Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5969. Aan J. Sauzin. (H.A.)Je receus hier vostre depesche de l'11eGa naar voetnoot1) qui fut le lendemain de vostre retour de Pezenas, où vous me dites bien une partie de la conversation que vous avez euë avec Monsieur de Bezons, sur le subject du peage, auquel veritablement il a à veoir, suivant les ordres du Roy son maistre, de qui nous relevons ce droict, mais vous avez oublié d'adjouster quelles sont les informations, que vous luy avez données des raisons pour lesquelles le S.r de Beauregard a esté deboutté de ses pretensions à Orange mesme par ses meilleurs amis. J'avoy fort souhaitté de veoir cela et quelle couleur il a pretendu donner à ce qu'il s'est hasté de condamner S.A. en une somme si considerable, sans avoir entendu parler personne de son costé, qui certes est une action peu seante à un homme de justice. Vous vous rapportez à une depesche que m'auroit faict M. de Lubieres, sur ce qui a esté attenté depuis par le commandeur de Gaut, et de faict je l'avoy fort attendue, mais sachez que je n'ay rien receu de sa main depuis ce que vous m'avez escrit ensemble du premier, 3 et 5e du courrantGa naar voetnoot2), à quoy j'ay faict response dès le 14eGa naar voetnoot3). De sorte qu'il faut sçavoir ce que seront devenues ces lettres, qu'il m'a fort importé d'avoir, pour appuyer icy ce que j'ay eu à dire sur ce dernier attentat. Je doubte qu'il n'y ayt quelque supercherie en oeuvre. Cependant je n'ay pas manqué de representer icy comme je debvoy les violentes infractions qu'on continue de faire aux droicts de S.A., et nommement j'ay faict veoir à M. le Tellier comme cet acte de M. le commandeur de GautGa naar voetnoot4) - que j'ay eu par d'autres mains - est mal conforme à l'ordre que luy mesme a prins la peine de luy envoyer, de ne se mesler point des affaires de S.A. Aussi en lisant ledit acte il m'a dit assez aigrement, Cela ne vault rien, et l'a retenu, pour joindre à mon memoire, duquel il s'est chargé de faire rapport au Roy. Ce memoire contient mes plaintes 1e. contre le procedé de M. de Beauregard, en ce qui est de ses adresses à une puissance estrangere, 2e. contre ce qu'on m'a mandé qu'on alloit attaquer sur la Monoye au prejudice de la jurisdiction de S.A. en tous forfaicts tant criminels que civils, et 3e. contre la detention de nos prisonniers apres que ceux qui ont servi dans la mesme action ont esté relaschez. | |
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Aujourdhuy je renouvelle ces instances en suitte de nouveaux ordres de la Tutele, et faut en attendre l'issue. Mondit Sieur le Tellier ayant veu aussi entre mes mains copie d'une lettre escritte par M. de Beauregard au S.r de Martinon son ami en ceste ville, en date du 4e NovembreGa naar voetnoot1), y a tout de mesme taxé de faux ce qu'il y a trouvé en grosse lettre, que j'auroy dit ‘que S.A. Mad.e seroit tres-aise qu'on luy rendist toute la justice qu'il pouvoit esperer, et que là dessus il s'estoit adressé à M. de Bezons de mon consentement’, au lieu de ce que vous sçavez que je vous ay mandé de luy dire de la part de sadite Alt.e. Item, ‘que M. de Gaut auroit eu ordre du Roy de faire executer la liquidation qui seroit faicte par M. de Bezons’, etc. Contre tout cela, dis-je, M. le Tellier a secoué la teste, et a dit hautement, ‘que cela n'est point’. Voyez jusques où on s'oublie au lieu de recognoistre les offices que je tasche rendre de tous costez pour adoucir les affaires. Afin que vous n'ignorez pas le reste de tant d'impertinences comprises en cest escrit, je me suis advisé de vous en envoyer une copie cy joincte. Vous ferez bien de la mesnager, et ne vous en servir qu'aupres de M. de Lubieres, et d'autres bien intentionnez au service de S.A. Touchant nos prisonniers, desjà M. le Tellier m'a faict ceste exception, que ce n'est pas au Roy à en disposer, mais à M. le vicelegat, qui les detient. Si bien que s'il y a moyen de faire quelque chose pour ces pauvres gens mesme par voye d'argent, S.A. Mad., à qui j'en ay beaucoup escrit, est contente que cela se fasse, et ne s'oppose point à ce que vous m'avez dit que M. Blocard a proposé pour ce regard. Quant à ce que vous touchez de quelque partie de finance à disposer, j'en donneray bien connoissance à la Haye; mais ce sont choses qui seront remises jusques à ce que, l'authorité de S.A. restablie, on puisse regler le tout comme il se trouvera convenir pour son service. A tant je demeure ..... A Paris, 21e Nov. 1662. Puisque M. de Beauregard pose qu'il y a, de sa grace, dix mil escus dont on peut disposer, les fermiers n'ont plus subject de difficulter aucun payement, au moins jusques à la concurrence de ceste somme là. Je fay bien estat qu'ils ne heziteront non plus sur le reste, quand ils auront veu l'acte de S.A. Mad. que je vous ay envoyé; mais tousjours il sera bon de les informer de ce passage. |
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