Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1338.
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tenir attendant bientost du monde, qui ne me quiteront pas le reste de la journee. Cependant en attendant j'iray jusqu'ou je puis. Voicy 3 feuilles de l'instruction pour les PilotesGa naar voetnoot1). Le reste n'est pas encore achevè d'imprimer: mais je vous l'envoieray par le premier ordinaire. C'est encore une feuille et demie. J'ay pris ce que j'ay trouuè de bon dans vostre instruction, qui est que suivant elle on ofte l'Equation de l'heure de l'horologe lors qu'on l'accorde avec le Soleil, ce qui donne de la commoditè par apres. Vous pourrez de meme choisir ce que l'on trouuera a propos de la miene et l'augmenter en ce qu'il y manque, et puis s'il vous plait vous m'en envoierez aussi un exemplaire. J'ay pris la libertè de mettre a la fin un Extrait de vostre lettreGa naar voetnoot2) ou est la Relation de Holmes, translatè en nostre langue, m'assurant que vous ne le trouueriez pas mauvais; toutefois sans alleguer vostre nom, par ce que je n'oserois faire cela sans vostre permission et par ce que cela m'eust aussi obligè en quelque façon d'y mettre la main, ce que je n'ay pas voulu. Ayant estè obligè par une petite indisposition de garder quelque temps ma chambre, je me suis mis a faire des Experiences avec deux horologes que j'ay de la nouuelle fabrique, et je m'en vay vous dire une chose merveilleuse et qui vous surprendra que j'ay observee. C'est que ces horologes estant suspendues l'une a costè de l'autre d'une mediocre distance de un ou 2 pieds, correspondent entre elles par une espece de sympathie qui fait qu'estant bien ajustees ensemble, et pourtant pas de la derniere exactitude, elles s'accordent aussi longtemps qu'on veut sans s'ecarter l'un de l'autre de la moindre partie d'une seconde, et sans meme changer de battement, mais demeurent perpetuellement a sonner toutes les vibrations ensemble, comme si c'estoit une seule horologe. Et quand j'interromps cette consonance, je voy que dans quelque demie heure elles s'y remettent d'elles mesmes; et puis s'y maintienent sans aucunement varier. Cecy est d'autant plus merveilleux, que chaque horologe est suspendue a part et enfermée dans sa boete, qui pese avec tout le plomb qu'elle contient 80 ou 90 livres, et l'on ne peut pas remarquer que ces boetes se meuvent. J'ay aussi pris le quarrè d'une table de 3 pieds et espois d'un pouce, et l'ay mis entre les 2 horologes de sorte que l'une estoit entierement cachee à l'autre et toutefois la concorde est demeuree comme auparavant des jours et nuicts entieres, et l'ayant interrompu s'est remise de mesme. Cette decouuerte ne m'a pas peu rejouie, estant en mesme temps une belle preuve de la justesse de ces horologes, puis qu'il faut si peu de chose pour les maintenir dans un accord perpetuel. Je croy que ce qui cause cette sympathie est un mouuement imperceptible dans l'air qui agisse contre les boetes quelques pesantes qu'elles | |
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soient, et j'ay trouuè qu'en eloignant les 2 horologes qui alloient si parfaitement ensemble, et les mettant a la distance de 12 ou 15 pieds, ils differoient en un jour de 2 ou 3 secondes. C'est a dire quelles n'estoient pas encore bien ajustees ensemble. Je suis donc maintenant apres a les ajuster mieux, et essaieray en suite jusqu'ou ira alors la sympathie, et je croy par ce que j'en ay desia vu qu'elle fera effect jusqu'a la distance de 5 ou 6 pieds, et peut estre d'avantage. Voila donc trouuè deux horologes qui s'accordent tousjours parfaitement ensemble et une speculation digne d'entretenir la Societè RoyalGa naar voetnoot3) ou je souhaiterois d'assister pour entendre ce qu'on en dira. Vous pouuez, si vous le trouuez a propos, en faire aussi mention dans ce que vous allez publier du succes des pendules sur mer, comme dans le dernier feuillet de mon Imprimè vous verrez que j'en ay dit quelque chose, ce que je n'aurois jamais hazardè si par beaucoup despreuve je n'estois tres assurè de la veritè. Monsieur Davisson ne paroist pas encore. Cependant mon pere m'a communiquè quelque chose du livreGa naar voetnoot4) de Monsieur Hook qu'il trouue fort a son grè. Entre autres il m'a fait comprendre la machine pour les verres et en espere merveilles, mais pour moy je doubte fort si elle est pratiquable pour plusieurs raisons qu'il seroit trop long maintenant a deduire. l'Experience le fera veoir, la quelle je m'estonne que l'autheur n'a pas fait preceder la publication. car ne succedant pas l'on dira qu'il a donnè un mauuais echantillon de son Algebre Mechanique dont il vante la toute puissance. Il promet aussi quelque invention pour les LongitudesGa naar voetnoot5), je | |
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vous prie que je scache si c'est par quelque nouuelle horologe ou par autre voie, au moins si vous èn avez eu communication. Je suis bien aise que ce que Monsieur Wren a trouuè touchant le lieu du Comete, se rencontre avec ce que j'en ay escrit. Je ne scavois pas que je l'avois escrit a vous mais bien a Monsieur ThevenotGa naar voetnoot6) a qui j'ay envoiè toutes les conclusions que j'avois pu tirer des observations imparfaites qui m'estoient venues en main, outre les mienesGa naar voetnoot7), qui ne sont pas guere exactes, non plus. Je n'ay pas encore vu ce que Monsieur Auzout en a escrit si non ses EphemeridesGa naar voetnoot8), aux quelles ce qu'il y a le plus a redire, c'est qu'il ne les a publiées qu'apres que la pluspart des observations estoient faites, et que son premier calcul et predictions qu'il m'avoit envoieésGa naar voetnoot9), ne s'accordoient pas avec ces derniers. Il m'a mandè qu'il met la Comete c'est a dire la ligne de son trajet au dessus de Saturne en quoy je croy qu'il se trompe. Je ne me suis point apperceu qu'au lieu de cette page j'en ay pris une autre. Cependant ne pagina haec vacua restet, comme disent les imprimeurs, quoy que je sois contraint d'achever je vous diray encore icy mon opinion de la cariolle de Monsieur Dessons, dont vous avez pris la peine de me faire le crayon. Je ne puis pas m'imaginer que ces simples ressorts et de si peu de longueur puissent donner beaucoup de douceur quand ce viendra a passer par des chemins rabotteux et pierreux, aux quels je ne scay si on l'a essaiée. Et puis pour la rendre inversable, ce n'en est pas un bon moien que de l'attacher fermement au cheval, par ce que le cheval tombant, elle tombera aussi de necessitè ce qui n'arrive pas en la chaise roulante. Ma pensée est fort differente de l'une et de l'autre, et je verray si cet estè j'ay le loisir de la faire executer. Je croy qu'il y a encore plusieurs choses dans vos lettres aux quelles il me faudroit respondre, mais a present je suis contraint de finir. Je vous baise tres humblement les mains et suis
Monsieur Vostre tres obeissant seruiteur Chr. Hugens de Zulichem. |
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