Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3045. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*aant.Nous faisons estat, que dans aujourdhuy ou demain M. le Rhingrave sera de retour. Il est à propos de remettre à sa venue tout autre recit de son combat, car apparemment, et selon l'apprehension que j'en voy aux visages de quelques uns, il en debitera des choses jusques ores inouyes ou dissimulées par charité, car l'occasion a esté trop belle, pour en revenir aveq si peu d'effect. - S.A. parla hier au soir à un valet de pied de la Reine Mere, qui s'acheminoit vers la Haye, et dit qu'il y avoit peu d'esperance le jour d'auparavant, qu'elle peûst vivre au lendemain. - M. JerminGa naar voetnoot4) n'est pas encor arrivé, mais on croid qu'il pourra estre icy à ce soir. S.A. ne desirant plus courrir le hazard des plaintes de ces messieurs sur le subject de leurs logemens, y a donné ordre de bonn' heure. - On eut nouvelle hier, que l'armée des Espagnols s'est partie en deux, l'une moitié soubs Don Francisco de Melos montant le long de la Meuse vers le Brabant ou Artois - ce qui nous est encor incertain - et l'autre s'en venant soubs le comte de Fontaine jusqu'à Venlo, vers où le pont aussi seroit descendu. - Les nouvelles d'Allemaigne se confirment les unes les autres, en ce que TorstensonGa naar voetnoot5) feroit des progrez infiniz depuis la prinse d'Ulmitz, où il auroit, comme particulierement à Neus, enfermé tous les Jesuites dans leur college, pour les avoir trouvé soubs les armes, en dessein, ce semble, de les faire un peu mortifier de faim. PiccolominiGa naar voetnoot6) et son grand secours auroit esté defaict et la consternation seroit si grande aux païs hereditaires de l'Empereur, que tout s'enfuiroit jusques à Vienne, le Prince de Trans-sylvanieGa naar voetnoot7) s'entendant aveq les Suedoiz, par adveu des Turqs. Les Suedois auroyent attrapé un butin indicible et, entre autres, un convoy de 300 chariots, où il y avoit plus de dix cent mil rijxdalers en argent, aveq tous les ornemens des eglises et les vaisselles de l'archiduq Leopold. - Le Duc de Neuburg exerce fort sa plume à entretenir S.A. de ses lettresGa naar voetnoot8). Toute la matiere est aujourdhuy la neutralité qu'il voudroit bien qu'on luy conservast nette et entiere de part et d'autre par toutes ses terres. A quoy M. de Guebriant faict difficulté d'entendre, picqué | |
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qu'il a laissé occuper sa forte maison d'Angeroort par les Imperalistes, par fraude, comme il dit, mais, comme plusieurs veulent croire, par bonne intelligence aveq l'Electeur de ColoigneGa naar voetnoot1), quoyqu'il en proteste haultement. - Depuis huict ou dix jours il ne faict que tempeste en ces quartiers, tant de pluye, que principalement de vent, et mesmes, comme j'escris, il tombe un grosse gresle. - S.A. pour tout cela ne laisse de perseverer en bonne santé, comme aussi Monseigneur le Prince Guillaume, qui se plaist à faire parfois de nuict la ronde de l'armée et est perpetuellement gaillard et de bonn' humeur. Au camp à Bodberg, le 4e Juïllet 1642. |
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