Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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X.Ga naar voetnoot1)
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Mr. Leibnitz qui veut montrer la faussetè de cette loy de la nature, suppose que Mr. Descartes compte pour choses equivalentes la force motrice et la quantitè de mouvement. Et il montre en suite que ce ne sont point des choses equivalentes, parce que &c.
Il faudroit prouver en premier lieu que des Cartes appuie la preuve de sa loy naturelle sur cette equivalence, ce qu'il ne fait point, car il la derive immediatement de l'immutabilitè de DieuGa naar voetnoot4). Il faudroit montrer 2o que des Cartes prend ces deux choses pour equivalentes, ce que je ne scache pas qu'il ait fait. De plus il faudroit montrer 3o que des Cartes ait voulu que la mesme quantitè de force motrice se conservast dans la Nature, ce qu'il semble que Mr. Leibnitz suppose.
Le raisonnement de Leibnitz contre des Cartes doit estre tel. Descartes voulant prouver que une mesme quantitè de mouvement se conserve dans la Nature, prend pour medium de sa demonstration que la quantitè de mouvement et la quantitè de force motrice sont equivalentes. Et posant que la quantitè de force motrice se conserve la mesme, il conclud que la quantitè de mouvement se conserve donc aussi la mesme.
§ 2. Or Leibnitz semble avouer que la mesme quantitè de force motrice se conserve. Mais il pretend prouver qu'il n'y a point d'equivalence entre cette quantitè et la quantitè de mouvement. | |
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On peut luy nier que des Cartes ait supposè cette equivalence. Mais quand il l'auroit supposee et qu'il auroit voulu prouver par la sa loy naturelle de la quantitè egale de mouvement, il ne s'en suivroit pas encore que cette loy seroit mal ou point demontrée. De sorte que pour en montrer la faussetè il faudroit a Mr. Leibnitz d'autres preuves.
§ 3Ga naar voetnoot1). Pour moy je puis demontrer que la Loy naturelle comme M. des Cartes la pose est fausse, et j'ay publiè dans le Journal de Paris il y a bien des annees une plus veritable Loy de la nature, scavoir que dans la rencontre des corps il se conserve tousjours la mesme quantitè de mouvement vers le mesme costè. Que le centre de gravitè des corps qui se choquent devant et apres la rencontre marche tousjours en ligne droite et d'un mouvement egal. Et que devant et apres le chocq, multipliant chaque corps par le quarrè de sa vitesse, la somme des produits se trouve estre egale.
§ 4. Leibnitz dira que la force motrice de deux corps estant la mesme (prise ensemble) devant et apres le chocq, on peut demontrer que la quantitè de mouvement apres le chocq ne sera pas la mesme que devant le chocq. Cela est vray, et il devroit l'avoir fait. Mais il ne peut pas pretendre qu'on luy accorde ce principe de la conservation de la force motrice comme qui n'auroit pas besoin de preuveGa naar voetnoot2).
§ 5. Leibnitz dit, qu'il faut dire que les forces motrices sont en raison composée, non pas des corps et des vitesses en general, mais des corps et des hauteurs qui produisent la vitesse, c'est a dire et des quarrez des vitesses. Mais on peut luy opposer pourquoy donc, lors que deux corps qui selon luy ont des forces motrices egales, se rencontrent et se chocquent directement, ils ne rejalissent[Fig. 87.]
pas en conservant chacun sa premiere vitesseGa naar voetnoot3). Par exemple si le corps B [Fig. 87] est quadruple de A, et que la vitesse de A soit double de celle du corps B. Ici leur forces motrices selon M. Leibnitz sont egales. Et partant il semble qu'en se rencon- | |
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trant en C, l'une de ces forces ne devroit pas prevaloir a l'autre; mais que chaque corps devroit s'en retourner avec la vitesse qu'il avoit. Ce qui pourtant n'est pas. Mais cela arrive quand la vitesse de A est quadruple de celle de B. Il semble donc qu'en ce dernier cas on devroit plustost dire que les forces motrices sont egales, et non pas quand l'une prevaut a l'autre.
§ 6. Dans les 5 machines vulgairesGa naar voetnoot4) il ne s'agit point de la conservation de la quantitè de mouvement, ny de la conservation de la quantitè de force motrice, mais seulement de la quantitè de la force motrice entre deux mobiles dont le mouvement de l'un cause necessairement le mouvement de l'autre. Ainsi Mr. Leibnitz n'a pas raison d'imputer une telle erreur a des Cartes, que sur ce principe de mechanique qui est veritable que les forces de 2 mobiles de mesme espece sont en raison composée de leur masses et de leur vitesses (c'est a dire quand le mouvement des deux se fait necessairement ensemble) que sur ce principeGa naar voetnoot5) disje il ait fondè sa loy naturelle de la conservation d'une mesme quantitè de mouvement. Et que pour cela il ait supposè que la mesme force motrice soit conservee dans la nature; et que cette force motrice fust equivalente avec la quantitè de mouvement; qui sont 2 choses qu'on ne trouve point que des Cartes ait avancees. |
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