Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

[p. 545]

N^o 2371.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
28 septembre 1684.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre s'est croisée avec le No. 2370.
Elle est la réponse au No. 2369.

A la Haye ce 28 Sept. 1684.

J'ay fait porter l'horloge de Mr. de Ginckel¹⁾ chez van Ceulen et j'ay voulu qu'il la demontast devant moy pour voir ce qui manquoit au ressort, et si ce que vous en croyiez estoit veritable. Il le trouva entier mais percè de 2 ou 3 trous, et avec d'autres fautes, d'ou il conclut qu'asseurement ce n'avoit point estè un nouveau ressort qu'on y avoit mis mais le vieux racommodè dont le bout qui tient au tambour avoit estè cassè. Il y manquoit une petite roüe qui doit servir d'arrest au ressort, estant couchée sur le tambour, afin qu'on ne la monte pas trop. Il racommodera cela et fera servir le mesme ressort puis qu'il n'est point cassè, afin que vos 6 ducatons ne soient point entierement perdus.

J'ay fait voir vos cailloux a Schoonderhaghen qui a entrepris de faire deux boutons des deux petits. Il essaiera aussi l'un des deux autres pour voir s'il contient quelque chose de transparent, car l'autre n'en a pas seulement la moindre apparence. Mais croiez vous qu'en donnant a tailler des cailloux vous estes bien seur qu'ils seront convertis en boutons de manches ou en cachet, et que l'ouvrier les trouvant incapables de servir, n'en substitue d'une autre matiere pour avoir de vostre argent puisque ce n'est presque la facon qui couste? Je voulus qu'il me gardast les morceaux qu'ïl en auroit couppè, mais il dit qu'il n'en couppe rien parce que la poudre de diamants pour scier est trop chere, et qu'il use seulement tout le superflu avec de l'emeril.

Parmi ces dernieres pieces que vous m'avez envoiees il n'y a que celle qui est roussatre qui est de la nature du Talc d'Islande mais n'estant point transparente il ne me scauroit estre d'aucun usage. Schoonderhaghen m'asseure qu'il a eu autrefois des morceaux de ce talc dont il n'avoit sceu que faire, et qu'il en avoit veu un tonneau plein a Amsterdam dans une boutique, ou il retournera le chercher dans peu de jours puis qu'il doit y aller pour des affaires.

Ces jours passez nous est venu voir M.^le Julie Coyet²⁾ avec son mary nommè

1) Voir la Lettre N^o. 2363.

2) Voir la Lettre N^o. 1812, note 2.

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Mr. Teckman³⁾. Je ne l'avois pas vue de 15 ans, et ne l'ay pourtant pas trouuè beaucoup changée. Elle souhaiteroit que son mary pust entrer dans le vroetschap d'Utrecht, et m'est venu prier de vous escrire en sa faveur. Il paroit assez honnest homme, et a ce qu'elle dit il a fort bien estudiè, a receu sa promotion a Utrecht, et mesme il fait de fort bon vers Latins. Je crois qu'il vous ira voir et soliciter luymesme parce que le temps de changer le magistrat approche. A ce que m'a dit mad. de Zeelhem ce ne sera que lundy prochain que vous partirez pour Soesdijck, d'ou j'espere que vous viendrez icy sans retourner plus a Dieren pour cette année.

3) Dans l'Album des étudiants de l'Université d'Utrecht on trouve inscrits deux Teckman, auxquels peut se rapporter le passage du texte: savoir, Guilielmus Teckman Joh. F., inscrit le 14 mars 1675, et Johan Friedrich Teeckman, né à Utrecht, inscrit en 1682.
Guilielmus, auquel paraît se rapporter la lettre, semble être le même que celui qui, devenu bourgmestre d'Amersfoort, fut un des organisateurs d'une sédition qui éclata en cette ville en avril 1703. Il fut condamné, le 3 octobre suivant, au bannissement perpétuel, après avoir eu, en exécution publique, le glaive du bourreau passé au-dessus de sa tête.
Voir une plaquette, qui se trouve dans la biblothèque d'Utrecht, intitulée:
Sententien, tot Laste van Pieter van Houten, Ende Richard Saab, Midsgaders Willem Teeckman, Gewesene Borgenmr. der Stad Amersfoort, Ge-executeerd binnen Amersfoort op den 3. October 1703. Tot Utrecht, Gedruckt by Jacobus van Paddenburg, Ordinaris Drukker der Ed; Mog; Heeren Staten 's Lands van Utrecht, Anno 1703. Met Privilegio. in-4^o
Van Houten et Saab périrent sur l'échafaud.