No 76.
[Constantyn Huygens, frère] à [Christiaan Huýgens].
8 mars 1650.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 72. Christiaan y répondit par le No. 81.
Geneue 8. Marty 1650.
Mon frere,
J'ay receu vostre derniere, dans laquelle vous gazouillez fort et à loisir sur ma pauvre paire des moustaches, dont vous croirez ce qu'il vous plaira, je ne m'en mets pas beaucoup en peine. J'en envoyerois bien la mesure et la grandeur si je crojois que vous en voulussiez scavoir la façon pour en faire faire des semblables, mais considerant l'estat de vostre menton tel qu'il estoit lors de mon depart (doen was gij ruijgh als een paes ey) je me suis imaginé que vous n'en aviez pas encore à faire.
J'ay fait un tour en Suisse c'est a dire en Allemaigne car on n'y parle presque rien d'autre. Dans un lieu qui est entre deux a deux journees et demie d'icy on parle un langage bigarré et composé du François avec l'Allemand et ils disent Swager preste moy ton wagen et choses semblables. Cette villette s'appelle Morat,Ga naar voetnoot1) fort renommée a cause de la bataille dans laquelle le Duc Charles de Bourgoigne fut defait des Suisses. On y voit encore touts les ossements des pauvres Bourgignons entassés les uns sur les autres ad perpetuam rei memoriam.
La situation des Alpes a voir du coste du Lac Leman est fort bizarre, et justement il est a cette heure nuict sans cela je vous en donnerois le crayon mais ils sont a peu pres comme vous voyez cy dessous, toutes blanches de neige en tout temps. Adieu.