Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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auparavant, mais l'escorce pour auoir esté tendue plus que d'ordinaire demeura ridée. 3Ga naar voetnoot3). On a enfermé dans le recipient de l'esprit de vin, qui n'estoit point eschauffé, et on a pompé l'air du recipient. apres que cet air a esté espuisé a fort peu pres de l'esprit de vin, sans estre eschauffé estant enfermé sous le recipient, et l'air estant vuide a fort peu pres. il commença subitement a boüillir jettant de grosses bulles et se respandit en partie par dessus les bords du verre qui le contenoit. A chaque sortie d'air apres cela il vint de ces bulles en abondance, jusqu'a ce qu'estant purgé d'air comme il semble par cette maniere l'on n'en vit plus paroistre du tout. 4Ga naar voetnoot4). Pour voir si les Plantes leueroient et croistroient dans le vuide on mit dans ce recipient, un petit vaisseau dans lequel il y auoit de la terre et de petites laitues qui y auoient esté semées quelques iours auparauant et qui commencoient a leuer. On y sema aussi deux ou trois sortes de graines de celles qui poussent en peu de temps et l'on y mit un petit vaisseau plain d'eau dans laquelle trempoit une branche de ..... chargée de fleurs dont les unes estoient epanoüies et les autres encore en bouttons. Et pour connoistre si le recipient estoit bien vuide d'air on y enferma un tuyau de cinq ou six pouces et plain d'eau, dont le bout d'en hault estoit bouché, et l'autre bout qui estoit ouuert trempoit dans l'eau. Le recipient estant vuidé par le moyen de la Pompe en sorte que l'eau du Tuyau dont on vient de parler descendit au niueau de celle dans laquelle il trempoit, on a osté le recipient avec ce qui estoit dedans de dessus la machine et on a prié Mr. Hugens de le mettre en un lieu propre et d'obseruer ce qui y arriueroit.
On a resolu de continuer dans l'assemblée prochaineGa naar voetnoot5) les experiences du vuide que l'examen de cette machine auoit interrompue. | |
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Du Samedy 5e. May 1668.Le Samedy 5e. jour du mois de May, la Compagnie estant assemblée on a continué les experiences du vuide. 1. On a examiné si un recipient vuide d'air pese moins que lorsqu'il en est plein. Pour cet effect on mit soubs le recipient une grande phiole, dont on espuisa l'air, et lorsqu'elle fut vuide on la retira du Recipient pour la peser. La difficulté estoit d'empescher que l'air ne rentrast dans cette Phiole lorsqu'on la mettroit hors du Recipient et voicy comment M. Hugens fit pour l'empescherGa naar voetnoot1). Il auoit fait preparer un petit cylindre faict d'une lame de cuiure de la hauteur d'un pouce, sur un pouce et demy de largeur: n'ayant qu'un fond du costé de dessus, qui doit estre tant soit peu creux, et percé d'un petit trou de demye ligne, un peu a costé du centre. Ayant etendu du ciment mol sur ce fonds on y pose dessus la platine qui est pour fermer l'embouchure de la Phiole qu'on veut vuider, laquelle platine est creuse d'une cauité pareille a celle du fonds du petit cylindre et percée d'un semblable trou; que l'on fait respondre a l'autre en passant un fil d'archal par les deux, pendant qu'on presse ces deux pieces l'une contre l'autre autant qu'on peut. Puis ayant oftéle fil d'archal on attache la bouche de la phiole dans le ciment de la platine apres y auoir mis dedans ce qu'on veut, et enfin on applique le tout a la machine, enfonçant le bord d'en bas du petit cylindre dans le ciment que contient la platine TT. Cela estant fait on espuise tout l'air et alors on tourne doucement la phiole avec son couvercle sur le petit cylindre qui demeure immobile, et par ce moyen les deux petits trous ne respondant plus l'un a l'autre et tous deux estant bouchez par le ciment l'on esleue [lifez: enleue] le petit cylindre et la phiolle ensemble qui se conserue vuide autant de temps qu'on veut. La figure qui suit seruira a faire entendre cette Invention [La figure fait défaut. Voyez les Fig. 95 IV et 95 bis].
Ayant par ce moyen retiré de dessous le recipient la phiole vuide d'air, on l'a pesée et en suitte l'ayant débouchée et l'air y estant rentré, on l'a encore pesée et on l'a emply en suitte d'eau, et on l'a pesée une troisiesme fois pour juger de la proportion du poids de l'air a celuy de l'eau, mais on a reconnu que les balances n'estoient pas bien justes, et qu'ainsy l'experience n'estoit pas exacte: C'est pourquoy on ne parle pas icy d'auantage de cette ExperienceGa naar voetnoot2). Au reste comme il est necessaire que la Compagnie | |
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ait des balances tres justes on a conclu que l'on en feroit faire les plus exaétes qu'il seroit possible, et on a commis M. Du ClosGa naar voetnoot3) pour en prendre le soing. 2. On a mis soubs le Recipient dans un vaisseau plein d'eau une vessie de carpe tuée le jour precedent, la seconde fois qu'on a pompé l'air la vessie s'est creuée auec bruit. 3. On a mis une Ablette ou Goujon soubs le recipient, et quoy qu'on en ait espuisé l'air jusqu'a sept fois de sorte qu'il sembloit qu'il n'y en restoit plus ce poisson n'est point mort, mais apres qu'on luy en a redonné de l'air il est descendu au fonds de l'eau, et quoy qu'il ayt encore vescu plus d'une heure, il a demeuré tout ce temps là au fonds de l'eau. Au bout d'enuiron cinq quarts d'heure on en fit la dissection et on trouua qu'il auoit la vessie flestrie; ce qui empeschoit sans doutte qu'il ne pust reuenir en hault de l'eau. 4. L'on a mis soubs le recipient du beurre qu'on a suspendu dans le milieu et ensuitte ayant espuisé l'air du recipient, on a couuert le recipient d'une cloche de fer fort chaude pour veoir si l'action du feu penetreroit au travers du vuide. Ayant leué la cloche de fer apres cinq ou six minuttes, on a trouué que le beurre ne s'estoit point fondu quoy que le Recipient eust esté fort eschauffé par la chaleur de la cloche, alors on suspendit le beurre un peu plus haut en sorte qu'il n'estoit esloigné du hault du verre que d'enuiron trois pouces, et le recipient ayant esté espuisé on le couurit encore de la mesme cloche assez eschauffée. Enuiron une seconde apres on s'apperceut que le beurre se fondoit un peu, parce que la chaleur en estoit plus proche. On ouvrit aussi tost le recipient et au mesme temps que l'air fut rentré le beurre quoy qu'on n'en approchast de nouveau rien de chaud se fondit beaucoup plus promptement que lorsque le Recipient estant vuide estoit couvert de la cloche de fer toute chaude.
On a resolu de continuer dans la prochaine Assemblée les Experiences du vuide.
Registres, T. IV. p. 19. | |
Du Samedy 12. May 1668....... Apres cela M. Hugens a fait son rapport de ce qu'il auoit obserué dans le vaisseau espuisé d'air ou l'on auoit mis des graines et des plantes. Il a dictGa naar voetnoot4) que les premieres 24. heures les herbes et les fleurs se maintinrent fort bien sans se flestrir, mais aussi sans croistre ny s'espanouir d'auantage. ayant ensuitte exposé le verre au soleil, celles des feüilles qui furent touchées de ses rayons se flestrirent, et ne voulurent jamais reprendre vigueur quoy qu'estant remises a l'ombreGa naar voetnoot5). | |
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Une chose bien remarquable estoit que la terre contenue dans le vase desia deuant que de l'auoir exposée au Soleil, auoit exhalé des vapeurs qui s'estoient condensées en eau contre les parois du recipient, et de là couloient dans le fonds. Ce qui ayant continué 8. iours que le recipient demeura fermé, il se trouua a la fin une quantité notable d'eau dans ce fonds. Et plus qu'on n'auroit jugé que la terre eust pû fournir, qui mesme ne se trouua pas sans humidité a l'ouverture du recipientGa naar voetnoot1). Je trouvay encore assez estrange que les vapeurs se pussent esleuer dans cet espace vuide d'air, ou d'autres corps des plus legers, comme des petites plumes, ne sont point soustenues du tout et tombent aussi viste que des morceaux de plomb. Cependant on voioit tous les jours dans ce vuide des gouttes comme de la rosée sur les feüilles des herbes et fleurs enfermees, et les ayant exposées au Soleil ces gouttes disparoissoient en peu de temps de mesme qu'il arriue dans la campagne. Je remarquay au reste que de jour en jour l'eau du petit ciphon que j'ay dict auoir esté mis pour faire foy du vuide se haussoit quelque peu, de sorte qu'au bout de 8 iours elle arriua a la hauteur de deux pouces par dessus le niueau de l'eau dans laquelle le siphon trempoit. Ce qui venoit apparemment ce de qu'une petite portion des vapeurs qui montoient de la terre enfermée se conuertissoit en air ou du moins en acqueroit cette qualité elastique, de sorte qu'en pressant la surface de l'eau du petit verre elle estoit contrainte de monter dans le siphon jusqu'a ladite hauteur de deux pouces. Il est vray qu'on eust pû doubter si l'air de dehors en penetrant par quelque ouuerture insensible ne produisoit pas cet effect, mais ce qui m'a asseuré du contraire, c'est que le fonds du recipient estant couvert d'eau l'air en la perçant y auroit formé des petites bulles ce qui n'arriua point.
On a resolu de continuer dans la prochaine assemblée les expériences du vuide, afin d'acheuer cette matiere et on a commis Monsr. Du Clos pour examiner les experiences qui en ont esté faites par le Sr Boile; et Monsr. Picard pour examiner celles qu'en a faictes l'Academie de Florence.
Registres, T. IV, p. 27.
Le mesme iour [19 mai 1668] M. du Clos a faict un rapport des experiences du vuide faictes par M. BoileGa naar voetnoot2). Et M. Picard a aussi parlé des experiences du vuide qui sont decrittes dans l'histoire de l'Academie de FlorenceGa naar voetnoot3). | |
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Apres les auoir ouys la Compagnie a iugé que la matiere du vuide auoit esté suffisamment examinée et qu'il falloit passer a quelque autre matiere. On a seulement trouué a propos de reiterer l'experience du son dans le vuide. Pour cet effect on mit soubs le recipient comme dans l'experience du 21 auril, un gros reueil matin qui sonnoit fort long temps et qu'on entendoit tres clairement, lors mesme qu'il fut couvert du recipient. La premiere fois qu'on a pompé l'air, le son s'est un peu affoibli, la seconde et la troisiesme fois, il est encore devenu plus foible; et la quatriesme on a cessé de l'entendre a moins que d'approcher l'oreille tout proche du recipient. Alors on ouurit le recipient et aussitost que l'air fut rentré le son du Timbre qui sonnoit encore s'entendit tres clairement, comme deuant, quoy qu'on eust ensuitte fermé le robinet pour empescher que le son ne passast par là. |
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