Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4906. Aan prins Willem II. (K.A.)N'ayant eu ni subject ny moyen d'escrire à V.A. premier que d'arriver à AurichGa naar voetnoot4), qui fut le dernier de Decembre, j'eus soin de m'acquitter de ce debvoir des le lendemain, et me donnoy l'honneur d'informer V.A. assez amplement de l'estat où j'y avoy trouvé les affaires, et des resolutions que j'avoy aydé à prendre sur les occurrences tant de l'Estat que de la Maison. Je croy fermement que ceste lettre aura beaucoup vielly dans la main du porteur, qui ne sçavoit par quel endroit sortir du païs, à cause du degel, ou de la gelée, parce que la riviere entre les deux se trouvoit passable et non passable, mais enfin j'espere que mon malheur ne l'aura pas destournée jusques à l'arrivée de ceste cy, que j'envoye par un messager qui a faict le voyage aveq moy, et qui, s'il en valoit la peine, pourroit tesmoigner à V.A. que je n'ay rien negligé en nulle part pour obeïr promptement et, par d'estranges embaras et difficultez de chemins, n'ay pas laissé de faire, et de parfaire, comme je croy, les choses que V.A. a daigné me commander. Au moins Madame la Comtesse d'Ostfrise | |
[pagina 509]
| |
a voulu faire paroistre qu'elle en demeuroit satisfaicte et, si elle me faict justice, la lettre cy joincte en tesmoignera quelque chose. J'ay creu, Monseigneur, qu'estant icy le premier lieu, où pour toute enqueste, j'ay pû apprendre de quel costé se trouvoit V.A., elle auroit aggreable que je luy rendisse compte de mon retour par lettre et, ne pouvant croire qu'elle ayt beaucoup à sejourner en Gueldre, que j'allasse attendre sa venue à la Haye, où desembarassée des fascheries qui peuvent l'occuper presentement, elle pûst avoir loisir d'entendre au long les particularitez que j'ay à luy rapporter de ma petite negociation. Je me rends donc de ce pas vers Utrecht, et de là vers la Haye, pour un peu reposer d'un voyage qui n'a nullement senti la promenade, et entretempsGa naar voetnoot1) supplie tres-humblement V.A. de veoir mon filsGa naar voetnoot2) de bon oeil. Quand elle aura cogneu sa desjà bien grande capacité, et sa probité, qui sont les deux premieres qualitez que l'on doibt estimer en un bon serviteur, je m'asseure qu'elle en voudra faire quelqu'estat, et puisque le pere ose se vanter de la derniere, je supplie tres-humblement V.A. de luy permettre de vivre et mourir ..... Amersfort, où il y a un quart d'heure que je vien d'arriver ce 10 Janv.r 1649. |
|