Oeuvres complètes. Tome XXII. Supplément à la correspondance. Varia. Biographie. Catalogue de vente
(1950)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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§ 3. L'éducation.Nous avons parléGa naar voetnoot1) des ‘Rudimenta’ de la langue latine composés par le père Constantyn. Jadis son père en avait agi de même et Constantyn avait remanié le bref traité de Christiaen l'Ancien également uniquement destiné à l'usage domestique. Nous avons dit aussi qu'il donna un commencement d'instruction à ses fils en d'autres branches et qu'il surveilla constamment celle des différents professeursGa naar voetnoot2). Mais l'influence personnelle qu'il exerça sur le développement de ses enfants fut évidemment bien plus considérable que ne le font voir ces quelques données. Humaniste autant que croyant, il alliait à l'ardeur de sa lutte contre l'Espagne et le catholicisme - étroitement liée à son attachement à la Maison d'Orange-Nassau - l'amour des belles lettres, des arts en général, et des sciences. Le travail manuel lui plaisait également; peu d'années avant sa mort il travaillait encore au tour comme il l'avait toujours fait. À l'âge de quatorze ans nous voyons Christiaan également épris de mécanique pratiqueGa naar voetnoot3). Constantyn n'a pas transmis à son célèbre fils son ardeur guerrière, d'ailleurs due, nous semble-t-il, à la force des circonstances plus qu'à son naturel; la guerre avec l'Espagne se termina en 1648 et Christiaan avait une humeur tranquille. Ce que lui et ses frères acceptèrent apparemment comme une vérité indubitable, c'est la prééminence du protestantisme sur le catholicisme; mais il ne leur venait pas à l'esprit de rimer des confessions de foi comme Constantyn l'avait fait dans sa jeunesse. Les dialogues d'ErasmeGa naar voetnoot4) peuvent avoir eu une certaine influence sur eux. Nous observons que quoique Constantyn ait voulu qu'ils fissent connaissance avec Erasme en bas âge, ce qu'il écrit sur le philologue de Rotterdam dans deux petits poèmes de 1634 ‘Ad statuam Erasmi’Ga naar voetnoot5) montre que personnellement il n'approuvait pas son esprit con- | |
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ciliant et hésitantGa naar voetnoot6). Nous n'avons trouvé dans les manuscrits de Christiaan aucun passage où il exprime lui-même une opinion sur Erasme. Une seule fois, en 1654, dans une lettre à Kinner von Löwenturn de Prague, il parle spontanément de ‘illud Theologicum Hoc est’ sur lequel il dit être en désaccord avec son correspondant, sachant que celui-ci était catholique et admettait donc la transsubstantiationGa naar voetnoot7). Il existe plusieurs poèmes de Constantyn père sur la Cène: il y déclare expressémentGa naar voetnoot8) qu'il s'agit d'un pur symbole, que l'expression Hoc est [corpus meum] ne doit pas être entendue dans le sens littéral. Dans le T. XXIGa naar voetnoot9) nous avons fait mention de la correspondance de 1660 avec Tacquet où Christiaan dit être resté dans les sentiments de sa samille sur la religion. Toutesois nous avons l'impression que dès sa jeunesse il détourne en général résolument son esprit des questions dogmatiques. Une particularité de la tournure d'esprit de Constantyn qui n'a pas eu d'influence sur Christiaan - ni sur ses frères - c'est sa recherche d'expressions obscures et bizarres. Le style de ses poèmes hollandais est souvent si prétieux, si peu naturel, que tout en connaissant bien notre langue nous avons beaucoup de peine à en comprendre le sens. Ses contemporains éprouvaient la même difficulté. D'aucuns ont cru à l'influence de John DonneGa naar voetnoot10), d'autres contestent cette influenceGa naar voetnoot11). Quoi qu'il en soit Christiaan est tout autre et fait ici aussi une impression plus moderne. Il préfère toujours la clarté aux discours fleuris. Outre l'étude des langues anciennes et modernes, de la géographie, de la cosmographie et de l'histoire, l'éducation des premières années comportaGa naar voetnoot12) celle de l'éthique et celle de la dialectique et logique. Le gouverneur Bruno nous apprend que l'étude de la logique commença en août 1642Ga naar voetnoot13); en août 1643Ga naar voetnoot14) il écrit que ses élèves y | |
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ont fait ‘aliquos profectus’ et déconseille l'emploi d'autres manuels. Nous inclinons à croire qu'il ne s'intéressait pas beaucoup lui-même aux préceptes de la logique et qu'il considérait surtout comme une bonne qualité des traités de Burgersdicius de ne pas être excessivement longsGa naar voetnoot15). Toutefois il désapprouve expressémentGa naar voetnoot16), avec Juste-Lipse, la logique simplifiée de Ramus et de ses sectateurs. À l'Université de Leiden, Rodolphe Snellius - ainsi que son élève Arminius - s'étaient jadis intéressés à Ramus qui partant a aussi eu de l'influence sur Willebrord, fils de Rodolphe, le professeur bien connu de physique, décédé quelques années avant la naissance de Christiaan Huygens. Nous notons que Christiaan ne fait jamais mention de Ramus avec éloges; il a cependant possédé les ‘Scholae mathematicae’ qu'il mentionne en 1684Ga naar voetnoot17), ainsi que les ‘Arithmeticae libri 2, Geometricae libri 27Ga naar voetnoot18)’. Il ne nous est pas possible de nous faire une idée des cours de Stampioen de JongeGa naar voetnoot19). Ils sont mentionnés pour la première et dernière fois par Bruno dans sa lettre du 23 juin 1644Ga naar voetnoot20) parlant, mais sans donner aucun détail, des ‘stupendi in Mathesi progressus’ des deux frères et surtout de Christiaan. Nous ignorons lesquelles des oeuvres que Stampioen recommande dans sa liste du T. IGa naar voetnoot21) ont été étudiées sous sa direction. Voici la traduction de ses dernières paroles; ‘Il ne faut pas croire que les livres seuls que je viens d'énumérer permettront d'atteindre le faîte de chaque science. À cet effet il faut d'abord une bonne intelligence, en second lieu une application constante, enfin un parfait désir d'y parvenir; si toutes ces conditions sont remplies, ces connaissances pourront être acquises non pas toutes à la fois, mais peu à peu, chacune à son tour, par une étude prolongée. Et il est de grand avantage d'inventer quelque chose soi-même; on en tirera plus de profit que d'une lecture continuelle dans un esprit de routine. C'est cette façon d'étudier que je recommande avec instance’. Au dire de son père Christiaan se montra d'ailleurs mathématicien inventiflongtemps | |
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avant 1644. C'est ainsi qu'il écrit déjà en 1637 (Worp ‘De jeugd etc.’) que ‘was een wonder om sien hoe kloeckelick Christiaen alles begreep ende onthiel, jae selfs daegelix eenighe manieren van proeven ende anderszins wiste te inventeren, ende met solide redenen te bewijsen’. Et en 1643: ‘Begreep hij met een sonderlinge promptitude, al hetgeen de mechanique ofte eenigh ander deel van de Mathesis mogte aengaen’. Il semble s'agir ici de l'étude libre d'oeuvres mathématiques et de conversations de Christiaan avec son père qui en résultaient: Constantyn dit expressément que l'instruction de Stampioen ne commença qu'en 1644Ga naar voetnoot22). |
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