Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

N^o 1604.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
7 octobre 1667.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 7 Octobre 1667.

Ne manquez pas je vous prie de me dire comment vostre Campanine¹⁾ a reussi. J'en ay bonne esperance depuis que je scay que vostre Menard polit de la bonne maniere. Il faut que l'ouuerture du diafragme entre les oculaires soit de cette



grandeur icy si vos oculaires sont aussi bons que ceux de la veritable Campanine de la quelle j'ay pris soigneusement toutes les mesures.

Je vous renvoie vostre petite lentille que je trouue d'egale bontè avec la miene, de sorte que le poli ne semble pas l'avoir gastée de rien. Ie ne m'estonne pas que vous n'ayez pu faire bien tourner la petite forme apres l'avoir enchassee dans une autre piece de bois, car cela est im-

1) Consultez la Lettre N^o. 1603.

[p. 153]

possible, et vous devriez pour bien faire ne vous point servir de bois mais faire une vis au derriere de la forme pour l'attacher sur le tour, comme je faisois a celuy de ma table. Pour la convexitè de vostre lentille il est vray qu'elle est tant soit peu moindre que de celles que j'ay faites dans la forme de fer, ce qu'il faut attribuer au changement qui est arrivè a celle de cuivre qui s'est usée par le travail.

I'ay estè dans la rue S. Iacques a toutes les boutiques demander l'Aldrovandus²⁾ que Monsieur Bischop souhaitte. mais je n'ay pas trouuè seulement un libraire qui le³⁾ cogneust. Monsieur de Carcavy m'assure qu'il l'a quelque part parmy ses livres qui sont entassez les uns sur les autres dans une chambre ceans faute de place. mais il ne faut pas esperer qu'il s'en veuille defaire, et moins a cet heure qu'il scait qu'il est rare, car il estoit avec moy quand je le cherchay chez les libraires. I'ay donnè commission a quelques uns de me le procurer s'ils peuvent. Ie serois ravi de faire ce plaisir a Monsieur Bisschop, a qui je vous prie de faire mes treshumbles baisemains comme encore a Monsieur Heinsius.

Fratri Zelemio.

2) Ulysses Aldrovandi naquit le 11 septembre 1522 à Bologne, où il mourut le 10 novembre 1607. Après avoir beaucoup voyagé, surtout en botaniste, il devint, en 1553, docteur en médecine et, en 1560, professeur d'histoire naturelle à Bologne. Il publia, en 1574, la première pharmacopée, se fit une riche collection d'histoire naturelle et entretint plusieurs peintres et graveurs pour pouvoir publier son histoire illustrée de la nature, ouvrage dont 14 forts volumes in-folio ont paru, depuis 1599 à 1668: il publia lui-même les 4 premiers en 1599, 1600, 1603, 1602; les autres furent publiés par ses successeurs. Le sénat de Bologne l'honorait de son soutien et lui offrit de temps en temps de indemnités pour ses travaux assidus.

3) C'est bien probablement son dernier ouvrage imprimé en 1667 (voir la dernière page) et publié en 1668, qui par conséquent n'était pas encore connu des libraires hors de l'Italie.
Vlyssis Aldrovandi Patricii Bononiensis Dendrologiae natvralis scilicet arborvm Historiae Libri dvo, Sylva Glandaria, Acinosvmq; Pomarivm, vbi ervditiones omnivm genervm vna cvm botanicis doctrinis ingenia qvaecvnqve non parvm ivvant et oblectant Ovidivs Montalbanvs Vtrivsq; Collegii Philosophiae, et Med. Bononien. Decanus Legumq; Doctor, atq; in Patrio Archigymnasio Professor Emeritvs. Opvs svmmo labore collegit, digessit, concinnavit qvod Eminentiss. et Reverendiss. D. Gvidobaldo Co: de Thvn, S.R.E. Card. Amplissimo Archiepis. et inclyto Principi Salisbvrgensi S. Sedis Aplicae Legato Nato. Hieronymvs Bernia propriis svmptibvs in lvcem editvm dicavit. Bononiae. Typis Io. Baptistae Ferronii. Svperiorvm Permissv. Anno Domini mdclxviii. Cvm Gratia et Privilegio. in-folio.