Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5169. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot1). (K.A.)*Aujourdhuy me sont venues les deux responses cy joinctes dans un pacquet deschiré et ouvert chez M. de ZuijlesteinGa naar voetnoot2), qui, en me l'envoyant, me mande, que cela est arrivé chez luy par la damoiselle de sa femmeGa naar voetnoot3), qui n'a pas bien leu la superscription. L'on sçait bien comme c'est aux filles d'ouvrir les pacquets du maistre de la maison, et puis c'est icy la trois-ou quatriesme fois qu'on me faict ceste piece, soubs prelexte de la ressemblance de nos noms, et tousjours des pacquets de Jermyn, et non d'autres. Je m'en feray informer chez la poste si je puis. Par la lettre de JermynGa naar voetnoot4), qui apparemment sera plus longue que celle de la Reine, V.A. verra comme pardelà on proteste du passé, et comme on y menace pour l'avenir, en cas que ceste regence vienne à estre disputée. Je garde une copie de ceste lettre, pour si peut estre V.A. vouloit me commander de l'envoyer à M. de Dona, qu'elle concerne particulierement. Ma fiebvre m'a quitté, graces à Dieu, mais j'ay pensé en reprendre une nouvelle de desplaisir, quand j'ay veu que les mauvaises gens, qui ne me veulent du mal pour avoir esté fidele à V.A. et à la MaisonGa naar voetnoot5), se sont prevalus de la precipitation du voyage de V.A. en la faisant resoudre de souscrire de ceste main sur laquelle je m'estois si absolument fié de mes interests, de souscrire, di-je, la condamnation que ces iniques ont tousjours pretendu faire passer contre moy; c'est que je ne suis point du Conseil, lequel V.A. advouë ne consister que de cinq personnes. Par consequent, si j'y suis receu, que ce sera de nouveau et par une grace, qui en mesme temps devra estre faicte à quelqu'autre nouveau venu. Par consequent aussi, que jusques à present, j'ay servi et travaillé comme par intrusion, où je n'avoy point droict d'entrer. C'est, en somme, le hault but de leur vengeance contre moy, dont j'avoy tant supplié V.A. de me preserver, en me laissant tout à faict dehors, et non en me retenant, où l'on n'est que bien ayse de me recevoir ainsi à ma honte. Car ainsi l'action, mesme criminelle, de ceux quí au mesme Conseil ont si griefvement forfaict contre V.A., contre la Maison, et contre leur honneur, fust demeurée en son entier, là, où maintenant ceux cy demeurent en honneur et grace de costé et d'autre, et je demeure seul dans l'opprobre au gré de mes enemis, et encor faict on ratifier le coup du costé où je croyoïs n'avoir pas merité ce traictement. Mess.rs de Wijman et Moetsfelt ont beau me consoler de certains mots ambigus de l'article; ce sont fleurettes à chatouïller les petits enfans, et de quoy je ne puis satisfaire ny à mon honneur, ny à la posterité. Je ne suis pas si insensé, que j'eusse voulu m'attirer toute la haine du monde, en permettant qu'on dit, qu'à mon subject un traicté si important eust esté rompu ou accroché, mais ma tres-humble priere estoit, que l'on me jettast tout à faict dehors, pour tant mieux faire paroistre la violence de ces mauvaises gens, qui certes me valoit bien mieux que de veoir V.A. mesme forcée à | |
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payer ma fidelité de honte, contre ses propres sentimens, lesquels j'espere n'avoir jamais tendu là, où bien certes c'eust esté me faire un peu d'injustice de m'animer tousjours au contraire à persister dans la function que V.A. sçait m'appartenir. Cependant la presse de cest intervalle si court pour un grand affaire, qui, à mon advis, n'estoit pas encor si hasté, m'a jetté dans ce prejudice, et V.A. en sa haulte prudence ne doibt point s'estonner si je m'en cabre, et si je songe encor nuict et jour à m'en mettre aucunement à couvert. J'advouë qu'apres y avoir employé bien des veilles, je n'y trouve plus apparent remede que celuy d'un acte de mon prejudice, tel que celuy qui va cy joinctGa naar voetnoot1), lequel et moy et mes enfans et mes amis puissions opposer, au besoin, à l'insolence de nos malvueillans. Je supplie V.A. de me le renvoyer signé de sa main, et de s'asseurer qu'il sera menagé aveq discretion. Encor me sera ce quelque sorte de consolation de veoir, que ce n'est pas tout de bon que V.A. m'abandonne, comme le monde dira sans cela, puisqu'elle se laisse induire à parler de moy dans un acte publiq aux termes qu'il plaist à mes enemis luy prescrire. Que si V.A. trouve à propos de me refuser ce peu de satisfaction, il sera temps que je prenne mes mesures, comme non appuyé d'aucun des deux costez, puisque tous deux me maltraictent, et consentent au tort manifeste que l'on me faict. Ce que je confesse ne pouvoir encor attendre ny imaginer de la bonté que V.A. m'a tousjours tesmoignée, et de bouche et d'effect. Je luy demande tres humblement pardon de tant de mauvaise escriture que je luy fay lire pour un subject si peu important à son service. Le courage outré d'un homme de bien et d'honneur a grand' peine à moderer ses plaintes. Apres ceste fois je n'en importuneray plus V.A., mais la justice luy en paroistra plus claire de temps en temps, si l'on continue à chicaner sur ce bel accommodement - lequel je n'ay pas encor leu - comme l'on a commencé desjà aujourdhuy, tant en mon regard qu'en celuy du premier et principal article, touchant l'esgalité des voix, et ce que celle du Prince de Landsberg y doibt importer, comme les S.rs Moetsfelt et Wijman, qui sont authorisez par V.A. et Monseigneur l'Electeur, auront soing, je pense, d'en informer V.A. de jour à autre. Je m'en remets à leur conduicte, et en attendant ce que j'ay osé esperer de la bonté et justice de V.A. je prie Dieu de tout mon coeur de nous la ramener bientost en tres-ample et heureuse santé, prevoyant bien, ou plustost, voyant bien, comme je l'avois preveu, que durant son absence il sera peu effectué icy comme il debvroit. La copie de ce que V.A. m'a commandé d'escrire à JermynGa naar voetnoot2) est desjà entre les mains de la Princesse Royale, et a esté alleguée aujourdhuy pour nouveau crime contre moy par Heenvliet. A la Haye, le 17e Aoust 1651. |
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