Oeuvres complètes. Tome XXII. Supplément à la correspondance. Varia. Biographie. Catalogue de vente
(1950)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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Huygens académicien 1666-1681. | |
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§ 1. Séjour et travaux à Paris de mai 1666 à août 1670.Partant le 21 avril pour Paris, Huygens put probablement faire usage d'un yacht du jeune prince d'Orange: ce navire était, paraît-il, à la disposition de son pèreGa naar voetnoot1). Le voyage n'eut sans doute pas lieu par mer puisque les Provinces-Unies étaient en guerre avec l'AngleterreGa naar voetnoot2). Le 4 juin il fut présenté par Colbert au RoiGa naar voetnoot3) qui lui dit ‘force choses obligeantes’Ga naar voetnoot4). Ce fut par son intermédiaire que le père Constantyn reçut vers la fin de 1666 de la part de Louis XIV un portrait orné de diamantsGa naar voetnoot5).
Suivant Maindron ce fut de Carcavy, bibliothécaire du RoiGa naar voetnoot6), qui procéda le 22 décembre à l'installation de la nouvelle Académie sans qu'aucune forme légale fût attribuée à sa fondation et sans qu'aucun acte public fût dressé de la prise de possession de son localGa naar voetnoot7). Colbert avait transféré la Bibliothèque du Roi de la rue de la Harpe à la rue Vivienne dans une maison qui lui appartenaitGa naar voetnoot8) et qui avoisinait l'hôtel dont il avait fait sa résidence; c'était dans cette Bibliothèque - située à l'extrémité du jardin de l'hôtel Colbert vis-à-vis du palais Mazarin - que se trouvait le dit local. Nous avons déjà mentionné ailleurs ce jardin où l'on pouvait observer le cielGa naar voetnoot9). Le Tome I des Registres de l'Académie donne en effet au début cette date: ‘Ce | |
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22 de decembre 1666. Il a este arreste dans la compagnie 1. qu'elle s'assemblera deux fois au début; le mercredy et le samedy. 2. que l'un de ces deux jours, sçauoir le mercredy, on traittera des Mathematiques, le samedy on trauaillera a la Physique. 3. comme il y a une grande liaison entre ces sciences, on a jugé a propos que la compagnie ne se partage point, et que tous se trouvent à l'assemblée les mesmes JoursGa naar voetnoot10)’. On s'était pourtant déjà assemblé plusieurs mois avant décembre; savoir le 2 juillet, pour observer une éclipse du soleilGa naar voetnoot11); mais ce fut alors dans la maison de Colbert que se réunirent les académiciens mathématiciens - Auzout, Buot, de Carcavy, Frenicle, Huygens et Roberval -; on y constata, contrairement au sentiment des astronomes antérieurs, que la lune n'avait ‘aucune apparence d'atmosphère’Ga naar voetnoot12). Picard, encore absent, observait à Passy. On s'était même déjà réuni le 16 juin dans une autre maison pour observer une éclipse de lune; ce que le temps couvert avait fait échouer. Et le 18 juin Oldenburg écrit à Boyle avoir appris qu'on a commencé à s'assembler pour faire quelques règlemensGa naar voetnoot13). On fit usage dans l'observation du 2 juillet d'‘une pendule de Monsieur Hugens, qui marque tres iuste les Secondes, et qui a esté eprouvée depuis longtemps’. On se servit aussi de treillis placés ‘dans le foyer du verre objectif’ des lunettes, formés de ‘fils de soye ou de métal tres-déliés’, dont il est dit dans l'‘Histoire de l'Académie Royale des Sciences’ de 1733 que ‘M. Huygens avoit eu la première idée’Ga naar voetnoot14). Toutefois, comme il est parlé dans le rapport ‘des cheveux et des treillis’ dont on se servit, il semble bien qu'il y soit aussi, ou surtout, question de micromètres à cheveux mobiles tels qu'ils furent employés par Auzout et PicardGa naar voetnoot15). Ce fut sans doute dans le jardin de la BibliothèqueGa naar voetnoot16) que Picard mesura les diamètres de différentes planètesGa naar voetnoot17) et que Huygens prit le 31 décembre avec un sextant la hauteur du pôleGa naar voetnoot17). Voyez sur un quadrant la note 3 de la p. 7 du T. XXI. On se considérait cependant encore comme ‘manquant d'instruments’Ga naar voetnoot18). Le 2 janvier 1667 on résolut de faire faire une machine pour prendre exactement la hauteur du pôleGa naar voetnoot19). Apparemment on s'intéressait généralement à l'astronomie. | |
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Quelques importantes Pièces de Huygens, écrites en 1666, furent lues et discutees à l'Académie en 1667Ga naar voetnoot20). Nous le voyons aussi, vers la fin de 1666, s'appliquer à la lecture de l'‘Almagestum novum’ de RiccioliGa naar voetnoot21), Ouvrage qu'il connaissait d'ailleurs déjà bienGa naar voetnoot22). Le programme de Huygens, daté 1666Ga naar voetnoot23), n'a pas été incorporé dans les Registres. En le comparant avec le fac-simile collé dans notre T. XIXGa naar voetnoot24) on voit que non seulement le no 28 y a été ajouté un peu plus tard mais aussi, au no 11, la mention de l'expédition de Madagascar sur laquelle Auzout lut un mémoire le 11 janvier 1667Ga naar voetnoot25). Au début Auzout, qui devait s'éclipser en 1668, fut fort actif. C'était lui qui avait proposé à Louis XIV la construction de l'observatoireGa naar voetnoot26) commencée en 1667 et qui fut achevée en 1672.
Quant aux lunettes, Huygens s'intéressa dès 1666 aux Campanines dont il fit construire, par Menard, plusieurs exemplairesGa naar voetnoot27). Voyez aussi une petite Pièce avec figure à la p. 600 du T. XIII. Une autre Pièce, de 1667Ga naar voetnoot28), soit dit en passant, traite de télescopes à deux lentilles.
Nous constatons aussi qu'en 1666 il avait déjà l'intention de parler de l'équilibre de la balance: il se proposait de déduire la loi fondamentale de cet équilibre de l'axiome de la non-existence du moteur perpétuelGa naar voetnoot29).
Il ne semble pas impossible qu'en ces mois il ait aussi travaillé quelque peu à sa DioptriqueGa naar voetnoot30). Ce qui est certain, c'est qu'il fit faire des formes pour fabriquer des lentilles de 60 pieds; la première de ces formes fut prête au commencement de novembre. D'autre part il s'intéressait, de même que ses parents, à la carrosserie, nous l'avons déjà dit à la p. 203 qui précède. | |
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Le traitement de Huygens était de 6000 livres par anGa naar voetnoot31). Aucun autre académicien ne recevait pareille somme. On le considérait comme ‘omnium caput’Ga naar voetnoot32). Quant à son logis, il put s'installer au mois d'août dans un appartementà la Bibliothèque Royale. Il pouvait donc assister aux séances de l'Académie sans sortir de chez lui. Dans le même bâtiment il y avait une salle pour les dissectionsGa naar voetnoot33). On trouve une description de son logis à la p. 727 du T.X.; il y eut e.a. la ‘troisième chambre’ ou ‘laboratoire’ où étaient rangés ses ‘instrumens et machines’. Il dînait seul quand il n'avait pas d'hôte, soit Auzout soit un autre. Le soir il passait souvent dans le quartier de son collègue de Carcavy pour y causer une heure ou deux, parfois aussi pour y souper ou jouer au trictrac. D'autres sois de Carcavy venait chez luiGa naar voetnoot34) et comme nous apprenons que l'ami Chieze y perdait de l'argent, il appert qu'il y avait généralement des enjeux.
Avait-il encore beaucoup de commerce avec ses anciens amis, qui n'étaient pas ses collègues, Boulliau, Thévenot, Conrart, de Roanez, Chapelain et Petit, dont les deux derniers vieillissaient? Leurs noms - excepté celui du duc de Roanez qui s'intéressait notamment aux moulins - se trouvent rarement dans nos T. VI et suivants. Celui de Conrart pas avant 1673: Huygens lui envoie alors l'‘Horologium oscillatorium’. Celui de Thévenot en 1670Ga naar voetnoot35): il propose que Huygens reconvalescent se retire chez lui à la campagne ce qui n'eut apparemment pas lieu; en 1672 Huygens se rend un soir chez lui à Issy. Sur Chapelain on peut consulter la lettre LII à la p. 94 qui précède. De Montmor, quoiqu'il vécût jusqu'à 1679, n'est plus mentionné qu'une seule fois, en 1668, où Huygens dit qu'il est éternellement - mais sans succès - à faire des machines pour braquer des lunettesGa naar voetnoot36). Quant à Mylon, il était mort au moins depuis 1665Ga naar voetnoot37). | |
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Il semble toutefois possible que le commerce avec quelques-uns d'entre ces amis ait été un peu plus fréquent que ces quelques données ne le font voir, puisque ‘M.le Premier’, H. de Beringhen, qui s'était tant intéressé à Huygens lors de son séjour de 1660-1661 à Paris, est également à peme mentionné par luiGa naar voetnoot38) et que néanmoins quelques lettres de Constantyn père font voir que les relations n'étaient pas rompuesGa naar voetnoot39). Il est donc possible qu'il soit question de Boulliau dans la lettre à Lodewijk d'août 1666Ga naar voetnoot40) où Huygens parle d'une personne de qualité croyant aux horoscopes et voulant toujours dresser le sien. Il est vrai que la note en cet endroit dit à bon droit que cette personne de qualité peut aussi fort bien être Auzout. Dans une lettre de février 1662 à LodewijkGa naar voetnoot41) Huygens affirme qu'Auzout croit à la valeur de ses prédictions astrologiques. Or, il est certain qu'en 1666 il voyait Auzout beaucoup plus que Boulliau qui n'avait plus de chambre à la BibliothèqueGa naar voetnoot42) et était souvent absent de Paris.
Il semble donc admissible qu'à table Auzout ait causé avec Huygens de ce sujet, de même qu'il avait causé avec lui en 1660Ga naar voetnoot43) ‘de l'âme’ et ‘de Moise’ ce qui peut avoir été un discours sur le problème de la création. Il serait impossible de reconstruire des conversations de ce genre. Ce qui est certain c'est que nul n'aurait pu convertir Huygens à l'astrologie; et nous ne trouvons pas qu'à l'Académie il ait jamais été question de cette pseudo-science. Il convient toutefois d'avoir égard au fait que tout astronome de ce temps, connaissant Tycho Brahé, Kepler, et tant d'autres, savait que l'astrologie (dont, il est vrai, beaucoup de grecs s'étaient déjà affranchis) avait été en quelque sorte la mère de l'astronomie; elle ne paraissait donc pas encore à tout savant tout-à-fait aussi surannée qu'elle le paraît aujourd'huiGa naar voetnoot44). | |
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À l'Académie on se conformait sans doute strictement à ce qui avait déjà été établi dans le Project de 1665: ‘On ne parlera jamais dans les Assemblées des misteres de la Religion ny des affaires de l'Estat: Et si l'on parle quelque fois de Metaphisique, de Morale, d'Histoire ou de Grammaire etc. ce ne sera qu'en passant, et autant que cela aura du rapport à la Physique, ou au commerce des hommes’. À en juger par les Registres on n'a peut-être jamais discouru d'aucun de ces sujets, excepté - plus ou moins ‘en passant’ - de l'histoire des sciences: le discours de Huygens de 1667Ga naar voetnoot45) traite brièvement de l'histoire de l'astronomie. Quant au ‘commerce des hommes’ le Project parle beaucoup plus de tout ce qui est utile pour la société que de science pure: ‘le dessein de la Compagnie est de trauailler à la perfection des Sciences et des Arts, et de recercher generalement tout ce qui peut apporter de l'utilité ou de la commodité au Genre humain et particulierement à la france’, etc. Nous remarquons que néanmoins ‘la perfection des Sciences’ et la ‘Geometrie’ y sont mentionnées en premier lieuGa naar voetnoot46). D'après la ‘Regiae scientiarum Academiae historia’ de 1698 de J.B. du Hamel, Oratorien, secrétaire de l'Académie, lorsque celle-ci fut créée le gouvernement visait à l'utileGa naar voetnoot47), tout aussi bien que les auteurs anonymes du Project. ‘Hanc Academiam non tantùm eo nomine utilem fore existimavit [Rex], quòd fructuosa & novis inventis ferax futura esset, sed vel eo maximè, quod ab aliis excogitata, quaeque ex publico usu esse possunt, diligentiùs expendens, illud imprimis caveret, ne sumptus inutiles in probandis singulorum inventis insumerentur’. Toutefois Colbert n'avait fait preuve, dans le choix des membres, d'aucune étroitesse d'esprit: l'un d'eux, Frenicle, devait sa célébrité à sa connaissance des propriétés des nombres ainsi qu'à ses études sur les carrés magiques qui aujourd'hui encore ne sont qu'un jeu d'esprit. Il est vrai - on l'a vu plus haut - que Frenicle ne dédaignait pas de s'intéresser aussi à l'anneau de SaturneGa naar voetnoot48). Dans sa première lettre il loue Huygens de n'avoir été ‘porté a faire tant de belles observations que par le seul desir de trouuer la vérité, & de donner quelque accroissement, & de l'eclaircissement aux sciences’. On peut comparer avec cette affirmation de Frenicle ce que nous avons dit ailleurs nous-mêmes sur Huygens qui d'autre part était disposé à rechercher aussi l'utileGa naar voetnoot49). | |
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Les membres Picard et Mariotte, l'un et l'autre ecclésiastiques, étaient inconnus à Huygens avant 1666. Il en était de même des médecins-chimistes du Clos et Bourdelin et du médecin physicien Marin Cureau de la Chambre. Comme on l'a vu plus haut, Huygens avait plusieurs fois rencontré chez de Montmor l'anatomiste Pecquet. Il ne mentionne nulle part ni Gayant, anatomiste († 1673), ni Nic. Marchant, botaniste († 1678). Quant à du Hamel, Huygens parle en 1662Ga naar voetnoot50) d'une lettre de lui qu'il apporte avec soi; nous ne voyons pas qu'on en puisse rien conclure. Reste Claude Perrault, médecin et architecte, avec lequel, ainsi qu'avec ses frères, il fut intimement lié dans la suite; on a vuGa naar voetnoot51) qu'il l'avait déjà visité à Viry en 1663.
Dans les lettres conservées Huygens parle peu de ses collègues et des séances à l'Académie. Il semble probable que nous saurions davantage sur ces séances si les lettres qu'il adressait régulièrement à son père nous étaient parvenues. Mais nous n'avons que celles qu'il écrivit à ses frères Constantyn et Lodewijk, et à son beaufrère DoubletGa naar voetnoot52). Nous apprenons en septembre 1667 que ‘l'humeur de la lunetterie’ était revenue au frère Constantyn, tandis que Christiaan lui-même, n'ayant ‘aucun compagnon au travail’, ne s'appliquait plus personnellement à la taille de lentilles. En général il est beaucoup question dans ses lettres à Constantyn de choses d'optique. La qualité du verre - malgré les prescriptions de mars et novembre 1667Ga naar voetnoot53) - fut ce qui laissa le plus à désirer. Sous ce rapport Campani et Divini en Italie étaient en meilleure position. ‘Je voudrois scavoir quelle grandeur d'ouverture Spinosa et Monsieur Hudde determinent pour les 40 pieds. Suivant mon calcul il y auroit pres de 5 pouces, et pour 60 pieds 6½ pouces, et pour 100 pieds pres de 10 pouces. Ce calcul est bien plus aisè a faire, que des verres de la bontè requise pour souffrir d'estre tant decouuerts’. Nous avons cité ce passage dans le T. XIIIGa naar voetnoot54); Huygens emprunte ces chisfres à sa table qui y occupe la p. 353. Il n'a pu encore y tenir compte de l'aberration chromatique. Mais il sait déjà fort bien que ‘la determination des ouvertures a son premier fondement dans l'experience’Ga naar voetnoot55). Il s'inté- | |
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resse constamment au travail de Constantyn et lui donne des conseils. Constantyn lui envoie des objectifs taillés par lui-même. À Paris les ‘maistres lunettiers...ont chacun leur manieres et methodes qu'ils ne veulent pas que d'autres scachent’. Nous avons d'ailleurs parlé de ces travaux - auxquels nous revenons encore plus loin - dans notre Avertissement au ‘Mémoire sur la taille des lentilles’Ga naar voetnoot56). Nous y disions que Huygens connaissait Menard qui travaillait pour lui depuis 1663; il le connaissait même déjà quelques années plus tôt comme on l'a vu plus hautGa naar voetnoot57). Dans ces lettres à Constantyn il est aussi question de la construction de microscopesGa naar voetnoot58).
Trois nouveaux membres furent nommés en 1668 et 1669, savoir en 1668 l'abbé et helléniste J. Galloys qui rédigeait le Journal des Sçavans depuis 1666, en 1669 Fr. Blondel, mathématicien et architecte, et J.D. Cassini, d'abord professeur d'astronomie à Bologne (depuis 1650). Dans ses lettres Huygens ne fait nulle part mention de Blondel quoiqu'il l'eût déjà rencontré à la Haye en 1654 et vu un manuscrit de luiGa naar voetnoot59). Quant à Cassini, il connaissait depuis 1662 ses ‘Observationes’ de cette année, sans doute aussi celles de 1656Ga naar voetnoot60), et était aussi au courant de ses publications et observations ultérieuresGa naar voetnoot61) e.a. de celle de 1665 de la rotation de JupiterGa naar voetnoot62). Déjà en octobre 1668 Huygens dit souhaiter fort sa venue, tant ‘parce qu'il est fort bon astronome’ que ‘pour ses lunettes qui ont fait de belles decouvertes’Ga naar voetnoot63). Il écrit dans le même sens à Oldenburg, secrétaire de la Royal Society, disant se réjouir ‘de l'estime que ceux de la Societè Royale font de son merite, laquelle assurement est fort bien fondée et je scay qu'elle se confirmera de plus en plus’. Les années suivantes ont fait voir qu'il avait bien vu.
Nous ne croyons pas devoir résumer ici la correspondance de Huygens avec le secrétaire de la Royal Society; il convient toutefois de signaler que dans la première lettre, où Oldenburg le félicite de son heureuse arrivée à Paris, il exprime comme suit sa foi en l'avenir du genre humain: ‘J'espere qu'auec le temps toutes les Nations tant soit peu polies s'entre embrasseront comme cheres compagnes, et feront une conjonction de leur forces tant de l'Esprit que des biens de la fortune, pour chasser | |
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l'ignorance, et pour faire regner la vraye et utile Philosophie’. Sans doute, pour obtenir le possible, il faut viser haut; malgré notre maladresse et nos continuelles rechutes dans l'égoïsme il semble possible que l'humanité puisse se développer dans le sens indiqué. Il est vrai que les gouvernements ne peuvent guère être aussi idéalistes que les particuliers bien intentionnés. Mais tant le gouvernement anglais que le gouvernement français avaient fait preuve, par la création de leurs Académies des Sciences, de vouloir faire profiter l'humanité tout entière des lumières et des efforts de groupes de savants pouvant être considérés comme représentatifs. Comparez ce que Huygens dira en 1673Ga naar voetnoot64) dans sa Dédicace à Louis XIV de l'‘Horologium oscillatorium’ sur le but du roi de rendre le monde entier plus savant, plus civilisé, plus heureux, ce qu'il appelle ‘la gloire la plus véritable et la plus haute’ du règne.
Outre le grand programme déjà mentionné nous connaissons plusieurs autres programmes de HuygensGa naar voetnoot65); l'un d'euxGa naar voetnoot66) a apparemment été approuvé par Colbert avant d'avoir été lu à l'Académie; il paraît par conséquent possible qu'il en ait été de même pour d'autres. Nous remarquons que Huygens propose de ‘travailler à l'histoire naturelle’ - c.à.d.à la physique proprement dite aussi bien qu'aux sciences naturelles - ‘à peu près suivant le dessein de Verulamius’ et affirme que l'utilité des investigations ‘s'estend a tout le genre humain et dans tous les siècles à venirGa naar voetnoot67)’. D'autres programmes de lui se rapportent spécialement à la mécaniqueGa naar voetnoot68). Divers collègues lurent également des projets. Déjà le 31 décembre 1666 du Clos, suivant les Registres, proposa ‘un plan des principales matieres qui fe doivent traitter dans la chymie’, désigné aussi par ‘project d'exercitations physiques’; en janvier Cl. Perrault lut un ‘project pour les experiences et observations anatomiques’ et de Carcavy ‘un extrait des projets que chacun avait donné’. Nous en faisons mention ici d'une part pour ne pas donner en panégyristes partiaux à la figure de Huygens un semblant exorbitant de prépondérance, d'autre part pour qu'on se réalise combien de sujets nouveaux sollicitaient désormais son attention, sans qu'il pût évidemment les étudier à fond. Il eût sans doute pu parler dès 1667 de la ‘diversité et quantité [de ses] | |
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occupations’Ga naar voetnoot69) qui d'ailleurs n'étaient pas toutes liées à l'Académie. Nous venons de dire que le duc de Roanez s'intéressait aux moulins; ce n'était pas seulement pour Colbert, c'était aussi pour lui que Huygens en faisait venir des descriptions de la Hollande. La question de l'élévation de l'eau en quantité et à grande hauteur était, comme toujours, importante et Colbert lui adressait les inventeurs pour qu'il examinât leurs projetsGa naar voetnoot70). En mars 1667 nous le voyons examiner en outre, à la demande du Duc Mazarin, la machine d'un entrepreneur pour faire aller des fontaines avec l'eau de la rivièreGa naar voetnoot71). À l'Académie on examinait des projets pour trouver la longitude sur mer, autrement que par le transport d'horloges; on a pu lire dans le présent Tome ce qui se rapporte à des projets de ce genre (années 1668 et 1669) par trois inventeurs, Reusner, Graindorge et des HayesGa naar voetnoot72). Il y eut d'autres inventeurs: voyez la p. 276 qui précède ainsi que la p. 19 du T. XIX où il est question des ‘Machines et inventions approuvées par l'Académie Royale des Sciences’ depuis 1666. Quant à l'anatomie Huygens s'est beaucoup intéressé à la dissection d'un oeil, en février 1667, par Pecquet, Cl. Perrault et GayantGa naar voetnoot73). Il comprit de suite que l'accommodation se fait par un changement de forme du cristallin, non pas par un déplacement de cet organe, et aussi que c'est sur la rétine que se fait la ‘pictura’. Malheureusement, il semble s'être laissé convaincre du contraire (par qui?) dans le cas du cristallin, et par Mariotte, disputant contre Pecquet, dans le cas de la rétine: Mariotte soutint que la peinture se forme sur la choroïde et Huygens dit juger ses raisons plus fortesGa naar voetnoot74). Il eût certes mieux fait, en cette occasion, de s'en tenir à son propre jugement. Le parfait rapport à une fin, tant pour l'oeil que pour l'oreille, ‘marquent tres evidemment’, dit-il ‘que ce ne sont pas des productions du hazard ou de la matière fortuitement remuée’; c'est de la première genèse des organismes qu'il entend parler; car excepté pour la période de la création il s'est toujours montré déterministeGa naar voetnoot75). Il parle de ‘l'artifice de la nature dans la construction des yeux’, organes que ‘la nature a destinè au sens de la vue’. Pour cette construction ‘il faut avoir sceu’ bien des choses. ‘Une haute intelligence de géometrie’ se manifeste ici ‘plus qu'en aucune autre chose qui soit dans la nature’. Il distingue donc la natura naturans de la natura a natur ata, tout en n'employant qu'une seule et même expression: la nature. | |
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Tant la vue que l'ouïe sont pour lui ‘des productions d'une intelligence et puissance supreme et incomprehensible’. L'oeil anatomisé provenait d'une femme pendue. On fit d'ailleurs la dissection de tout son corps. Une autre fois on apporta dans le même but une tête d'un Suisse ‘toute fraiche apres l'execution faite’Ga naar voetnoot76). Huygens dit déjà s'habituer à ‘ces sortes de spectacles’ pour lesquelles on a d'abord ‘quelque aversion’Ga naar voetnoot77).
Le 4 février 1668 tant Cl. Perrault que du Clos et Huygens lurent à l'Académie ‘leurs projects de la physique, ou des plans pour travailler aux choses physiques’. Le programme VGa naar voetnoot78) peut donc dater de 1668. Il est vrai qu'il y est questionGa naar voetnoot79) du commencement des Registres; il peut donc aussi être plus ancien. Huygens y parle de ‘recueillir l'histoire de tous les animaux et toutes les plantes’. De ‘la connoissance des causes qui consiste en une parfaite intelligence de la conformation de tous les corps physiques et des causes des effects qu'on en observe..l'utilitè seroit infinie quand quelque jour on en sera venu a bout’. Aurait-il vraiment cru qu'un jour on en viendra à bout? Il ressort au moins de ses paroles qu'il croyait fermement au progrès.
En janvier 1667 Huygens communiqua à l'Académie une expérience sur la force de la gelée: il avait fait crever un canon de mousquetGa naar voetnoot80).
En cette même année il put plusieurs fois entretenir ses collègues de sujets de mathématique. Il leur proposa d'abord, sans démonstration semble-t-il, sa Règle pour trouver les logarithmes. Ensuite (II) la ‘Demonstratio regulae de maximis et minimis’, ainsi que (III) la ‘Regula ad inveniendas tangentes linearum curvarum’. On peut voir dans le T. XX qu'il s'agit de Pièces écrites plus tôtGa naar voetnoot81). Par contre la Pièce IV du même Tome sur les Courbes paraboloïdes et hyperboloïdes a apparemment été écrite, en juillet 1667, pour l'AcadémieGa naar voetnoot82); la première partie, il est vrai, se rat- | |
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tache à une Pièce de 1657Ga naar voetnoot83). Il s'agit de paraboles et hyperboles de degrés supérieurs. Les Registres mentionnent en outre que Huygens parla, en août, ‘du livre de Wallis’Ga naar voetnoot84). Nous avons traité de ces Pièces dans un Avertissement du T. XXGa naar voetnoot85).
Des mois d'août et de septembre date aussi une Pièce insérée dans les Registres sur l'équilibre de cordes tendues par des poids, disons plus simplement de spartostatique; du Hamel rapporte que Huygens en traita aussi oralementGa naar voetnoot86); nous avons remarqué dans le T. XIXGa naar voetnoot87) que ce sont bien des déplacements infiniment petits virtuels que Huygens y considère puisqu'il donne au § 1 au noeud des cordes un déplacement dans une direction quelconque dans le plan des trois cordes considérées. Un peu plus tard il fit un rapport du livre de G.A. Borelli ‘De vi percussionis’ qui venait de paraîtreGa naar voetnoot88). Et il semble bien que les Pièces sur la collision tant des corps durs que des corps mous qui remplissent les p. 156-167 du T. XVI datent de la même époque.
Son Traité sur les couronnes et parhélies n'avait pas été imprimé. Il put s'en servir dans sa brochure ‘Relation d'une observation faite à la Bibliothèque du Roi’ publiée à Paris en 1667: voyez notre Appendice XI au dit Traité dans le T. XVIIGa naar voetnoot89), notamment le § 4. Nous signalons aussi à ce propos la Pièce de mars 1667Ga naar voetnoot90) ‘Ex data proportione refractionis, invenire angulum iridis secundariae’. Dans les observations de Saturne de 1667 il fut aidé par Picard, Buot, et Richer, ce dernier ayant été, avec quelques autres jeunes gens, adjoint aux académiciens. Il s'agissait de déterminer tant l'inclinaison du plan de l'anneau avec le plan de l'équateur qu'avec celui de l'écliptique. Voyez les Pièces No. 1598 et No. 1600, datant du mois d'août, de notre T. VIGa naar voetnoot91). Il semble probable que les observations antérieures - | |
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celles du mois de juillet - rapportées dans le T. XVGa naar voetnoot92) ne furent, elles aussi, pas faites par Huygens seul (‘Saturni diameter observabatur’ etc.). Ces observations de 1667 se rattachent à celles de 1661, mentionnées à la p. 582 qui précède, comme on peut le voir à la p. 477 du T. XV. Les évaluations sur les dimensions de l'anneau et sur l'inclinaison de son plan sur l'écliptique furent sensiblement modifiées par elles.
Depuis dix ans Huygens était déjà plus ou moins persuadéGa naar voetnoot93) que tout phénomène physique doit s'expliquer - en dernier lieu, bien entendu - par les mouvements de corpuscules infiniment durs. Du moins c'est un principe que, selon lui, il faut poser. Vers la fin de 1667 il dresse une liste d'un certain nombre de phénomènes où se manifeste à son avis l'action de la ‘matiere tres subtile et deliee’. Il n'y parle pas de la lumière: la matière ici considérée était sans doute à ses yeux, déjà en ce temps, beaucoup plus fine que celle qui transmet la lumière. Dans cette matière subtile il ne distingue pas encore, comme il le fera bientôt, plusieurs degrés de finesse. Elle explique e.a. - comparez la p. 591 qui précède - ‘l'extension grande de l'air quand on lui ôte la pression’. On trouvera cette liste à la p. 553 du T. XIX. C'est ainsi qu'il a l'ambition - malgré sa modestie - de dominer la nature tout entière par la pensée. On peut appeler cela une idée fixe; on peut aussi parler d'un sentiment de devoir ou d'une vocation. Sa position à l'Académie le forçait de jouer le rôle de l'homme qui sait.
En janvier 1668 on ‘examina’ à l'Académie des règles du mouvement de Huygens. Trois séances y furent consacréesGa naar voetnoot94). Les Registres se bornent à cette brève notice, de sorte que nous sommes incapables de nous faire une idée sur la valeur et la portée des discussions. Nous ignorons jusqu'à quel point Huygens fit connaître ses vues sur le mouvement auquel il avait voué les programmes mentionnés plus hautGa naar voetnoot95). Des annotations tirées du Manuscrit D et datant de 1668, ont été publiées dans le T. XVIGa naar voetnoot96) où il a été ditGa naar voetnoot97) qu'elles ont sans doute servi dans les discussions mentionnées de janvier de cette année. Il ne peut guère en avoir été ainsi, puisque ces | |
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annotations datent de la fin de 1668Ga naar voetnoot98). Elles se rapportent sans doute à une conférence puisqu'il y est dit au no. 15 à propos de la rotation: ‘on en par ler a dans une autre occasion’; cette conférence n'a pas été notée dans les Registres et nous ne trouvons pas que du Hamel en fasse mention dans son ‘Historia’. Nous croyons cependant en pouvoir parler un peu plus loin, en lui donnant par hypothèse la date de décembre 1668 ou janvier 1669Ga naar voetnoot99).
Nous apprenons par une lettre du 2 février 1668 au frère Lodewijk que Huygens avait achevé sa traduction du ‘Kort Onderwijs’ (Brève instruction etc.) de 1665Ga naar voetnoot100). À cette traduction se rattachent quelques pages publiées dans le T. XVIIIGa naar voetnoot101) où il est traité e.a. de la détermination de l'heure pour deux hauteurs égales du soleil, l'une avant, l'autre après midi. La construction, par Thuret, des horloges marines devant servir à la mesure des longitudes continuait toujoursGa naar voetnoot102). Voyez sur les horloges à pendule conique la p. 437 du T. XVIII.
Le 4 février Huygens, ainsi que Cl. Perrault et du Clos, - nous l'avons déjà dit plus haut - lurent ‘leurs projects de la physique, ou des plans pour travailler aux choses physiques’. Il est possible que deux autres discours datent du même tempsGa naar voetnoot103). En ce même mois de février on traita à l'Académie de l'équilibre de la balance. Après Roberval Huygens lut une ‘demonstration sur la proportion réciproque des distances et des poids’Ga naar voetnoot104). Ce fut vers la fin du même mois que Huygens fit un calcul sur la chute brachistochroneGa naar voetnoot105). Ce qui le conduisit à faire ce calcul fut sans doute la lettre que son collègue | |
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Mariotte lui adressa de DijonGa naar voetnoot106). Cette lettre fait voir que Mariotte venait seulement de lire les dialogues de Galilée: il avait traité dans l'assemblée des mouvements des pendules, de la chute des corps graves etc. d'après ses propres idées, sans connaître encore les oeuvres du savant italien, et Huygens les lui avait signalées. Deux ‘principes naturels’ et huit propositions étaient jointes à la lettre. Dans la dernière de ces propositions Mariotte disait que la chute par une ligne brisée composée de cordes inscrites dans un quart de circonférence de cercle est vraisemblablement d'autant plus rapide que le nombre de ces cordes, supposées égales entre elles, est plus grand, et que la chute le long du quart de circonférence lui-même est sans doute la plus rapide de toutes. Se bornant à considérer la circonférence de cercle il n'envisage pas la possibilité que la chute le long d'une autre ligne pourrait conduire le point glissant dans un temps encore plus court du point initial au point extrême donnés. Huygens ne considère que deux cas, d'abord celui où les deux points sont reliés par une ligne brisée composée de deux droites égales entre elles; l'équation obtenue est d'un degré trop élevé pour qu'il lui soit possible de déterminer la longueur des droites qui rend le temps de chute minimal; ensuite le cas d'une seule droite inclinée à laquelle fait suite une horizontale; dans ce cas il réussit à trouver l'inclinaison qui correspond au temps le plus court. Il a peut-être jugé ce résultat trop insignifiant pour en faire part à Mariotte ou d'autres collègues. Mais le problème de la brachistochrone était posé.
Depuis le 17 mars jusqu'au 12 mai des expériences furent exécutées à l'Académie - et dans son laboratoire à lui - avec ‘une machine pneumatique de nouvelle fabrique qu'il avait fait faire’Ga naar voetnoot107) dont nous possédons trois descriptions concordantesGa naar voetnoot108). Il s'en était sans doute déjà occupé en 1667, vu la figure d'une machine de cette annéeGa naar voetnoot109). Du Hamel fait déjà mention de Papin - mais sans qu'on en puisse rien conclure sur la date de son arrivée à Paris - lequel publia un grand nombre d'expériences en 1674Ga naar voetnoot110). | |
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Le 4 avril Huygens fit ‘l'examen d'un livre nouveau de James Gregory, de vera circuli et hyperbolae quadratura’. Il fit voir, suivant les Registres, que Gregory démontre mal l'impossibilité de ces quadratures. Une polémique quelque peu envénimée en résulta sur laquelle on peut consulter les T. VI et XXGa naar voetnoot111). Deux des Pièces de Huygens parurent dans le Journal des SçavansGa naar voetnoot111). On y voit en même temps qu'il s'intéressait toujours aux approximations de la surface du cercle et des espaces hyperboliques. Deux autres Pièces se rapportent à ce dernier sujet, une de juillet sur la dimension d'un espace hyperboliqueGa naar voetnoot112), une d'octobre sur la quadrature approchée du cercleGa naar voetnoot113). La dernière qui ne fut pas publiée était nouvelle, la première eût pu voir le jour déjà en 1662; nous en avons parlé plus hautGa naar voetnoot114). Il en fut de cette Pièce sur les espaces hyperboliques comme de celle sur le calcul des logarithmes: Huygens donne le résultat de son raisonnement, mais il garde la méthode du raisonnement, ou calcul, pour lui-même. À ces Pièces se rattache aussi plus ou moins celle, non publiée, de la fin de 1668 ‘De combinationum mirandis’Ga naar voetnoot115) puisque, tout aussi bien que celle sur les espaces hyperboliques, elle fait usage de ce qui fut établi dans la Pièce de 1661 sur la courbe logarithmique. Huygens y trouve une limite supérieure fort exacte pour l'expression n (n - 1) (n - 2)...3. 2. 1 ou n! (faculté de n)Ga naar voetnoot116). La Fig. 63 de la p. 414 du T. XX, soit dit en passant, n'est pas tirée d'un manuscrit; nous l'avons ajoutée nous-même. C'est la seule fois de sa vie qu'il se soit occupé des combinaisons et permutations. Nous avons remarqué plus haut qu'il n'en fait point usage dans le calcul des probabilités.
Huygens resta en correspondance avec le frère Constantyn sur des sujets d'optique. Le frère lui envoyait toujours des lentilles taillées par lui-même: voyez p.e. la mention de trois petites lentilles à la p. 205 du T. VI; ici il est question de microscopie; et les différentes figures de la p. 214; il s'y agitGa naar voetnoot117) d'éviter autant que possible, dans | |
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une lunette, les aberrations sphériques en se servant de lentilles, l'une convexe, l'autre concave, de formes savamment calculées sur lesquelles Constantyn est prié de garder le secretGa naar voetnoot118). Voyez aussi la lettre de Huygens du 30 novembre. Il est possible que la Pièce des p. 820-824 du T. XIII date du même temps.
La Pièce ‘De Gravitate’Ga naar voetnoot119) date certainement de 1668, du mois d'avril ou peu s'en faut. Il y est dit clairement qu'il existe différents ordres de grandeur de la matière subtile. Mais la thèse de Huygens sur la proportionnalité de la pesanteur avec la ‘quantité de matière’ de chaque corps - la ‘quantité de matière’ est donc ce qui s'appellera bientôt masseGa naar voetnoot120) - ne provient en aucune façon de la considération de tourbillons de matière subtile. Elle résulte ‘de l'effect de l'impulsion qui suit exactement la raison de la pesanteur des corps’. Il est question d'expériences sur la collision. - Comparez, à la p. 688 qui suit, ce que Mariotte dira sur le ‘poids’ des corps dans son traité de 1673 sur la percussion. - Il est vrai qu'il ajoute dans l'interligne: ‘videbatur succedere in parva quantitate, in magna non item’. Néanmoins il maintient la proportionnalité exacte. À la p. 85 du T. XIX nous avons cru devoir dire: ‘Il y a parfois chez Huygens une légère tendance quelque peu antique, nous semble-t-il, à admettre sans raisons suffisantes la simplicité de la nature. Etc.’ Il faut cependant avouer que dans le cas de la proportionnalité de la pesanteur avec la masse - s'il est permis (comme nous l'avons fait constamment dans le T. XVI: voyez p.e. les notes 1 de la p. 67 et 2 de la p. 80) d'employer ce mot (dont il se sert rarement, voyez la p. 688 qui suit) - il a bien fait de croire à l'exactitude d'une loi qui n'avait pu être démontrée qu'imparfaitement. Dans cette même Pièce il est question de l'expérience de la rotation du vase rond contenant un fluide dans lequel nagent, ou plutôt se trouvent, des objets qui par la rotation sont amenés au centre, ce qui donne une idée des tourbillons causant la gravité. Huygens critique Descartes de qui cette expérience provient, lequel avait pris à tort des objets dont la densité différait de celle du milieu de sorte que la pesanteur y était déjà supposée. Huygens fit en effet cette expérience à l'AcadémieGa naar voetnoot121). Il avait écrit au frère Constantyn déjà en décembre 1667Ga naar voetnoot122): ‘Je suis maintenant a faire des experiences sur le mouvement circulaire pour les quelles j'ay fait faire une table ronde qui tourne sur un pivot et est percee dans le milieu. Je crois avoir trouvè par ces speculations | |
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la cause de la gravitè, qui est de consequence’. Puisque Descartes avait déjà expliqué la gravité par un tourbillon unilatéral, ceci nous semble signifier que Huygens avait depuis quelque temps une théorie nouvelle: celle des tourbillons multilatérauxGa naar voetnoot123).
Nous avons encore pu publier au T. XIX dans la Partie ‘Statique’ un cas d'équilibre indifférent de mai ou juin 1668 et une Pièce subséquente sur la force nécessaire pour faire surmonter à la roue d'une charrette un obstacle donnéGa naar voetnoot124). Il s'agissait dans cette dernière du transport de canons et la question était de savoir si les roues doivent être grandes ou petites. L'examen de cette question semble avoir été dû à l'instigation directe ou indirecte du gouvernementGa naar voetnoot125). Mais nous ne trouvons pas que celui-ci ait exercé sur les académiciens une pression quelconque pour les détourner de la poursuite de sujets n'ayant pas d'utilité immédiate. À cette Pièce se rattache la figure de la roue à planches de la p. 226 qui précède; elle pourrait surtout servir, ajoutons-nous, sur des routes sablonneuses.
Deux pages du premier Avertissement du T. XVGa naar voetnoot126) contiennent les observations principales de Saturne, dont celles de 1668Ga naar voetnoot127) - de juillet et surtout du 17 août - ne sont pas censées faire partie. Celles-ci ne manquent cependant pas d'intérêt. Le résultat des calculs se rapportant à l'observation du 17 août fut publié dans le Journal des Sçavans de février 1669Ga naar voetnoot128) sous le titre ‘Observation de Saturne faite à la Bibliotheque du Roy’Ga naar voetnoot129), Pièce pourvue dans le T. XV d'un Avertissement. Picard | |
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prit partà ces observationsGa naar voetnoot130). Les observations des satellites de Jupiter, en septembre et octobre, furent en premier lieu des observations de PicardGa naar voetnoot131).
On s'occupa beaucoup en cette année d'hydrodynamiqueGa naar voetnoot132). Nous lisons dans les Registres à la date du mercredi 25 juilletGa naar voetnoot133): ‘On a resolu de continuer a traitter dans la prochaine assemblée de la force des eaux courantes a presser et a mouvoir et on a prié Mess. Hugens et Picard de méditer sur cette matière’. Deux Pièces de Huygens sur ce sujet dont l'une porte la date du 8 août se trouvent dans notre T. XIXGa naar voetnoot134).
Vers la fin du mois d'août - ce qui était inconnu avant l'apparition de notre T. XXI - Huygens disputa au collège de Clermont contre le fils aîné de Colbert, le jeune marquis de SeignelayGa naar voetnoot135). Cette Pièce mérite l'attention puisqu'elle fait bien voir qu'il s'en fallait de beaucoup que le système de Copernic, dont pour Huygens la vérité était évidente - dans le sens indiqué à la p. 511 qui précède - eût été généralement accepté et enseigné.
Nous avons mentionné un peu plus hautGa naar voetnoot136) l'imposant ‘Almagestum novum’ de Riccioli, défenseur officiel du géocentrisme et même de l'absence - conformément à l'opinion de Tycho Brahé, d'accord avec la majorité des anciens - d'une rotation de la terre. Il avait été attaqué par Stephano de Angelis, et James Gregory avait traité en juin 1668, dans les ‘Philosophical Transactions’, de cette controverseGa naar voetnoot137). Ceci donne lieu à Huygens de faire une remarque, ou plutôt de proposer une théorie, intéressante: celle du relativisme, non seulement pour les mouvements rectilignes uniformes comme il l'avait fait précédemment, conformément aux vues d'autres penseurs, mais aussi pour les mouvements accélérésGa naar voetnoot138). Sans doute sa thèse de 1668 ‘que le mouvement d'un corps peut estre en mesme temps veritablement egal et veritablement accelerè selon qu'on raporte son mouvement a d'autres differents corps’ est déjà contenue, peut-on dire, dans son calcul de la force centrifuge puisque le petit | |
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corps qui se détache du bord du disque tournant possède (la pesanteur étant exclue) un mouvement uniforme par rapport à un observateur qui ne participe pas au mouvement, mais un mouvement accéléré par rapport à l'observateur considéré attaché au disqueGa naar voetnoot139). Ici cette thèse est énoncée généralement. Il ne s'agissait pas pour le moment de force centrifuge, mais d'un corps qu'on voit tomber, d'un mouvement accéléré, suivant une ligne droite. Riccioli disait que s'il était vrai que la terre tourne - en considérant, pour préciser, non seulement la terre comme située au centre de l'univers, mais de plus l'observateur qui voit le corps tomber près de lui placé sur l'équateur - le mouvement réel du corps n'aurait pas lieu suivant une ligne droite, mais suivant une courbe ‘ad omnem sensum circularis’ et que même ce mouvement circulaire serait peut-être un mouvement uniformeGa naar voetnoot140). Huygens observe que la courbe considérée ne peut pas être une circonférence de cercle et que de plus cette courbe n'est certainement pas parcourue avec une vitesse constante, mais il ajoute que ce n'est pas en cela que consiste l'erreur principale du savant jésuite; s'il était exact que ce mouvement vrai est circulaire et uniforme, il serait néanmoins faux de dire que le même mouvement, considéré par l'observateur attaché à la terre, ne peut pas avec une vérité égale être appelé par lui un mouvement rectiligne accéléré. L'erreur principale de Riccioli c'est de ne pas admettre la relativité du mouvement. La théorie de Huygens de 1668 revient donc à soutenir, nous semble-t-il, qu'à un point de vue astronomique il serait sans doute absurde de dire que la terre et. les objets qui s'y trouvent ne tournent pas, mais que néanmoins on peut dire avec une égale vérité que la chute d'un corps a lieu suivant une ligne ‘ad omnem sensum’ droite. On ne peut guère dire que ceci s'accorde parfaitement avec son énoncé de 1660: comparant entre eux les systèmes de Copernic et de Tycho Brahé il écrivaitGa naar voetnoot141): ‘Utrum enim adhibeam parum admodum interest ad phaenomena quod attinet. Sed rei veritas haud aliter quam Copernicum sequendo explicatur’.
On ne sera donc pas étonné de voir que vers la fin de sa vie il dira n'avoir compris la nature de la rotation que depuis quelques années. Et encore le lecteur pourra, nous semble-t-il, n'en être pas persuadé. Il n'est pas facile d'être relativiste conséquent. Beaucoup plus simple - mais nous ne dirons pas: plus sage - est sans doute d'admettre une fois pour toutes que la terre est en mouvement ou bien qu'elle est en repos. Il est vrai que si l'on ne veut considérer comme mouvement vrai que celui par rapport à l'espace, donc ne pas parler de la rotation seulement, tout partisan de cette opinion serait bien embarrassé de dire quelle est la ligne décrite par un corps qui tombe. | |
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Un corps qui tombe...Après avoir parlé à l'Académie le 17 octobre sur la quadrature arithmétique de l'hyperbole par Mercator et sur la méthode qui en résulte pour calculer les logarithmesGa naar voetnoot142), Huygens aborda l'étude du corps - du boulet, peut-on dire, en ayant égard à quelques petites figures - dont le mouvement parabolique (bien entendu: le mouvement par rapport à la terreGa naar voetnoot143) considérée comme immobile) est altéré par une résistance proportionnelle à sa vitesse. Cette étude lui aurait été impossible sans la connaissance de la ligne logarithmique. Elle lui fait grand honneur; ses contemporains, il est vrai, ne semblent pas avoir connu son calcul. Nous ne sommes nullement étonnés d'y trouver au débutGa naar voetnoot144) le fameux ἑυρϰα. Nous avons donné dans notre AvertissementGa naar voetnoot145) les équations différentiellesGa naar voetnoot146) qui correspondent aux considérations géométriques de Huygens et dont nous avons aussi fait usage çà et là dans nos notesGa naar voetnoot147). Cette supposition d'une résistance proportionnelle à la première puissance de la vitesse était la seule qui pût être traitée par ce procédé géométrique. Huygens put au premier abord la croire plus ou moins conforme à la réalité; lorsque les expériences eurent fait voir que la résistance est plutôt proportionnelle au carré de la vitesse, il appelle sa théorie ‘falsa licet pulcherrima’Ga naar voetnoot148).
À la considération de la pesanteur et de la chute vint s'ajouter l'étude du magnétisme. Une des Pièces que nous possédons sur ce sujetGa naar voetnoot149) est indubitablement d'octobre 1668; dans celle-ci il est question d'expériences, e.a. de celle qui fait voir que l'interposition de différents corps entre l'aimant et le fer n'empêche nullement l'attraction. Il nous semble que quelques-unesGa naar voetnoot150) des Pièces écrites sur des feuilles | |
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séparées sont antérieures, peut-être de peu, à celle d'octobre. Suivant Huygens il n'y a pas deux tourbillons de directions opposées, comme le voulait Descartes; un seul tourbillon suffit mais il ne prétend pas en pouvoir indiquer le sens. Déjà dans la Pièce III il se sert de limaille de fer - comme Descartes l'avait fait avans lui dans la Pars Quarta des ‘Principia Philosophiae’ - pour faire voir ce qu'on appellera plus tard avec Faraday les lignes de force, lignes qu'il considère, lui, comme indiquant la route de la matière magnétique, du moins la partie des circuits située en dehors des aimants et du fer, ou d'autres corps solides. Il faut supposer, pense-t-il, quoique la limaille ne puisse le faire voir, que la ‘materia subtilis vorticis’ passe librement ‘per interstitia’ - plutôt que par des pores - ‘corporum’. Il examine ‘si l'aimant tire a travers la flame...si le fer rougi est attirè. ouy...s'il tire à travers du verre fort espais. ouy’ Etc. Les expériences ne confirment pas toutes les vues de Descartes qui souvent s'était plutôt fié à Gilbert qu'à l'observation. Huygens croit pouvoir dire en gros, dans la Pièce d'octobre, que le fer se rend vers le centre du tourbillon magnétique de la même manière qu'il en est pour les corps lourds et les tourbillons gravifiques: ‘ferrum accedet versus centrum vorticis, eadem ratione qua gravium tendentiamGa naar voetnoot151) ad centrum explicavi’. Le difficile c'est d'expliquer pourquoi d'autres corps n'éprouvent pas la même force. Il faut bien croire que dans le fer, et non pas dans les autres corps, les particules de la matière magnétique passent aussi par les ‘meatus’ des particules elles-mêmes: ‘Quod autem reliqua, ut lignum et aurum, nihil moventur sit ideo quod aëris et aetheris particulae aeque valide atque illa ad centrum impellantur ob circulationem vorticis’. Ce ne fut, nous semble-t-il, qu'une dizaine d'années plus tard qu'il considéra plus attentivement le problème si déconcertant du magnétisme.
Comme précédemment, en 1668 Huygens se dit constamment ‘distrait par beaucoup de choses’Ga naar voetnoot152). Bornons-nous à mentionner la construction d'une fontaine à l'image de celle de FranchiniGa naar voetnoot153) et la carosserie à laquelle il ne laissa pas de réfléchir et de faire travaillerGa naar voetnoot154).
La p. 228 qui précède, datée 5 décembre, fait voir qu'il avait constamment Saturne dans la pensée. | |
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Au commencement de 1669 nous voyons Huygens absorbé par la mathématique. Il s'occupa du problème d'Alhazen. C'est là un des problèmes dont il a toujours eu l'ambition de trouver, par les sections coniques, la solution la plus élégante. Sa ‘Constructio loci ad hyperbolam per asymptotos’ publiée seulement en 1693, s'y rattacheGa naar voetnoot155). On retrouvera la Fig. 16 de la p. 267 du T. XX, avec un texte un peu différent, vis-à-vis de la p. 462 du T. VI, tels que ce texte et cette figure furent imprimés par Huygens lui-même. Deux autres spécimens de cette ‘maniere nouvelle de graver en eau forte’ ou ‘nouvelle impression avec du clinquant’ se trouvent aux p. 234-235 du présent Tome.
Mais avant cela Huygens parla à l'Académie sur la collision. En effet, il écrit le 5 janvier à OldenburgGa naar voetnoot156) à propos de ‘nos Messieurs’ et de ‘quantitè d'experiences’ sur la percussion: ‘leurs contradictions et disputes m'ayant obligè de chercher toutes sortes de biais pour les convaincre....’. En lisant dans l'ordre indiqué par les chiffres de Huygens les annotations de fin 1668Ga naar voetnoot157) on voit qu'il commença à l'Académie par louer Galilée comme le premier auteur qui réussit à bien traiter le mouvement et qu'il fit ensuite une comparaison de ses propres règles du choc des corps durs avec celles de Descartes. Les expériences sur la collision furent sans doute faites avec un ou plusieurs appareils tels que ceux figurés aux p. 158 et 185 du T. XVI; il y eut aussi des ‘expériences dans la balance’. Il mentionne dans ses notes tant la fausseté de la règle de Descartes sur la conservation de la quantité de mouvement que le fait qu'en un autre sens cette quantité se conserve néanmoinsGa naar voetnoot158). La question se pose du mécanisme du ressortGa naar voetnoot159) lequel semble impossible sans une certaine déformation, à moins qu'on ne veuille admettre qu'il reste toujours entre deux corps qui paraissent se toucher une mince couche d'air de sorte que ce puisse être cet air qui fasse ressort. Et ici il trouve l'occasion de faire connaître ses expériences de 1665Ga naar voetnoot160) sur les verres convexes qui se touchent, ou | |
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semblent se toucher, ‘ou l'on voit qu'il y reste de l'air entre deux’. Ces expériences, il est vrai, tout en ayant fait voir à son avis - il les avait apparemment complétées en mettant les verres sous la cloche d'un appareil pneumatiqueGa naar voetnoot161) - que près de la petite surface de contact il reste toujours de l'air entre deux (car il se figurait que les franges colorées doivent être considérées comme les couleurs d'une couche d'air) n'ont cependant guère pu avoir été censées démontrer directement qu'il reste de l'air même à l'endroit précis où les deux corps se touchent. Mais il a sans doute pu conclure qu'il existe une certaine adhérence de l'air aux corps; et en admettant cette adhérence on peut se figurer que deux corps ne se touchent jamais réellement. Quoi qu'il en soit, il paraît avoir saisi cette occasion pour faire connaître à ses collègues les ‘anneaux de Newton’ où Newton - dont en ce temps, pensons-nous, il n'avait pas même entendu prononcer le nom - n'avait encore rien à voirGa naar voetnoot162). Hooke n'avait pas réussi à mesurer les très petites épaisseurs de ses lames minces à surfaces planes produisant des couleurs; mais avec des verres convexes Huygens avait pu mesurer les épaisseurs de la couche d'air (tout en n'ayant, il est vrai, pas pu tenir compte de la déformation des verres par la pression exercéeGa naar voetnoot160). La mesure des épaisseurs qui ramènent les couleurs était donc nouvelle; mais nous ne voyons pas qu'il ait jamais tâché, ni lui ni un de ses auditeurs, de se servir de ces expériences pour en déduire de nouvelles conséquences sur la nature de la lumièreGa naar voetnoot163).
Traitant ensuite des principes ou hypothèses sur lesquels se basait sa théorie de la collision il insistait sur la ‘démonstration par le batteau’, c.à.d. sur le principe de relativité pour les mouvements uniformes en ligne droite. Il traita aussi de la collision des corps mous et ‘de la rencontre des boules point directe; dans son manuscrit, déjà ancien, il avait en effet considéré avec succès, en un bref passage, le cas du choc oblique de deux sphères duresGa naar voetnoot164).
Au sujet du mouvement de rotation il se contenta pour le moment de dire que ce mouvement a son criterium particulier que le mouvement rectiligne n'a pas. | |
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Ici aussi - comparez les p. 502-503 - il apparaît que l'examen de la collision des corps devait servir à son avis à comprendre comment se propage la lumière. Or, les véritables atomes doivent être supposés infiniment durs, donc indéformables. ‘Si les corps durs ne rejalissent point’ il faudra donc que les particules par la collision desquelles la propagation a lieu, soient elles-mêmes composées de particules plus petites.
Il ne dit plus, comme il le faisait momentanément en 1662 en suivant Boyle, que l'air est comparable à un amas de ressorts entortillésGa naar voetnoot165). C'est désormais ‘le mouvement rapide de la matiere subtile’ qui cause le ressort de l'air.
Il osa maintenant supposer, ce qu'il n'avait pas fait jusque làGa naar voetnoot166), que son phénomène de l'eau ou du mercure suspendu s'explique par le fait qu'une matière subtile pèse sur certains corps par lesquels elle ne passe pas, ou pas aisémentGa naar voetnoot167). Cette hypothèse rend aussi compréhensible le fait que l'eau, tout en étant constamment agitée par la même matière subtile que l'air de sorte qu'elle garde sa liquidité, n'est néanmoins pas dispersée par elle: une autre matière subtile pèse sur sa surface. Et la pression de cette dernière est peut-être si grande que toute pression exercée par nous sur le liquide est comparativement petite ce qui explique que nous ne réussissons guère à le comprimer malgré les grands espaces vides qui doivent s'y trouver puisque l'eau est bien plus légère que l'or et que, par hypothèse, les atomes des différentes substances sont tous d'une seule et même matière. Ce fut donc depuis 1669 que Huygens expliqua ainsi son phénomène par une matière subtile dont, pour d'autres raisons aussi, il crut difficilement pouvoir se passerGa naar voetnoot168).
Le redressement des corps durs pliés, par ‘la matiere tres subtile’ coulant avec une grande vitesse et s'introduisant de nouveau dans les passages dont elle avait été chassée - conformément aux vues de Descartes et de Borelli - est également mentionné par Huygens dans les annotations. Nous supposons qu'il a trouvé des contra- | |
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dicteurs au sujet de cette théorie de l'élasticité puisque nous savons qu'il en fut ainsi vers la fin de 1669Ga naar voetnoot169). Et nous pouvons nous imaginer que si nous avions été présents nous-mêmes à ces séances de l'Académie, il lui eût été difficile de nous convaincre que la cause assignée au redressement de l'arc bandé est bien celle qu'il disait.
Déjà dans les derniers mois de 1668 il avait été question de la publication de lois du mouvement en Angleterre par la Royal Society. Nous en avons raconté les péripéties dans un Avertissement du T. XVIGa naar voetnoot170) où l'on voit que Wallis et Wren participèrent avec Huygens à ce qu'on pourrait appeler un concours. Wallis n'avait considéré que les corps mous, Wren, comme Huygens, les corps durs. D'où résulta une publication de Huygens sur les ‘Regles du mouvement dans la rencontre des Corps’ dans le Journal des Sçavans de mars 1669Ga naar voetnoot171) dont une traduction parut dans les ‘Philosophical Transactions’ d'avrilGa naar voetnoot172). Huygens y dit se proposer de faire bientôt voir par une publication le bien-fondé de ses règles; cette publication du Traité ‘De motu corporum ex percussione’ n'eut cependant lieu qu'en 1703 dans les ‘Opuscula postuma’.
Huygens appelle ici ‘grandeur’ ce qu'il désigne ailleursGa naar voetnoot173) par ‘quantité de matière’: ‘Je considère en tout cecy des corps d'une mesme matière, ou bien j'entends que leur grandeur soit estimée par le poids’. Il dit partout simplement ‘corps’Ga naar voetnoot174); mais il ne parle apparemment que de sphères homogènes; dans sa figure on ne voit que des sphères.
Les corps mous ne sont mentionnés que dans le dernier alinéa: ‘Au reste j'ay remarquè une loy admirable de la Nature, laquelle je puis démontrer [la minute a: verifier] en ce qui est des corps spheriques, & qui semble estre generale en tous les autres tant durs que mols, soit que la rencontre soit directe ou oblique: c'est que le centre commun de gravitè de deux ou de trois ou de tant qu'on voudra de corps, avance toûjours également vers le même costè en ligne droite devant et apres leur | |
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rencontre’. C'est une généralisation de ce que Huygens disait déjà dans le no. 5 de cette Pièce pour deux corps, savoir qu'il reste toujours la même quantité de mouvement vers le même côtéGa naar voetnoot175).
Du 1 février 1669 date la Pièce ‘Lens composita hyperbolicae aemula’Ga naar voetnoot176) dont Huygens envoya l'anagramme à la Royal Society le 6 février suivant - quelques années plus tard, probablement en 1673, il biffa dans son manuscrit le ἑυρϰα en ajoutant: ‘Hoc inutile est inventum propter Aberrationem Newtonianam quae colores inducit’.
Le 13 févrierGa naar voetnoot177) commencèrent à l'Académie les expériences sur la force de l'eau ou de l'air en mouvement et sur les résistances éprouvées par des corps traversant ces milieux. Nous avons rapporté aussi une expérience de Huygens du 16 février sur l'écoulement de l'eau d'un cylindre par un trou dans la baseGa naar voetnoot178). C'était un sujet auquel, tout aussi bien qu'aux expériences susditesGa naar voetnoot179), on s'intéressait généralement. La loi de Torricelli se montrait tout au plus approximativement exacteGa naar voetnoot180). Huygens inventa quelques machines pour connaître la force mouvante de l'eauGa naar voetnoot181) et du ventGa naar voetnoot182). Il fit les calculs nécessaires et parla plusieurs fois sur ce sujet, la dernière fois le 24 juilletGa naar voetnoot183). Tant pour l'eau que pour l'air il se montra ‘que les impressions de differentes vitesses contre des surfaces egales sont comme les quarrez des vitesses’. Huygens est d'avis que cette loi pourrait bien être exactement vraie. Par conséquent ‘l'on pourra determiner exactement la proportion des espaces que parcourent des corps pesants | |
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en tombant par l'air en des temps donnez, mais cette recherche demande plus de meditation et merite un traité particulier’Ga naar voetnoot184).
Ce traité particulier n'a jamais vu le jour; mais déjà en mai ou juin Huygens avait commencé à faire des calculs sur la ‘retardation des corps montants par l'air ou l'eau’ en prenant cette résistance proportionnelle au carré de la vitesse et en se bornant - autrement que dans le cas considéré auparavant d'une résistance proportionnelle à la vitesse - aux mouvements verticaux. Il réussit à obtenir pour le mouvement ascendant le théorème suivantGa naar voetnoot185): ‘Si mobile, celeritate terminaliGa naar voetnoot186), sursum projiciatur in medio resistente; erit tempus ascensus totius ad tempus ascensus mobilis, eadem celeritate sursum projecti in medio non resistente, sicut circulus ad circumscriptum sibi quadratum’. Plus tard, comme on peut le voir au T. XIX, il continua les calculs de 1669 ‘pour trouver l'acceleration des corps tombants eu egard a la resistance de l'air’. Il est à remarquer que dans ces calculs il n'est aucunement question d'atomes ou de matière subtile. La ‘resistentia aeris’ - ‘air ou autre milieu qui resiste’ - et le ‘pondus’ sont des forces causant l'une et l'autre une ‘retardatio’ dans l'ascension du corps punctiforme considéré.
Simultanément, depuis mars ou avrilGa naar voetnoot187), l'Académie s'occupa de la difficile question de la coagulation. Duclos fut le premier orateur; il proposa neuf essais à faire sur le lait. Le 27 avril il sit un rapport sur les expériences faites sur le lait de vache, de chèvre et d'ânesse. On avait constaté que diverses matières facilitent la coagulation, que d'autres l'empêchent, que d'autres encore sont sans influence. En mai on considéra aussi la coagulation du blanc d'oeuf, du sang etc. En juillet Duclos traita deux fois des causes de la coagulation, et Mariotte après lui. Nous avons reproduit dans le T. XIXGa naar voetnoot188) une partie du discours de ce physicien. Il fallut bien que Huygens (qui ne fut pas le dernier orateur) lût lui aussi un mémoire sur ce sujet ce qu'il fit le 3 aoûtGa naar voetnoot189). | |
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Il commença par parler de la nature des liquides en général, faisant voir qu'il y a des raisons expérimentales qui nous obligent de croire que leurs parties sont constamment en mouvement, et de prôner son hypothèse d'une matière subtile qui maintient cette agitation. Comme il ajoute que ‘cette mesme matiere subtile’ explique le ressort, la pesanteur, et l'effet de la poudre à canon, il semble bien qu'il ne songeait pas à divers degrés de finesse. La ‘consistence des matieres’ ne pouvant guère être due, comme le voulait Descartes, au ‘repos seul des parties les unes aupres des autres’, il faut bien croire que ‘la privation du mouvement’ provient ‘de la figure des parties qui ont des accroches pour se prendre et lier ensemble’. À quoi bon résumer le reste? Il suffira sans doute de noter que suivant Huygens, ce qui d'ailleurs avait déjà été dit avant luiGa naar voetnoot190), ‘la chaleur n'est qu'une agitation plus violente des parties’. C'était sans doute l'opinion commune des académiciens qui dernièrementGa naar voetnoot191) avaient fait beaucoup d'expériences avec un miroir brûlant; on avait vu fondre des verges de fer, du cuivre et de l'or etc. Il est vrai qu'on avait aussi constaté des vitrifications.
Il a été question plus hautGa naar voetnoot192) d'un ‘clavier d'espinette mouvant’. Le 10 juillet 1669 Huygens parle pour la première fois de son ‘invention du clavecin’ qui a très bien réussi et le 28 août il dit avoir envoyé à son père ‘une exacte description, et assez longue, de l'invention de [son] clavier mobile’. Voyez aussi sur cette ‘invention approuvée et imitée par des grands maîtres’ les p. 160-161 du T. XX.
Le grand débat académique sur les causes de la pesanteur commença le 7 août et se prolongea jusqu'au 20 novembre. Outre Huygens, Roberval, Frenicle, Buot, Mariotte, du Hamel, Cl. Perrault et peut-être Picard y prirent part. Huygens parla le 28 août; puis le 23 octobre pour répondre aux observations de Roberval et de Mariotte qui l'un et l'autre étaient disposés, de même que Frenicle, à admettre l'attraction. ‘On peut concevoir’, dit Mariotte, que les corps ‘ont une disposition ou une vertu a se mouvoir vers les autres corps qui leur est naturelle et adherente’Ga naar voetnoot193). | |
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Huygens au contraire est d'avisGa naar voetnoot194) ‘que ce seroit dire autant que rien que d'attribuer la cause pourquoy les corps pesants descendent vers la terre, a quelque qualitè attractiue de la terre ou de ces corps mesmes’. Autrement que Descartes il admet des tourbillons multilatéraux quoique sans se servir de cette expression: il dit que le mouvement de la matière subtile ‘doibt deuenir en partie circulaire a l'entour du centre, non pas tellement pourtant qu'elle vienne a tourner toute d'un mesme sens’, etc.Ga naar voetnoot195). C'est sans doute à cette correction de la théorie de Descartes - nous l'avons déjà dit à la p. 641 - que se rapportait la sentence du 2 décembre 1667 dans une lettre au frère Constantyn: ‘Je crois avoir trouvè par [mes] speculations la cause de la gravitè, qui est de consequence’Ga naar voetnoot196). Comme dans sa Pièce de 1668, Huygens dit - et ceci est indépendant de sa théorie des tourbillons - que ‘le poids de chaque corps suit precisement la quantitè de la matiere qui entre dans sa composition, c'est a dire de celle qui y demeure arrestée’, comme cela ressort des expériences sur la collisionGa naar voetnoot197). Il attire l'attention sur la grande finesse que la matière subtile doit posséder par rapport aux particules des corps lourds, puisque ‘toutes les parties du dedans d'un corps solide contribueront a sa pesanteur a proportion de leur grandeur’Ga naar voetnoot197). Sans expliquer suffisamment sa théorie du mouvement circulaire, il dit avoir calculé que la ‘vitesse de la matiere fluide a l'endroit de la surface de la Terre est a peu pres 17 fois plus grande que celle d'un poinct de la Terre scitué soubs l'Equateur qui faict le tour en 24 heures’Ga naar voetnoot198).
Les essais sur les horloges continuaient toujours. Voyez la Pièce de Huygens de septembreGa naar voetnoot199) ‘sur l'Essay des Horologes sur Mer par Monsieur de la Voye dans le Vaisseau de Monsieur de Beaufort au voiage de Candie en 1669’Ga naar voetnoot200).
Déjà en 1665Ga naar voetnoot201) Chapelain avait écrit: ‘Il seroit a souhaiter que les ouvrages mathematiques que vous destinés à Sa Majesté parussent et luy fussent offerts en mesme temps que vous entrés dans son service ou incontinent après’Ga naar voetnoot202). Ce ne fut | |
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qu'en 1673 que l' ‘Horologium oscillatorium’ parut avec la Dédicace à Louis XIV. Vers septembre 1669 - nous l'avons dit aussi dans notre Avertissement à cet ouvrageGa naar voetnoot203) - Huygens commença à rédiger définitivement ce Traité. C'est ce qui appert e.a. par le programme de ce mois de la Pars Secunda sur le mouvement des corps tombantsGa naar voetnoot204), dans le vide bien entendu ou, si l'on veut, en négligeant la résistance de l'air, et sans qu'aucune allusion soit faite à la matière subtile qui serait la cause du mouvement. Il s'agissait ici d'un travail de rédaction, mais d'une rédaction qui demandait beaucoup de soin puisqu'il s'agissait pour Huygens, en tant qu'élève et admirateur d'Archimède, de rendre les raisonnements aussi rigoureux que possible.
Treize ou quatorze anagrammes tant sur les lentilles et la force centrifuge que sur des propositions relatives à l'oscillation furent envoyés par Huygens le 4 septembre au secrétaire de la Royal Society.
Ce travail fut interrompu par un séjour à Viry, chez les frères PerraultGa naar voetnoot205) avec lesquels Huygens se liait de plus en plus d'amitié. Pendant ce séjour, le 8 octobre, Huygens mesura la vitesse du son: il trouva 180 toises parisiennes par secondeGa naar voetnoot206).
Il fut interrompu aussi, ou du moins traversé, par une correspondance avec le frère Lodewijk sur le temps probable qu'il reste à vivre à une personne d'un certain âge d'après les tables de mortalité: Lodewijk avait vu le livre de 1662 de John Graunt ‘Natural and political observations mentioned in a folowing index and made upon the Bills of Mortality’, signalé à Huygens par Moray en 1662Ga naar voetnoot207), et avait fait quelques calculs sur ce sujetGa naar voetnoot208). La réponse de Huygens est du 28 août, donc précisément du jour où il parla à l'Académie sur la cause de la pesanteurGa naar voetnoot209). Le 28 novembreGa naar voetnoot210) Huygens arrive à la conclusion remarquable que ‘ce sont deux choses differentes que l'esperance ou la valeur de l'aage futur d'une personne, et l'aage auquel il y a egale apparence qu'il parviendra ou ne parviendra pas. Le premier est pour regler les rentes a vie, et l'autre pour les gageures’. | |
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Nous notons encore, en ce mois de novembre, la ‘Maniere de tailler les verres ordonnée a un Ouurier’ pour une lunette de 45 piedsGa naar voetnoot211).
Apparemment en ce temps Huygens travaillait à d'autres parties de l'‘Horologium oscillatorium’ que la Pars Secunda seulement; une Pièce de novembre ou décembre 1669 traite du centre d'oscillation d'un secteur de sphère; nous l'avons publiée comme Appendice III à la Pars QuartaGa naar voetnoot212).
C'est à la Pars Secunda qu'appartiennent les démonstrations sur les figures roulantes qui constituent notre Appendice à cette ParsGa naar voetnoot213). La première partie de cette Pièce, datée le 9 janvier 1670, correspond presqu'exactement avec le texte imprimé de l'‘Horologium oscillatorium’; la deuxième partie, du 15 janvier, ou peu après, traite de certains rayons de courbure. Nous avons observé dans l'Avertissement du T. XVIIIGa naar voetnoot214) que dans les anagrammes envoyés à Londres se trouvent des propositions sur le ‘rectangulum distantiarum’ qui prouvent elles aussi que Huygens travaillait à son grand oeuvre dont G. Mouton dira quelques mois plus tard qu'il paraîtra ‘dans l'Esclat & la majesté de ses belles demonstrations’. Le 20 janvierGa naar voetnoot215) Huygens fit des calculs sur le réglage de la marche de l'horloge à pendule par le déplacement du petit poids curseur.
Le 22 janvier il put encore écrire une lettre à Oldenburg qui venait de lui envoyer des ouvrages de Barrow, de Wallis et de Boyle; peu après il tomba malade, et ce fut une maladie graveGa naar voetnoot216). La lettre, également à Oldenburg, du 25 février de Francis Vernon, secrétaire depuis 1669 de l'ambassade britannique à Paris, qui fait voir qu'il tenait Oldenburg au courant, aussi bien que cela lui était possible, de ce qui se passait à l'Académie des Sciences de Paris, traite en majeure partie de sa visite à Huygens du 22 février....‘his fancy was ready enough to suggest the worst....in which however hee was very ready to resigne himselfe to Gods dispose’. Huygens lui confia plusieurs manuscrits, en partie cachetés, e.a. un contenant la solution des anagrammes envoyés à Londres, avec les démonstrations, disant avoir donné d'autres manuscrits à de Carcavy. Il loua plusieurs savants anglais. Sur l'Académie de Paris il | |
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dit, suivant Vernon, ‘hee did foresee the dissolution of this academie because it was mixt with tinctures of Envy - il peut avoir songé, en parlant ainsi, au départ d'Auzout: en 1668 celui-ci avait dû quitter Paris à la suite d'une intrigue - because it was supported upon suppositions of profitt because it wholly depended upon the Humour of a Prince & the favour of a minister, either of wich coming toe relent in their Passions the whole frame & Project of their assembly cometh to Perdition’, tandis qu'à Londres il voyait ‘a most chearfull & unanimous agreement & harmony in the advancing of knowledge’. Il est sans doute possible d'une part que Huygens voyait certaines choses trop en noir par l'effet de sa maladie, d'autre part que Vernon ait exagéré les louanges prodiguées à la Royal Society. En avril le frère Lodewijk vint tenir compagnie à Christiaan. On espérait pouvoir bientôt le ramener en Hollande, ce qui en effet eut lieu en septembreGa naar voetnoot217). Le 22 mai le frère Constantyn écritGa naar voetnoot218): ‘qu'estant en l'estat ou il se trouve, dans lequel il devroit comme envisager de pres l'immortalité, il s'amuse a la controverter comme une question problematique pour et contre, c'est ce qu'en verité j'ay appris avec beaucoup d'affliction’. Il recommande à Lodewijk d'‘avoir grand soing d'empescher qu'il ne s'esgare du bon chemin’. Nous avons parlé dans notre IntroductionGa naar voetnoot219) du sentiment de solidarité qui unissait le père et les fils. Le sentiment de solidarité entre les membres de la famille en général ressort clairement de l'idée que le frère Constantyn se fait de la vie futureGa naar voetnoot220) ‘dans laquelle dieu rejoindra les membres et les parties de nostre famille que de temps en temps il en a retranchées et voudra en retrancher encore pour les reunir dans l'heureuse eternité’.
Quant à Christiaan, vers la fin de mai, croyant sans doute sûrement à sa guérison, nous le voyons de nouveau absorbé dans le calcul des ‘rectangula distantiarum’: encore alitéGa naar voetnoot221) il se demanda quel pourrait bien être d'une croix, supposée suspendue en une de ses extrémités, le centre d'oscillation. | |
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Nous ignorons si Huygens redemanda en partant de Paris les manuscrits qu'il avait confiés à de Carcavy. S'il l'a fait, il paraîtGa naar voetnoot222) avoir laissé à ses collègues, ou du moins à Roberval, une autre Pièce contenant une partie des théorèmes déjà rédigés de l'‘Horologium oscillatorium’.
Au présent paragraphe nous ajoutons une lettre de 1669 au peintre de Bisschop. |
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