Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend169. Aan zijne ouders. (K.A.)*Ce sera ici la response sur voz dernieres du 26e de Juillet, qui ne me furent rendues que Dimanche passé, 7e du present. S'il plaisoit à mon pere de se donner parfois le loisir d'ainsy un peu me particulariser les nouvelles de noz guerres pardelà, comme en ses dernieres, ou bien d'en bailler la charge à mon frere, qui a accoustumé de remplir beaucoup de papier de peu de paroles, ce seroit m'honerer d'une faveur singuliere. Les vents contraires par trop longtemps aiguisent nostre impatience et souvent sommes nous aises de nous contenter de ce que les postes d'Anvers nous portent d'alarmes, infectez pour la pluspart de l'air de la province. Les copies des lettres du Conte de BarlaymontGa naar voetnoot1) au Marquis Spinola, interceptées par noz gens, nous avoyent faict esperer que l'armée passagiere du Conte de MansfeldGa naar voetnoot2) se trouveroit desormais sur les confins de Lutzenburgh et Liege, selon les apprehensions que ledit gouverneur de Luxembourg en avoit donné au marquis par ces mesmes advertences, adjoustant qu'il croyoit fermement que le dessein estoit de divertir et escarter les armées de l'Infante, pour le soulagement des Hollandoiz, mais les derniers adviz destournent noz speculations vers la France, où sommes asseurez que ledit cavallier se trouve à present environ Vitry en Champagne. Le Viconte de Doncaster, revenu depuis peu, rapporte que le seul bruict de sa routte par Lorraine avoit tant engendré d'estonnement dans Paris, qu'à toutes heures on y attendoit le Roy, qui hormais y est arrivé, assez, ce semble, en peine, quelle espaule prester à ce nouveau fardeau. Desja M. de Bouillon y a envoyé 10 pieces de canon et autres assistences soubs la conduitte de son filzGa naar voetnoot3), accompagné de force brave noblesse; considerations qui peut estre suffiront à trouver lieu pour les apparences d'un bon accord dans le coeur d'un jeune Roy, forcené, ou certes malmené au possible. Les cruautez que le S.r Doncaster tesmoigne s'exercer journellement sur ces povres persecutez, sont si barbares, au delà de ce que jamais les Espagnolz perpetrerent aux Indes, que peut estre un jour la posterité refusera sa croyance à ce que les histoires en diront. Le S.r de SoubizeGa naar voetnoot4) n'est encores parti, detenu par l'esperance d'autant obtenir pour le faict des finances qu'on luy en a ottroyé pour celuy des hommes, mais il y a trop à dire que ce | |
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royaume abonde plus en cettuyci. Dix ou 12 bons vaisseaux angloiz ont esté dernierement occupez pour le service du Roy; on espere que c'est en contemplation des François. Je ne diray rien de l'avancement de noz affaires, car il n'en est non plus que d'une horloge escoulée, qui attend qu'on la remonte. Nous estimans sur le point de la conclusion des difficultez plus signalées, Mess.rs du Conseil ont trouvé un traict pour tout rompre en un instant par l'interpretation nouvelle et inouië de certain project, de soy mesme clair et indisputable, couché de l'intention respective des parties. C'est ce qui a donné occasion à l'envoy de l'exprez, qui vous aura porté noz dernieres. Cependant nous languissons sans rien faire qui porte coup, sans toutefois qu'oublions à faire bonne chere de commissaire, dont Mess.rs de la Compagnie des Indes - qui nous nourrissent comme de raison - sentiront sur la fin l'arrière-coup; mais ilz n'auront qu'à s'en prendre à soy mesmes, car en verité, au lieu d'honestement seconder les penibles et fideles devoirs de mes maistres, ilz leur pesent à la queuë d'une façon tres-insupportable, quoyqu' à la verité je n'en puisse du tout coulper ces commissaires, car le fonds du mal est de pardelà, où ce beau procedé à esté brassé en partie par tel qui cy apres ne sera trop aise de s'appeller BrouwerGa naar voetnoot1); si je cognoy que c'est du coeur d'un S.r de Sommelsdijck offensé, qui ne reçoit rien pour rien. Si mon pere vient par occasion à discourrir avec buerman DuijckGa naar voetnoot2), il pourra apprendre la pleine mythologie de ces mysteres. Il ne faut pas que rien vienne de moy; voilà donc comment nous commençons à discourrir, que peut estre aurons nous vescu une ronde année en Angleterre, premier que d'en sortir à contentement. Il plaise à ma mere d'avoir esgard à ces dernieres paroles, pour considerer si j'ay tort de presser l'estoffe de mes habits. Desjà par ce trop long dilay je me suis trouvé forcé à faire un certain calck-cleetgien, comme les appellent noz soeurs, dont l'estoffe ne vault que 4 schill. sterl. la verge, et en va 4 verges pour l'habit, item autant pour la doublure du manteau, qui est ce mesme grizon qui a faict le voyage d'Italie - considerez mon mesnage - et a esté dressé et pressé jusques à paroistre de drap nouveau, à qui n'a la veuë par trop subtile. Si est-ce que taffetas, boutons, doublures et autres items du tailleur comptez, ce vilain legereau (?) d'habit ne me revient à moins de 65 florins, qui est pour faire enrager une teste mesnagere. Je n'y sçauroye que faire; ceux qui s'y entendent m'asseurent que ne suis trompé au compte. J'ay ce seul contentement que tout le monde approuve merveilleusement ma façon et en desire avoir de mesme. Je mandoye dernierement qu'il viendroit une obligation de 400 francs, mais l'une ayant esté envoyée à mon desceu, on en portera deux diverses de 200, qui revient à un; la premiere est mangée de longtemps. Mondit habit emporte de la seconde ce que je viens de dire; puis ma voorsz. patente de chevalerie est capable de fripper le reste - qui est bien loing de 30000 francs que les WatervliedtsGa naar voetnoot3) y ont despendu - me voila pas derechef à la main vuide? | |
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Et dira-on que j'aye rien despendu hors de propos? Certes les 4000 francs du jeune BoelenGa naar voetnoot1) me doibvent servir de lustre; il est vray que je suis grandement loin d'en avoir autant que luy, mais encor faut il que je vive honestement et sans mespris, qui est cela seul que je pretends des habits, car d'y cercher de la gloire, c'est à faire à qui auroyent de la peine à en desservir d'ailleurs. Or, avec l'aide de Dieu, je seray capable de seul soustenir ma charge; si toutefois il vient à manquer quelque peu, mon pere j'espere se lairra induire à me soulager d'un bout de sa chemise, qu'il nous a tant de fois promise entiere. Si ces belles fillesGa naar voetnoot2) sont encor chez nous, que mon frere considere par ce pitoyable discours de ma disette, combien il feroit bon de se doubler la robbe de plumes si chaudes à des coquins si frilleux que luy et moy, kale duyvels dit on en Hollande. Je pense qu'en ma derniere je luy ay prescrit des belles leçons pour le faict d'amour. Puis il doibt les aller conduire au logis; In schuyten en waghens past beter wat vraghens. Je me recommande fort à Susanneken, si elle se rend ployable à mon frere, autrement elle court hazard de mon indignation. Mes soeurs peuvent beaucoup faciliter l'affaire; laet se dan nu snappen da't clapt, en houwen haer E. backhuys hier namaels. Elles font mal à mon advis de ne s'exercer à m'escrire souvent .....Londres, ce 10e d'Aougst 1622, stile nouveau. Juffr. BurlamacchiGa naar voetnoot3) helpt mij braaf met mijne kragen, maar er is kant te weinig en ik heb geen geld. |
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