsen.
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Dimanche. 5.
Nous marchasmes à la pointe du jour de Grez et arrivasmes auec les trouppes detaschées a Avernas au pres de Hanny; il y a six heures de chemin, les cheuaux ayant tousjours esté fort tourmentés des mousches comme le jour d'auparavant, quoyque la chaleur ne fust pas excessiue. S.A. escrivit a Louvignies que le 7e il esperoit d'estre de bonne heure devant Mastricht esperant qu'il y seroit aussi.
J'eus tresgrand sommeil en chemin.
Les deux jeunes Sidleniskys firent fort les fols auec leurs chevaux et firent rire tout le monde.
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Lundy. 6.
Nous marchasmes a 3½ heures et arrivasmes sur les dix heures à Lude, un meschant village a une demy heure de Tongeren, ayants marché environ une heure et demy par la grande chaussee.
S.A. envoya la Baron de Barlau à mr de Louvignies.
Il fit tousjours chaud mais auec un peu de vent.
Je campay, mon logis estant vilain et puant.
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Mardy. 7.
Nous partismes de Lude auec le jour et ayants marché a costé de Tongeren, qui est une assez jolie place, nous fismes halte a une lieue de Maestricht aupres d'un moulin, ou S.A. disna, le Commandr d'Aldenbiesen survenant, ou il arriva une lettre de mr de Louvignies en chiffre qu'il me fallut dechiffrer sur le champ dans la grande chaleur et auec beaucoup d'incommodité. Il mandoit que le lendemain de bonne heure le duc d'Osnabruc devoit estre sur la Meuse auec ses trouppes entre Maestricht et Eysden.
Dudt moulin nous marchames jusques aupres Mastricht ou nous n'arrivames qu'a soleil couchant.
S.A. fit tendre une petite tente et moy je couchay dans la canoniere de mes valets.
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Mercredy. 8.
On fit partir tout le bagage sur le midy vers le quartier de S.A. a Smeermaes. L'apresdisnée nous allasmes avec mr le Prince rencontrer mr le duc d'Osnabrug et estants arriués sur la Meuse par une fort grande montée et une semblable descente, ou il y auoit une tres belle veue de fort grande estendue, nous le vismes venir a nous et passer la riviere dans un petit basteau. S.A. fut quelque temps auec luy dans une maison de paysant, plusieurs autres y accourant et un entre autres qui avoit 92 ans, nommé entre eux den ouden man. Ces gens nous porterent a boire dans la grande chaleur qu'il faisoit.
On dit que ces trouppes n'estoyent pas si fortes a beaucoup pres comme elles devoyent estre.
Le duc vint auec son Alte jusques a son quartier et puis s'en retourna au sien.
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Jeudy. 9.
S.A. m'ayant fait leuer, comme je dormois profondement dans ma canoniere, a trois heures du matin, alla jusques au quartier de Smeermaes, et de la ailleurs, moy restant audt quartier.
Je disnay chez Dyckvelt auec le vieil Comte de Niel etc.
S.A. alla au bywacht.
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Escriuit au Comte de Hornes de se haster autant qu'il seroit faisable pour amener le canon, qui tardoit a venir, a cause du peu d'eau qu'il y auoit dans la Meuse, qui estoit plus basse, au dire d'Isac, qu'elle n'auoit estée de sa memoire. Aussi je vis passer un cavalier aupres de nr̅e pont à Smeermaes, qui ne se mouilla quasi pas les bottes.
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Vendredy. 10.
On travailla à la cinconvallation. Ceux de la ville ayants refait leur batteries qui s'esbouloyent par ce qu'elles avoyent esté faites dans un temps chaud qui avoit fait que le gazon n'auoit point pris, commencerent a tirer un peu plus que les jours passés et tuerent un paysant qui travailloit, ce mesme coup couppant les pieds a un autre.
S.A. escriuit au Comte de Waldec que nos quartiers estoyent si fort separés les uns des autres, que s'il venoit un detachement de mille ou 2000 chevaux, il ne seroit pas possible de l'empescher de se jetter dans la ville. Que pour cela si l'ennemy auoit separé son armée, comme l'on mandoit, par des detachements, et que de plus il falloit de necessité qu'il luy envoyast encor un detachement de cavalerie. Qu'il esperoit que le jour suivant les quartiers seroyent fermés.
La nuict S.A. estant couché habillé on le vint eveiller jusques a 4 ou 5 fois, mr le Rhingraue ayant esté abusé par de fausses alarmes.
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Samedy. 11.
L'on envoya des ordres a touts les villages d'alentour pour des fascines, palissades et travailleurs, S.A. escriuant pour le mesme effet a ceux de Liege ou le sr Pester negotioit les choses et trouvoit assez de bonne disposition, a ce qu'il manda. Je portay ces ordres a signer a trois heures du matin. Le soir, apres auoir travaillé toute l'apresdisnee, m'estant allé promener, un boulet de canon, tombant a quinze ou seize pas de moy, blessa un soldat dans sa hutte luy rompant ou enfoncant les costes.
Groelaert vint a l'armée.
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Dimanche. 12.
S.A. manda au Comte de Waldec que Montal rodoit autour du camp auec 25 chevaux pour se jetter dans la ville, le Gouverneur de Leeuwen mandant cela.
Il arriua deux regiments de cavallerie de l'armée.
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Lundy. 13.
Machado me dit qu'il estoit arriué 12 vaisseaux des Indes.
Le Comte de Hornes arriua ayant encor laissé derriere l'artillerie.
J'escriuis au R. Penre pour mon frere, et de mesme a Zas.
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Mardy. 14.
Je disnay chez Dyckveit ou apres diner vint le pere de Friesheim.
Il arriua encor six compes du regimt du Prince de Frise.
Le soir Bulau et plusieurs autres conterent de la vie de Montpouillan et de sa bordellerie.
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Mercredy. 15.
Les basteaux auec les munitions commencerent à arriver, la Meuse se haussant un peu par les pluyes.
Les Espagnols envoyerent a S.A. l'extrait de deux lettres interceptées du 9 et 10e, portant que selon le sentiment de Rogon ils croyoyent estre attacqués à la porte de Brusselles; qu'ils prient mr de Louvois de parler en ses lettres de secours, quand mesme il n'y en auroit point à esperer.
Monsr de Caluo escrit a Choisy et le prie de se jester dans Mastricht et pour le persuader dit que si Mastricht se perd, Limbourg ne se conseruera pas.
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Jeudy. 16.
Le Comte de Waldec escrit qu'il croid que le Roy de France assiegera Cambray.
Le Prince de Vaudemont vint trouver S.A. pour deliberer ce que devoit faire l'autre armée.
Le Febvre, grand dechifreur du duc de Villa-Hermosa m'envoya le chiffre de mr de Louvoy auec mr de Thurenne tiré de lettres interceptées.
La Meuse grossit beaucoup par les pluyes.
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Vendredy. 17.
Une partie du canon arriua.
S.A. me donna a garder une lettre du C. de W. du 14 de ce mois ou il y auoit: Certes monsieur vous connoistrez un jour que l'affliction qui me reste de vos sentiments indifferents a mon esgard n'a pas esté meritée ny m'empeschera de tenir les promesses que j'ay fait a V.A.: et la ou vous me mettrez, vous me verrez tousjours de mesme et a jamais de V.A. un tres fidelle serviteur etc.
Je disnay chez Dyckvelt.
Le soir, ne me trouvant pas fort bien depuis un jour ou deux, j'essayay de vomir et rendis de la bile.
Je fus quelquetemps sur une haulteur entre Smeermaes et Hocht a considerer la belle veue. S.A. disna auec le duc d'Osnabrug.
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Samedy. 18.
S.A. escriuit au C. Waldec en chifre que par de lettres dud. de Villa-Hermosa au Prince de Vaudemont (qui estoit au camp) il auoit veu qu'il croyoit le siege de Valenciennes asseuré et qu'il devoit estre investy ce 18e, qu'il avoit de la peine a le croire, mais que dans un tel cas il falloit estre resolu quoy faire et que pour luy il ne voyoit point d'autre moyen que de tascher de le secourir; que les choses impossibles ne sont point faisables, mais que de voir perir Valenciennes pour gaigner Mastricht, il ne le croyoit pas de l'interest de la cause commune. Qu'il luy demandoit son sentiment franc, scavoir s'il luy conseilloit en tel cas de rejoindre l'autre armee, pour sa personne le conjurant de le conseiller comme s'il estoit en sa place.
Le soir on commenca a travailler a la trenchee. Le Major de Beaumont, nommé Merode, et le Chirurgien du Rhingraue y furent tués, a l'attacque de S.A. eut la garde le regiment des gardes; a celle du duc d'Osnabrug les regts d'Offelen, Beaumont et Hofwegen. On parla fort de ce que S.A. deuoit aller rejoindre l'autre armee.
Je receus ma monstre que j'auois fait faire a la Haye.
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Dimanche. 19.
On travailla la nuit precedente de ce jour à une batterie assez eloignée du commencement qu'on auoit fait de nos trenchées.
Les regiments du Rhingraue, du duc de Holstein et Cassiopin entrerent en garde à la trenchée a l'attacque de S.A., a celle du d. d'Osnabrug ceux de Borck, Tamminga et le Prince de Frise.
Un lacquay de d'Aulnoy eut la teste emportée dans les approches et un homme qui dormoit aupres de luy fut aussi blessé à mort du mesme coup.
Les auis du C. de Waldec porterent qu'on apprehendoit le siege de St. Gelein et non celuy de Valenciennes.
La nuit apres ce jour on ne poussa pas la trenchee, mais on travailla seulement à renforcer ce que l'on auoit fait, et a faire des batteries.
Ceste nuit les assiegés rehausserent un cavalier qu'ils auoyent.
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Lundy. 20.
Le Conte de Waldec manda que sur un auis que le duc de Villa-Hermosa auoit eu de ce que deux mille hommes des ennemys auoyent passé par Tournay avec 20 pieces de canon, ledt duc auoit proposé de marcher auec ses trouppes du costé de Braine le Chasteau, demandant huict bataillons de nos gens et proposant que cependant qu'il les auroit auec luy, nr̅e armee se posteroit en sorte qu'elle ne pourroit pas estre surprise; que cela ayant esté deliberé dans un conseil des officiers generaux, il auoit esté jugé qu'on ne pouvoit pas luy refuser ces gens, mais que l'armee demeureroit ou elle estoit jusques au 21.
Mrs d'Asperen auec son frere, Berestein et Bronckhorst partirent dans un maespont pour s'en retourner par la riviere.
Dyckvelt me dit que Boetselaer auoit fait le mecontent comme si S.A. n'auoit pas eu assez d'egard pour sa personne, et que l'aisné auoit parlé fort librement et
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comme mal satisfait de tout ce qui se faisoit. Le soir entrerent en garde a la trenchée à l'attacque de S.A. les regts de Kirkpatrik, Coljear et Wynbergen, de celle d'Osnabrug Hulsen, Clooster et Leeuwen et auancerent beaucoup à la faveur d'un brouillard.
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Mardy. 21.
L'on travailla à quatre batteries qui devoyent porter ensemble environ trente pieces, pour tirer le jour suivant. Le soir entrerent en garde à la trenchée a l'attacque de S.A. les regts de Fennick, Widdrington et Asteley (sic), a celle d'Osnabrug ceux de Duvendal, Spindler et Osnabrug.
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Mercredy. 22.
Le Comte de Waldec manda que le duc de Villa-Hermosa auoit marché le 21. auec ses trouppes et les huict bataillons qu'il luy auoit donnés, que de duc croyoit de mestre un corps de douze mille fantassins ensemble, et alloit faire de grandes grimaçes en Flandre pour embarrasser l'ennemy.
L'on ne tira que de deux batteries, l'une de dix et l'autre de cincq pieces.
Le soir entrerent en garde le regiment des gardes (le petit Comte de Nassau ayant le poste auancé auec 50 hommes couchés sur le ventre, luy mesme ayant des armes et un casque en teste) à l'attacque de S.A. à celle d'Osnabrug.
La nuict precedente de ce jour on auanca raisonnablement.
Le General Major Weibnum vint trouver S.A. pour concerter les choses, envoyé par le Comte de Waldec.
Un homme me vint donner le bon jour de la part de la C ......
Bulau me compta (sic) qu'estant derriere l'ouvrage au commencement de la trenchee un homme qui estoit mineur, parlant auec luy, auoit eu la moitie de la teste emportee d'un coup de canon et que luy, Haersolte du Pr. de Frise, Spar et d'autres eurent leurs habits pleins de sa cervelle.
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Jeudy. 23
Le Prince de Vaudemont estant au camp de puis quelques jours s'en retourna trouver le duc de Villa-Hermosa.
S.A. recevant le matin des lettres du Marquis de Grana, secouant la teste, dit que ces gens devant Philipsbourg y alloyent fort lentement et n'estoyent pas encor a la contrescarpe lorsque ces lettres estoyent parties.
Colyear venant de la trenchee compta a S.A. qu'il n'y auait que trois ou quatre hommes blessés ou tués la nuit passee, et que le petit Zuerius auoit eu un coup a travers de son chappeau et son valet, aussi petit que luy, un coup tout de mesme.
Qu'on auoit bien auancée la nuit.
Les regiments du Rhingraue, de Holstein et de Cassiopin eurent la garde à la trenchée a l'attacque de S.A., a celle d'Osnabrug ceux de Borck, Tamminga et le Prince de Frise.
Je disnay chez Dyckvelt.
L'on ruina pour la plus grande partie a coups de canon une grande redoutte revestue nommée le Dauphin.
Ivoye disnant chez Dyckvelt dit qu'il esperoit bien du siege et que jusques la les assiegés se monstroyent assez traittables.
Le Comte de Waldec manda qu'il y auoit apparence que les ennemys devoyent assieger Aire et que le duc de Villa-Hermosa estoit marché le 21e.
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Vendredy. 24.
J'allay auec Isac voir les travaux et nous fusmes quelque temps au Chasteau de Haren a regarder auec ma lunette nos approches et les coups de canon que l'on tira pour la plus part a un bastion detaché.
Le C. de Waldec manda que le jour suivant il alloit marcher selon ce qui auoit esté resolu a Niuelle et a Genappe, mais qu'il estoit en peine de voir que luy marchant en Flandre S.A. ne seroit plus couverte de l'armee.
Le soir S.A. estant dans la trenchée une balle de
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mousquet ayant percé l'epaule a un autre homme, blessa S.A. au bras un peu au dessus du coude, le juste au corps n'estant point percé. Il ne laissa pas de manger à table, estant pensé (sic), et apres soupper me dicta une lettre au C. de Waldec dans la quelle il luy manda de suivre le d. de Villa-Hermosa en Flandre et de nous envoyer un autre detachement d'infanterie et de cauallerie pour nous renforcer contre mr de Crequy qui auoit logé le 21 a Sedan auec deux regts de cauallerie, deux bataillons d'infanterie et deux de dragons.
Il auoit escrit une lettre devant l'autre ce mesme jour qui commence: Nostre travail n'a pas auancé cette nuit comme j'auois esperé puis qu'il a pleu a mr de Louvigny de ne point faire ce qui auoit esté resolu, mais de faire un autre travail qui nous fait perdre une nuit. Je ne scay ce que je doibs dire de luy, il fait ce qu'il peut au monde pour retarder toute chose. Ou c'est par ignorance ou par malice, mais j'ay peur que ce ne soit le dernier: cela saute aux yeux de tout le monde.
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Samedy. 25.
S.A. ne se sentit gueres de sa blesseure et ne laissa pas de sortir le matin à cheual.
Colyear, estant de garde a la trenchée, fit une ligne de 230 pas à ce qu'il dit et eut environ 30 hommes de tués et de blessés.
Ledt Colyear parla assez librement de la conduitte de Louvigny et de sa maniere de traverser toutes choses.
L'apresdisnee j'allay au chasteau de Haren pour voir les canonnades de part et d'autre.
S.A. escriuit au C. de Waldec que si le Mareschal de Schomberg marchoit en Flandre ou vers l'Artois, il deuoit suivre le duc de Villa-Hermosa; que pour le duc de Crequy, si l'on ne luy joignoit d'autres trouppes, il ne le voyoit pas en estat de nous faire grand mal.
Qu'il esperoit que Lundy l'on pourroit attacquer le ravelin Charlant du bastion detaché ainsi nommé.
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Dimanche. 26.
On n'auanca pas beaucoup la nuit devant ce jour, les 3 regts Anglois estant dans la trenchée.
Sur les cincq heures du matin le feu se prit au magazin de la ville; Coljear me dit qu'il auoit aposté un homme pour cela.
Ceux de la ville ne tirerent point ou tres peu, sans que l'on en pûst deviner la cause. Il y auoit de gens qui croyoyent qu'il y auoit quelque chose a demesler auec la bourgeoisie, mais sans certitude. Le Comte de Waldec manda qu'il estoit tousjours en peine de scauoir que S.A. estoit renfermé dans de lignes si estroites qu'il n'y auoit pas moyen de combattre la dedans.
's Gravemoer et le jeune Comte de Waldec partirent a 11 heures du soir.
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Lundy. 27.
On auanca assez bien la nuict devant ce jour auec les travaux qu'on poussa jusques à enuiron six vingt pas du ravelin nommé le Dauphin.
Les assiegés ne tirerent quasi point de leur canon, on disoit que la plus part de leur canoniers auoyent esté tués. Le Prince de Solms vint a l'armée, Dyckvelt me dit que le Comte de Waldec alloit au secours d'Aire auec le duc de Villa-Hermosa et qu'il deuoit nous envoyer encore quelques regiments. S.A. escriuit a l'Electrs de Treves de nous envoyer la cauallerie qui estoit en sadt ville pour soustenir mr de Crequy qui venoit en deca et estoit desja fort auancé. Au soir, environ sur la minuict, le feu se prit dans quelques huttes derriere S.A., et si le vent eût esté vers nos maisons, elles auroyent esté bruslees en moins de rien.
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Mardy. 28.
Le Comte de Waldec manda qu'il marchoit en diligence pour joindre le duc de Villa-Hermosa, envoyant mr de Ginckel auec cincq bataillons pour renfort a S.A. Les assiegés ne tirerent du canon que fort peu.
Mr d'Amerongen estant venu le jour d'auparavant partit pour s'en retourner a Rurmunde.
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Mercredy. 29.
La nuit deuant ce jour on auanca assez bien auec la trenchée.
Le Prince de Vaudemont arriua encore au camp pour donner auis a ce que dit le C. de Waldec, escriuant a S.A. de l'estat des affaires de Flandres.
Je fus me promener jusques à la ligne de contravallation, et n'y vis rien de nouveau.
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Jeudy. 30.
Dyckvelt me fit dire qu'Ivoy luy auoit fait dire que sur les deux heures apres midy l'on attaqueroit le bastion detaché. Le disnay chez luy, et estant revenu chez moy et occupé a dechifrer une lettre de l'Evesque de Strasbourg a mr de Louvois, j'entendis qu'on commencoit l'attaque. Je ne pûs estre assez tost à la contrevallation susdte que l'on ne me vint dire en chemin que ce bastion estoit desja emporté, comme je vis en y arrivant, et que continuellement il montoit encore de nos gens par la bresche courants fort vitte pour se sauver d'un tresgrand feu que l'on faisoit continuellement de la contrescarpe, qui redoubloit quand ils voyoyent venir de nouveau du monde de nos trenchees. J'en vis un qui tomba tout aupres de l'ouvrage. Y ayant esté a regarder environ une heure je m'en revins et ayant esté un moment au logis, j'entendis encore un grand feu qui fut celuy que firent les ennemys quand nos gens quitterent ie bastion et et se sauverent sans faire resistence. L'affaire se passa comme S.A. le manda au C. de Waldec de cette maniere: Ayant esté trouvé apropos parmy les Generaux et les Ingenieurs qu'on attacqueroit de jour et non pas de nuit, on commanda a l'heure que j'ay dite cent Anglois des trois regiments, qui auoyent la garde aux approches, auec 50 travailleurs et 100 autres Anglois pour les soustenir. Ces premiers, diuisés en 3 trouppes, emporterent l'ouvrage en un moment auec dix ou 12 hommes de perte, non obstant que la cavallrie des ennemys fit au mesme temps de l'attaque une sortie pour coupper nos gens entre la teste
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de nos ouvrages et le bastion; mais trois regts d'Osnabrug ayant la garde dans la trenchée les repousserent et ils lascherent honteusement le pied. Nos gens au bastion decouvrirent incontinent les mines qu'il y auoit, et la dessus y ayant esté commandé, les autres cent anglois ils y entrerent et y furent touts ensemble environ une bonne heure, au bout de laquelle une terreur panique les saisissant a ce que dit S.A. (d'autres disent que c'estoit le feu qui se mit dans quelque poudre et que les soldats prirent pour celuy d'une mine) ils abandonnerent touts le bastion et les ennemys y rentrerent en mesme temps par la bresche. Durant la premiere attacque S.A. auoit fait venir ses 2 regts de la Lecq et de Montpouillan pour releuer le cauallerie d'Osnabrug qui auoit assez paty. On resolut donc de faire une seconde attaque, mais elle ne reussit pas, les soldats n'ayant pû monter la bresche que les ennemys auoyent fermée de chevaux de Frise et la defendoyent auec des faux, et de la cavallerie des ennemys estant resortye en mesme temps pour la deuxiesme fois, mais les gardes de corps et le regt de cavallerie ayants poussé a eux, ils s'enfuirent encore laschement, nos gens faisants extremement bien. Il y eut beaucoup de nos gens blessés et tués a cette action; le Comte de Solms, Capne aux gardes, blessé dangereusement a la jambe, l'adjutt d'Ouwerkerck tué, son petit trompette qui avoit esté a Montpouilan tué, quelques Capnes et plusjeurs moindres officiers tués et quantité blessés. Schretel eut un coup a travers de la jambe, un frere de Hekeren, enseigne aux gardes, tué, Hemskercke
Capn de cauie, blessé dangereusement, de mesme Halling et Alter lts aux gardes, Rhynenburg eut un cheval tué soubs luy.
Apres cette affaire manquée S.A. dit au C. de Waldec, qu'on seroit obligé d'aller a la sappe et que pourtant il esperoit de faire sauter l'ouvrage dans deux jours, escriuant le 30.
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Pendant que nous estions a table chez Dyckvelt nous entendismes un grand coup qui secoua toute la maison et fit tomber beaucoup de poussiere sur la table et ce furent 40 barils de poudre ou le fen se mit sur une de nos batteries et brusla force gens, en tua cincq ou six, bruslant aussi le Cor. Beaumont qui estoit lâ.
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Vendredy. 31.
Je receus une lettre de la cousine Zueerts. Je mis au net le dechiffrement d'une lettre de l'Evesque de Strasbourg dont j'auois trouvé la clef le jour d'auparavant. Cette lettre estoit vieille et je ne la dechiffray que pour m'exercer.
Il y auoit un Envoyé moscovite au camp ces jours icy, un grand vilain et sale extremement, et s'appelloit Trifona Mensinova et estoit une espece de Commis dans la Chancelerie du Czar.
On prit une femme auec de lettres s'en allant de Liege a Mastricht. Mais tout ce qu'on luy trouva ne furent que de lettres particulieres et rien d'important.
Le maigre Heuft, ordonné pour se tenir aupres du duc de Villa-Hermosa, me manda que les Espagnols ne voyoyent gueres d'apparence pour le secours d'Aire, et que le duc mesme le luy auoit dit, adjoustant que les demarches qu'il faisoit n'estoyent que pour contenter le peuple. |
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