Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4751. A. Rivet aan Huygens en Heenviet. (L.B.)aant.Je suis il y a longtemps en attente de ce que vous nous avéz faict esperer pour l'establissement entier de cette eschole, par une autorisation pleine de Son Altesse; et en ce delay je me trouve en peine pour contenter et retenir ceux qui se pensent estre comme un oyseau sur la branche, et qui seront susceptibles des changemens qu'on leur pourra presenter. Je ne doubte pas que vous n'y pensiéz, et jusques ici representant les grandes affaires qui regardent le public et son Altesse, je les ay repeus de meilleures esperances. Mais d'oresnavant s'ilz ne voyent les effects, je ne scauray plus que leur dire. Cela mesme faict tort à nostre peuplade. Car il se trouve asséz de gens qui destournent ceux qui veulent venir, leur representans qu'il n'y a point d'establissement certain, tellement que plusieurs s'en vont, et nous y voyons peu de remplacement. Cependant la pluspart des professeurs font leur debvoir. Mons. RenesseGa naar voetnoot2) faict ce qu'il peut. Le sousregentGa naar voetnoot3) reussit fort bien et est aimé des escholiers, mais j'apprehende que ceux de Gueldre le nous ravissent. Mons.r DauberGa naar voetnoot4) est diligent et adroit, Mons. KipperGa naar voetnoot5) continuë en sa diligence pour sa medicine et physique, Mons. PhilemonGa naar voetnoot6) travaille avec soin, et est ouï des escholiers et autres de dehors. Mons. PelliusGa naar voetnoot7) a fort peu d'escholiers, non qu'il ne se presente pour faire ses leçons, mais peu embrassent cette estude, et semble qu'l soit trop speculatif pour ceux qui commencent. Reste Mons. BostruysenGa naar voetnoot8), duquel j'ay a vous parler plus particulierement. Je vous dis - j'entens a Monsieur de Zuylicheim lorsqu'il estoit ici - qu'il avoit dans le College en son departement une femme de 35 ans laquelle le gouverne entierement et sa bource. J'apprens qu'il y a longtemps qu'il vit avec elle, et elle avec luy comme mari et femme, et que ses proches mesmes en font plainte. Il dit qu'a la verité il luy donne la conduite absoluë de son mesnage, mais que ce n'est pas a dire qu'il couche avec elle, quoyqu'ilz soient sub eodum tecto. Personne neantmoins ne croid qu'il n'y ait entre eux du concubinage. Je l'ay donques exhorté entre luy et moy de lever ce scandale, en renvoyant cette femme; apres plusieurs defaites et difficultéz il me le promit. On l'exhorta aussi de la part des consistoires flamand et françois; je le fi mesme appeller en presence du recteur et sousregent, ou il contesta fort, qu'il y avoit plusieurs ministres non mariéz qui se gouvernoient par servantes, allegua mesme l'un de vous qui conduit sa maison | |
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par une fille sa cousineGa naar voetnoot1). A cela luy fut respondu comme il appartenoit, et je luy di enfin que s'il n'obeissoit, je vous en escriroy, afin qu'on purgeast l'Eschole et l'Eglise de cette ordure. Jusques ici il n'en a rien faict. Cette femme se vente qu'il ne le peut, et luy a quitté la communion des eglises flamande et françoise, et s'accommode avec les Anglois qui sont sans discipline, soufflant avec eux le tabac qui est son principal exercice, tant que cette femme dit qu'il luy faut tous les ans pour 400 ℔ de vin et de tabac. Au reste hors qu'il faict planter et semer quelques herbes au jardin, le reste de sa profession n'est rien du tout. Pour le grec il ne faict rien. Il dit qu'il n'a point d'escholiers. Il en est cause. Car quand il a faict au commencement quelques leçons d'un quart d'heure, au lieu de leur exposer la phrase grecque, il s'amusoit a leur dire qui a esté Achille, etc., et ne s'est jamais offert de faire aucun college particulier, pour attirer des escholiers a ses leçons. Pour les drogues aussi qu'il avoit promis de descrire et monstrer, il ne s'en parle plus. Vous verréz donques quel remede nous y pourrons apporter, et dans quinze jours Mons. HosmanGa naar voetnoot2), nostre secretaire, ira a la Haye, avec lequel vous en pourréz communiquer. J'apprens que cet homme est si parresseux, et si adonné a ses plaisirs, qu'il n'en faut pas attendre grand chose, bonhomme d'ailleurs pour la compagnie. Mais cela n'attire pas les bons escholiers, et les autres se rient et mocquent de ce qui se dit et void. Je vous doibs dire aussi que l'escrimeur est un homme qui s'enyvre, et lequel en cet estat est dangereux et brutal. Homme insolent, et qui a par plusieurs fois indignement traicté Mr. le recteur avec injures et outrages, comme il vous en pourra faire plainte. Homme d'ailleurs qui n'a aucun entregentGa naar voetnoot3), et qui est plus capable de gaster les escholiers que de leur enseigner. Je viens à present a un autre affaire, duquel Mons. Renesse vous doibt avoir escrit. Il a experimenté que la charge de l'oeconomie qu'il avoit entreprise, est un fardeau qu'il ne peut porter, qu'elle l'avilist et diminuë son autorité, qu'elle l'assubjettist a plusieurs choses qu'il ne peut bien faire, etc. Et je trouve qu'il a raison. Restera maintenant qu'on pourvoye la table de quelque oeconome, homme de bien et entendu en ces choses, et qu'on luy donne ses regles exactes, a quoy je voudroy joindre une moderation de la pension, puisqu'il ne donne que la table, car tout le monde dit ici, qu'avec les privileges dont jouist le College, avec 300 ℔ ou peu plus, les escholiers peuvent estre traictéz par un homme qui s'y entendra mieux qu'ilz n'ont esté, et cela feroit du bien pour remplir le College, pour ce que plusieurs se retiennent d'y envoyer leurs enfans pour l'exces de la pension, puisque d'ailleurs ilz se fournissent de tout. Et je pense que Mons. Renesse en estant venu là de luy mesme, sera facilement amené a un autre degré de ceder la regence a quelque autre, et se contenter de la profession de theologie avec son ministere, qui est bien asséz pour luy. Car il a experimenté la difficulté de cette conduite, qui luy a engendré du mespris et de la haine dehors et dedans. Et ce qu'on l'a decrié a la Haye et ailleurs, mesme parmi les personnes de condition, est cause que peu d'escholiers viennent au College. Il sera fort expedient, et mesme necessaire qu'au beau temps vous faciéz ici une visite, pour ce que ex αὐτοψίᾳ vous pourrez mieux cognoistre le tout, et adviser aux remedes, et cependant | |
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je vous recommande le plus hasté, car je ne puis rien faire en ces choses sans vos advis et ordres communs. Mais je suis obligé de vous declarer ce qui se passe et ce que je voy, et vous prier de m'aider, et me donner le moyen [de] retenir ce que nous avons, et de l'accroistre pour l'advenir. Ce qui se pourra par le moyen d'une bonne paix, si elle se faict, et par un establissemement des privileges necessaires. Je vous supplie donques d'y penser, afin que par Mons. Hausman nous recevions les effects de vos sollicitations et diligences, et des à present me faire sçavoir vostre advis sur les desreglemens que je vous ai proposéz en quelques uns, sans aucune passion ou animosité, cujus causas procul habeo, et Dieu le sçait, a la grace duquel je vous recommande et tous les vostres, et suis ..... De Breda, le 4 Febvrier 1648. |
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