Oeuvres complètes. Tome XXII. Supplément à la correspondance. Varia. Biographie. Catalogue de vente
(1950)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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§ 2. Le critère du plaisir.On aura remarqué dans la collection des sentences de la p. 171 celle de Sénèque: ‘Latrunculis ludimus, in supervacuis subtilitas teritur’ à laquelle Christiaan avait ajouté la réflexion: Potest dici in eos qui difficilia problemata sectantur sine delectu. C'est donc là, suivant lui, une chose sinon mesquine, du moins de valeur secondaire: poursuivre la résolution de problèmes difficiles sans y prendre plaisir. Heureux ceux qui peuvent s'adonner à ce qui les intéresse! S'il y a plaisir pour un homme de la trempe de Huygens à chercher la solution de problèmes d'un certain genre, et si ce plaisir pour lui l'emporte sur tout autre, il n'a cependant pas eu le malheur de mépriser dès sa jeunesse tout délassement. La lettre qu'il adressa de Paris à Diderik van Leeuwen en octobre 1655 est unique dans son genre par le ton enjoué du jeune savant qui pour quelques jours ou semaines pratique avec ses compagnons de voyage le dulce desipere. On remarquera qu'il se moque plus ou moins de son correspondant, e.a. en l'appelant ‘le moult noble Chevalier du Lion’: van Leeuwen, par excès de politesse envers l'illustre famille, avait désigné les quatre jeunes gens par le mot ‘chevaliers’. À propos de ce mot ‘chevaliers’ nous observons encore que dans leur excursion en carrosse à quatre chevaux (p. 473) et dans celle à cheval (p. 489) les jeunes gens portaient sans doute des épées: voyez la l. 13 de la p. 487 et comparez les dernières lîgnes de la p. 350 du T. IV. Plus tard Huygens fera expressément l'éloge de la joie qu'il considère comme une chose divineGa naar voetnoot1). C'est de la joie inoffensive qu'il parle, témoin la sentence: ‘L'esprit faute d'occupation satisfaisante s'adonne a chercher des voluptez passagères et qui souvent ne se peuvent avoir qu'avec l'injure des autresGa naar voetnoot1)’. Ce que nous n'avons pas dit en publiant cette réflexion c'est qu'elle a été fort exceptionnellement écrite au crayon; l'écriture est si effacée que nous avons tout juste pu la lireGa naar voetnoot2). Elle n'était donc aucunement destinée à la postérité. Si Huygens pouvait revivre, il serait sans doute étonné de voir imprimées ces lignes, les seules dans toute son oeuvre, si nous voyons bien, qui trahissent une certaine amertume. Il n'aimait pas de faire le moralisteGa naar voetnoot3). |
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