Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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IX.
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2. Application de ce vaisseau à mester l'eau forte et l'esprit de vin. Fig. II. [Fig. 99, II]. Pour mesler diverses liqueurs ensemble par le moyen de cet instrument, il faut avoir 2 petits verres, dont l'un puisse entrer dans l'autre, attacher le plus petit au crochet du fil de fer & mettre le plus grand dessous, & arrester le fil de fer en sorte que les verres soient un peu distans l'un de l'autre, jusqu'à ce que le recipient soit vuide, en suitte de quoy, par le moyen du fil de fer, on enfonce le petit verre dans le grand, jusques à ce que les liqueurs qu'ils contiennent se mélent. Ainsi je mis un jour de l'eau forte dans le verre de dessus, & de l'esprit de vin dans celuy de dessous, & je vuiday le recipient si bien que l'esprit de vin bouïllit à gros bouïllons, comme il fait d'ordinaire, & l'eau forte jetta quelques petites bulles. Apres que l'un & lautre fut bien purgé, j'enfonçay le verre de dessus dans l'autre, en sorte que l'esprit de vin se mesla avec l'eau forte, & dans cet instant je vis qu'ils firent encore une ébullition fort considerable.
Voyez la suite du Chap. III dans la Pièce X qui suit. | |
Chapitre IV. Des experiences faites sur les plantes, avec la maniere d'oster les recipients vuides de dessus les machines.1. Maniere d'enfermer une plante à demy dans le vuide. Ie pris un jour un petit recipient de mesme forme que celuy que j'ay décrit au chapitre precedent, & au lieu de fil de fer, je passay dans le petit trou un brin d'une plante assez connüe nommée du baume, en sorte que le haut de la plante estoit dans le recipient, & les racines dehors. Je bouchay en suitte le reste du trou avec du ciment pour le pouvoir conserver long-temps vuide; mais parce que je ne voulois pas qu'il embarassat la machine, il falut trouver moyen de l'oster quand il seroit vuide. Pour cela je me servis de la methode qui suit, qui est fort seure & fort commode, & qui m'a servi depuis pour quantité d'autres experiences que je donneray dans la suitte. 2. Maniere d'oster les recipients vuides pour les garder tant qu'on veut. J'usay fort exactement les bords de la grande ouverture de mon recipient, en sorte qu'il appuyoit par tout sur une placque de verre que j'avois aussi usée fort plate pour luy servir de couvercle, & j'estendis un morceau de peau d'agneau moüillée sur la dite placque, & l'ayant mise sur la machine je mis mon recipient dessus: mais il y avoit en un endroit une dragée de plomb qui empeschoit le recipient de s'appliquer juste sur son couvercle, afin que l'air en peust sortir plus librement. Et en suite ayant couvert le tout d'un autre plus grand recipient, je fis joüer la pompe. Quand le tout fut bien vuide j'ébranlay la machine en sorte que le petit recipient tomba de dessus le grain de plomb, & s'appliqua par tout sur le cuir étendu sur le couvercle de verre. | |
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Alors je n'eus qu'à laisser rentrer l'air dans le grand recipient, & cet air pressant sur le petit le tint si fermement attaché à son couvercle, qu'il m'auroit esté impossible de les separer: & je suis asseuré que l'air n'entre point dans le petit recipient, quand il est ainsi appliqué sur le cuir; car j'y ai mis plusieurs fois des épreuves qui y demeuroient toûjours au mesme estat, quoy qu'on laissast rentrer l'air dans le grand recipient. On pourroit aussi ne mettre point le grain de plomb pour soûtenir le petit recipient, parce que l'air par son ressort le soûleveroit assez; mais le vuide ne s'y feroit pas du tout si parfait.
Voyez aussi le début du Chap. VII à la p. 233 qui suit. | |
Chapitre VIII. Description d'une nouvelle Machine du VuideGa naar voetnoot1).La Machine du vuide ayant divers usages tels que je viens de descrire, & pouvant en acquerir tous les jours de nouveaux; il est à souhaitter d'en rendre la construction facile, afin que plusieurs personnes en ayant en leur disposition, y fassent des experiences chacun selon son genie, & qu'ainsi on découvre des nouveautez avantageuses au public. J'ay donc aussi travaillé pour ce dessein, & j'ay fait faire depuis peu de ces sortes de machines d'une maniere fort simple & fort commode, comme on peut juger par la description qui suit. AAA est un trepied de bois, haut de deux pieds & demy - planche 2 fig. 3 [Fig. 99, III] -, qui soûtient une syringue d'estain de la grosseur ordinaire & longue d'un pied, marquée BB et attachée sur le dit trepied par trois vis en bois qui passent dans trois oreilles soudées à la syringue. C'est le couvercle de la syringue qui entre dessus à vis avec du ciment, en sorte qu'il ferme fort seurement. Sur ce couvercle est soudé le robinet D, & sur ce robinet la platine EE. F est une boëtte de fer blanc qui sert à contenir l'eau dans quoy trempe le robinet. GG est une anse recourbée soudée au robinet & qui passe par dessus la boëtte F, asin qu'on puisse facilement tourner le robinet. hhh sont trois petits pieds soudez à la boëtte F & à la platine EE pour la rendre plus ferme. II est une verge de fer attachée au piston, & ayant un estrier embas dans lequel on met le pied pour faire hausser & baisser le piston, & cette verge passe dedans une boule de bois marquée O qui tient aux trois pieds par des entretoises. Ce | |
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sont là toutes les pieces de la machine. Mais parce que le robinet & le piston ne sont pas comme les ordinaires, il faut les descrire chacun en particulier. Le piston - Fig. IV [Fig. 99, IV] - est double. Sa partie superieure marquée AB est la plus longue, parce qu'elle soûtient tout l'effort du poids de l'air; & cette partie est creuse par dedans, afin de contenir de l'eau. L'autre partie CD est plus courte, parce qu'elle ne sert qu'à empescher de tomber l'eau contenüe dans la partie AB. n est le bout d'un tuyau qui passe au travers de la partie CD & monte jusques aupres du fond qui couvre la partie AB. m est un autre tuyau qui passe au milieu de la partie CD. & est soudé fortement au fond qui couvre la partie AB, & a un trou proche dudit fond. Quand donc le piston est au bas de la syringue, on fait entrer dans le bout du tuyau n le bout d'un autre tuyau recourbé représenté fig. 5 [Fig. 99, V] & on verse de l'eau dans l'entonnoir qui est au haut de ce tuyau. Cette eau se respand par le haut du tuyau n, & remplit la partie superieure du piston, l'air sortant librement par le tuyau m. L'eau remplit donc aussi l'espace hh qui est entre la partie AB & la partie CD, & cette eau ne peut pas tomber, parce que la partie CD la retient. Ainsi le piston AB est tout couvert d'eau, & l'air ne sçauroit du tout penetrer dans le vuide qui se fait au dessus. Le Robinet a ses trous fort petits; & sa clef, outre le trou ordinaire, a encore une petite fente ou reinure dans sa longueur. Cette fente marquée aa fig. 6 [Fig. 99, VI] est large d'environ une ligne & profonde d'autant. Sa situation est entre les deux ouvertures du trou ordinaire, mais quatre fois plus distante de l'une que de l'autre, en sorte que l'espace qui se trouve plein dans la plus grande distance, est suffisant pour boucher fort bien le trou du boisseau qui respond à la syringue. Ce trou se trouve ainsi bouché quand l'anse GG est perpendiculaire, & l'on peut alors faire le vuide dans la syringue, sans qu'il puisse rien y entrer, ny par le trou ordinaire, ny par la fente dont je viens de parler: mais quand on tourne la dite anse d'un costé ou d'autre, on fait rencontrer sur le trou qui respond à la pompe, tantost le trou ordinaire de la clef, & tantost la fente susdite. Pour se servir de cette machine, on attache au tuyau m la verge de fer marquée II. & on met le pied dans l'estrier pour faire monter le piston jusques au haut de la syringue. Mais il faut premierement avoir tourné le robinet en sorte que la fente décrite cy-dessus se rencontre sur le trou qui respond à la syringue: car par ce moyen tout l'air qui est dans la syringue passe par la dite fente, & sort par la boëtte F. Il faut en suitte mettre de l'eau dans cette boëtte pour couvrir le robinet, qui ne pourroit estre assez juste sans cela. Quand le piston est tout au haut de la syringue, il faut dresser l'anse GG, afin que le robinet soit tout fermé, puis peser sur l'estrier pour faire baisser le piston; & tandis qu'il est au bas & que la syringue est vuide, il faut pencher l'anse GG pour faire que le trou ordinaire de la clef du robinet se trouve vis à vis du trou qui respond à la syringue: Par ce moyen l'air du recipient coule dans la syringue vuide. Alors il faut redresser l'anse GG pour fermer le robinet, crainte que l'air qu'on a tiré du recipient | |
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n'y rentrast, & le piston remonte en partie, parce que l'air exterieur le presse plus fort que celuy de dedans. En suite on tourne l'anse GG vers le costé opposé, afin que la fente de la clef du robinet se trouve vis à vis de la pompe, & on acheve de faire monter le piston en le poussant vers en haut avec le pied, & ainsi on chasse de la syringue tout l'air qu'on avoit tiré du recipient. En suite on n'a qu'a recommencer de la mesme maniere jusques à ce qu'il n'y ayt plus d'air dans le recipient. Ce qui est aisé à cognoistre, parce que le piston remonte de luy mesme jusques au haut de la syringue, & quand on veut le pousser plus haut avec le pied, on n'entend point d'air boüillonner à travers l'eau de la boëtte F. Pour faire entrer l'air dans le recipient il faut pencher l'anse GG, afin que la fente de la clef se trouve vis à vis de la pompe. Alors en baissant le piston l'eau de la boëtte F entre par ladite fente dans la syringue, & ainsi, en tirant la clef du robinet, l'air entre sort viste dans le recipient. On se sert pour ces machines, du ciment que M. Hugens inventa pour celle que j'ay descrite Chapitre IGa naar voetnoot1). Il se fait de cire fondüe où on mesle un poids égal de therebentine. Mais on trouve des Machines toutes prestes au faux-bourg S. Germain ruë Mazarin, chez Monsieur GaudronGa naar voetnoot2). |
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