Oeuvres complètes. Tome III. Correspondance 1660-1661
(1890)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 887.
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composer de ces filets, me semble fort peu vraisemblable, et si je ne pouuois resoudre toutes les experiences par la pesanteur et le ressort de l'air, je me figurerois plustost tout autre chose que d'en venir la. Mais jusqu'icy je n'en voy point que je n'en deduise bien aisement. Dans l'explication du Probleme de deux roues de diuerse grandeur je voy quelques estranges opinions de ce docteur, comme quand il veut que dans une heure de temps il y ait un nombre defini d'instants. Je me trompe fort s'il est bon mathematicien. La Lune de Monsieur Wren est beaucoup plus petite que je m'estois imaginè; car pour y representer un peu exactement toute chose je croiois que le diametre devroit estre de 2 ou 3 pieds pour le moins. Pour examiner si elle est bien faite, il faudroit la faire esclairer de nuict de loin par le moyen d'un miroir concave et la tourner jusques a ce qu'elle representast la mesme phase que la lune regardée par un telescope, de la on connoistroit si les montagnes sont elevees a leur juste proportion. Il ne s'est falu guere que je n'aye fait un voyage en France cet hyver, en accompagnant mon Pere, qui s'y en vaGa naar voetnoot6) pour les affaires de Monsieur le Prince. Mais j'ay creu mieux faire de demeurer icy, n'ayant que trop a quoy employer le temps. De sorte que je me suis proposè d'estre un peu plus diligent pendant ces longues soirées qui vont venir, que je n'ay estè tout cet estè, et ce pour mettre au net et donner au public 3 ou 4 ensemble des traitez que j'ay escrit, parmy les quels sont cette Dioptrique, et les regles du mouuement dont vous me demandez tousjours de nouuelles. Quant aux experiences de la cheute des corps pesans je ne scay pas a quoy des nouuelles experiences pourroient servir, au moins celles d'un lieu fort haut. Je me fais fort que je vous diray par avance tout ce qui en arrivera, a scavoir que laissant tomber une balle de canon, vous trouuerez qu'elle garde dans l'accroissement des Espaces, passez en temps egaux, la progression de 1, 3, 5, 7, &c. et bien plus exactement qu'il n'est possible de les mesurer. Une boulle de liege sera assurement devancée par quelque espace par la balle de canon, que l'on aura laisser aller en mesme instant, mais l'on ne pourra pas reduire son acceleration a quelque regle certaine. Une grande de mesme matiere ira plus viste et suivra de plus pres la susdite proportion qu'une petite, er il est certain qu'une boule de liege pourroit estre si grande qu'elle tomberoit aussi viste a trauers l'air que la balle de canon. Et au contraire estant donnè une de moyene grandeur de liege, je vous puis dire de quelle grandeur sera celle de plomb, qui ne tombera pas plus viste qu'elle a scavoir celle | |
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dont le diametre sera au diametre de celle de liege, comme est la pesanteur specifique de liege a celle du plomb. Cecy s'ensuit de ce que deux corps semblables dont les pesanteurs sont entre elles comme les superficies traversent l'air ou l'eau d'esgale vistesse. Et cecy je l'ay trouuè s'accorder a l'experience aussi bien qu'au raisonnement. Je vous dirois la maniere dont j'ay fait ces experiences mais j'ay peur que desia je ne vous aye ennuiè par une si longue lettre et d'ailleurs la chose n'est pas mal aisée. Je finis donc et demeure de tout mon coeur
Monsieur
Vostre treshumble & tresobeissant serviteur Chr. Hugens de Zulichem.
A Monsieur Monsieur Moray Chevalier A Londres. logé dans Whithall pres du jardin. 1 β |
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