Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

[p. 327]

N^o 1688.
Christiaan Huygens à ?.
[? 1668].

La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.

Jacobus Gregorius a bien remarquè¹⁾ que de Angelis en combattant le premier argument ne devoit pas insister a prouuer que les corps en tombant ne descrivent pas une ½ circonference de cercle, supposè le mouvement journalier de la terre, car quoy qu'il soit vray qu'ils ne decrivent pas cette demicirconference, mais une autre ligne courbe, toutefois ce n'est pas en cela que consiste principalement l'Erreur de Riccioli, et quand il luy auroit accordè que ce mouvement fut tel que Riccioli dit, son argument ne feroit pourtant rien contre le mouvement de la terre.

l'argument est cettuicy. Multa corpora gravia dimissa &c. Gregorius est d'avis que de Angelis devoit distinguer la mineure, mais j'aimerois mieux la nier, comme de Angelis a fait. Et quand Riccioli pour la prouuer, dit

Si tellus moveretur solo diurno motu, aliquod grave dimissum ex turris vertice C in plano aequatoris existentis describeret suo motu naturali portionem lineae CPI, quae esset ad omnem sensum circularis, et cujus partes aequales aequalibus temporibus percurrerentur; atqui quod revera motu aequabili movetur tantum apparenter movetur motu accelerato. Ergo si tellus moveretur solo diurno motu, grave ex turris vertice in plano aequatoris existentis, dimissum moveretur tantum apparenter motu accelerato terram versus: (Car il faut que le syllogisme soit mis entier de cette sorte). Je nierois la mineure, et montrerois que le mouvement d'un corps peut estre en mesme temps veritablement egal et veritablement accelerè selon qu'on raporte son mouvement a d'autres differents corps.

Pour moy je demanderois devant toute chose ce qu'il entend dans sa majeure par acceleration reelle, et en quoy elle differe d'acceleration apparente. Car s'il dit que les corps tombent avec acceleration reelle, parce qu'on void qu'ils approchent de la terre de plus en plus viste, je diray que cette approche acceleree se peut faire aussi bien quand la terre tourne que quand elle est immobile, et qu'il n'aura pas plus de raison de dire de l'une que de l'autre qu'elles sont reelles.

1) Voir l'Appendice N^o. 1689.