Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4183. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot8). (H.A.)*Il est une heure apres minuict ou environ, et tout presentement l'ingenieur la GardeGa naar voetnoot9), portant à S.A. une poignée d'herbe cueillie au rempart de la ville, | |
[pagina 246]
| |
vient de tesmoigner par là que le rijsdam de M. de Brederode est passé, et qu'en suitte les mineurs doibvent se tenir prests à estre mis en oeuvre de ce costé là. S.A. aussitost a envoyé dire à M. Gleser, qui est de garde aux approches, qu'il fasse toute la haste possible à combler aussi son fossé de fascines ceste nuict, de sorte que dès demain, s'il plaist à Dieu, il y aura subject d'envoyer sonder la conscience du gouverneur. C'est ce qu'il m'a semblé devoir faire sçavoir en diligence à V.A., afin qu'elle puisse juger, à quoy nous en sommes, et pour quel jour environ nous pourrons luy envoyer demander le bodenbroot de ceste prochaine victoire. Aujourdhuy le S.r PelnitzGa naar voetnoot1) nous a mené de vingt à trente cavalliers de l'enemi aveq leurs chevaulx et officiers, qu'il a battus aveq sa valeur ordinaire aupres de S.t Nicolas. Le lieutenant qui les a commandez parle haut et franc de leur extreme desordre et foiblesse, ne faisant monter l'armée de Beck à Swijndrecht que tout au plus à 4000 hommes, tant à pied qu'à cheval, et adjouste, que la frayeur et confusion est si grande parmi eux, qu'asseurément ils seront battus partout où nous les rencontrerons. Recite de plus, aveq quel desordre et confusion ils lascherent le pied au passage de l'Escault, jurant, que si 2000 chevaulx les eussent pû suivre, ils estoyent tous defaits, avant qu'avoir pû gaigner la porte de Gant, et que tout de bon Beck a pensé mourir du coup qu'il receut à ceste occasion là, la gangrene s'estant mise dans la playe, pour avoir esté par trop negligée. Une femme venue de Gant tesmoigne qu'hier une partie des trouppes de Lorraine, meslée parmi d'autres, fut chassée par les François de Menin jusques dans la ville, où ensuitte l'alarme fut extreme. L'année est merveilleuse, et le ciel nous rit de tous costez. Dieu nous donne les coeurs sensibles et recognoissants de si grands bienfaicts. Au camp devant Hulst, le dernier d'Octob. 1645. |
|