Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1647. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*La derniere nouvelle qu'on a de l'enemy, c'est qu'il avoit passé jusqu'à Helmont, qui est bien en effect le chemin de Venlo et Rurmonde, mais comme de la mesme il peut tourner teste vers où il luy plaist, on se doubte de tout, et pourveoit on à tous endroits, où il pourroit aller. - Les approches de ce quartier se conduisent de part et d'autre par cinq coronels, tour à tour, bien entendu que dans le nombre des Françoiz se trouve le capitaine des gardesGa naar voetnoot1), et dans celuy des Angloiz Monsieur le comte de SolmsGa naar voetnoot2); tous lieutenantscoronels demeurent forcloz du commandement de la trenchée, hormis Mons.r DouchantGa naar voetnoot3), parce qu'il represente son coronel par acte. Les autres s'en trouvent un peu formalisez, mais l'ordre du general le porte ainsi. Les coronels ont leurs tours, selon qu'ils sont anciens en charge. Ainsi ce fut hier, pour la premiere nuict, Mons.r de HaulteriveGa naar voetnoot4) et Mons.r MorganGa naar voetnoot5). L'un et l'autre a faict des progrez de plus de 200 pas, quoyque l'enemi n'ayt cessé de tirailler. A Mons.r d'Haulterive ils ont faict l'honneur d'une sortie un peu devant midy, quand 70 hommes, Espagnols et Walons, commandez par deux sergeants, et soustenuz d'un capitaine espagnol aveq 50 hommes, se sont venu jetter sur la ligne, mais y ont esté receuz comme il falloit à beaux coups d'espée, de sorte qu'il en est demeuré jusqu'à dix sur le pré, sans perte des nostres, parmi lesquels le lieutenant de M. de Haulterive et deux ou trois autres se sont grandement bien comportez. Incontinent apres ils ont envoyé demander permission de retirer leurs morts. Ce que S.A. ayant accordé, pour ceux qui se trouveroyent hors de la trenchée, il s'est trouvé un desdits sergeants, blessé de force playes, encor vivant, et disant entre autres ces paroles: ‘Pourquoy nous faisons nous cecy, nous autres Chrestiens?’ Mais il estoit tard de prescher là la guerre contre les Turqs. - Monsieur Morgan de son costé a receu, au haut de la cuisse, une legere blessure d'une bale de mousquet, qui avoit passé au travers de quelqu'un de ses soldats, et fut-ce, dit on, comme s'approchant tout contre la garde avancée de l'enemy, il leur cria, en sa cholere ordinaire, que s'ils ne cessoyent de tirer, il leur iroit rompre la teste. La blessure est de peu d'importance, et ne l'a pas obligé seulement de sortir de sa garde, mais ce n'est pas sans sacrementer, qu'il y a passé le jour. - A ce soir s'y en sont allez Mons.r le comte de Solms et Mons.r de de Maisonneufve. Du costé de Mess.rs les comtes Guillaume et Henri on a avancé tout autant et plus que de cestuy-cy. Devant Breda, le 19e d'Aoust 1637. |
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