Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675
(1897)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2033.
| |
[pagina 466]
| |
mement resioui et ma curiosité m'a fait prendre la liberté de vous en escrire et de vous faire ofre de mes seruices en tout ce dont vous me jugeres capable en ce pays, dans lequel jay depuis consideré que toutes les experiences que vous souhaiteres faire pour le pendule ou de ce que vous auriés pu trouuer de nouueau pour ce suiet se peuuent faire icy facilement, sans aucun enbaras sans depence et auec plus de seureté que si vous les faisies dans de longs voyages. J'y contribueray de tout mon coeur lorsque vous le souhaiteres sans autre pretention et dautre esperance que celuy de vostre amitié et de vostre bienveillance. Le moyen que je me suis imaginé est que nous auons icy des flustes et autres bastiments qui restent armées tout le long de lannée qui voyagent a nantes bordeaux et la rochelle bayonne et autres lieux qui reuiennent touiours à brest d'ou ils repartent bientost apres pour aller se recharger des choses necessaires a cet arsenal. L'on y pouroit mettre quelqu'vne de vos horloges dans vn lieu expres que je ferois accommoder et fermer et jy ferois embarquer vn homme qui nauroit autre soin simplement que de le remonter et toutes les fois que ces bastiments partiroint comme lorsquils arriueroint en ce port jaurois soin dy faire les operations necessaires et vous instruire de tout ce que jy aurois fait obseruer ou obserué moy mesme affin qu'en suite vous y pussies adiouter ou diminuer selon que vous le jugeriés a propos et les reduire dans vne entiere perfection. Jexecuteray tout auec joye et auec grand plaisir et sans bruit lorsque je scauray que lossre que je vous faits de mes petitsGa naar voetnoot1) en ce rencontre ne vous sera point desagreable vous pouuant protester que desormais jy ny prendray autre interest que vostre seule satisfaction et ma propre curiosité. nous auons icy vn homme qui dit depuis longtemps auoir trouué la longitude non seulement sur terreGa naar voetnoot2) mais depuis peu sur mer. y ayant trauaillé depuis dixsept ans sans succes et qui sestonne ce dit il que tant de grands hommes qui ont trauaillé et sur mer et sur terre ne layent pu rencontrer quoy que cela consiste quasi en vn rien et que ce soit vne chose si facile que lon sera surpris dauoir demeuré si longtemps dans l'aueuglement il vous cite fort parmy ce nombre de grands hommes auec la pendule et croit que vous estes vn de ceux qui en aues aproché de plus pres. Je ne scay dou il a pu aprendre cela si ce nest qu'il layt appris de quelqu'un qui layt appris de moy. Je ne scay pourquoy je nay pu jusqu'a present auoir aucune conserence auec luy ny luy faire ouurir la bouche tout ce que jen ay pu apprendre par ce que monsieur lintendantGa naar voetnoot3) ma dit quiGa naar voetnoot4) luy a fait voir en confiance cest quil fait consister vne bonne partie de son secret dans vn instrument qui est fait comme vne sphere plate et quil dit que lon l'enserme a fond de calle sans boussole et sans horloge et quau bout de 2 mois on luy donne lair il dira ou il sera, il na jamais este a la mer il parle fort dastronomie a ce qu'on dit deuant quel- | |
[pagina 467]
| |
ques pilotes mais je ne luy en ay pu arracher vn mot. il fait grand bruit parmy la marine et parmy les pilotes et sapuye volontiers de gens puissants mais peu eclairés en ces matieres. et comme a ce que jay appris il presupose des cartes et des tables des planetes fort justes je croy que cela se terminera a rien. lon a demandé a monseigneur colbert et ecrit affin quil luy donne permission de sembarquer sur quoy je luy [ay] aussi ecrit en passant que je croyois quil seroit apropos de scauoir auparauant quil sembarquast si son inuention auoit quelque apparence de succés affin que la recherche de cette inuention ne fust point tournée en derision. voila ce que je vous puis ecrire de nouueau sur cette matiere si jeussé eu le temps dans le dernier voyage que je fis a paris jeusse bien eu de la joye de vous voir mais mes affaires particulieres mobligerent de partir au plutost. Pardonnes a ma liberte et croyes moy auec bien du respect
Monsieur
Vostre treshumble et tresobeissant serviteur De la Voye. |
|