Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690

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N^o 2527.
Christiaan Huygens à [Ch. Perrault]¹⁾.
[1688].

La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.

Demande 3 choses.

1. Ce que je pense de sa These, qui est qu'il n'y a point d'art, ni de science, ou les modernes n'egalent les anciens, et qu'il y en a beaucoup ou les modernes les surpassent.

2. Ce qu'en pensent les habiles gens chez nous.

3. De vouloir luy faire un memoire des decouvertes les plus considerables qui ont estè faites depuis le commencement de ce siecle, dans l'astronomie, les mathematiques et mechaniques et les mienes²⁾. Item les endroits des autheurs, ou il puisse s'en instruire a fonds.

Que j'ay veu la Guerre des anciens et modernes decrite par Mr. de Fontenelle³⁾. et sa pluralité des mondes, ses dialogues des morts.

Pour ce qui est des mathematiques, puisque je m'y suis principalement appliquè, je pourrois paroistre presomptueux, de dire que les modernes surpassent les an-

1) La minute est sans date et sans adresse, et nous ignorons également à quelle lettre elle sert de réponse, mais il est à peu près certain que la lettre a été destinée à Ch. Perrault, qui publiait, en 1688, un livre intitulé ‘Parallêle des Anciens et Modernes en ce qui regarde les Arts et les Sciences. Dialogues. Avec le Poème du siècle de Louis le Grand et une Epître sur ce Génie. Par Mr. Perrault de l'Académie Française. A Paris, chez Jean Baptiste Cognard. 1688.’ in-12^o. Dans ce cas, la lettre doit être datée avant octobre, parce que, à l'époque où Huygens était établi à Hofwijck, des frères de Charles Perrault il ne restait en vie que Claude, et que celui-ci mourut le 9 octobre 1688.

2) Dans le premier Dialogue du livre cité dans la note précédente ‘la fine structure des pendules portatives qui sont dues à l'illustre Huygens’ est présentée comme contraste avec ‘l'invention rude et toute nuë d'une montre dont les ressorts n'étaient peut être pas plus deliez que ceux d'un tournebroche’. Voir: Histoire des Ouvrages des Scavans, Avril 1689, p. 122.

3) Bernard Le Bovier ou Le Bouyer de Fontenelle, neveu de Corneille. Il se fit connaître d'abord par des poésies légères, des pastorales et des pièces de théatre. Les ‘Dialogues des Morts anciens et modernes’, qu'il publia en 1683 et les ‘Entretiens sur la Pluralité des Mondes’, qui parurent en 1688, le mirent en évidence. Il fut admis à l'Académie française en 1691, et en 1697 à l'Académie des Sciences, dont il devint le Secrétaire perpétuel en 1699. Il remplit cette charge durant 42 ans et s'y rendit célèbre par ses ‘Eloges des Académiciens’. Il mourut dans sa centième année le 9 janvier 1757.

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ciens. Je me mettray donc hors du nombre des mathematiciens, et ne parleray que de ce que d'autres ont contribuè a l'avancement de cette science. Je puis bien raporter toutefois, ce que d'autres et moy y ont contribuè, afin qu'on juge. Si vous demandez avis aux Peintres de la Peinture, aux Sculpteurs de la Sculpture &c. ils se declareront facilement pour vous, estants remplis de bonne opinion de leur scavoir mais on ne voudra pas s'en tenir a leur decision. Ce sont pourtant ceux du mestier qui peuvent le mieux juger de l'excellence des ouvrages. Cela fait qu'il est difficile de scavoir la veritè dans cette controverse.

N'avez vous pas assez de gens a Paris, qui vous peuvent satisfaire la dessus, quand encore il n'y auroit que Mr. vostre Frere.

En dette en matiere de lettres.

Vous devez croire, que ce n'est pas sans de grands enpeschements, que j'ay differè si longtemps a respondre aux obligeantes lettres.

Vous qui estiez si fort occupè vous estes maintenant sans afsaires, et moy qui n'avoit d'affaires que mes estudes, j'ay depuis la mort de mon pere tout plein d'affaires domestiques, a avoir soin de mon peu de bien, et a m'establir une demeure fixe, que je ne puis pas dire encore avoir trouvee. Cependant j'ay estè eloignè de toute estude. Je demeure a une maison de campagne, que mon Pere avait bastie a une lieue de la Haye. C'est la ou je viens de ranger ma Bibliotheque⁴⁾.

L'Algebra, et par la la Geometrie.

L'Astronomie n'estoit rien il y a 80 ans au près de ce qu'elle est maintenant. C'estoit des conjectures maintenant nous en scavons le vray. Outre toutes les nouvelles decouvertes.

4) Voir la Lettre N^o. 2522.