Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5094. Aan H. JermynGa naar voetnoot1). (K.A.)Je suis si las de nous veoir exposez à la risée des mauvais, et à la pitié des bons par nos infortunées divisions que, comme j'ay tousjours jugé que nous debvions plustost entrer en conferences amiables, qu'en plaideries de chicane, ou chascun tire sa corde au plus roide, et selon la rigueur des loix, je me suis enfin resolu d'employer une apresdinée à mettre par escrit la possibilité qu'il y a entre gens de ceste condition eminente, à s'entendre sans peine aux choses dont il est parlé aveq tant de bruict et d'impétuosité. C'est ce que vous trouverez enfermé dans ce pacquet que je presente à la Reine, sur l'applaudissement qu'il a receu icy aupres des gens d'honneur; apres quoy je me mets peu en peine du jugement pervers que peut estre en voudront faire d'autres. Car apres tout, Monsieur, le moyen de satisfaire à ceux, auxquels peut estre il importe que ceste eau troublée ne se desbrouille jamais? Je prevoy cependant des inconveniens et desordres dont ils ne s'avisent pas, et que peut estre j'ay aydé à empescher jusques à present. Les voyes de la chicane sont longues, et durent mesme tant que veut l'une des parties. De là voyez quelle perte et quel interest au Prince pupille et à sa Maison; senlement à l'heure que nous parlons nous arrestons le cours de la rente d'un capital de plus de deux millions de livres, qui ne commencera qu'apres ce [traicté] que nous avons à conclurre aveq l'ambassadeur d'EspagneGa naar voetnoot2), et cestui cy dit tout hault qu'il n'en fera jamais rien, que la grande mere et le costé paternel ne soit dans la tutele et qu'il sçait ses ordres. Est-ce jeu tout cecy, Monsieur? Et ce seul interest ne vault il pas la peine qu'on travaille à nous réunir? C'est enfin à quoy je butte, tout disposé à donner tort à l'un et à l'autre parti, si l'on me veult entendre sur des ouvertures que je puis faire et aux moyens desquelles je me fay fort de les accommoder en une tournemain. Mais j'advoüe que je voudrois n'avoir à faire qu'à des Princesses et non à tels qui pourroyent me transverser pour considerations que je ne veux pas nommer. Par avance je vous demande le jugement de la Reine, et le vostre sur ce discours avantcoureur, et si je n'y ay tenu le langage d'un homme de bien et serviteur desinteressé, et en ceste attente me dis ..... A la Haye, ce 8e Febvr. 1651. |
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