Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5168. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot4). (K.A.)*Je viens d'entendre comme sur le point, ou bien soubs le semblant, d'establir la paix universelle de la Maison, on insiste sur une indigne partialité contre moy, et ne me veut recevoir que par grace au Conseil, où mesmes je ne serois admis que comme de la part de S.A. Electorale et V.A.Ga naar voetnoot5). Je supplie là dessus très-humblement V.A. de ne souffrir pas qu'il arrive aucun scandale pour l'amour de moy, en sorte que le traicté que V.A. donne purement au bien de la Maison, vienne à s'accrocher pour si peu de subject. L'expedient est court. Qu'on me jette dehors, puisque la tempeste ne se peut calmer que ce Jonas ne soit perdu. Car d'entrer au Conseil comme un nouveau venu et favorisé d'un costé, opposé ou conjoinct à un autre nouveau venu, j'espere que Dieu me gardera de ceste lascheté, et que V.A. ne me contrariera pas quand je diray que si par le service de vingt cinq années je n'ay pas merité d'estre continué aveq honneur ensemble aveq mes collegues, qui sont tous dessous moy, hormis un au moins je n'ay point merité d'y r'entrer avec opprobre, pour me faire mocquer d'un nombre de faquins et jeusnes fols malicieux, qui osent encor presser cest affront sur V.A. au temps qu'ils devroyent reconnoistre sa trop grande bonté à quitter les grands avantages que la justice luy a donnez sur eux. Il est vray que j'ay esté cassé avec tous les autres, mais mon Maistre, disant d'abord que cela ne me touchoit point, comme il l'a repeté fort souvent, m'a des aussitost par la reprins en service, employé en ce service, et tousjours recognu et nommé son conseiller. Ainsi portoit ma commission pour Bourgogne, ainsi celle pour Bruxelles, ainsi celle pour Oostfrize. Je prens la hardiesse d'envoyer ceste derniere à V.A. pour eschantillon de toutes les autres, sans lesquelles mesmes je n'eusse pas laissé d'agir comme conseiller ces affaires, n'estant pas compatible avec mon autre charge. Laquelle mesme JuniusGa naar voetnoot6) et moy avons faicte huict ou dix | |
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ans, sans jamais avoir eu aucune commission, ces choses ne dependant point de papier et d'ancre, quand la parole du Prince entrevient, qui vault tout. Mais je retourne à tres-humblement supplier V.A. de ne permettre point qu'il arrive de l'inconvenient pour un ver de terre. Je ne veux plus tendre à desplaisir à qui que ce soit, et comme je voy peu d'apparence de servir aveq fruict ou l'on me veut du mal pour avoir dès le commencement insisté, travaillé, veillé et sué pour la concorde, qui s'establit presentement dans les propres termes que j'ay tousjours proposez, il sera beaucoup mieux que j'aille bien loin de là où on croid que j'infecte l'air. S'il est à propos que je finisse mes jours en travail, peut estre que je trouveray où on ne le rejettera point. A V.A. cependant je continueray jusques au dernier souspir la fidelité que je luy ay jurée. Je prie Dieu de la benir de son Saint Esprit. 13 Aoust 1651. |
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