Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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VIII.
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Au reste l'eau n'est pas propre d'abord pour bien faire cette épreuve, parce qu'il y a toûjours quantité d'air meslé entre ses parties, & cet air monte dans le matras β, & pressant sur l'eau qui y est, la fait descendre plus bas qu'elle ne feroit si le matras estoit absolument vuide; & ainsi on croiroit la machine meilleure qu'elle ne seroit. Il faut donc, pour éviter cette tromperie, laisser l'eau 9 ou 10 heures dans le vuide, & pendant ce temps l'air engagé entre les parties de l'eau se dilate et forme quantité de bulles qui montent & sortent de l'eau; & on l'appelle de l'eau purgée quand toutes les bulles en sont sorties. Alors il n'y a qu'à en remplir exactement le matras, & le remettre dans la situation qui est icy representée, sans qu'il y entre d'air: en suite de quoy cette eau ne descend point, quoy qu'on vuide le recipient autant qu'il est possible. Je ne m'arresteray point à dire la raison de cette experience, puisque M. Hugens l'a expliquée dans le Journal du 25 Juillet 1672Ga naar voetnoot1) & qu'elle a encore depuis esté éclaircie plus au long par M. HuetGa naar voetnoot2). Je me contenteray simplement de dire qu'il n'y a qu'à frapper contre la machine pour faire tomber cette eau, & alors elle s'arreste à peu prés à la hauteur oû l'air la peut soutenir; parce que l'air qui se forme dans le matras est si peu de chose qu'il ne sçauroit y faire d'effet sensible. Dans la suitte donc, par le mot d'épreuve, j'entendray un matras ou un tuyau qui sert ainsi à mesurer la quantité d'air qui est dans le recipient. Et souvent je remplis ces tuyaux de mercure au lieu d'eau. Je diray encore icy en passant que, quand l'eau est ainsi descenduë du matras, si on laisse rentrer l'air tout à coup dans le recipient, l'eau remonte dans le matras avec une impétuosité si grande qu'elle le casse, ou bien s'il est trop fort, elle tournoye dedans un temps fort considerable, & pendant ce temps, les bulles d'air qui y sont meslées se rassemblent toutes au milieu du matras & y forment un petit cylindre horizontal, & en suitte, quand le grand mouvement cesse, ces bulles par leur legereté montent au haut du matras. Cette experience surprend d'abord, mais il est aisé d'en rendre la raison par les 2 premieres regles du mouvement de M. DescartesGa naar voetnoot3). |
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