Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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3034. Aan A. RivetGa naar voetnoot1). (H.A.)*Vous avez voulu passer une assez jolie censure sur un epigramme duquel il me semble que je suis l'auteurGa naar voetnoot2). Cela m'a moins fasché que rejouy. La qualité de mauvais poete m'a tousjours semblé des plus compatibles aveq celle d'honest' homme. Peut estre mesmes que le mestier a eu aussi bonne grace aux saillies de vostre jeunesse, qu'aux matieres serieuses où vous l'appliquez sur l'aage. Je ne sçay d'ailleurs si j'oseray dire que vostre poincte s'esmousse un peu visiblement, et semble approcher du plomb que vous m'imputez. Si je le disois, je ne vous comparerois qu'à vous mesme, ce que vous ne sçauriez nommer recrimination, qui m'avez rangé aveq le SantraGa naar voetnoot3). Cependant voz intimes et plus sçavans amiz de pardecà ont souvent mis peine à me faire croire - qui fortasse Belga non sum - que j'entens quelque chose à l'epigramme latin; mais je cognoy bien à la mesure de mon pied, que vostre correction s'y chausse mieux que leurs eloges. J'espere pourtant de vostre equité que vous l'adoucirez à quelque point, quand vous sçaurez que le mauvais imprimeur a encheri sur le miserable poete, et faict ce qu'il a peû, à me rendre ce que vous m'appellez. Il y avoit dans la minute MelanchthonesGa naar voetnoot4), pour is, et accensaeGa naar voetnoot5) pro so, que sa negligence y a faict couler. Si apres cela vous y trouvez du salebrosum de reste, je crain que ce ne soyent les espines de la verité qui vous incommodent, bien marry d'avoir esté obligé vous la dire si rondement, non pas pour servir de lierre au vin de M. Rivet - les bonnes bouches sçavent ce qu'il vault, et vous le descriez trop tard - mais pour tesmoigner le regret que j'ay de vous veoir escarté du bon chemin, et mesme esgaré du but où vous semblez tendre; en somme de vous veoir l'advocat des blasphemes de l'eglise, quae quod manducat adorat. J'espere qu'une bonne intention vous met en oeuvre, mais certes, moins que d'estre ferreus, il est bien malaysé de souffrir que vous y preniez d'un biais scandaleux et inutile. Pour tout picqué que vous me pourriez croire du feu follet et de la laictue que vous m'appropriez, je vous parle du fonds d'une ame rassise, et de tout temps admiratrice des beaux dons que Dieu a planté en vous. Je le prie de vous en inspirer un meilleur usage, de vous oster l'ἀδόϰιμον νοῦν, le πνεῦμα ϰατανύξεως, et de vous empescher de vous blesser du cousteau qu'il vous a mis en main; et me nomme, tant qu'il vous plaira, Monsieur, Vostre tres-humble et tres-aff.né servit.r Santa salebrosus. De Hollande, le 22e Juin 1642Ga naar voetnoot6). |
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