Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4531. A. Rivet aan Huijgens en Heenvliet. (L.B.)aant.Je n'ay pas eu le temps d'essuyer mes larmesGa naar voetnoot4), qu'un autre employ ne m'ait occupé plusieurs jours, et faict cognoistre que mon voyage a la Haye sur l'occassion de ma perte eust pu estre ici dommageable. J'ay experimenté qu'il y en avoit qui espioient les occasions de faire quelque mauvais mesnage entre l'eschole et la milice, et que l'imprudence de quelques uns qui ne regardent pas ou on les porte, eust pu former ici quelque faction. Vous en auréz les particularitéz par la description de tout, qui vous sera envoyée apres que tout sera mis en ordre. Je ne vous diroy rien d'un fripon, lequel n'ayant point tesmoigné a son arrivee ici qu'il vint pour estre escholier, s'enyvra en un cabaret, et en cet estat prit service pour estre cavalier et reçeut arrhe. Il estoit filz du medecin Tulp d'AmsterdamGa naar voetnoot5), et estoit retourné des Indes ou il avoit porté les armes. Ayant cuvé son vin, il se repentit de son engagement, et s'en alla trouver le recteur pour estre immatriculé, afin de s'en retirer. On vouloit des lors remuër cela comme une contravention, ou cependant on n'avoit point de droit, et faire intervenir les escholiers. Cela eust esté disputable, et de droit on ne l'eust pas emporté, mais je fi avec Monsieur de VerneuilGa naar voetnoot6), que le cornette reprit ses | |
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arres, et qu'on laissa libre cet escholier pretendu sine strepitu judicij. Peu apres nous vint une autre affaire plus importante. Un escholier de medecine se trouva en un cabaret avec des soldats; et aprés boire on y fit quelques isolences, et se rompirent des vitres; au bruit de la femme le capitaine de la garde qui estoit le lieutenant OgleGa naar voetnoot1) arrivant là, les soldats se deschargerent sur l'escholier qui s'estoit retiré. Ce lieutenant s'en alla au logis ou il estoit logé, commande qu'on luy ouvrist pour prendre un escholier qui avoit faict du desordre; on faict refus, et quelques habitans de la garde venans au bruit, M.r Ogle alla a la grande garde et revenant plus fort veut rompre la porte, laquelle ayant esté ouverte, apres que l'hoste et quelques femmes eurent crié les uns a l'arme, les autres au meurtre, ilz entrerent et commanderent a l'escholier de s'habiller - car il estoit au lict - avec quelques paroles de risées et de menaces. Il leur disoit qu'il n'estoit pas justiciable du gouverneur, mais du recteur, etc. Ce nonobstant ilz l'emenerent au corps de garde, et l'y tindrent la nuict. Cela emeut fort toute l'eschole, et le recteur accompagné de quelques autres alla trouver Monsieur le gouverneur, luy representant la consequence, lequel neantmoins ayant oui cette detention un peu auparavant avoit donné ordre de le liberer, et de prendre l'habitant qui avoit crié aux armes. Voila une nouvelle plainte du drossart et de la maison de ville. Mons. le gouverneur offrit de faire quant au faict de l'escholier tout ce qu'il pourroit pour satisfaire au senat scholastique, [et] demanda ce qu'on desiroit de luy. Sur cela assemblée, grand murmure, qu'il falloit faire un exemple notable, qu'il ne se falloit pas contenter d'une petite peine. En somme l'escholier estant medecin, le petit docteur crioit, ure, seca. Or deputez encore vers Mons. le gouverneur; on luy demande quelle justice ou quelle satisfaction il feroit pour appaiser ces gens, et pourvoir pour l'advenir; il les renvoye enfin, les asseurant qu'il assembleroit le conseil de guerre, et que cependant il avoit mis le lieutenant de la garde en arrest chéz luy, avec une sentinelle a sa porte. Qu'ilz envoyeroient deux capitaines au senat scholastique, pour tesmoigner son desplaisir et de ceux de cet ordre, et proposer ce qu'il avoit faict ou, vouloit faire. Ce qu'il fit hier matin. Ces Mess. representerent la detention du lieutenant, et la resolution prise de faire publier solemnellement defenses a tous gens de guerre d'entreprendre de tirer des escholiers de leur maison, quoyqu' accusez d'insolence, et que s'ilz estoient pris en flagrant delict, on les menast au College entre les mains du recteur sans violence, et qu'on suivist les reglements de son Altesse, qui seroient aussi leus publiquement en cez poincts, et qu'en suite de cela il feroit venir ledit lieutenant ou chéz luy au chasteau, ou en ma maison, en presence de capitaines, et de quatre professeurs, y compris le recteur, et luy feroit une bonne censure sur sa faute. Demandant aussi que defense[s] se fissent aux escholiers de courir la nuict, et notamment d'aller sur les rempart[s] apres la garde posée. Apres quelques difficultéz proposées qui demandoient delay, on leur representa que cet affaire ne devoit plus tirer en longueur, que cela donnoit lieu aux pratiques de ceux qui vouloient engager Pallas contre Mars, et que cependant tout estoit en trouble, mesme les leçons. Sur quoy m'estant interposé, la conclusion fut de remercier Mons. le gouverneur, et luy dire qu'on se contentoit de cette satisfaction, et le prier qu'elle fust executée. | |
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Ce qu'il a promis faire demain. Et je luy doibs rendre tesmoignage qu'en tout cela il s'est porté avec grande douceur et prudence, et tesmoigné deferer grandement aux ordres de son Altesse. Je vous adjousteray, qu'auparavant il avoit fallu rompre une petite cabale par laquelle on avoit voulu qu'on l'adjoignist a la plainte de l'habitant et de ses juges. Vous pouvez penser ou cela tendoit, et s'il eust esté à propos, que hors la cause de l'escholier le senat scholastique se fust entremeslé des droits des bourgeois. En somme, il est a esperer, que l'affaire ainsi passée apportera plus de bien que la transgression n'a faict apprehender de mal. Ce sera a vostre prudence d'en informer leurs Altesses et me donner en telles choses leurs commandemens, et vos bonnes instructions, lesquelles j'attendray pour les faire valloir aux occasions. Cependant je continueray mes prieres pour la santé et prosperité de leurs Altesses, et pour la benediction sur nostre commun employ, et seray tousjours ..... De Breda, le 28 Janvier 1647. Je doibs ce tesmoignage a Mons. Renesse qu'il s'est gouverné en cet' affaire avec beaucoup de prudence et bonne affection a la paix et concorde. |
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