Oeuvres complètes. Tome XXII. Supplément à la correspondance. Varia. Biographie. Catalogue de vente
(1950)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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1678.Registres T. VII, f 176. Le Samedy 16 de Juillet 1678. La Compagnie estant assemblée, M. Hugens estant de retour de son voyage en Hollande nous a entretenu du nouveau microscope... etc. Voyez la note 1 de la p. 96 de notre T. VIII. Registres T. VIII, f. 183. Le Mercredy 27 Juillet MM. Hugens et Duclos ont fait l'espreuve des cuirs que le sieur Barat apporta Samedy qu'ils ont trouvez impénétrables à l'eau. Registres T. VIII. Le Samedy 30 Juillet 1678. Mr. Hugens nous a fait voir par le moyen de son microscope une infinité de petits animaux dans de l'eau ou l'on a trempé du poivre...etc. Voyez la note 1 de la p. 96 de notre T. VIII. Manuscrit E, p. 133, 30 Aoust 1678. Pour elever de l'eau par le moyen de la poudre a canon. en faisant sortir l'air d'un lieu voutè, comme à ma machine, et baissant de la un tuyau dans l'eau, qui seroit attirée a 31 pieds si le lieu estoit parfaitement vuide d'air; mais de 20 ou 25 quand mesme il y resteroit une partie. Empescher que l'irruption violente de l'eau ne fist de l'airGa naar voetnoot21). On lit dans la figure le mot soupape. Cette eau par sa cheute pourroit en elever d'autre, ou servir a des mouvements qu'on voudroit. Il faut que le lieu vuidè soit beaucoup plus grand que la quantitè d'eau qu'on y veut elever chaque fois. Manuscrit E. p. 133, 30 Aoust 1678. Pour empescher que les vaisseaux ne se brisent sur des sables ou rochers. par des ressorts sous la quille. Ils seroient de bois, et fort longs et gros. l'un attachè vers le derriere du vaisseau, l'autre vers le devant. - Voyez la suite un peu plus loin (3 sept.). | |
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Manuscrit E. p. 134-137 (août ou septembre 1678).La pensée du P. Lana [on voit un homme accroché à un ballon], comme je pourrois faire voir, est tombée dans l'esprit encore a d'autres - en marge: a estè pensè et examinè par d'autres en AngleterreGa naar voetnoot23) - ce que pourtant il peut avoir ignorè. L'invention du P. Lana de s'elever en l'air par le moyen de boules vuides d'air, quoyque bien fondée dans la Theorie, a des difficultez dans l'execution qui semblent insurmontables. a cause du poids de la matiere dont ces boules devroient estre faites pour avoir la force de resister a la pression de l'air de dehors. | |
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Cependant l'experience seroit si belle et si rare de pouvoir seulement construire une telle sphere qui s'elevast elle mesme dans l'air (et c'est par la qu'il faudroit commencer cette machination) qu'il vaut bien la peine d'y resver et d'essaier ce que pourroient effectuer les pensees jointes de plusieurs personnes qui contribueroient chacun la siene. L'on scait qu'il est vray ce que dit le P. Lana, que le contenu des boules s'augmente bien plus a proportion que ne fait leur surface. Mais il faut estre adverti d'un autre costè qu'une grande sphere creuse s'enfonce plus facilement qu'une moindre par la pression de dehors. Et que la figure spherique ne suffit pas pour l'en empescher si la boule n'est d'une espaisseur convenable. C'est pourquoy les boules de cuivre qu'il propose de 14 pieds de diametre, dont la lame quarrée d'un pied ne pese que 3 onces et toute la boule 154, ne pourroient resister en aucune maniere a la pression de l'air. Parmy plusieurs moyens que je me suis autrefois imaginèGa naar voetnoot24) il y avoit cellecy qu'ayant fait la surface de quelque matiere legere, comme de papier double ou triple durci par la colle, je voudrois fortifier la voute en dedans par des petites planchettes deliées et d'un bois leger, mises sur le champ et faisant entre elles des quarrez ou deshexagones de 4 ou 5 pouces de diametre. Et qu'outre cela il y eust a certains intervalles des pieces plus grandes mais legeres au possible et mises sur le champ pour fortifier tout le corps de la sphere. Pour la vuider d'air je ne voudrois pas la remplir d'eau comme pretend le P. Lana (car quand mesme elle seroit d'une matiere a le souffrir, elle n'en auroit pas la force non plus que sa boule de leton) mais j'aurois une autre sphere bien forte ou un lieu voutè et bien fermè que je remplirois d'eau avec un tuyau vers en | |
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bas de 32 pieds par ou l'eau s'ecouleroit et un autre tuyau de communication avec la sphere legere qui seroit ainsi vuidee a plusieurs reprises. Mais comme tout cela est une affaire de beaucoup de difficultè et de depense et pour la quelle entreprendre il faudroit avoir quelque certitude de la possibilitè, j'ay pensè que pour s'en esclaircir a peu de frais, l'on peut faire une petite partie d'une grande sphere par exemple une surface d'un pied en rond d'une sphere de 6 ou 10 pieds de diametre, la quelle surface estant appliquée avec son creux sur une plaquecreuse de leton de mesme grandeur et les bords bien cimentez l'on tirera l'air d'entre deux par la machine de M. BoileGa naar voetnoot25), la platine de leton ayant pour cela un tuyau au centre avec un robinet, qui empesche l'air de rentrer. L'on pourroit juger par cette experience de la resistence que feroit la boule entiere construite de mesme que cette partie, et l'on verroit en mesme temps si elle auroit la legeretè necessaire. Car le calcul est fort aisè en supposant la pesanteur de l'air d'icy bas connüe, scavoir d'une once et demie par pied cube, ou selon mes experiences plustost d'une once seulement. par ou une sphere de 10 pieds de diametre ne doit peser que environ 32¾ livres. En marge: 640 aqua ad 1 aer.
Plusieurs ont eu la mesme pensée que le P. Lana touchant la maniere [de] voler, mais personne n'a eu la hardiesse de la proposer comme pouvant avoir du succes dans la pratique. Et en effect tant qu'on examine d'avantage l'on trouvera d'autant plus qu'il est impossible non seulement de construire son bateau volant avec des hommes dedans, mais encore aussi un globe seul qui estant vuide d'air s'eleve de luy mesme. Cette impossibilitè vient de l'inhabilitè de la matiere dont les boules doivent estre composees. Car pour le leton qu'il y veut emploier il seroit si mince que ce ne seroit que du clinquant comme je viens de verifier par le poids, ce qui pourroit estre proposè a une boule de 14 lignes de diametre mais non pas pour une de 14 pieds, comme son calcul le requiert, et il semble qu'il n'ait pas assez considerè que d'autant plus grande est la sphericitè, d'autant plus facilement est elle enfoncée par la pression de dehors. | |
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J'avois autrefois songè a faire la surface de quelque matiere legere comme de papier double ou triple fortifiè par la colle, et renforcer cette surface en dedans par des petites planchettes de bois leger mis sur le champ. Mais j'ay tousjours trouvè qu'il n'y avoit pas assez de force et de legeretè ensemble. Et je ne vois pas qu'il y ait quelque esperance de reussir si ce n'est qu'on decouvrit dans la nature ou que l'on fist par art quelque matiere fort spongieuse ou comme d'une escume congelee et bien ferme, dont on pust faire cette crouste spherique avec quelque espaisseur et pourtant tres legere. Je trouve qu'une sphere de 10 pieds de diametre ne devroit peser qu'en viron 32 livres, parce que selon mes experiences l'air n'a qu'environ le poids d'une once pour un pied cube d'air au lieu que le P. Lana lui donne 1½ onceGa naar voetnoot26). Manuscrit E, p. 138 (la date 3 sept. 1678 à la p. 139). Petits poissons artificiels par le moyen de l'esprit de tartre et l'huile de vitriol. Manuscrit E, p. 139-142. Proposé a l'academie le 3 Sept. 1678Ga naar voetnoot27). Le malheur qui est arrivè depuis peu a la flotte du Roy sous M. le comte d'EstréeGa naar voetnoot28) m'a donnè occasion de songer aux moyens de sauver a l'avenir les vaisseaux du danger de se briser contre terre qui est le plus grand et le plus frequent qu'ils ayent a courir. Il s'en perd que le vent ou les courants jettent sur les costes. Il en eschoue sur des bancs cachez soit en pleine mer soit a l'embouchure des rivieres. Quelquefois mesme a l'entree du port apres avoir fini heureusement jusques la de grands voiages; de sorte que si l'on considere les pertes d'hommes et de biens qui se font continuellement par ces infortunes l'on ne peut douter que l'invention dont je parle, si elle peut reussir, ne soit une des plus utiles que l'on puisse trouver. Voici la maniere dont je l'ay concüe. | |
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L'on prendra deux fortes poutres un peu courbes, chacune de la longueur de la moitiè de la quille du vaisseau. Si elle excede les 60 pieds ou si les vaisseaux sont plus grands l'on prendra tousjours ces poutres de 30 ou 36 pieds et la largeur egale a celle de la quille. On les attachera chacune par un bout vers le milieu de la quille par dessous, et en sorte que l'autre bout de chaque poutre aille l'un aune extremitè de la quille et l'autre a l'autre et que ces bouts s'ecartent de la quille en ces endroits environ d' ⅛ ou 1/9 de leur longueur, plus ou moins selon que l'experience l'enseignera. Ces poutres tiendront lieu de ressorts, et comme c'est tousjours la quille du vaisseau qui rencontre
la terre la premiere ce seront maintenant ces ressorts, ou l'un d'eux seulement. Et l'effect sera qu'en cedant au coup ils en empescheront la force et la rudesse, autant qu'il est necessaire pour preserver le vaisseau de se briser et de s'ouvrir. Le ressort de devant sera un peu recourbè vers la proüe, afin de pouvoir glisser sur des sables qu'il viendra a toucher. Pour ce qui est des objections que l'on pourra faire; Premierement si l'on doute que pour une masse pesante comme l'est un vaisseau avec ce qu'il contient, ces ressorts puissent avoir assez de force, l'on doit scavoir, que l'eau soustient la plus grande partie de tout le poids, lors qu'un vaisseau touche au fonds; de sorte que ce ne sera que le reste qui pesera sur les ressorts. Et comme dans l'agitation que donne la mer a un vaisseau il ne baisse qu' avec la vague qui l'avoit elevè, la descente n'est pas si soudaine a beaucoup pres que s'il tomboit sans estre soustenu de rien. Que s'il arrive que par la pesanteur du vaisseau tout le ressort soit forcè, et qu'il s'applique à laquille, toutefois la rudesse du coup aura estè rompüe. | |
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Quant a l'empeschement ou retardement que pourroient produire ces pieces à la vitesse du vaisseau, il ne scauroit estre considerable. car premierement elles ne pesent rien estant soustenues par l'eau. Puis elles traversent l'eau dans leur longueur de sorte que ce qu'elles en rencontrent est peu de chose. Ce qu'on voit en traçant la forme du vaisseau par derriere, car la grosseur de ces poutres est alors fort peu, en esgard au corps du vaisseau qui doit se faire passage a travers l'eau. Et un peu de charge d'avantage dans un vaisseau, qui par exemple le feroit enfoncer un ½ pied plus qu'il ne faisoit, apporteroit bien plus de retardiment. Mais quand il en arriveroit quelque peu par ces poutres attachées, l'avantage est si grand de l'autre costè, qu'on ne doit pas s'arrester a ce petit inconvenient. L'on dira que dans la mer Mediterranée les vaisseaux ont besoin de toute leur vitesse pour eviter ou pour poursuivre les Corsaires. Mais je respons que pour ce qui est de les eviter, ces vaisseaux avec des ressorts auroient l'avantage de se pouvoir retirer pres des costes, ou d'autres vaisseaux n'oseroient les suivre. Il est aisè de faire l'espreuve de cette invention en faisant attacher de ces ressorts a quelque vieux vaisseau, et le faisant echouer expres. Lequel s'il resiste, l'on sera seur que d'autres plus forts resisteront encore mieux. L'on pourroit trouver moyen de retirer ces ressorts contre la quille par des cordes qui perceroient le fond de cale, s'il estoit necessaire et si l'on ne craint pas qu'ils se relachent en demeurant ainsi longtemps tendus dans l'eau. Pour de fort grands vaisseaux qui ont 100 ou 120 pieds de longueur, si l'on apprehende que le milieu de la quille ne viene a heurter contre terre, a cause de leur fonds inegal l'on pourra ajouter un troisiesme ressort dans le milieu de la quille, le mettant du mesme sens que celuy qui est sous la pouppe. Il faut faire les poutres pliantes aussi larges que toute la quille, qui dans des grands vaisseaux est de 15 ou 20 pouces et quelques fois de plus de deux pieds. Les bouts des poutres seront pointus. Le bois de sapin est peut estre meilleur que celuy de chesne. Il faut les attacher avec des grosses bandes de fer, et des boulons a travers. Si le sapin plie trop facilement, on essaiera le chesne. Et si cettuicy n'a pas encore | |
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assez de force, on augmentera l'epesseur des ressorts par enbas. Ou l'on les mettra doubles l'un sous l'autre. Ou l'on les accourcira, les faisant de 25 pieds au lieu de trente. Il faut que les ressorts soient pliez en circonference de cercle, ou que vers le bout libre ils soient un peu plus courbes qu'ailleurs. Il faut voir si ces poutres n'empescheront pas le vaisseau d'obeir au timon, lors qu'on va a la bouline. Je me suis enquis de ceux qui ont estè dans des vaisseaux qui se sont echouez de quelle maniere ils se brisent, et ils m'ont dit que quand le vaisseau a touchè, les vagues (ce qu'ils appellent la houle) les agitant et les relevant et puis se baissant, la quille heurte contre terre avec tant de force que cela fait d'abord des ouvertures dans le bas du vaisseau par ou il entre de l'eau dans le fond de cale, ce qui fait que le vaisseau demeure plantè sans esperance de se pouvoir relever ni tirer d'ou il est. Ensuite comme il ne peut ceder a l'impetuositè de la mer il se brise de plus en plus, et si le temps est rude ou qu'il le deviene, toutes les oeuvres mortes, c'est a dire ce qui est hors de l'eau, sont mises en pieces et en suite tout le reste. Quand le vaisseau ayant touchè, resiste quelque temps, on le peut sauver en portant une ancre dans la chaloupe, et la laissant tomber, puis on y attire le vaisseau en virant le cabestanGa naar voetnoot29). Lors qu'un vaisseau echoue il n'y a pas de vagues qui l'elevent en cet endroit la comme en pleine mer, car il n'y a que 15 ou 16 pieds de profondeur, scavoir autant que le vaisseau est enfoncè dans l'eau (leçon alternative: tire d'eau). Et les vagues qui s'elevent a si peu de profondeur estant courtes (ces vagues s'appellent la Houle) ne portent pas le vaisseau entier, et partant ne le scauroient hausser ou baisser de guere plus de 4 ou 5 pieds mesme dans des tempestes. Cette hauteur n'est que trop suffisante pour faire briser le vaisseau, en heurtant contre un fond de sable ou de pierre, mais elle n'est pas assez grande pour empescher que le ressort ne fasse son effect et qu'il ne rompe la force du coup. Vu que je donne 4 ou 5 pieds de jeu au ressort. Herbe dans certains endroits de la mer, demeureroit attachée entre le ressort de devant et le vaisseau. Pour ces vaisseaux il faut mettre ce ressort de mesme sens que les autres. Dans des havres qui seichent par les marees basses, l'on pourroit apprehender que ces poutres ne s'enterrassent dans le sable ou la vase, et qu'elles n'eussent de la peine a en ressortir, mais cela n'arrivera point parce qu'elles s'appliqueront a la quille a mesure que l'eau manquera, et a la fin elles s'y joindront entierement. Le ressort est passè dans une double corde attachée d'un bout au vaisseau, et l'autre bout entrant dedans, ou il sera tirè par le moien du cabestan quand on voudra appli- | |
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quer le ressort contre la quille, ou l'on le laisseroit d'ordinaire s'il n'estoit à craindre qu'il perde sa qualitè de ressort. On aura double force par ce moyen et seulement un trou, ou l'on pourra mettre un tuyau. Le texte des Registres sur ce sujet est le suivant. On voit qu'il est plus court. Nous avons observé à la p. 215 du T. XX à propos d'une autre communication de Huygens, insérée dans les Registres, qu' ‘il peut avoir parlé plus longuement’. Le samedy 3 Septembre 1678 Mr. Hugens a proposé une maniere d'empescher les vaisseaux de se briser en s'eschouant par le moyen de deux poutres faisant ressort attachées chacune par un bout au milieu de la quille. Il en donnera l'explication et les figures. Il paraît possible, ou même fort probable, d'après ce texte-ci que Huygens en cette occasion n'ait parlé que brièvement en donnant ou promettant au secrétaire une pièce écrite avec des figures. Comparez le deuxième alinéa de la p. 208 du T. XX. | |
Pour empescher les vaisseaux de se briser lorsqu'ils eschouent. | |
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Le plus grand danger et le plus fréquent que courent les vaisseaux est de se briser en eschouant soit que les vents les jettent sur les costes, ou qu'ils soient emportés par les courants, ou par l'ignorance des pilotes sur des bancs de sable ou des rochers cachez qui se rencontrent souuent a l'entree des riuieres et quelque fois en pleine mer. Les vaisseaux se perdent en ces rencontres mesme sans qu'il fasse mauvais temps et ce qui les sait perir c'est qu'apres auoir touché a terre, le mouvement des vagues continue de les agiter en les eleuant, et abaissant ensuite, fait que la quille heurte contre terre auec tant de force que le vaisseau s'ouvre par en bas, et s'emplissant d'eau il demeure arresté et exposé a la force des vagues qui acheuent de le briser. Comme tout le mal vient de la force du coup qui arreste subitement le mouvement d'un corps si vaste et si pesant que l'est un vaisseau avec tout ce qu'il contient, j'ay pensé qu'on y pourroit remedier en adoucissant ce coup, et cela par le moyen suivant. Sous la quille du vaisseau je voudrois attacher de grosses poutres aussi larges que la quille mesme et un peu courbes de la maniere que represente cette figure. Vu les figures reproduites plus haut nous jugeons inutile de reproduire celle-ci. Scavoir une a l'extremité qui est vers la proüe et une autre du costé du gouvernail, et s'il est besoin encore une troisiesme entre les deux, en sorte que chacune occupast un tiers de la longueur de la quille. Chacune de ces poutres seroit attachée seulement par l'un de ses bouts, scauoir celuy qui regarde vers la proue, l'autre bout a cause de la courbure s'écartant de la quille de 2. 3. ou 4. pieds selon la grandeur du vaisseau. Estant ainsi disposees elles tiendroient lieu de ressort, et comme elles seroient les premieres a toucher contre terre elles empescheroient en pliant la rudesse du coup autant qu'il est besoin pour preseruer le vaisseau de se briser. Que si l'on doute que ces ressorts puissent auoir assez de force pour faire cet effet, il faut considerer que l'eau ne laisse pas la plus grande partie de tout le poids lors mesme qu'il touche, de sorte que ce ne doit estre que [ce] qui pese sur les ressorts. Il faut encore sçauoir que comme le vaisseau ne baisse qu'auec la vague qui l'auoit esleué, sa descente n'est pas si soudaine a beaucoup prez que s'il tomboit sans estre soustenu de rien. que s'il arrive que par la pesanteur du vaisseau le ressort soit forcé en sorte qu'il s'applique a la quille, toutefois la rudesse du coup auroit esté rompue par ce moyen. Quant a l'empeschement ou retardement que pourroient causer ces pieces a la vitesse du vaisseau, il ne scauroit estre considerable estans attachées dans les sens qu' elles sont car pour leur poids il ne fait rien car il est soustenu par l'eau. Il est vray qu'a cause de ces 3. ou 4. pieds que ces ressorts descendent sous la quille ils pourront toucher a terre en des endroits ou le vaisseau auroit passé autrement sans toucher, mais l'on peut repondre que si cela arriue dans un lieu d'ou l'on puisse detourner le vaisseau il seruira d'auertissement, et si c'est sur quelque coste ou en quelqu'autre lieu ou il faille eschouer necessairement, il n'importe nullement que les ressorts touchent plustost que le vaisseau n'auroit fait sans eux. Il est aisé au reste de faire l'espreuve de cette inuention en faisant attacher de ces | |
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ressorts a quelques vieux vaisseauxGa naar voetnoot30) et les faisant eschouer exprez, lequel s'il resiste l'on sera seur que d'autres plus forts resisteront encore mieux. Manuscrit E, p. 144 (la date 11 sept. - 1678 - à la p. 145). Représentation d'un moteur, ou plutôt de deux moteurs, à poudre à canon destinés à élever des fardeaux. |
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