Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend173. Aan zijn vaderGa naar voetnoot2). (K.A.)*Le Sieur de Sommelsdijck poursuit tousjours de me traicter en pere, me favorisant de la familiarité interieure de son entretien plus que personne, et ce non seulement sur le subjet des affaires publiques, mais souvent aussi sur les considerations de mon avancement particulier, sans que de moy mesme j'aye besoin de l'y porter. Les tiedes comportements du S.r de Schoonewalle nous donnent occasion parfois de projetter en quelle façon on pourroit s'insinuer à l'entremise de sa charge, laquelle desormais il n'exerce que perquam obiter ac perfunctorie. Sur quoy ledit S.r de Sommelsdijck a diverses fois desja me dit avoir remonstré à ses deux collegues, que sans le prejudice du bien de l'Estat, on ne peut plus longuement dilayer de luy joindre quelque substitut, qui empiete le soin principal des affaires et luy en laisse l'honneur et la dignité, qui de son vivant ne luy sçauroient estre enlevées en aucune raison, apres le service de si longues années. De cette these ilz tombent grandement d'accord par ensemble. La remarque est que mon gros S.r de Staven[isse]Ga naar voetnoot3) s'est parfois laissé eschapper que, Caron venant à mourir, il ne souhaitteroit plus belle condition que celle de sa succession, peut estre se contenteroit de se luy soubsmettre en adjoinct pour quelque temps, sur l'esperance de l'advenir, mais quand Sommelsdijck luy est venu à remonstrer, comme il seroit hors de propos de charger l'Estat de double despence et que pour ce regard il faudroit trouver quelque personne moins considerable, qui se peust honestement entretenir à deux ou trois mille francs par an, item qui fust leste et versé au langage, à la cour, aux humeurs, aux coustumes, c'est où il se laissa esconduire de sa trace, et notamment pour le regard du traictement, qu'il juge ne luy pouvoir estre approprié, nec ab utili, nec ab honesto. Or aura il peut estre beau se paistre du vent d'une belle esperance. Quand le viellard mourroit demain, le S.r de Sommelsdijck est d'advis et m'asseure que jamais ceux de Hollande ne souffriront qu'aucune des Provinces luy emporte cette ou aucune autre ambassade. Tesmoing cette derniere de Venise, ou à son opinion mesme Boreel et d'autres competiteurs eussent esté capables de rendre de bien meilleurs services qu'un tel qui s'y envoye, despourveu de touttes langues. Par ainsi il me fait mieux esperer de jour à autre de mon avantage au succés de cet affaire, dont il a proposé de faire à son retour les premieres ouvertures à Son Exc.ce et DuyckGa naar voetnoot4), pour ne rien | |
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remuër qui ne porte coup. Car de jalousies il n'ignore pas qu'il s'en naistra en quantité, et que un Boreel, un PawGa naar voetnoot1) et tant d'autres ne s'espargneront à y apporter touts les traits possibles de leur mestier, mais nous desseignons (?) de refroidir l'envie d'un chascun par le project d'une qualité et un traictement mesprisable pour aucun homme qui ait desservi des estatz signalez au païs, et d'ailleurs se trouve chargé de famille. Ces premises considerées, il ne sera plus à propos de demander cui bono le S.r de Sommelsdijck a eu soing de me faire munir d'une qualité exterieure; il se contente si avant de mes interieures, qu'il a estimé que, comme pour mettre en vente une bonne poivreGa naar voetnoot2), il n'y manquoit que la fueille, puisque tel est le monde aujourd'huy, que les bonnes viandes ne se sçauroient presque priser sans sauce. Or est il par trop affilé au train des avancements de cour, qu'on doibve faire difficulté de l'y croire. Je l'y ay creu certes et sans reserve; aille des evenements comme il plaira à Dieu d'en disposer, je ne me reprocheray jamais ma nonchalance en ce que j'y ay peu apporter du mien; quoyque peut estre le bonheur faille à seconder mes desseins, ma conscience se reposera tousjours sur la resouvenance de mes debvoirs, et par ce moyen d'avanture se trouvera garnie d'autant de contentement et plus que l'atteinte du but de mes plus grandes ambitions ne seroit capable de luy fournir. Voila comme avant main je me prepare à l'un et l'autre succez, et apres tant avoir basti et mille fois rebasti dedans moy, je suis tres-content de conclurre ès termes propres d'une ame qui se repose en la bienvueillance de l'Eternel, fia pur di me quel che n'è scritte in Cielo: voluntas tua. - L'objection que l'ambassadeur Carleton a voulu faire, que pour cette affaire susdite ilGa naar voetnoot3) falloit attendre la faveur du Roy sur la fin, auroit de la consideration contre tel qui eust à s'asseurer de cette faveur sur la fin, mais outre que les divers visages de nostre negotiation nous donnent subjet de diversement esperer de leur issuë, et tirer en doubte mainte fois à quels termes nous viendrons à sortir d'icy, peut estre ne s'est il representé que peu ou nulz secretaires d'ambassade ont emporté cet honneur devant moy, et que toutefois de ne rien faire que sur des exemples passez, c'est attacher souvent le cours de ses propres affaires à l'imprudence d'autruy; puis à un chascun la diversité de ses desseins doibt regler les circonstances de sa poursuitte. J'auroy de quoy m'eslargir davantage sur ce discours, mais le respect, mon Pere, de vostre patience me retient et ne me seroye tant esgaré en mon particulier, s'il ne me restoit rien de nostre publiq, mais mon dernier advis vous doibt servir pour erres, car depuis sa date nous allons attendans d'un costé le jour appointé pour l'entrevuë à Windesore, et de l'autre l'instruction speciale qu'aurons à y observer. Cette derniere nous est grandement besoing; si toutefois les occupations pressées pardelà la retardent, nous lairrons de nous porter sur le lieu de l'assignation et de tascher à y passer dessus ces espines d'une telle demarche, que la Compagnie et surtout l'Estat ne s'en trouve incommodé que le moins du monde que possible sera. Londres, 17/27 d'Aoust 1622. Il faut se donner garde de Carleton pour le discours du succez de nostre negotiation; il en faict son prouffit et à nostre grand desavantage et retardement. |
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