Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695

[p. 287]

N^o 2752.
Christiaan Huygens à N. Fatio de Duillier.
2 mai 1692.

La lettre se trouve à Genève, Bibliothèque royale.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2748.

Sommaire:
¹⁾ 2 Maj. à Mr. Fatio avec la lettre de Mr. Dierquens. Je voudrois que cette vocation a Amsterdam pust reussir. Je le prie de s'informer de la matiere de verre blanc qu'on fait a la Savoie a Londres. par ce qu'il seroit excellent pour des verres brulants. Leibnitz ne souhaite pas d'apprendre sa regle.

A la Haye ce 2 May 1692.

Monsieur

Je vous ay escrit assez au long du 5 avril, a laquelle lettre j'attens encore vostre response. Celle cy n'est que pour vous faire tenir l'enclose que Monsieur Dierquens²⁾ m'a recommandée. Il m'a communiquè sur quoy il vous escrit, et je voudrois bien que la chose pust reussir, estant prest d'y contribuer autant que je pourray. Vous devez examiner si un tel employ seroit vostre fait et si vous avez assez de santè pour cela, de quoy je ne doute guere, depuis que Mons. du Quesne³⁾ m'a dit que vous vous estiez entierement remis en Angleterre. Il n'a pas achetè pour vous le cabinet qui estoit à Delft, pour les raisons qu'il vous aura mandées. Nous n'avons pas encore vu icy ces seconds Memoires de l'Academie de Paris⁴⁾, où je vous avois mandè que seroit inserè la Methode Mr. Hartsoeker pour les grands verres des Telescopes.

Mons. Leibnitz m'a respondu⁵⁾ que je ne prisse point la peine de luy expliquer vostre invention pour le Probleme renversè des Tangentes, croiant la pouvoir trouver par les moiens qui luy sont connus. Vous voila egalement eloignez de vouloir rien apprendre l'un de l'autre, qui est une delicatesse que je n'ay point, ainsi qu'il a paru; car j'ay esté bien aise d'apprendre de tous les deux.

J'ay vu icy de grosses pieces d'un verre tres blanc qu'on fait à Londres dans le Savoy, cette matiere seroit excellente pour faire de ces verres bruslants comme je vous ay escrit qu'en fait Mons. de Tschirnhaus, si on en pouvoit avoir de grosses masses de 2 pieds de large et ½ pied d'epesseur. C'est pourquoy je vous prie Mon-

1) Ce sommaire est tiré de la dernière page du livre H des Adversaria.

2) Voir, sur Dierquens, la Lettre N^o. 2094, note 1.

3) Voir, sur du Quesne, la Lettre N^o. 2748.

4) Voir la Lettre N^o. 2748, note 9.

5) Voir la Lettre N^o. 2751.

[p. 288]

sieur de prendre la peine de vous en informer. Je crois que ces morceaux convexes que j'ay vu, servent aux lanternes, et qu'ils y sont emploiez sans estre autrement formez ni polis, que dans les moules creux ou ils jettent le verre fondu. Je vous baise les mains et suis parfaitement

Monsieur

Vostre tres humble et tres obeissant serviteur

Hugens de Zulichem.

A Monsieur

Monsieur Fatio de Duilliers

chez Monsr. Tourton et Compagnie

A Londres.

⁶⁾ Mr. Hugens la Haye 2 May 1692. A.N.F. à Londres.

Il m'envoie Lettre de Mr. Dierquens qui me propose la Profession des Mathematiques dans l'Ecole Illustre d'Amsterdam, et m'en dit son sentiment.

Le Cabinet de Tourneur n'a pas été acheté pour moi.

Mr. Leibnitz ne veut pas que Mr. Hugens lui explique mon Invention pour le problème renversé des Tangentes croiant le pouvoir trouver. Sur notre Eloignement de vouloir apprendre l'un de l'autre; mais que lui a été bien aise d'apprendre de tous les deux.

Que j'aie à m'informer des Masses de verre blanc qu'on pourroit faire faire à la Savoye pour des verres brulans, à en juger par leurs verres pour des Lanternes.

6) Ce qui suit est écrit de la main de Fatio.