Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6251. Aan J. Sauzin. (H.A.)aant.Par ma derniere de l' 11e du courantGa naar voetnoot4) je me suis estendu amplement sur tout ce dont pour lors j'ay jugé qu'il importoit que vous fussiez instruict pour le service de S.A. Je m'asseure que vous aurez bien observé en ceste lettre comme j'entendois qu'elle debvoit estre publique, et fais estat, en suitte, que vous n'aurez pas voulu la supprimer en aucune maniere. Car, comme j'ay ordre de n'escrire qu'à vous seul, vous pouvez bien juger que c'est donc par vous mesme qu'on entend faire signifier les ordres du Maistre où il appartient, et oster le pretexte d'ignorance à un chascun. Je receus le 17e du mois la vostre du 9eGa naar voetnoot5) et suis fort touché de veoir que vous tirez en doubte si à l'arrivée de M. de Bezons tous ceux d'entre vous qui ont esté excedez, de la maniere que l'on m'a tant mandé, oseront produire, et soustenir, et verifier les subjects de leurs plaintes. Si quelc'un hezite là dedans, declarez luy hardiment de ma part, qu'on ne pourra plus le considerer comme fidele subject de son Prince, parce que ce ne sera pas seulement à soy mesme, mais bien plus à S.A. qu'il aura faict le plus grand tort, l'intention du Roy estant toute pure en ce procedé, et sa lettre escritte audit M. de Bezons toute pleine de clauses tres-genereuses et comme protestatoires de ce que S.M. n'entend en aucune façon ni deroger en cecy aux droicts de sadite Alt.e, ni souffrir qu'on se mesle en rien de l'administration de ses officiers, ni d'outrager ses bons subjects. Je vous le dis de certaine science, pour avoir leu ceste lettre de mes yeux, escrite veritablement en si bons termes, que si c'eust esté à moy à faire, je n'auroy sceu comment la dicter plus à nostre avantage. J'ay veu de plus la response que vient d'y faire M. de Bezons, qui de son costé aussi promet fort serieusement d'avoir soin qu'il ne soit en rien derogé à l'autorité de S.A. Seulement remettoit il le voyage apres huictaine, pour des affaires de la province qu'il avoit à vuider, ce qui me faict esperer, que ceste seconde exhortation que je me haste de vous faire à tous, pourra encor venir à temps. Voyez ensemble combien il importe de se prevaloir d'une si bonne occasion, et que surtout les gens du Prince se souviennent bien de ce qui est de leur devoir | |
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en telle occurrence. Le Roy a voulu specifier en sadite lettre les trois chefs principaux dont j'avoy prins occasion de me plaindre dans une tres-ample lettre à M. de Lionne, lors du dernier sejour de la cour à S.t Germain en Laye. Le premier est celuy de la Monoye ravagée, des deniers fabriquez, enlevez à un marchand indictâ causâ coram ullo judice, n'y en ayant autre de competent que le Parlement d'Orange. L'autre est de la saisie du revenu du Prince faicte per non dominum, à l'instance et en faveur d'un sien officier comptable, et non pas licentié, ou cy devant receveur de S.A., comme je me souvien que portoit le premier arrest du Roy. Le dernier est de l'affront qu'a receu S.A. en vostre personne, qui n'aviez faict que recevoir et produire où il convenoit une lettre de ma main, agissant avec le charactere que l'on sçait; item en general de tant d'insolentes menaces dont le chasteau intimide jusqu'au Parlement, etc. - Sur le premier de ces articles je vous ay desjà mandé comme on entend que nous debvons remettre la Monoye en exercice. Depuis ayant sceu que les outils enlevez se trouveroyent encor au chasteau, j'ay faict instance à ce que M. de Bezons ayt ordre de les faire restituer, et il en sera parlé au Roy; car ce ne fut qu'hier que je le demanday. Seulement on nous chicanera sur le coing de ces pieces de cinq sols, peut estre aussi sur le tiltre, etc. C'est à vous autres à repartir là dessus selon ce que vous avez de fondement pour S.A. En attendant que ledit ordre vienne, ne laissez pas de redemander vos instrumens, et monstrez hardiment à M. de Bezons ce que je vous ay mandé m'en avoir esté dit icy par les ministres, et nommément par M. de Lionne. - Pour le 2e article je n'ay que faire de vous instruire; vous en sçavez plus que moy. Tout ce que le S.r de Beauregard allegue, c'est l'ordre de feu S.A. Royale auquel veritablement on est tenu de deferer es choses qu'elle a faictes et pû faire, par le traicté d'Angleterre. Mais comme vous avez en main des lettres posterieures en date de quelques moiz aux ordres pretendus dont ledit S.r de Beauregard a rempli son blanc seing, outre quelques dispositions tout à faict esloignées du stile et de la nature d'une lettre qu'il y a fourrées hors de tout propos, et que le contenu desdites lettres posterieures destruit absolument celuy de la premiere, ainsi que d'abord le Bureau et apres luy le Parlement en ont fort bien jugé, il n'y aura rien de si aysé que de faire concevoir à M. de Bezons la raison que vous avez eue tous de renvoyer le comptable à son Maistre, où il sçait bien qu'on ne luy a pas seulement faict esperer de la justice, mais mesme de la faveur, s'il vouloit s'en rendre digne. Par consequent qu'il n'y a rien de si inouy ni de si inique, que de se procurer de l'autorité d'un grand Prince voisin la saisie du revenu d'un Maistre que n'a encor point veu les comptes en vertu desquels on fonde contre lui la pretension d'une somme si considerable. - J'auroy tort de vous entretenir sur le dernier de mesdits articles, et ce qui en depend. Vous m'avez desjà promis de n'y vouloir rien oublier, et il sera necessaire qu'en usiez ainsi, pour aller au devant du deplaisir que desjà on a eu en Hollande de ce que vous aviez manqué de tesmoigner hautement vostre ressentiment au commandeur de Gaut de l'outrage que vous a faict son enseigne, et de ce qu'il menaçoit de pis à d'autres. Seulement, confirmatus confirma fratres, et en particulier advertissez le S.r de S.t Clement et tous autres dependans de la ferme, que s'ils se taisent maintenant, on ne recevra aucune de ces plaintes dont ils me font rompre la teste tous les jours, ains qu'on leur imputera tous embaras, et passera par dessus sans plus | |
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les considerer. J'en ay parlé de mesme à Mess.rs d'Alibert et des AlusGa naar voetnoot1), et ils m'ont fort asseuré qu'ils procureront que leurs gens exposent sans reserve tout ce qu'ils ont sur le coeur. - J'ay d'ailleurs faict veoir icy le frivole fondement du dernier pretendu scandale, et comme cependant on m'a obmis de proceder en justice contre les accusez, le Roy verra les extraicts que j'en ay donnez, et apparemment en demeurera satisfaict. Car, s'il plaist à Dieu, on a eu assez de malice à abbreuver la cour d'une si considerable nouvelle. Je comprends aysément d'où cela doibt partir, et en plains bien les autres. Mais sachez que je ne fay pas icy de ces sortes d'apologies que soubs protestation de n'avoir à rendre compte qu'à la seule Tutele de S.A. de ce qui arrive en son Estat, où on sçait assez comment le desordre et l'insolence se doibt punir, et par qui, sans que personne autre ayt que faire de s'en mesler. Vous vous souviendrez comme je vous ay adverti de tenir tousjours le mesme langage en ceste sorte d'occurrences, et m'asseure que vous aurez soing de le faire, avec ce qu'il faut ensemble, et de vigueur et de modestie. Communiquez ceste lettre sans reserve, et me croyez tous de mesme ....... Par., 22 Avr. 1664. Vous me ferez plaisir de m'envoyer quelques eschantillons de vostre monoye. Je le desire pour en pouvoir parler icy aux occasions. |
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