Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2477. D. de WilhemGa naar voetnoot4). (L.B.)Vous avez connu par l'evenement que je vous ay dit la verite de l'affaire qui trottoit. Je m'estonne fort qu'on aye procede tout au contraire de l'intention de nostre maistre et frustre nos justes prosuittes. Les lettres et l'envoy de la Generalite a irrite l'insolence des Frisons qui tenoient en ombrage S.A., comme s'il se vouloit par la installer au gouvernement, contre la liberte de la province et comme par force. M. VeltrilGa naar voetnoot5) a couru les villes de Staveren, Hinlopen, Worcum, Bolswert, Sneec et ailleurs, et leur a donne des impressions au prejudice du service de S.A. On a monstre le corps mort et la chemise sanglante et tenu la dessus des estendus et faux discours, avec exclamations tragiques. Il y a eu bon moyen d'empescher ce coup, si on m'eut voulu croire et m'honnorer a temps de la commission de l'entiere direction de cest affaire. Apres avoir gaigne les principaux des volmachten, on eust esbranle les moins advisez, comme c'est illec la coustume. Mais de rien ne se fait rien. Mes ennemis avoient pense me combler et abismer de honte, comme vous scavez, et j'esperois par ce service surmonter leur injure et le tort de S.A., et luy donner les asseurances de mes fidelles actions pour son interest et me faire voir de bon oeil. C'est ce qui m'attriste le plus, voyant ce changement. Car si je me fusse offert a cela avec l'intention de la pluspart de ceux qui servent les princes, il ne me chaudroit(?) gueres d'entendre la precipitation prodigieuse des Frisons et de considerer le grand flegme qu'a use S.A. Maintenant il faut que je confesse que le coeur me creve qu'on m'a pas donne l'ordre qu'il faut, et laisse faire, et que S.A. s'est laisse abuser, et s'est donne trop facilement en proye aux mauvais conseils de quelques uns. Scachez, mon frere, que cette occasion a este de tres grande consequence pour le bien de la maison de S.A. et l'asseurance de cest Estat, et que nous avons raison de regretter le peu de vigueur et de resolution qu'a monstre S.A. en un affaire de telle importance. Certes je me la suis represente des le commencement une bonne et grande occasion, et je veux croire que c'est quelque jugement de Dieu, que je ne puis entendre ny comprendre. Je ne laisseray pas de le recevoir avec toute humilite, m'asseurant que c'est pour mon bien et desirant que ce soit aussi pour celuy de S.A. Mais ad hominem; il ne faut pas pour cela negliger les moyens pour prattiquer et gaigner les humeurs de Groningue et Ommelande. Car, obtenant ce gouvernement, le repentir peut estre en demeurera au jeune seigneur et il sera contraint de caler voile. Que S.A. ne face plus tant l'irresolu d'employer le catholicon pour obtenir ce gouvernement. Contre la difficulte la plus grande qu'ils se pourront imaginer, c'est de n'estre en peine en quelque traverse de dedans ou du dehors, a la suscitation de l'ennemi ou du dissimule ami. Que de la part de S.A. on leur promette ses soings particuliers, ses veilles et estudes a leur bien et conservation, son zele et prompte assistance a toutes leurs necessitez. Qu'on aye a sa devotion premierement ceux d'Ommelande, leur promettant la manutention de leur libertez et privileges, qu'on donne a la ville l'acte de leur prerogative, comme fist le feu Prince Maurice d'heureuse memoire, | |
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qu'on n'espargne rien la semence d'acquirer les parties. Cela augmentera le credit de S.A. en ces provinces et sera sa grandeur es royaumes voisins. Tout le monde veut ici que Monsieur Knuyt aye este en Frise, mais je ne le puis croire. Car il a este a la guerre en Zuyt Beverlant, et en porte le coup d'honneur de son espee, s'estant defendu contre les Kuijers, et en glissant tombe sur la pointe de son espee, de sorte qu'il en portera la marque sur le nez, comme les moutons de Berry. Ils ont devalise la maison du receveur de S.A. et on estoit encores en plus grande apprehension de mal, a raison de quoi ils ont demande deux compagnies de Bergen op Zoom. Mais je ne scay, s'ils seront consolez, et estime que ce sera le commandement du duc de Bouillon. Personne ne bouge. En somme il se souviendra de cette dyckage a bonnes enseignes. On nous dit ici que S.A. va a Gennep ou la environ. Si cela est, je vous supplie de luy souvenir s'il ne seroit pas expedient de se mettre en possession de Duffel, Nergena et Goch, en vertu de la donation des Estats de Gueldres. Les trouppes et les actions des Espagnols en ces endroict[s] fourniront assez de raison pour l'entreprendre, si el Principe loquiere ..... 9 d'Aoust 1640, a la Haye. |
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