Oeuvres complètes. Tome XXII. Supplément à la correspondance. Varia. Biographie. Catalogue de vente
(1950)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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Toutte la realité, ou perfection qui est dans une chose se rencontre formellement ou eminemment dans sa cause, et il faut bien que cela soit puisque autrement tout ce que cette chose auroit de perfection ou de realité de plus que sa cause, elle la tiendroit du neant, puisque rien ne la luy auroit donnée, ce qui repugne par la lumiere naturelle.
La volonté se porte tousjours librement (car cela est de son essence) mais neansmoins infailliblement au bien qui luy est clairement connu. En sorte que si elle connoist quelque perfection quelle se puisse donner et qu'elle n'ayt pas, elle se la donne certainement, parce quelle connoistra que ce luy est un plus grand bien de les auoir que de ne les auoir pas.
Ce qui peut faire le plus, ou le plus difficille peut aussy le moins ou le plus aisé.
C'est une chose plus grande de creer ou conseruer une substance que de creer ou conseruer les attributs ou proprietez. Mais il n'est pas plus difficile de creer une chose que de la conseruer.
Ie le prie aussy de me mander sil ne conuient pas de ces deux ou trois definitions.
La pensée est l'operation de lesprit par laquelle nous connoissons interieurement et immediatement touttes choses, et l'Idée de l'esprit est la forme de chacune de nos pensées, qui les distingue les unes des autres, par la perception immediate de laquelle nous auons connoissance de ces mesmes pensées. En sorte que nous ne scaurions prononcer de parolles lors que nous entendons ce que nous disons, que nous ne soyons en mesme temps assurez que nous auons dans cet instant en nous l'Idée de la chose signifiée par ces paroles.
La substance, que nous entendons ou conceuons estre souuerainement parfaitte, et dans laquelle nous ne conceuons rien qui enferme quelque defaut, ou limitation de perfection est Dieu. |
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