Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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3093. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot1). (H.A.)*aant.Monseigneur le Prince Guillaume ayant surprins avanthier Mess.rs les comtes de Guebriant et d'EbersteinGa naar voetnoot2) en leur camp, ne laissa pas d'y estre receu aveq tout honneur et tesmoignage de rejouïssance, aveq volées de canon à son entrée et à son depart, et s'en revint le soir en tres-belle humeur, acompagné de quelques cavaliers, qui avoyent plus gousté de vin que d'eau, à ce qu'il sembloit. Hier Mons.r le comte d'EmdenGa naar voetnoot3), s'en venant de Wezel vers icy aveq le coronel EerentreiterGa naar voetnoot4), et ayant prins le plus dangereux costé du Rhin, qui est le nostre, aveq fort peu de convoy, fut surprins d'une trouppe de Croates de l'armée espaignolle, et se sauvant aveq ledit coronel, au moyen de leurs bons chevaulx, il y laissa pour gage un sien gentilhomme aveq sa charrette de bagage, à laquelle si les enemis ne se fussent amusez, il fust demeuré prisonnier, et mis en estat d'une extreme fascherie et longue, et d'une rançon effroyable, peut estre mesme de pis, selon le predicament où il est pardelà. Deux heures de suitte on le tenoit pour prisonnier en ce quartier, et mesmes avoit envoyé des compagnies en garde, pour essayer de leur coupper chemin. A la fin il parut en personne aveq M. Eerenreiter à l'heure du disner de S.A.; aujourdhuy il a envoyé une lettre au comte de FontaineGa naar voetnoot5), sur ce qui est de son bagage, que je crains qu'il ne reclame inutilement. Un second gentilhomme arriva hier de Sedan, aveq des lettres de ces miserables princessesGa naar voetnoot6), qui feroyent pitié à leurs enemiz. Elles presupposent qu'il n'y a que S.A. au monde qui puisse sauver M. de Buïllon, commissaires estants apres à luy faire son procés, dont l'issue est bien imaginable, veu que desjà Madame d'AiguillonGa naar voetnoot7) a dit à un autre gentilhomme envoyé au Roy, que M. de Buïllon avoit signé un traicté contre le Roy et pour ou aveq les Espagnols, le plus horrible dont on ayt ouy parler de 300 ans. Le Roy aussi a detesté fort hault sa grande ingratitude, sans rien vouloir faire esperer audit gentilhomme, ains le renvoyant porter ses depesches a M. le Cardinal, et plaignant l'estat de Mesdames de Buïllon. Si S.A. y veult agir aveq quelqu' apparence de succès, il faudra de necessité qu'il y envoye, comme dés la premiere fois ces dames l'en ont supplié. Au camp à Bodberg, le 6e d'Aoust 1642. |
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